Continuité des services de santé de reproduction sous Covid-19, une mission de l’UNFPA et des Sages-femmes de Mauritanie sensibilise les prestataires dans 8 Wilayas

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14 juillet 2021

Continuité des services de santé de reproduction sous Covid-19, une mission de l’UNFPA et des Sages-femmes de Mauritanie sensibilise les prestataires dans 8 Wilayas

Assurer la continuité des services de santé de la reproduction et les rendre disponibles, inciter les femmes à fréquenter les structures sanitaires, tout en respectant et en faisant respecter les mesures barrières et les règles d’hygiène sous Covid-19. Tels sont les messages clés qu’une équipe du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et de l’Association des sages-femmes de Mauritanie a essaimé au cours du périple qu’elle a effectué dans 8 Wilayas du pays.

Après la séance de sensibilisation et d’orientation, le don de produits anti-Covid (centre de Kiffa)- Crédit Aidara

Une mission conjointe UNFPA-Association des sages-femmes de Mauritanie (ASFM) a entamé depuis le 5 juillet, et cela en principe jusqu’au 17 juillet 2021, une visite dans les centres de santé de Kiffa et Kankossa (Assaba), Tijikja (Tagant), Kaédi, Mbout, Monguel et Maghama (Gorgol), Bababé, Aleg et Bogué (Brakna). Une autre mission couvre les Wilayas de l’Inchiri, de l’Adrar et les Wilayas de Nouakchott. Ces missions qui entrent dans le cadre de la célébration de la Journée Mondiale de la Population (JMP) ont pour objectif la sensibilisation et l’orientation de quelques 60 prestataires de services de la reproduction sur la continuité des services maternels et néonataux sous Covid-19. Des études ont en effet démontré que le taux de fréquentation des femmes enceintes a beaucoup diminué sous l’effet de la pandémie, mais que surtout les mesures barrières et les règles d’hygiène au niveau des centres sont peu respectées. C’est pour remédier à ces dysfonctionnements et encourager l’offre de services en santé de la reproduction qu’une telle initiative a été prise, sous l’égide du Ministère de la Santé.

Centre de santé de Kankossa, « une maternité à reconstruire selon les normes sanitaires »

Entretien entre la mission et les deux sages-femmes en présence du médecin-chef – Crédit Aidara

Le centre de santé de Kankossa est la première structure où la délégation conjointe de l’UNFPA et l’ASFM a déposé ses valises le 7 juillet 2021. La ville croule sous une chaleur torride, adossée à sa fameuse mare. Située à quelques 90 Km de Kiffa, capitale de la Wilaya de l’Assaba, Kankossa est une ville charnière vers les lointaines localités du Guidimagha. Son centre de santé est dirigé par Dr. Diallo Abdoul Ibrahima. Sa maternité compte deux sages-femmes et accueille actuellement 9 stagiaires.

Venus pour la sensibilisation et l’orientation des prestataires du centre, les membres de la délégation ont dû d’abord relever les différents problèmes auxquels est confronté la maternité. Le plus urgent, selon certains connaisseurs, la reconstruction de la maternité pour répondre aux normes sanitaires. La maternité souffre aussi d’un manque d’eau dû à un mauvais raccordement, et ne dispose pas d’une salle d’hospitalisation. Les femmes qui accouchent sont en effet dirigées vers un hangar de fortune, loin de la surveillance rapprochée. La maternité ne dispose pas également de climatisation.

Prenant note de la situation présente de la maternité de Kankossa, la délégation composée de Marième Bassoum, Sage-femme conseillère auprès de l’UNFPA, Aïchetou Ahmed et Aissata El Hadj NGaidé, deux sages-femmes de l’ASFM, ont entamé leur huis-clos avec les prestataires.

Pendant plus d’une heure, les sages-femmes du centre de Kankossa, ont écouté les conseils et les orientations sur les mesures de prévention contre la Covid-19 et les signes de l’infection, mais surtout la nécessité absolue d’assurer la continuité des services en santé de la reproduction.

Mounina Mohamed – Crédit Aidara

« L’année dernière, au début de la pandémie, nous avons constaté une baisse des fréquentations. Les femmes avaient presque fui le centre, de peur d’être contaminées » reconnait Mounina Mint Mohamed Lemine, sage-femme principale, sous l’œil approbateur de sa collègue, Fatimetou Moussa Diarra.

Quant aux patientes dont une bonne douzaine attendait dans les couloirs, les services rendus sont satisfaisants. « J’amène ma fille pour sa deuxième consultation. Nous sommes réellement satisfaits des services et le personnel est très aimable » affirme une sexagénaire, assise devant une jeune fille couchée à même le sol.

