Journée internationale Tolérance zéro MGF, une chute de plus de 10% en Mauritanie

Article : Journée internationale Tolérance zéro MGF, une chute de plus de 10% en Mauritanie
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7 février 2021

Journée internationale Tolérance zéro MGF, une chute de plus de 10% en Mauritanie

« Les Mutilations génitales féminines (MGF) sont passées de 66% à 53% en Mauritanie » a déclaré la Ministre des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) lors de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF célébrée cette année à Kaédi. C’était en présence des autorités administratives locales, des partenaires techniques et financiers, en plus de la société civile spécialisée.

La ministre des Affaires Sociales lors de la cérémonie

La Mauritanie, à l’instar de la communauté internationale, a célébré samedi 6 février 2021 la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF. C’est à Kaédi, capitale du Gorgol, que la Ministre des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), Mme Naha Mint Cheikh Sidya, a lancé la cérémonie de commémoration de la journée, en présence des autorités administratives et des partenaires, notamment, l’UNFPA, l’UNICEF, l’OMS entre autres, en plus des organisations de la société civile nationales internationales présentes dans la région.

Dans le discours qu’elle a prononcé à l’occasion, la Ministre des Affaires sociales a affirmé que « la protection des franges les plus vulnérables de la société est inscrite dans les priorités du programme social du président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani », soulignant par ailleurs que c’est aussi une priorité pour son département.

Mme Naha Mint Cheikh Sidya a indiqué que la Mauritanie « a franchi des pas importants dans la lutte contre les MGF », indiquant que les chiffres à ce propos sont éloquents. Selon elle, les MGF sont passés de 66 % à 53% chez les 0-14 ans. Cette évolution est d’après elle, le résultat d’une politique gouvernementale engagée dans l’éradication du fléau, à travers les campagnes d’information menées depuis plusieurs années, en partenariat avec les autres secteurs de l’Etat et les partenaires techniques et financiers, ainsi que les organisations de la société civile et la Coordination nationale de lutte contre les pratiques néfastes. Ces efforts combinés prouvent, selon la ministre, l’engagement de la Mauritanie à honorer ses engagements internationaux dans le domaine.

« Mon département tend, à travers la célébration de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF, à atteindre l’objectif 5.3 des ODD que notre pays ne peut atteindre sans mettre fin aux violences à l’égard des femmes, sans l’autonomisation des femmes et des filles à travers leur pleine participation économique et politique ». Cela passera aussi, selon elle, par la réalisation des « Trois zéro » à l’horizon 2030, à savoir zéro décès maternel, zéro besoin non satisfait en planification familiale et zéro violence basée sur le genre (VBG).

La ministre a déclaré dans son discours que les VBG continuent de constituer un défi qu’il faut relever, mettant en exergue les progrès réalisés en Mauritanie dans la lutte contre ces pratiques à travers la mise en œuvre de plusieurs programmes éducatifs, la consolidation du cadre de concertation et de coordination. Mais également, par la mise en place de sept plateformes multisectorielles, renforcées par un plan d’action stratégique pour la lutte contre les violences conjugales.

Auparavant, le maire de la commune de Kaédi, M. Taher Baradji, avait salué le choix de sa ville pour abriter la célébration de la journée internationale de lutte contre les MGF. Il a également égrené les résultats réalisés au niveau de sa commune dans la lutte contre l’excision, citant dans ce cadre les nombreuses cérémonies solennelles d’abandon et de dépôts de couteaux.

Pour sa part, le Représentant de l’UNICEF en Mauritanie, M. Mark Lucet, a salué les efforts déployés par la Mauritanie dans la lutte contre les MGF à travers l’amélioration continue de l’arsenal juridique et institutionnel, mais aussi à travers les divers ateliers d’information et de sensibilisation organisés dans les régions du pays. Il a précisé que l’UNICEF est disposé à accompagner et consolider les capacités de la femme mauritanienne pour lui permettre de faire face aux violences physiques et psychologiques dont elle est victime. Il a dans ce cadre évoqué des plans et des stratégies qui sont en cours de programmation.

A rappeler que la Mauritanie s’est engagée depuis plusieurs années dans la lutte contre les MGF à travers les actions développées par le MASEF à travers la Coordination nationale pour l’abandon contre les MGF qu’elle a créée en son sein. Plusieurs ateliers de mise à niveau ont aussi été organisés au cours des dernières années, notamment autour de la feuille de route de 2012 et son plan d’action visant à éradiquer définitivement la pratique en Mauritanie.

Ces efforts soutenus par les érudits à travers deux fatwas interdisant les MGF en Mauritanie, en plus de la fatwa régionale émise en 2016 par les religieux de l’Afrique de l’Ouest et du Centre ont fortement contribué à la baisse des MGF, même si les taux restent encore élevés dans certaines régions. Le Guidimagha reste la région où ces pratiques sont les plus répandues, suivi du Hodh Gharbi.

Sur le plan mondial, les chiffres restent alarmants. L’OMS estime qu’il y a actuellement plus de 200 millions de femmes et de filles victimes de MGF, selon les données de 30 pays, en particulier en Afrique et en Asie. Ainsi chaque année, 3 millions de jeunes filles sont menacées de subir une excision dans le monde.

Cheikh Aïdara

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