Election au syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) : un passage à témoin dans les normes démocratiques

Article : Election au syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) : un passage à témoin dans les normes démocratiques
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24 mai 2017

Election au syndicat des journalistes mauritaniens (SJM) : un passage à témoin dans les normes démocratiques

Accolades et congratulations ! L’image est saisissante au point qu’elle sera sans doute la seule retenue après une campagne féroce qui a opposé les deux listes candidates à l’élection des instances dirigeantes du Syndicat des Journalistes Mauritaniens (SJM). Il s’agit de celle dirigée par le président sortant, Mohamed Salem Mohamed Mokhtar Salem et celle de son tombeur, Ahmed Salem Dah, vainqueur du scrutin organisé le dimanche 21 mai 2017 au Palais des Congrès de Nouakchott.

Discours des deux candidats à la fin du scrutin (en costume le vainqueur et en boubou bleu le président sortant)

La tension grandissait au fur et à mesure du décompte des voix. L’atmosphère était lourde dans l’énorme amphithéâtre du Palais des Congrès de Nouakchott où plusieurs centaines de journalistes attendaient les résultats, malgré l’heure tardive. Il était presque minuit. Les deux candidats, assis côte-à-côte, suivaient le rythme des bulletins tantôt favorables à l’un, tantôt favorable à l’autre.

Puis ce fut l’explosion de joie des partisans du candidat de la liste El ISLAH (La Réforme), Ahmed Salem Ould Dah. Il venait de remporter le scrutin par 252 voix contre 243 pour le président sortant, Mohamed Salem Ould Mokhtar Salem (qui dirigeait la liste El IJMAA – Le Consensus). Dans l’euphorie, une table de la salle se brisa en mille morceaux. Un détail qui ne sembla nullement perturber la joie ressentie par les vainqueurs de la nuit qui se jetèrent les uns sur les autres dans un tourbillon de boubous et de voiles entremêlés. L’incrédulité s’affichait dans le camp des vaincus. Certains esquissèrent même un élan de revendication, cherchant dans les méandres du scrutin, une faille pour tout remettre à zéro. Mais, en bon démocrate et avec fair-play, le président sortant s’avança vers son confrère qui venait de le battre dans un scrutin dont la transparence était indiscutable. Il le félicita chaleureusement et reconnut sa défaite avec magnanimité. Un geste qui eut pour mérite de ressouder les liens au sein d’un corps, dont les relations, dans la fièvre de la campagne électorale, auraient pu bien mal tourner…

Les journalistes attendent les résultats

«Je remercie ceux qui ont voté pour la liste El ISLAH et je remercie aussi ceux qui ont voté pour moi. Je souhaite bon vent à mon confrère». Telle fut la substance du discours prononcé par Mohamed Salem Ould Mohamed Mokhtar qui venait de clore un chapitre, celui d’un mandat de trois ans, critiqué par les uns, magnifié par les autres.

Le jury

Mais les journalistes sont unanimes à reconnaître que la tâche qui attend le nouveau président et son bureau exécutif est énorme. L’assainissement de la profession, la restructuration des instances avec la mise en place de plusieurs commissions spécialisées, l’implication des journalistes dans le fonctionnement du syndicat, la quête d’une confiance perdue entre les acteurs des médias et leur structure d’attache, sont autant de problèmes qu’Ahmed Salem Ould Dah et son équipe devront relever, sans compter d’autres problèmes structurels et institutionnels, comme la mise en place d’une véritable administration syndicale, les rapports avec l’Etat, la question des contrats de travail, l’assurance maladie, la retraite, etc.

Cheikh Aïdara

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