Nouakchott, le far-west mauritanien

Article : Nouakchott, le far-west mauritanien
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11 juin 2018

Nouakchott, le far-west mauritanien

Pas un jour ne passe à Nouakchott sans ses meurtres crapuleux à coups de couteaux,  ses hold-up, ses cambriolages à main armée… La Mauritanie, réputée dans les années 70 comme le pays le plus paisible au monde, où l’on retrouvait cent francs perdus dans la rue, est devenue un véritable far-west. Les criminels n’ont même plus peur ni de Dieu ni des hommes… La plupart des criminels qui déambulent à Nouakchott sont des repris de justice, des multirécidivistes aguerris par la mansuétude des peines pénales et l’impunité dont ils bénéficient dans certains cas.

Crédit Unsplach.com

 

Après le cambriolage à midi d’une agence de la BMCI en avril 2017, d’une autre agence quelques semaines plus tard à El Mina, ce fut autour de l’agence Attijara-Bank à Tensweilim, quartier populaire de Nouakchott, d’être dévalisée en pleine journée par quatre jeunes encagoulés et armés d’armes blanches et d’armes à feu, alors que deux militaires qui ont pris la fuite se trouvaient parmi la clientèle qui s’est éparpillée dans un vol de moineaux. Aujourd’hui, c’est une pharmacie qui a été cambriolée en pleine journée également, dans ce mois béni de Ramadan. Le gérant a été grièvement blessé à coups de poignard.

Le plus ridicule dans tout ça est la réponse du ministre porte-parole du gouvernement, Mohamed Lemine Ould Cheikh qui, interpellé sur la question de l’insécurité grandissante, n’a trouvé comme réponse que de comparer Nouakchott à Paris et Washington, trouvant normal que les villes, en se développant, connaissent pareille recrudescence du banditisme. Personne, malgré ces dramatiques assauts de bandes de plus en plus nombreuses lâchées comme des meutes contre des populations souvent désarmées, n’a pourtant démissionné. Ni ministre de l’Intérieur, ni directeur de la sûreté. Pas de communication pour apaiser les populations. Aucune mesure concrète pour arrêter ces bains de sang quotidiens, ces viols nocturnes que les statistiques ne parviennent même plus à chiffrer, ces dizaines de jeunes fauchés dans la fleur de l’âge aux coins de rues obscures par des criminels de plus en plus téméraires et assoiffés qui, pour un téléphone de pacotille, n’hésitent pas à tuer.

Pendant ce temps, quelques 500 énergumènes, membres de clubs de tirs, se promènent librement avec des armes de guerre et des munitions généreusement offertes par l’armée nationale. Les armes à Nouakchott se vendent et s’achètent comme de petits pains, à la demande. Cela va de pistolets, modèles turc ou européen, aux mozers, kalachs, carabines…Beaucoup d’agences de vente de voitures, beaucoup de boutiques au Marché de la Capitale, abritent ces marchés parallèles d’armes avec papiers d’autorisation à l’appui. Les prix varient entre 100.000 et 400.000 UM (300 à 1200 euros). Et cela fait des milliers de personnes armées, d’un côté quelques pères de famille soucieux de se protéger et de protéger leur foyer contre les bandes armées, de l’autre des criminels qui opèrent désormais avec de véritables armureries. Il est même question d’une agence de vente libre d’armes à feu à Nouakchott. De quoi faire frémir plus d’une agence de sécurité dans le monde.

Qui va arrêter une telle pagaille ?

Cheikh Aïdara

 

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