20 juin 2017

Revue à mi-parcours de portefeuilles : des ministres à la Banque Mondiale

Dans un retournement de situation inédit, le Ministre chargé du Budget et le Secrétaire général du Ministère des Finances se sont rendus vendredi 16 juin 2017 au siège de la Banque Mondiale pour la revue à mi-parcours du portefeuille des projets financés par cette institution de Brettons Woods, oubliant qu’ils ont affaire à un organisme d’appui et non à leur tutelle. En sus de n’avoir pas osé froisser les pontes de la Banque Mondiale en les conviant sur un terrain sous souveraineté mauritanienne, le gouvernement mauritanien n’a pas jugé utile de convier les ministres responsables des secteurs soumis à la revue à mi-parcours, encore moins la société civile et la presse.

Réunion au siège de la Banque Mondiale à Nouakchott pour la revue à mi-parcours des projets financés en Mauritanie (Crédit : AMI)

Ce qui ne ressort pas de cette réunion de révision à mi-parcours du portefeuille des projets financés en Mauritanie par la Banque Mondiale, selon plusieurs avis, c’est la participation citoyenne dans le suivi des politiques alors même que les départements sectoriels concernés en ont été exclu. Comment dans ces conditions, la Banque Mondiale compte-t-elle mener à terme ses nobles objectifs pour la Mauritanie, à savoir, l’avènement d’une gouvernance efficace, responsable et ouverte pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée., si son action n’est pas portée par des institutions solides et fortes.

Selon certains observateurs, la revue à mi-parcours qui vient d’avoir lieu est symptomatique des relations entre la Mauritanie et la Banque Mondiale, et qui se traduit toujours par le déplacement des ministres vers son siège, comme si ces ministres ne représentent pas un gouvernement et que la Banque Mondiale n’est pas un simple partenaire. Ce qui pousse ces observateurs à déclarer que «la tenue de la revue à mi-parcours des programmes doit se faire dans la dignité, avec la participation de tous les secteurs concernés et de la société civile». Ce sont là, soulignent-ils, l’unique gage pour le développement du pays et sa prospérité. Les financements de la Banque Mondiale n’auront leur impact, selon cette réflexion, que s’ils apportent un changement qualificatif dans la vie des populations et s’ils sont orientés vers des projets rentables à fort impact sur la croissance économique, l’emploi, les exportations et la réduction de la pauvreté. Ainsi, pour certains mauritaniens, «la gouvernance locale constitue le levier principal de réussite des projets mais malheureusement, elle demeure le maillon faible du portefeuille national auprès de la Banque Mondiale » donnant l’exemple du Programme National Intégré pour la Décentralisation, le Développement Local et l’Emploi des jeunes (PNIDDLE) comme «l’exemple parfait de projets imposés et non souhaités».

Certains analystes sont persuadés qu’il est nécessaire que les projets financés par la Banque Mondiale soient mieux coordonnés avec l’Aide au développement pour simplifier les procédures et  arriver à  une meilleure intégration tout en évitant les doublons. «Ce renforcement devrait se faire en harmonie avec les projets et programmes nationaux portés et appuyés par les autres coopérations » fait-on constater.

A noter que la revue à mi-parcours du portefeuille de la Mauritanie auprès de la Banque Mondiale qui a eu lieu vendredi dernier s’est penchée sur 19 projets répartis entre plusieurs départements ministériels, Santé, Education, Environnement, Energie, Pêches, Bonne Gouvernance, Décentralisation, Agriculture, Elevage et Secteurs sociaux. Le coût global du financement de ces projets a atteint la bagatelle de 319 millions de dollars pour la période allant jusqu’en 2020, dont 32 % déjà décaissés.

Le gouvernement était représenté par le Ministre Chargé du Budget, Mohamed Ould Kembou et le Secrétaire général du Ministère des Finances,  Mohamed Ould Ahmed Aida. Ould Kembou soulignera dans son allocution à cette occasion, l’importance du partenariat entre la Mauritanie et le Groupe de la Banque Mondiale, ainsi que le rôle majeur que ce dernier joue dans le développement du pays. Lui répondant, le Représentant résident de la Banque Mondiale, Laurent Msellati a rappelé l’intérêt de cette réunion au cours de laquelle, dira-t-il en substance, un diagnostic commun des problèmes sera établi ainsi que la faisabilité des projets, mais aussi leur exécution dûment constatée par les experts superviseurs de la présente revue.  Plusieurs directeurs centraux de divers ministères avaient pris part à la rencontre.

Cheikh Aïdara

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