A l’initiative du Projet AFIA, mis en œuvre par Save The Children au titre du Fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique (FFUA), plusieurs activités ont été organisées durant ces journées, dont une sensibilisation de proximité menée par trois groupes de volontaires qui ont fait du porte-à-porte auprès des familles. Cette mobilisation s’est traduite par des rassemblements populaires, avec projection de documentaires de sensibilisation et l’organisation de causeries autour de la protection des enfants contre la déperdition scolaire, la traite et l’exploitation.
Les organisateurs ont également initié un tournoi de basket qui a réuni des enfants de 4 à 7 ans, suivi par un tournoi de basket qui a regroupé des jeunes plus âgés, avec la collaboration de la Ligue régionale de Nouadhibou. Ces animations ont attiré un public nombreux le 3 novembre sur le terrain de Cansado où ont également été effectuées des vidéos de sensibilisation sur les dangers auxquels sont exposés les enfants en migration.
Plusieurs officiels, notamment le point focal et chef de division de l’Enfance au Ministère des Affaires Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) pour la région de Dakhet-Nouadhibou, la responsable du Projet AFIA et la présidente de l’Association des migrants à Nouadhibou ont eu le plaisir de remettre des trophées aux équipes victorieuses.
SYPY, Harmattan, Noura Mint Seymali, SeydiNourouGuèye, ainsi qu’un groupe de rappeurs de Nouadhibou et des danseurs ont animé la soirée dédiée à la protection de l’enfance en mobilité contre la traite et l’exploitation au Premier Robinet devant un public de plus de mille personnes.
Des courts-métrages sur les thématiques «Enfants confiés», «Filles en servitude domestique», «Enfants de la rue » et «Enfants en aventure » ont été projetés dans le courant de la soirée.
Parmi ces films, l’histoire du jeune Alioune, un enfant de la rue qui vivait du ramassage de bouteilles vides à Rosso, sa ville natale, a particulièrement ému l’assistance. Son parcours, qui l’a amené à faire la rencontre d’une femme qui l’exploiteraà Nouakchott avant de le laisser, livré à lui-même dans une ville inconnue, avant d’être pris en charge par un centre d’accueil pour enfants, illustre bien les difficultés et les risques encours par les enfants pauvres.
De même, l’histoire de Youssouf, jeune ivoirien qui va quitter son pays, traversant le Mali pour se retrouver en Mauritanie, avec l’Europe en ligne de mire, a permis d’aborder la question délicate de l’enfance migrante en Mauritanie. Victime d’une arnaque par une agence de voyage fictive, sans le sou, perdu dans une cité qui lui est inconnue, il erre longtemps avant de se faire embaucher dans un restaurant.
Toutes ces histoires, selon Amadou Tijane Bâ, Chargé de communication à Save The Children «retrace le vécu d’enfants victimes de traite et d’exploitation. Il met surtout en exergue le rôle de la communauté dans leur prise en charge».
Selon Tijane, la campagne de sensibilisation autour de l’enfance à Nouadhibou, a été une réussite. «Nous sommes parvenus à mobiliser les familles, les enfants, la société civile et les autorités. Je crois personnellement que les messages que nous avons diffusés sont bien passés. Les documentaires ont été suivis avec beaucoup d’intérêt par un grand public dans les trois quartiers de la ville, Tarhil 1, Tarhil 2 et Voum El Baze ».
Abdallahi Talhata, vivant au quartier Tarhil, témoigne. «Je suis venu avec mes enfants pour s’amuser, rencontrer d’autres enfants et prendre des leçons de vie. Ces différents films que nous venons de voir montrent l’importance de l’enseignement, car si ces enfants dont nous venons de suivre les parcours, avaient eu la possibilité de poursuivre leurs études, ils ne se seraient pas retrouvés dans telles situations. Ces films montrent aussi la responsabilité des familles dans l’orientation et la protection des enfants».
Sur les activités qu’elle mène au profit des migrants à Nouadhibou, Mme Anmatou, présidente de l’Organisation des Migrants de Nouadhibou et Coordinatrice du Centre d’accueil des enfants migrants explique : «les enfants des migrants rencontrent des problèmes d’insertion scolaire et beaucoup d’entre eux ne peuvent suivre un cursus à cause de la précarité de leur famille. D’où l’idée d’ouvrir ce centre. Au début, nous avions 40 élèves et nous nous sommes retrouvés à 200, ce qui nous a poussées à stopper les inscriptions. Nous encadrons ces enfants au niveau de l’enseignement et nous accueillons aussi des adolescents migrants de passage qui rêvent d’aller en Europe et qui se retrouvent piégés à Nouadhibou. Nous les aidons en les orientant vers des formations professionnelles ou vers le HCR lorsqu’ils peuvent prétendre au statut de réfugié».
Cheikh Aïdara