15 septembre 2017

A Aleg, consultation de haut niveau sur le secteur agropastoral en Mauritanie

Comment financer l’agriculture et l’élevage en Mauritanie tout en faisant face aux résiliences dans les systèmes agropastoraux ? C’est la question que la Banque Mondiale voulait élucider auprès des cadres des départements concernés, en plus de la société civile, des partenaires techniques et financiers et l’Agence Tadamoun. Aux termes de la journée organisée à Aleg, dans la région du Brakna le jeudi 14 septembre 2017, une feuille de route pourrait bien se dessiner sur la base des contributions collectées au cours de la rencontre.

Table officielle. De gauche à droite : Limam Abdawa (ancien SG de Ministère), le Wali du Brakna, le DG de l’Agence Tadamoun, le Représentant de la Banque Mondiale, le Hakem d’Aleg, et le Directeur des affaires économiques et du développement (MEF) – Crédit photo Aïdara

Après la ville de Chami sur «L’urbanisation et l’accès aux services publics» le 21 août et Nouadhibou sur la «La capacité de compétitivité et les opportunités d’emploi pour réaliser le développement global et durable» le 6 septembre, la ville d’Aleg a accueilli jeudi 14 septembre 2017 la troisième journée de consultation sur le financement du développement, initiée par la Banque Mondiale en Mauritanie. La journée régionale a porté sur la préparation du Cadre de partenariat du groupe de la Banque Mondiale en Mauritanie avec comme thème «Agriculture, élevage et résilience des systèmes agropastoraux aux effets du changement climatique».

Successivement, le Wali du Brakna, Abderrahmane Ould Khattri, le Directeur général de l’Agence nationale Tadamoun (agence pour l’insertion des rapatriés mauritaniens, de la lutte contre la pauvreté et les séquelles de l’esclavage), Hamdi Ould Mahjoub et le représentant de la Banque Mondiale en Mauritanie, Laurent Msellati ont pris la parole pour magnifier l’excellence des relations qui lient leurs institutions, se féliciter des performances réalisées en matière de lutte contre la pauvreté et de croissance économique, ainsi que de l’importance des secteurs de l’agriculture et de l’élevage dans l’économie mauritanienne.

Selon le Représentant de la Banque Mondiale, «les bonnes performances enregistrées par la Mauritanie dans le cadre de la rigueur budgétaire, lui ont fait bénéficier d’un supplément de financement pour son programme triennal 2018-2020. De 80 Millions de dollars U.S qui lui était alloués sur fond IDA, l’enveloppe accordée par la Banque Mondiale passe ainsi à 200 Millions de dollars».

Les participants, cadres du Ministère de l’Économie et des Finances, du Ministère de l’Agriculture et du Ministère de l’Élevage, mais aussi du Ministère de l’Environnement et de la Direction de l’Emploi, en plus d’acteurs actifs de la société civile, ainsi que des partenaires comme le PNUD, la FAO, le PAM et l’Union Européenne, devaient réfléchir sur les secteurs prioritaires dont le financement serait le plus efficient possible.

Plusieurs communications ont été présentées, notamment sur la Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée (SCAPP),  présentée par le Directeur des affaires politiques et économiques du Ministère de l’Économie et des Finances et qui constitue le Document-cadre stratégique de la politique de développement de la Mauritanie pour la période 2016-2030. Une autre présentation, faite par le Représentant local de la Banque Mondiale, a porté sur le cadre de Partenariat du Groupe de la Banque Mondiale, qui définit la politique-pays de la Banque en Mauritanie jusqu’à l’horizon 2030, avec trois objectifs clés, le développement du capital humain, l’accès aux services de base et le renforcement de la gouvernance.  Troisième  communication, celle présentée par le chef du «Projet Tekevoul », un sous projet de l’Agence Tadamoun  qui consiste à fournir du cash aux familles  les plus démunies (5.000 bénéficiaires) à raison d’un transfert monétaire de 15.000 UM par trimestre (environ 40 euros) et par ménage. Enfin, quatrième communication, celle présentée par le Directeur général de la Société nationale de développement rural (SONADER) sur son institution, une boîte créée  en 1975 pour la promotion de l’agriculture irriguée et la gestion des infrastructures collectives (aménagement de terres et encadrement des paysans).

Les participants se sont scindés par la suite en deux groupes, l’un sur le développement de l’agriculture et de l’élevage et l’autre sur les résiliences aux systèmes agropastoraux.

Contexte, défis et opportunités dans les deux secteurs de l’agriculture et de l’élevage ont été ainsi dégagés. Les maux dont souffre les deux secteurs ont été peints et des solutions proposées pour une valorisation de la richesse agricole et pastorale de la Mauritanie, porteur de plus-value, de richesse et d’emplois.

En effet, l’agriculture et l’élevage sont soumis à des chocs exogènes (déficit pluviométrique, climat rude, environnement hostile) mais aussi à de mauvaises politiques sectorielles.

Parmi les défis posés à l’agriculture, la sous-utilisation des terres aménagées  (25.000 sur 100.000 hectares), la faible mécanisation,  le manque d’appui accordé aux agriculteurs, la discrimination dans l’accès à la terre, le manque de routes pour l’acheminement de la production agricole. Pourtant, le secteur a bénéficié de beaucoup de financement, sans compter la disponibilité de larges surfaces aménagées et l’existence de quantités importantes  de sources d’eau (Fleuve Sénégal).

Idem pour le secteur de l’élevage qui a toujours été le parent pauvre des plans de développement,  malgré qu’il soit le seul secteur qui assure l’autosuffisance alimentaire de la Mauritanie et malgré l’importance du cheptel qui alimente les marchés de la sous-région en bétail sur pied et en viande rouge.  Les participants estiment que le plus grand mal de l’élevage c’est cette culture du prestige (le nombre de bétail comme statut social) qui prime sur la productivité, d’où la nécessité d’une campagne pour un changement de comportement.  Les participants recommandent ainsi le recensement du cheptel,  l’autosatisfaction en produits laitiers (la Mauritanie importe chaque année la valeur de 25 Milliards UM en lait), faute d’un système de conservation du lait national, mais aussi l’institution d’un crédit pour l’élevage, le développement de l’élevage intensif par l’importation de vaches laitiers, de croisement et d’insémination artificielle de spécimen à haute rentabilité.

Cet atelier entre dans le cadre de la nouvelle stratégie de la Banque Mondiale basée sur le Diagnostic systématique pays (DSP) dont le but est d’identifier les principales contraintes et interventions prioritaires nécessaires pour permettre à la Mauritanie d’atteindre les deux objectifs du Groupe de la Banque Mondiale, à savoir mettre fin à l’extrême pauvreté et améliorer la prospérité partagée chez les 40% des personnes les plus démunies de la population.

 

Cheikh Aïdara

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