Emploi et formation : les clauses sociales comme solution pertinente

Article : Emploi et formation : les clauses sociales comme solution pertinente
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5 juillet 2017

Emploi et formation : les clauses sociales comme solution pertinente

Ateliers de formation technique et rencontres institutionnelles de haut niveau, lancés depuis le 3 juillet 2017 se sont articulés pendant trois jours, autour du processus dit «les clauses sociales », une approche innovante pour la formation et l’insertion socioprofessionnelle que la Mauritanie vient d’adopter avec l’aide du Bureau International du Travail (BIT). Pendant ce temps, s’ouvrait au Centre de Formation et de Perfectionnement Professionnel de Nouakchott (CFPP), l’Académie des Entreprises, une formation destinée à une quinzaine de techniciens du bâtiment sur les techniques de construction ancestrales.

Séance de test du dosage des matériaux préparés par les stagiaires avec le formateur
les stagiaires apprennent à malaxer les matériaux

En marge de l’atelier sur les clauses sociales qui battait son plein dans un luxueux hôtel de Nouakchott depuis le 3 juillet 2017, s’ouvrait au CFPP, une session spéciale destinée à une quinzaine d’entrepreneurs et de techniciens supérieurs du bâtiment, sous la supervision d’un expert. Les participants devront apprendre au cours de cette formation pratique, les techniques ancestrales de construction qui se seraient révélées plus adaptées à l’environnement social et au climat local. C’est la nouvelle approche trouvée par le projet pour l’Amélioration de l’employabilité des jeunes et des capacités des PME par le développement du sous-secteur du BTP en matériaux locaux et de la formation professionnelle dans les chantiers-écoles construction dit PECOBAT, un projet du BIT financé par l’Union Européenne. Ce projet vise la promotion de l’emploi comme stratégie de développement rural, à travers la participation des acteurs de la société civile et les autres acteurs au niveau local.

Cette formation sera suivie d’un Appel à proposition pour la construction d’écoles et de structures publiques et viserait en priorité les entreprises les plus performantes parmi celles actuellement en formation.

La plupart des participants avouent n’avoir jamais exercé dans le domaine de la construction traditionnelle, faite de boue, d’argile, de sable, de paille, comme le faisait leurs ancêtres. Ils trouvent l’expérience exaltante, dans la mesure où elle pourrait susciter le renouveau d’un type de bâtiment qui a déjà fait ses preuves dans le passé, aussi bien en termes de durabilité qu’en termes d’adaptabilité, avec un système naturel d’isolation thermique.

Dème Zakarya est titulaire d’un Master 2 en sciences d’ingénierie et matériaux de l’Université de Pô (France).

Dème Zakarya, stagiaire

Il  travaille en partenariat avec une entreprise de bâtiment basée à Nouadhibou mais très présente dans le Sud. Pour lui, il est tout simplement en train de réapprendre un autre métier. «C’est une formation qui me tient à cœur dans la mesure où elle me permettra de développer d’autres compétences » a-t-il déclaré. Selon lui, la construction en terre pour un habitant de la Vallée est un savoir à développer, surtout dans un contexte marqué actuellement par le développement des énergies renouvelables, mais surtout par un marché du BTP de plus en plus concurrentiel.

Sidi Mokhtar Ould Sidi Mohamed est lui chef d’entreprise de bâtiment «Les Bâtisseurs » basée à Nouakchott.

Sidi Mokhtar, stagiaire

Il avoue n’avoir jamais travaillé avec les matériaux locaux de construction. Il trouve que le projet tombe à pic et qu’il permettra de remettre en selle une pratique du BTP local tombé en désuétude et qui compte aujourd’hui peu de connaisseurs. «Avec les Appels à proposition pour la construction d’édifices publics à base de matériaux locaux à l’intérieur du pays, ajoutés à cette expertise nationale qui est en train d’être formée, je pense que le savoir des anciens sera remis au goût du jour pour la revitalisation du patrimoine national d’abord et puis ensuite, pour le bien-être des populations, qui pourraient acquérir des demeures moins coûteuses et mieux adaptées à leur environnement ».

 Les clauses sociales comme solution pertinente

Pendant qu’au CFPP se poursuivait l’Académie des Entreprises, une formation destinée aux entrepreneurs et techniciens du bâtiment sur les techniques ancestrales de construction (à base d’argile, sable, paille, etc.), s’ouvrait à l’hôtel Wissal de Nouakchott un atelier de sensibilisation sur les clauses sociales. L’objectif de cette approche est de favoriser la formation et l’insertion socioprofessionnelle, notamment chez les jeunes et les femmes.

ouverture de l’atelier en présence de l’Union Européenne et du BIT

L’atelier, organisé par le BIT en partenariat avec le Ministère de l’Economie et des Finances, représenté par la Cellule d’Appui à l’Ordonnateur National du FED, avec le financement de l’Union Européenne, cherche à promouvoir le concept dit de «clauses sociales » qui est une approche visant à favoriser l’accès à l’emploi de publics éloignés du marché du travail. Cet outil qui a fait ses preuves dans les pays européens, cadrerait, selon certains intervenants, avec les priorités du gouvernement mauritanien, qui place l’emploi au cœur de ses politiques sociales. Avec un taux de chômage officiel de 12,8% en 2016 (19,3% et 21% chez les femmes et les jeunes), trouver des opportunités de travail aux sans emploi, à travers l’amélioration de la commande publique, devient le souci cardinal des autorités mauritaniennes.

L’objectif de cette rencontre, qui s’achève le 6 juillet 2017, est de «montrer à tous les acteurs qui interagissent dans le cadre de la lutte contre le chômage, que la clause sociale d’insertion ou de formation est un outil qui peut favoriser l’accès à l’emploi de publics éloignés du marché du travail et promouvoir l’insertion et la formation » selon Sidi Mohamed, expert au BIT-Mauritanie dans une note de presse diffusée à l’occasion. Avec cette méthode, le BIT compte aider les pouvoirs publics à lutter contre l’exclusion sociale des jeunes et des femmes sur le marché de l’emploi.

A noter que l’atelier a été rehaussé par la présence du chef de la coopération de l’Union Européenne (UE) M. Hans CHRISTIAN et le Conseiller Technique du Projet Chantier-École et Point focal du Bureau International du Travail (BIT) en Mauritanie, M. Federico Barroeta, ainsi que plusieurs autres personnalités

Cheikh Aïdara

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