26 mai 2017

Stratégie nationale de l’emploi : Réduire les déficits quantitatifs et qualitatifs de l’emploi

Le ministère de l’Emploi, de la formation professionnelle et des technologies de l’information et de la communication, en collaboration avec le Bureau International du travail (BIT) et l’appui de la Banque africaine de développement (BAD) a organisé le 22 mai 2017 à Nouakchott un atelier de présentation de la Stratégie nationale de l’emploi (SNE) et son Plan d’action opérationnel. L’ouverture officielle a été marquée par le discours du ministre de l’emploi, Moctar Malal Diallo, en présence du Directeur du Bureau de l’OIT à Alger et du Représentant de la BAD en Mauritanie.


L’hôtel Mauricenter de Nouakchott a abrité le 22 mai 2017 un atelier de présentation de la Stratégie nationale de l’emploi (SNE) et son Plan d’action opérationnel (PA0). Devant un parterre de responsables issus des différents départements ministériels, des membres de la société civile et de personnes ressources, le ministre de l’emploi, Moctar Malal Diallo devait mettre en exergue l’approche participative qui a sous-tendu l’élaboration de la Stratégie de l’emploi en s’appuyant sur l’expertise du BIT avec l’appui financier de la BAD. L’objectif de la stratégie est, selon lui, de résorber le problème de l’emploi à travers la création de 800.000 opportunités de travail d’ici 2030, soit 60.000 emplois par an à partir de 2019.

La transversalité de l’emploi

Le Directeur du Bureau de l’OIT à Alger, Mohamed Ali Deyahi a souligné au cours de son intervention que le BIT va œuvrer à identifier les axes et les principes d’orientation de la nouvelle Stratégie nationale de l’emploi à travers la réduction du déficit qualitatif et quantitatif de l’emploi et faire de cette stratégie la base qui servira à réaliser la croissance accélérée et la prospérité partagée ainsi que l’amélioration du climat de travail et de l’investissement.

De son côté, le Représentant du bureau de liaison de la BAD en Mauritanie, Marcellin NDong Ntah a affirmé que son institution participera à hauteur de 3,5 millions dollars U.S, soit 1,260 milliard d’ouguiyas, à la réalisation du projet d’appui à la formation et à l’emploi des jeunes.

Les participants ont suivi par la suite plusieurs communications, notamment sur le diagnostic et la vision de la Stratégie de l’emploi ainsi que son articulation avec la Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP) qui est le document stratégique de la Mauritanie entre 2016 et 2030.

L’accent a été mis au cours de l’atelier sur la flexibilité de l’emploi et son caractère transversal (tous les départements ministériels sont concernés par la question de l’emploi), ce qui exige la révision du Code du travail et du Code des investissements.

La nécessité de développer l’économie sociale et solidaire pour créer des emplois et booster la créative a été évoquée, en se basant sur la réforme du système de formation et l’adaptation des outils de l’ Agence nationale d’emploi des jeunes (ANAPEJ) aux nouvelles technologies de l’information et de la communication à travers la mise en place d’une plateforme e-emploi susceptible d’améliorer le système d’intermédiation entre les acteurs de l’emploi.

Le plan d’action de l’emploi est une composante de la SCAPP

Abordant le Plan d’action opérationnel de la SNE, le directeur de l’emploi, Ould Maayiv, devait souligner que la Stratégie a une dimension contractuelle et qu’elle s’insère parfaitement dans la SCAPP, avec un volet programme secteur public-privé, des objectifs opérationnels conjoints avec les autres départements. Il a mis en exergue la nécessité d’une modernisation des programmes d’insertion professionnelle.

Selon les projections sur la croissance annuelle de la population active, celle-ci devrait atteindre 20.414 emplois actifs en 2018, avec 56% de salariés, contre 111.581 emplois actifs, avec 68% de salariés en 2030.

Une nouvelle approche formation-emploi

Le Directeur de l’Emploi a mis en exergue la conception de certaines filières, comme la formation par apprentissage, notamment la formation de maîtres de stage. Dans ce cadre, il est prévu de former en 2018, quelques 15.000 maîtres pour 11.000 apprentis, pour un budget de 2,338 milliards d’ouguiyas.

La stratégie prévoit ainsi la création de plusieurs micro-entreprises qui cibleront les sortants de l’enseignement secondaire et du supérieur, selon un cycle formation-accompagnement-appui financiers à travers l’octroi de crédits. Cette approche sera sous-tendue par l’amélioration du système d’informations sur l’emploi-formation et la création d’un Conseil Supérieur de l’Emploi qui pourrait être présidé par le Premier ministre avec une Commission technique présidée par le ministre de l’Emploi.

Un fonds pour l’emploi sera également crée et pourrait être alimenté à hauteur de 4% des droits de douane directement logé dans un compte spécial du Trésor public pour faciliter son utilisation. Ce fonds permettra, selon le Directeur de l’Emploi, de financer les différentes actions en matière de travail, avec la possibilité de lever 4 milliards d’ouguiyas auprès des partenaires techniques et financiers, voire même 10 milliards d’ouguiyas.
L’avis des participants

Dans les débats qui ont suivi, Marième Kane, présidente d’une plateforme d’incubateurs jeunes a soulevé le caractère encore inconnu en Mauritanie de l’économie sociale solidaire qui est pourtant selon elle source de créativité et d’innovation chez les jeunes, mais aussi une approche à forte potentialité d’emploi.

Un jeune cadre du ministère de l’Economie et des Finances a souligné pour sa part que le secteur public n’a pas vocation à créer des emplois et que ce  rôle doit être dévolu au secteur privé qui concentre à lui seul, d’après lui, 70 à 80% des offres d’emploi.

Enfin, M.Issa Bellal du BIT-Mauritanie devait souligner que le rôle de l’institution qu’il représente, c’est-à-dire le Bureau International du Travail, dans la formulation de la stratégie de l’emploi s’est traduit par le recrutement des consultants, la définition des termes de référence et le contrôle qualité du programme pour préserver l’approche participative, avec l’implication de tous les mandants de l’OIT, à savoir l’Etat, les syndicats, le patronat et le secteur privé.

«Nous avons fait ce travail d’approche participative d’abord à partir d’un travail de diagnostic sur une base scientifique qui se réfère aux dernières données, notamment la dernière enquête emploi et la dernière enquête sur les conditions de vie des ménages, entre autres » a-t-il précisé.

Ce qui est nouveau et qui est d’une grande importance selon lui, c’est le Plan d’action opérationnel qui dégage un certain nombre d’axes stratégiques déclinés sous formes d’activités et de programmes et qui a déjà fait l’objet d’un atelier national en septembre 2016.

«Nous attendions la SCAPP pour une meilleure articulation, avec d’éventuelles stratégies sectorielles, afin de ne pas faire deux fois le même travail» a-t-il ajouté.

Le BIT devait donc, selon le protocole d’accord avec l’Etat, appuyer cette stratégie de l’emploi sur financement de la BAD qu’il a tenu à remercier ainsi que les pouvoirs publics pour avoir élaboré ce document de référence et procédé à sa mise en œuvre.

Il faut souligner que le Ministre de l’Economie et des Finances et son homologue de la Jeunesse et des Sports avaient assisté à l’ouverture de l’atelier sur la stratégie nationale de l’emploi.

Cheikh Aïdara

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