Le régime de Mohamed Ould Ghazwani, première victime de l’enquête parlementaire

Article : Le régime de Mohamed Ould Ghazwani, première victime de l’enquête parlementaire
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4 août 2020

Le régime de Mohamed Ould Ghazwani, première victime de l’enquête parlementaire

Le mouton qui aiguise le couteau de sa propre immolation. Cette rhétorique peut bien s’appliquer au régime du président Mohamed Cheikh Ghazwani dont la quasi-totalité des ministres et hauts responsables seraient déférables devant la justice suite au rapport de l’enquête parlementaire sur la décennie passée.

Mohamed Cheikh Ghazwani, Président de la République

Après des mois d’enquête sur la casse du siècle, certains parlent de la bagatelle de plus de 400 milliards d’ouguiyas de l’argent de la Mauritanie volatilisés, et encore, la Commission d’enquête parlementaire constituée en début 2020, vient de déposer son bilan. Les Mauritaniens découvrent avec ahurissement qu’ils ont été extorqués pendant plus de dix ans par ceux-là même qui étaient sensé leur assurer un avenir sûr et radieux.  En effet, coupe-jarrets, coupeurs de route,  brigands et pickpocket à l’appétit jamais assouvis, se sont relayés du plus haut sommet de l’Etat à sa base pour dépouiller le peuple mauritanien de tout ce que la nature, mais aussi les vaillants bâtisseurs de la nation, leur ont légués au fil des siècles et des ans.  Tels des essaims de criquets, de hauts fonctionnaires de l’Etat se sont abattus comme des rapaces sur le pays, tels des brigands de grands chemins sans loi ni foi. Ils se sont dépouillés de tout sentiment humain ou patriotique, pour détruire les fondements de l’Etat.

En un clin d’œil, près de la moitié du patrimoine de l’Etat, mais aussi des aides publiques internationales,  sont passées du domaine public au domaine privé, sans vergogne. Des pans du territoire et de l’économie nationale ont été bradés à des sociétés écrans, sous couverts d’entreprises étrangères.  Près de 2.000 Kilomètres carrés de la Zone franche de Nouadhibou vendus, l’Océan et ses innombrables ressources halieutiques hypothéquées pour un quart de siècle, l’aéroport idem, les mines de fer bradés, près de 80 % du Port Autonome de Nouakchott liquidés, le domaine foncier de l’Etat accaparé, les réserves nationales en devises falsifiées ou détournées, une importante île, chargée d’histoire et de richesses, vandalisée, l’honneur des Mauritaniens, piétiné, les lois de la République clochardisées…

Et les responsables de tant de gâchis, de traitrise et de malversations ? De hauts fonctionnaires bardés de diplômes, imbus de CV et d’arbres généalogiques aussi plantureux et long que la muraille de Chine, mais dénués de toute moralité, de toute foi religieuse, de tout amour pour la patrie et de tout respect pour le peuple mauritanien. Des responsables qui continuent d’occuper de hauts postes de responsabilités, malgré les lourdes accusations dont ils sont accablés par l’enquête parlementaire. Des responsables qui n’ont même pas la décence de démissionner, pour s’épargner l’ignominie de  limogeage déshonorant.

Paradoxalement, tous les protagonistes de la cabale judiciaire en gestation sont là. Ils sont au plus haut sommet de l’Etat, premiers ministres ou anciens, convertis en conseillers ou chargés de mission à la Présidence de la République, ministres ou anciens ministres, directeurs et directeurs généraux de départements ministériels ou d’établissements publics, ambassadeurs, hauts responsables militaires, y compris même certains membres de la Commission d’enquête parlementaire aussi impliqués dans les malversations que ceux qu’ils sont sensés poursuivre.  Pour vous dire, l’image kafkaïenne de cette grosse machine conçue pour broyer ses propres concepteurs.  Ce qui pousse la majorité de la population à parler de farce, d’amuse-galerie et de rapports qui n’auront aucun lendemain, tant la supercherie est grossière. Qui accepterait de succomber à son propre jeu, à se tirer une balle dans le pied ?

Cheikh Aïdara

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