Souvenirs d’Antsirabe : Bruno et Benoît, «pousse-pousse» de père en fils

Article : Souvenirs d’Antsirabe : Bruno et Benoît, «pousse-pousse» de père en fils
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21 novembre 2016

Souvenirs d’Antsirabe : Bruno et Benoît, «pousse-pousse» de père en fils

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Unique moyen de transport public à Antsirabe, le «pousse-pousse » est le métier le plus à la portée des paysans malgaches, qui débarquent sur cette ancienne métropole connue sous le nom «La ville d’eau». C’est un héritage de la domination anglaise, puis française, quand le colon utilisait la force de traction humaine pour se déplacer. Un siège, un repose pied et quatre longs brancards hissés sur les épaules de quatre solides indigènes.

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Le «pousse-pousse » a beaucoup évolué avec le temps. Aujourd’hui, c’est une sorte de palanquin qui protège du soleil, tracté soit par la force humaine, soit par vélo. Il fait vivre près de 260.000 familles à Antsirabe, selon les statistiques de la commune.
Benoît, la quarantaine, mais qui en paraît plus, a initié son fils, Bruno, un adolescent sans instruction, à ce rude métier. Tous les deux faisaient partie des «heureux élus », ceux que l’Union de la Presse Francophone (UPF) avait sélectionnés pour le déplacement de ses invités. C’était en prélude à son conclave organisé du 18 au 24 novembre 2016 dans le mythique hôtel «Les Thermes» à Antsirabe, un bâtiment inauguré en 1922.

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Vendredi 19 novembre 2016, une visite guidée à travers la ville. D’abord le «Village Plateau », inauguré en 1932 par le gouverneur français, Kalyan, devenu la «Résidence du Haut Plateau » puis, la «Maison de la retraite » gérée par une association de bienfaisance. Transformé selon les circonstances en Musée, il accueille une maison de repos pour retraités, une école, une pisciculture paysanne et un centre de soins.  A l’intérieur du bâtiment, plusieurs salles d’exposition d’objets hétéroclites, des gravures et des photos historiques surtout. Trône au milieu, dans un coin de la salle, l’histoire de la téléphonie, puis un antique moteur à tourner des films avec sa bobine. La première séance de cinéma aurait eu lieu à Antananarivo en 1939, dans la salle «Eden » avec 1 franc pour billet d’entrée, selon la gérante, Mme Solange, une belle métisse malgache.

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Perdus entre des dizaines de «pousse-pousse » arborant chapeau et badge à l’effigie de l’UPF, le père et le fils se suivent dans les dédales d’Antsirabe, portant leurs lourds fardeaux humains. Direction le «Centre thermique », puis la «Gare routière » désaffectée, ensuite, chez Joseph et sa «Maison de pierres précieuses ». De sa voix volubile, flanquée de son épouse Martha, une jolie métisse, il supervise la visite des lieux. Un tas de pierres précieuses, à l’état brut, dont un coquillage fossilisé, vieux de 220 millions d’années, selon ses dires. Puis, sont successivement énumérés, les quartzs hématoïdes, la Jade célestique, la tourmaline noire, et des tortues de mer, mais aussi le bois en paillasson, la topaze, le mica, le cristal, le bradorite, l’amazonite et l’obsidienne.

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Soufflant sous une température modérée, à 21° à l’ombre, Benoît le père et Bruno le fils, précédés et devancés par une myriade de «pousse-pousse », de retraverser toute la ville en pas de course pour rejoindre à l’autre bout de la cité, la «Fabrique de cornes de zébus». Une entreprise artisanale de type familial, qui se transmet depuis trois générations. De la dextérité, de la finesse et du raffinement. La maîtresse de céans, Mami, et son artisan Elisée, s’évertuaient à démontrer les différentes phases de domptage des cornes, ramassées dans les abattoirs de la ville. Le produit final, exposé dans une salle d’artisanat, est tout simplement époustouflant. Cuillères, louches, parures de femmes, objets de décorations, meublaient une salle de taille moyenne où les touristes de passage se payent quelques souvenirs.

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Retour à l’hôtel «Les Thermes ». Fin de cavale pour les pousse-pousse. Benoît et son fils, assis côte-à-côte, partagent un instant de fatigue, souffle à l’unisson. Demain, dès 5 heures du matin, les attendent un autre jour qui sera pareil à tous ceux qui se sont succédé jusque-là.

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