31 décembre 2016

Ces «petits monstres» du régime mauritanien

Longtemps confinés dans les livres après avoir nourri les imaginaires et les légendes, de l’antiquité aux siècles des lumières, les monstres reviennent à l’assaut du monde. Si le Moyen-Orient a vu l’émergence du monstre dénommé Daech, les Etats-Unis viennent de connaître leur Minotaure en la personne de Donald Trump, tandis qu’en Mauritanie apparaissent plusieurs petits monstres, «nouveaux chouchous » du régime en place. Ils s’appellent Daoud Ould Ahmed Aïcha, Saad Ould Louleid, les Ahbab qui prétendent représenter les «amoureux du Prophète», sans compter d’autres monstres moins visibles et plus dangereux car ils tirent des milliers d’incrédules en laisse.

Flirtant avec le registre communautariste grégaire, dans l’objectif de contrer le rouleau compresseur des antiesclavagistes, le pouvoir créa deux petits monstres le même jour et leur remit des armes légales de destruction massive en leur accordant le statut de chef politique. L’un est un chauvin arabo-berbère qui prône la suprématie de sa race, et l’autre un chauvin harratine recruté pour saper la lutte harratine qui commence à se structurer au sein de groupes solides, comme IRA, El Hor, SOS Esclaves et Mithaqh pour les droits politiques et sociaux des Harratines.
Daoud Ould Ahmed Aïcha

Certains médias le dénomment déjà «Le Pen » mauritanien, pour son discours extra-radical. Pour lui, la Mauritanie appartient aux Maures et aucune autre langue que l’arabe, comprenez le Hassaniya, n’y a droit de cité. Devenu la vedette des médias audiovisuels du pays depuis son ascension, il soutient que les «minorités » africaines doivent s’assimiler.

Saad Ould Louleid

Vedette des plateaux de télévisions privées qui se disputent ses audiences, il développe paradoxalement un discours entièrement voué au dénigrement de Birame et de son organisation IRA. Pour lui, les Harratines doivent être protégés du péril négro-africain. Il avait rejoint le mouvement IRA à la faveur des élections présidentielles en 2014, jurant lors d’un discours de campagne loyauté et dévouement à la cause antiesclavagiste portée par l’organisation. En cela, il dépassa en radicalité tous ses camarades de lutte. Aujourd’hui, ses anciens compagnons soutiennent qu’il a été recruté par les Renseignements généraux pour infiltrer l’organisation et participer à son implosion. Apparemment satisfait du travail, car considérant IRA presque comme mort, du moins à l’intérieur du pays, le pouvoir aurait largement rétribué Saad Ould Louleid en lui offrant un parti politique plus un juteux marché de 100 Millions d’UM pour le nettoyage d’une partie de Nouakchott.

Yehdhih Ould Dahi

 

Il s’agit d’un extrémiste religieux au discours radical. Il est aussi l’une des figures les plus prisées par les médias audiovisuels privés. C’est d’ailleurs à partir d’une de ses tribunes télévisées qu’il lança sa fameuse fatwa pour le meurtre de l’activiste Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’Association des femmes chefs de famille (AFCF). Malgré une plainte déposée contre ce faux prédicateur, elle n’eut aucune suite.
Aujourd’hui, Yehdhih Ould Dahi dirige un Centre de désenvoûtement, exerçant légalement son métier de charlatan attitré et largement rétribué. Un groupe de femmes a menacé de le poursuivre en justice, lui et la chaîne de télé privée qui avait diffusé des images d’une séance de désenvoûtement sans leur consentement.

 

Les Ahbab

Enfin, les Ahbab. Un groupe de prétendus «amoureux du Prophètes (PSL) » créé avec l’affaire Ould MKheïtir, un jeune bloggeur accusé d’apostasie et menacé de mort. Cette organisation constituée de plusieurs salafistes wahhabites, multiplie les sorties et les rassemblements pour faire pression sur les juges afin d’obtenir la tête de Ould MKheïtir.

Voilà les vedettes de la Mauritanie Nouvelles, celles qui font et défont l’actualité tout en donnant un aperçu sur ce que nous sommes devenus, un pays intolérant, extrémiste et radical, partisan de la médiocrité et des cocktails Molotov sociaux.

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