16 novembre 2020

Ministère de l’Hydraulique : quand les vieux démons reviennent aux vieilles pratiques

Malgré la volonté affichée par le régime de Mohamed Cheikh Ghazouani d’imposer la transparence dans la passation des marchés publics, les mauvaises pratiques semblent ressurgir, notamment au sein de la Commission des marchés du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Celle-ci est secouée par un scandale lié au marché « Assainissement total piloté par la Communauté (ATPC) », en particulier le volet financé par l’Agence française de développement (AFD).

La Commission de règlement des différends (CRD), relevant de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) a suspendu les procédures de passation par la Commission des marchés du département du Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Il a supprimé plusieurs lots de l’appel d’offres dudit ministère, relatif aux travaux de réalisation des bassins de rétention dans plusieurs Wilayas.

Cette suspension vient ainsi mettre fin aux agissements du Ministère de l’Hydraulique. Au lieu de traiter avec les groupements d’ONGs ATPC sélectionnés pour ce travail de proximité, celui-ci n’a voulu en cibler que quelques unes en particulier. Les autres ONGs ont dénoncé cette démarche : pour eux, c’est une pratique douteuse, qui risque d’avoir des répercussions néfastes sur la coopération avec l’un des partenaires les plus fiables, l’AFD.

« Le réveil des vieux démons »

En effet, ces ONGs, qui ont travaillé pendant 24 mois sur ce projet avec des résultats salués aussi bien par l’AFD que par les populations vulnérables dans les Wilayas du Gorgol et du Guidimagha, disent ne pas comprendre ce qu’il se passe. Elles dénoncent, face à cet important financement de l’AFD, le réveil des vieux démons de la gabegie au sein de la Commission de passation des marchés du Ministère de l’Hydraulique. « Tout porte à croire que c’est l’importance du volume financier de ce nouveau programme qui attire les « chasseurs au profit » et qui bloque la signature d’un accord pour la reconduite des ONGs ATPC, qui s’étaient distingué dans la mise en œuvre du premier programme« , relève-t-on.

Eu égard à ce comportement qui rappelle les « errements du passé », les groupements n’hésitent pas à déclarer que la Mauritanie n’est pas encore sortie de l’auberge des marchés publics opaques, qui ont fait échouer toutes les politiques et stratégies en matière d’eau et d’assainissement.

Il est en effet établi que « l’accès aux services d’eau et d’assainissement ne progresse que lentement en Mauritanie » fait remarquer une note de communication de l’AFD. L’agence rappelle que « les objectifs fixés par le Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté 2006-2010 n’ont pas été atteints« . En 2010, seulement 50 % de la population avaient accès à une source d’eau potable et le taux de branchement individuel n’était que de 23 %.

Et pourtant, les ressources publiques et internationales ont été orientées dans ces deux secteurs, sans compter les programmes d’hygiène.

Nous reviendrons plus amplement sur ce dossier dans notre prochaine parution.

Cheikh Aïdara

Partagez

Commentaires