« L’objectif de la mission UNFPA-ASFM était de nous édifier sur les règles à observer pour empêcher la contamination du coronavirus, entre le personnel mais aussi entre le personnel et les patientes. Nous avons aussi été sensibilisées sur la disponibilité et la continuité des services de santé maternelle et néonatale, mais surtout d’encourager les femmes à continuer à fréquenter notre structure et qu’elles ne craignent rien. Voilà en gros, la substance des échanges que nous avons eus avec les membres de la délégation » a rapporté Mounina Mint Mohamed Lemine.

Photo de famille – Crédit Aidara

A la fin de l’entretien, la délégation a offert à la maternité des lots de masques, des solutions hydro-alcoolisées, des kits d’accouchement et des sur-blouses.

Centre de santé de Kiffa, « toujours en attente d’un déménagement »

Situé en plein centre-ville, sur une route étroite et encombrée, le centre de santé de Kiffa attend toujours son déménagement vers les anciens locaux de l’hôpital. Les bâtiments sont en effet dans une situation de dégradation avancée. Avec ses 200 à 300 accouchements mensuels, la maternité du centre de santé attire en effet un nombre important de femmes enceintes venues des autres départements, localités et hameaux de l’Assaba.

Centre de santé de Kiffa – Crédit Aidara

Après l’entretien avec Dr. Khattry Ould Isselmou, médecin-chef du centre de santé, la délégation UNFPA-ASFM, s’est réuni avec les prestataires des services de santé de la reproduction, sages-femmes et infirmiers obstétriciens notamment, sur les directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur la loi sur la santé de la reproduction et son décret d’application, mais aussi sur les mesures barrières et les règles d’hygiène à observer pour éviter la contamination au Covid-19. Il a surtout été question du maintien de l’offre de services et la disponibilité des produits essentiels qui sauvent la vie de la mère et du nouveau-né.

Vatimetou Mint Ne – Crédit Aidara

Vatimetou Mint Ne, sage-femme principale, affirme que la maternité dispose de tout le nécessaire pour la survie des mamans et de leurs bébés. « Nous avons l’un des taux de fréquentation des plus élevés, et nous n’avons jamais constaté de rupture dans l’offre de services SR. C’est vrai qu’en 2020, au début de la pandémie de Covid-19, nous avions constaté une baisse des fréquentions. C’est normal, c’était au début de la psychose et les femmes se disaient que fréquenter les structures de santé présentait des risques de contamination. Mais cela n’a pas beaucoup duré. Aujourd’hui, les femmes viennent de partout pour leurs consultations et leurs accouchements » a-t-elle témoigné.

Après la séance de sensibilisation et d’orientation, les membres de la délégation et les prestataires du centre de Kiffa ont pris une photo de famille, devant les lots de masques, de solutions hydro-alcoolisées et les sur-blouses offerts à la maternité.

Centre de santé de KIffa. Une séance avec les prestataires – Crédit Aidara

Centre de santé de Tijikja,

La mission UNFPA-ASFM pour la continuité des services en santé de la reproduction est arrivée à Tijikja, capitale de la Wilaya du Tagant, le vendredi 9 juillet 2021. A cause de la chaleur qui plombe la ville et pour ne pas perturber le fonctionnement des services, les entretiens avec les prestataires ont eu lieu l’après-midi.

Les prestataires de services posent devant les lots offerts – Crédit Aidara

Avec deux sages-femmes en activité, la maternité du centre de santé de Tijikja fait peu d’accouchements, entre 8 et 10 mensuellement, à cause de la faible démographie de la ville.

Comme à Kankossa et à Kiffa, les entretiens avec les 4 sages-femmes, dont 2 stagiaires, a porté sur les mêmes thématiques que celles abordées dans les autres centres et maternités. Il s’agit de la sensibilisation sur la nécessité de mettre à disposition l’offre de services en soins maternels et néonataux malgré la Covid-19, le respect des mesures barrières et des règles d’hygiène, la connaissance des textes régissant les actions des prestataires.

Khadijetou Mint Messaoud, sage-femme principale affirme que les prestataires souffrent d’un manque de motivation, les allocations dues en 2020 n’ayant pas été jusque-là versées et que la maternité ne dispose d’aucun personnel d’hygiène (filles et garçons de salle).

« Nous faisons peu d’accouchement, avec un minimum de 8 accouchements par moi. Mais le plus grand problème auquel nous nous buttons, c’est le manque de prestataires en nombre suffisant, mais aussi l’absence d’un personnel pour assurer l’hygiène et l’absence surtout de motivation. Nous ne disposons pas de prime de garde, nous avons juste des motivations que nous n’avons pas d’ailleurs perçu pour l’année 2020 » poursuit Khadijetou. Elle a également cité parmi les difficultés auxquelles elles font face « l’impact de la pandémie Covid-19, face aux rumeurs sur la troisième vague »

La délégation s’est par la suite rendue dans les centres de santé d’Aleg, Boghé et Bababé au Brakna, avant de se rendre au Gorgol.

Cheikh Aïdara

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