Scrutin du 5 août 2017 : reportage dans quelques bureaux de vote

Article : Scrutin du 5 août 2017 : reportage dans quelques bureaux de vote
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6 août 2017

Scrutin du 5 août 2017 : reportage dans quelques bureaux de vote

L’affluence était très faible le matin du 5 août 2017 dans les bureaux de vote d’une manière générale sur l’ensemble du territoire national. A Nouakchott, les premières tendances du scrutin pour le référendum constitutionnel, objet d’un rude challenge entre le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz et l’opposition radicale, oscillaient entre 10 et 20% jusqu’à 15 heures. Au boycott actif de l’opposition, le régime devait réussir le pari de la participation. Voilà tout l’enjeu de ce vote où chaque localité, chaque région et chaque ville de la Mauritanie, avait mobilisé ses administrateurs, ses élus, ses cadres, ses notabilités et ses hommes d’affaires pour la victoire impérieuse du «OUI » pour que l’après-5 août ne se traduise pas en sanctions exemplaires.

Bureau 24 de l’école Khattri (Crédit photo Aidara)

Dans l’après-midi, l’affluence s’est accrue. Les barons du parti et les proches du président Mohamed Abdel Aziz comme son neveu Feïl Ould Lahah, s’étaient déployés dans les bureaux de vote, alertés par les faibles taux de participation. Beaucoup d’électeurs ont été cueillis à domicile, transportés par  bus entiers, pour être déversés dans certains bureaux de vote, comme le Centre de Tensweilim 1Feïl était particulièrement actif.

Entre 16 h 48 et 19 heures, plusieurs bureaux ont été visités. Au Lycée de Dar Naïm, le taux de participation était aux alentours de 24% dans les deux bureaux du lycée.  Les deux représentants, celui de l’UPR, Ahmed Salem Khtour et celui de l’APP, Mohamed Jedou se tournaient les pouces, sous la faible alliance de l’après-midi.

Au Lycée de Toujounine 1, une dizaine de PIck-Up bourrées de gendarmes en tenue de combat s’alignait devant une demi-douzaine de bus déglinguées et vides. Leurs paquets humains étaient en train de voter. Aux alentours, des foules repoussées par les militaires en faction qui ne laissaient passer que les votants. Dans l’un des bureaux visités, un  représentant de l’UPR et un autre du parti Ribat Watani. Taux de participation, 33% environ, lâche la présidente du bureau. Dans le bureau voisin, le taux est un peu plus important, 41% selon sa présidente, Aïchetou Ly.

A Arafat, notamment au bureau 24 de l’école Khattri ainsi que dans le bureau voisin, les taux de participation, à deux heures de la fermeture des bureaux tournaient aux alentours de 26%. Les représentants de l’UPR, de la Convergence nationale démocratique et de l’APP ont déclaré que le scrutin se déroulait jusque-là sans aucune incidence.

C’est à l’école Houceine à Arafat, où une présidente de bureau a refusé catégoriquement de faciliter le travail aux journalistes, poussant un confrère à lui faire la remarque que «peut-être la faible affluence notée dans son bureau la pousse à l’aigreur ». Dans le bureau suivant, interdiction fut faite de toute prise d’image. Des instructions qui seraient venues de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui paradoxalement accrédite des journalistes pour la couverture du scrutin et refuse toute preuve matérielle (par l’image) de son déroulé.

Retour à l’école de Tensweilim 1. Feïl Ould Lahah est toujours là, téléphone aux tympans entouré d’une demi-douzaine de collaborateurs. A l’instant où les gendarmes fermaient les portes du centre, il quitta les lieux. Les dépouillements des urnes eurent lieu à «guichet fermé ».

Cheikh Aïdara

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