10 septembre 2017

Après son expulsion par la Mauritanie vers la France, la délégation américaine se rend à Dakar

La délégation de la société civile américaine conduite par le Pr.Jonathan Jackson, est arrivée à Paris, le 9 septembre 2017, exténuée mais pas du tout découragée, selon des propos rapportés par des activistes qui les ont accueillis à l’aéroport. Refoulés la veille de Nouakchott sitôt débarqués, ses membres ont décidé de se rendre à Dakar, où ils rencontreront certainement les ONG mauritaniennes qui les avaient invités à Nouakchott, notamment SOS Esclaves.

Boubacar Ould Messaoud et l’ambassadeur américain lors de la table-ronde du samedi 9 septembre 2017 (Photo SOS Esclaves)

Le Professeur Jonathan Jackson, fils du Révérend Jessie Jackson et Porte-parole du «National Raimbow Push » ainsi que sa délégation sont arrivés le 9 septembre 2017 à Paris. Des activistes des droits de l’homme mauritaniens les ont accueillis à l’aéroport Charles De Gaulle. Ils semblaient éreintés après un aller-retour Paris-Nouakchott-Paris, plus quelques temps à l’aéroport, juste suffisant pour les formalités de leur refoulement par les autorités mauritaniennes qui les ont déclarés persona non grata.

Ainsi, loin de baisser les bras, la délégation américaine devrait reprendre l’avion pour se rendre à Dakar au Sénégal, à une demi-journée de route de Nouakchott. C’est là où ils rencontreront peut-être les organisations mauritaniennes des droits de l’homme qui les avaient invités pour un séjour d’une semaine pour échanger et discuter sur la problématique de l’esclavage et du racisme en Mauritanie.

L’ambassade américaine déçue

Pourtant, dans leur calendrier, les activistes américains avaient prévu de rencontrer les autorités mauritaniennes, notamment le Président Mohamed Abdel Aziz et ses collaborateurs pour évaluer les avancées enregistrées par la Mauritanie dans le domaine de la lutte contre l’esclavage et ses séquelles. C’est du moins ce qui  ressort du communiqué publié par l’Ambassade des Etats-Unis à Nouakchott, qui parle «d’efforts courageux engagés par la Mauritanie pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles et promouvoir la cohésion sociale», efforts que la délégation était venue apprécier.
Le communiqué encense même l’Etat mauritanien car il évoque «une réussite que la délégation américaine devait promouvoir au niveau international ». Il va plus loin en applaudissant «les actions héroïques des Mauritaniens qui continuent à lutter contre les séquelles de l’esclavage et les divisions raciales dans leur pays ».

N’empêche, l’ambassade américaine à Nouakchott n’a pas caché sa déception et sa préoccupation face à la décision prise par les autorités mauritaniennes «de refuser l’entrée dans leur pays de la délégation du mouvement civique américain ».

SOS Esclaves s’insurge

«SOS Esclaves », l’organisation antiesclavagiste qui avait invité la délégation américaine à cette visite en Mauritanie, souligne dans un communiqué publié le même jour, que «cette attitude des autorités n’honore pas notre beau pays ».  Le président de «SOS Esclaves » Boubacar Ould Messaoud a fustigé l’interdiction qui lui a été faite, à lui et à sa délégation, de se rendre à l’aéroport pour accueillir la délégation, relayant les propos du Directeur général de la Sûreté qui lui disait «de toutes les façons, les militants américains ne descendront pas de l’avion », c’est-à-dire l’avion d’Air France par laquelle ils étaient venus.

Une partie de la délégation américaine accueillie à Paris par des activistes mauritaniens (Photo Activistes IRA)

Le communiqué de rappeler que les militants en question sont «les hôtes de SOS Esclaves » et qu’ils les avaient invités en 2015. De préciser par la suite que cette rencontre avec les militants du mouvement civique américain rentrait «dans le cadre de la démarche pacifique de SOS Esclaves de capitaliser toutes les expériences et approches positives afin d’apporter une contribution à la promotion de la justice sociale, des vertus de conciliation et de la garantie de la paix sociales».

A été évoquée dans ce cadre, «l’expérience américaine dans ce domaine », une expérience qui peut, selon le communiqué, «profiter à toute organisation à travers le monde », rappelant que SOS Esclaves «est une organisation patriotique qui ne s’appuie que sur des principes de justice et de démocratie». Et de souligner que «cette attitude des autorités n’honore pas notre beau pays qui doit renouer avec les valeurs cardinales de paix et d’accueil», ajoutant que «ce genre de pratiques ne sert même pas les objectifs déclarés de nos dirigeants».

Il faut dire que SOS Esclaves a maintenu la table-ronde qui était prévue ce jour, samedi 9 septembre sur le thème ««Expériences, leçons apprises dans le domaine de la lutte contre le racisme, l’exclusion et les séquelles de l’esclavage.».  A la droite de SEM.Larry André, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique et de Boubacar Ould Messaoud, une chaise laissée vide et sur laquelle devait s’asseoir le Pr. Jonathan Jackson.

La version des autorités

Sur le plan officiel, le gouvernement vient de s’exprimer par la voix du ministre porte-parole du gouvernement. Mohamed Lemine Cheikh dans une déclaration à l’AFP a en effet déclaré que «les militants antiesclavagistes américains, refoulés vendredi soir de Nouakchott, voulaient agir contre les lois mauritaniennes». Le ministre affirme que la visite de la délégation n’a pas été concertée avec les autorités et que dans leur programme de visite, ils devaient rencontrer uniquement «des parties bien ciblées qui travaillent selon un agenda particulier».

Auparavant  quelques proches du pouvoir avaient versé dans le même justificatif, tandis que d’autres soutiennent que les activistes américains auraient dû d’abord balayer devant leur porte avant de faire la morale en Mauritanie. Selon eux, les Noirs américains souffrent de discrimination et de racisme, avec des policiers blancs canardant en toute impunité chaque jour des Noirs chez eux.

Outre le Pr.Jonathan Jackson, la délégation comprenait onze autres personnalités, dont le Révérend Mitchell Johnson, Membre du Conseil d’Administration  «The Abolition Institute », Lynda Lawrence, Membre du Conseil d’Administration, «The Abolition Institute » et Lauréate du Prix 2017 «Aichana Abeid Boilil Award » pour son plaidoyer contre l’esclavage en Mauritanie.

Cheikh Aïdara

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Commentaires

Bouna
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Les Americains devraient avoir a l'esprit que le racisme dont sont victimes quotidiennement les populations noires americaines decendants d'esclaves, devraient etre aussi une preoccupation pour ce soit disant groupe anti esclavagiste.