Marche et répression contre IRA : le président Birame Dah Abeid interpellé par la police

Article : Marche et répression contre IRA : le président Birame Dah Abeid interpellé par la police
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21 février 2018

Marche et répression contre IRA : le président Birame Dah Abeid interpellé par la police

Nullement habitué à une telle frénétique campagne de dénonciation que les militants d’IRA ont soutenu pendant trois jours d’affilée contre la hausse des prix, la dévaluation de la monnaie et les souffrances du monde rural frappé par la sècheresse, dans les Moughtaas d’El Mina, Dar Naim, Arafat et Tevragh-Zeina, avec des dizaines de blessés dont certains graves et autant d’incarcérés dans les différents commissariats de Nouakchott, la Direction régionale de la Sûreté d’Arafat a envoyé ce mardi 20 février 2018, un officier et un sous-officier de la police pour cueillir vers 22 heures à son domicile, le président du mouvement, Birame Dah Abeid.

Les militants d’IRA sont les seuls à ne pas fuir devant la police d’où les blessés et les arrestations

Pour la énième fois, le militant anti-esclavagiste et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA),Birame Dah Abeid, candidat déclaré à la Présidentielle de 2019 et lauréat de plusieurs prix internationaux dont le Prix des Nations Unies 2013 pour les droits de l’homme, vient d’être interpellé par les services de police. C’est à 22 heures que la Direction régionale d’Arafat lui a envoyé à son domicile, un officier et un sous-officier.

Cette interpellation fait suite à trois manifestations particulièrement musclées que les militants d’IRA ont mené pacifiquement dans quatre grands départements de Nouakchott. La répression policière a été sauvage, brutale et disproportionnée avec ses lots de blessés graves et d’incarcérations accompagnés de tortures dans les commissariats, selon le témoignage des militants.

Militants d’IRA face à la Police près du marché de la Capitale

Toutes ces marches dénonçaient la hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité qui affichent depuis le début de la démonétisation en janvier 2018 des seuils intolérables pour les ménages mauritaniens. Elles dénonçaient également une démonétisation qui cacherait une dévaluation non déclarée mais également la situation particulièrement difficile du monde rural confronté à une sècheresse sans précédents et des risques de famine.

La journée du 20 février 2018 qui a eu pour théâtre d’opération le département d’Arafat a été particulièrement féroce, avec des instructions qui auraient été données tôt le matin par le Directeur général de la police, le Général Ould Meguett, à ses troupes, pour mater avec toute la violence requise les manifestants. Résultat, plusieurs blessés graves détenus au commissariat d’Arafat et à qui les policiers auraient refusé tout soin. Ces blessés dans les rangs d’IRA s’ajoutent aux dizaines d’autres blessés recensés au cours des deux jour précédents à Dar Naïm, El Mina et à Tevragh-Zeina, avec des dizaines sous les verrous.

La manif d’IRA à Dar Naïm

L’escalade déclenchée par le mouvement IRA  intervient dans un contexte marqué par un caractère particulièrement répressif du régime de Mohamed Abdel Aziz qui ne tolère aucune manifestation sauf celle destinée à le glorifier. Ainsi, si les étudiants, les médecins, et même de pauvres populations réclamant la réfection de routes devenues des hécatombes où de l’eau à boire sont battus et traînés sur les macadams de la Capitale sans aucun ménagement, le rassemblement organisé par des sympathisants demandant un 3ème mandat devant les grilles de la présidence n’a  subi aucun acte répressif. Il n’y avait même pas de forces de l’ordre.

Militant férocement tabassé à Arafat

Les Mauritaniens n’ont plus le droit de manifester leurs souffrances ni de réclamer le moindre droit à un régime politique militaro-affairiste qui compte bâillonner les consciences et neutraliser toute opposition, à quelques encablures de consultations électorales décisives pour sa survie. Après la guerre menée contre la presse, celle menée contre les étudiants, les médecins, les riverains de routes nationales devenues des routes de la mort, contre les populations rurales tannées par la pauvreté et la misère, le régime de Mohamed Abdel Aziz tire sur tout ce qui bouge, même contre ses alliés d’hier, à l’image du parti APP, dialoguiste et complice de ses dernières manœuvres qui a permis l’émiettement de l’opposition et sa balkanisation.

Aujourd’hui, ce régime compte museler l’un de ses plus coriaces ennemis, Birame Dah Abeid, dont le mouvement est la seule force contestataire populaire capable de tenir tête à ses bataillons, et qui jouit d’une forte assise internationale.

Cheikh Aïdara

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