Lettre ouverte au ministre de l’intérieur : Halte à la dictature féodale à DAFORT dans le Guidimagha

Article : Lettre ouverte au ministre de l’intérieur : Halte à la dictature féodale à DAFORT dans le Guidimagha
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7 février 2018

Lettre ouverte au ministre de l’intérieur : Halte à la dictature féodale à DAFORT dans le Guidimagha

Monsieur le ministre, nous allons vous soumettre par ce cri d’alerte, le cas symbolique de la dictature féodale qui sévit dans nos localités rurales du Guidimagha. En effet nous sommes une composante sociale d’extraction sociale dite « esclave » selon le régime coutumier soninké, et nous subissons un certain ostracisme très sévère dans notre village alors que nous ne voulons VIVRE qu’en CITOYENS DIGNES. Vous savez que les séquelles esclavagistes dans les milieux soninkés du Guidimagha sont vivaces et foncièrement agressives. Aujourd’hui en citoyens avertis, nous avons décidé de sortir des vieux schémas sociétaux rétrogrades  qui nous humilient depuis plusieurs générations.

Le hangar objet du litige

Cet activisme pacifique s’est inscrit dans la légalité en respectant les règles admises en la matière dans notre chère MAURITANIE. Il y’a quelques mois, l’association AMEES  a ouvert une section à travers laquelle nous menons notre mission de sensibilisation et conscientisation de nos masses populaires. Lors de l’ouverture de cette instance locale, nos membres fondateurs ont été voir le maire pour l’en avertir. Il n’avait trouvé aucun inconvénient et il lui avait été précisé que l’association est ouverte à tous nos concitoyens. Dès lors nous croyons être  dans nos Droits légitimes garantis par la constitution. C’était sans imaginer les différents types de chantages manœuvrés par certains détracteurs de notre engagement pour VIVRE en citoyens à égale DIGNITÉ sans les pesanteurs sociétales.

En effet, les membres de notre communauté sont harcelés, provoqués et salis dans le village par des éléments réactionnaires issus de la féodalité villageoise. C’est ainsi que le 13 août 2017, des gendarmes mobiles dans la commune avaient convoqué l’un de nos responsables en lui disant qu’ils veulent savoir sur la nature des réunions qu’on organise chez lui. Ce jour, les gendarmes ont notifié que nos parents avaient le plein droit de se réunir en toute liberté chez ce responsable de section  AMEES après une explication donnée sur nos activités de sensibilisation. Le 5 septembre 2017, dans les jours de la fête de Tabaski, d’autres gendarmes mobiles se sont présentés chez le responsable section AMEES DAFORT en lui demandant d’arrêter les travaux d’un modeste hangar prévu pour abriter nos rencontres dans sa maison.

Les gendarmes avaient dit que nous aurons des plaintes en notre encontre propos de ce hangar et que nous devrons nous rendre à Ould Yengé le chef-lieu de notre département auprès de la brigade. Et c’est au cours de cette procédure de clarification auprès des autorités départementales, la nuit du 30 septembre 2017 s’éclatent des graves incidents entre la jeunesse villageoise dans son ensemble et l’ordre des anciens à propos de la tenue des festivités nocturnes. Ces incidents d’une certaine violence avaient été condamnés par le monde villageois dans son intégralité. Pourtant comme par hasard dans une atmosphère de délation, 2 adultes parmi nos membres engagés contre ancien système féodal, sont arrêtés avec les jeunes émeutiers.

L’un de ces 2 militants arrêtés a été le responsable section AMEES DAFORT, et leur arrestation sans motif avéré  avait duré plus de 50 jours INJUSTEMENT. Après cet épisode flou et mystérieux, nous avons repris nos démarches citoyennes auprès des administrations départementales et régionales pour savoir davantage sur le cas de notre hangar suspendu depuis le 5 septembre 2017.

Ainsi ces derniers jours nous avons pris contact avec le préfet à Ould Yengé, qui dit qu’il ne comprend aucun motif sur cette suspension et nous a invités d’aller chez le gouverneur de Sélibaby. Arrivés chez le gouverneur il y’a quelques jours, il nous a expliqué que les ordres qu’il a reçus venaient du ministère de l’intérieur. Il a clarifié que quelques cadres issus de DAFORT se sont plaints auprès du ministère concernant notre hangar qui serait financé par des bandits étrangers.

À partir de ce constat, nous estimons nécessaire de s’adresser directement à vous monsieur le ministre, en guise de réactualisation de notre courrier d’il y’a quelques temps. En vous adressant cette alerte citoyenne et témoin à l’attention de la communauté nationale voire internationale.

Nous suspectons encore une énième fois les manœuvres délatrices et lâches des milieux féodaux hostiles à notre campagne de sensibilisation et de conscientisation sur le régime féodal soninké qui bafoue nos droits de citoyens  et veut sauvegarder des privilèges partisans dans nos communautés.

Monsieur le ministre, nous vous assurons que certains milieux soninkés influents à Nouakchott sont dans une campagne diffamatoire et calomnieuse à notre endroit depuis l’élan de conscientisation initiée et amplifiée  par la journée du 6 mars 2017 à Sélibaby  à l’occasion de la journée nationale contre l’esclavage et ses séquelles. Ce jour pour la première fois la loi 2015-031 relative aux pratiques esclavagistes et ses séquelles a été expliquée et diffusée au sein des masses soninkés dans nos contrées villageoises. Aujourd’hui, AMEES dispose de plusieurs sections dans différentes localités villageoises du Guidimagha, et tout se passe sans encombres pour leurs adhérents, le cas DAFORT ne devrait pas être une exception.

Monsieur le ministre, nous voulons exercer paisiblement  notre qualité de CITOYENS ACCOMPLIS dans nos localités rurales du Guidimagha mais l’ordre féodal s’active pour s’y opposer et ses représentants déterminés sont probablement  bien introduits au sein du pouvoir à Nouakchott.

Monsieur le ministre, nous vous assurons qu’aucun financement suspect et des relations extérieures douteuses n’existent dans notre engagement citoyen et pacifique. Comme toute communauté de vie et d’appartenance militante, nous avons la culture de l’entraide entre nos membres de l’intérieur et de l’extérieur en toute transparence.

Monsieur le ministre, sous le vocable GANBANAAXU* communauté de DAFORT, nous voulons nous libérer du joug féodal dans le milieu soninké en refusant les mentalités esclavagistes.

Monsieur le ministre, nous comptons sur vos services de protecteur et de garant de l’ordre public et des libertés individuelles et collectives pour prendre en compte le cas de notre hangar suspendu depuis  plusieurs mois dans des circonstances qui troublent plus d’un.

NB : une copie de cette lettre a été déchargée auprès du service courrier du ministère de l’intérieur à la date du 8 janvier 2018 avec reçu de dépôt.

*Mouvement citoyen et pacifique pour  l’égalité en DROITS et en DIGNITÉ dans la société soninkée.

DAFORT, 4 février 2018

La communauté GANBANAAXU DAFORT

 

 

 

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