Assurance maladie dans l’économie informelle, restitution d’une étude de faisabilité

Article : Assurance maladie dans l’économie informelle, restitution d’une étude de faisabilité
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26 octobre 2021

Assurance maladie dans l’économie informelle, restitution d’une étude de faisabilité

Nouakchott a abrité lundi 25 octobre 2021 un atelier de restitution de l’étude sur la faisabilité d’un projet d’assurance maladie pour les populations de l’économie informelle dans la Wilaya du Guidimagha, sous l’égide du Bureau International du Travail (BIT).

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Dans le cadre de la réactualisation de la Stratégie nationale de protection sociale, le gouvernement mauritanien avec l’appui technique du BIT et l’apport du SDG Fund, de l’UNICEF et du PAM, a mené une étude de faisabilité pour l’élargissement de l’assurance maladie aux travailleurs du secteur informel et à leurs familles.

Les résultats de l’étude ont été présentés lundi 25 octobre 2021 à Nouakchott, par les consultants du Bureau Mauritanien d’Etudes en Santé Publique (BUMESP), fondé par Dr. El Joud Dahada, spécialiste en épidémiologie, et les consultants de l’agence ENABEL (coopération belge).

Il s’agissait pour les consultants d’analyser la faisabilité d’un projet d’assurance maladie pour les populations du secteur informel en Mauritanie, avec comme région pilote, le Guidimagha.

L’étude en données statistiques

Dans sa présentation, le consultant du BUMESP a révélé les outils de collecte choisis, le déroulement de la collecte des données, les difficultés rencontrées, puis le traitement et l’analyse des données.

Le consultant durant sa présentation – Crédit Aidara

Ainsi, l’approche d’échantillonnage en grappe à trois degrés a été utilisé pour une meilleure représentation de l’échantillon. La sélection était proportionnelle à la population du milieu et de la Moughataa sur la base des données du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) 2013. Dans l’ensemble, ce sont 29 grappes qui ont été dégagés avec 15 ménages dans chaque grappe au niveau des Moughataas de Sélibaby, Ould Yenge et Ghabou, soit un total de 435 ménages interrogés.

 La collecte des données s’est déroulée du 21 juin au 3 juillet 2021, avec enquête auprès des ménages, interviews avec les structures sanitaires et des focus groupes.

Parmi les difficultés rencontrées par les équipes de terrain, le consultant a énuméré le manque de coopération de certains acteurs, l’inexistence d’une structure sensée être à Ould Yenge figurant dans l’échantillon et l’absence d’affiliation des enquêtés, notamment du secteur de l’agriculture et de l’élevage, à une structure associative.

A la fin des collectes de données, celles-ci ont été nettoyées et épurées, puis transportées vers le logiciel statistique SPSS, avant la réalisation des tabulations avec l’équipe de consultants internationaux, selon le consultant.

Le socle de protection sociale

Le consultant de l’agence ENABEL, Christian Yao, a présenté par vidéoconférence une communication sur le socle de protection sociale, contributions et approches contributives et gratuites entre les secteurs formels et informels. Dans son plan de présentation, il a rappelé les objectifs de l’étude sur la faisabilité d’un projet d’assurance maladie dans l’économie informelle. Il a abordé par la suite, la pertinence d’un tel système, avant de procéder à une synthèse des résultats de la collecte des données recueillies au Guidimagha et de dégager les caractéristiques sociodémographiques de la population cible. Il a donné ensuite un aperçu du système de couverture proposé, la viabilité d’un tel système et le plan de sa mise en œuvre.

Vue partielle de l’assistance – Crédit Aidara

Rappelant les objectifs spécifiques de l’étude, il a énuméré l’analyse du risque financier associé à la maladie et ses différentes composantes au niveau local, l’analyse des conditions de mise en place de la couverture de santé, en précisant l’architecture de couverture alliant les efforts d’extension menés par la CNAM, avant d’annoncer un plan de mise en œuvre négocié avec les parties prenantes.

Il a enfin proposé un système de couverture avec un mécanisme de portage du risque, avec comme contributeurs complémentaires la CNAM et la CNSS, à l’autre bout les consommateurs de paquets de soin de base (les populations cibles), et au centre, l’Etat, l’OMS, les collectivités locales et les grandes entreprises, comme pourvoyeurs de subvention. Ainsi, les subventions pourraient représenter 80 à 100% des services de soin, le restant devant être couvert par les bénéficiaires sous forme de cotisations familiales ou individuelles.

L’expérience du PASS

Dr.Malal Diop, Coordinateur du Programme d’Appui au Secteur de la Santé (PASS), projet financé par l’Union européenne, a livré pour sa part les composantes que sa structure est en train d’expérimenter à Nouakchott (Dar-Naïm et Sebkha), et au Brakna, notamment à Aleg, Boghé et Bababé. L’initiative vise à mettre en place une caisse d’assurance maladie en travaillant sur les composantes, gouvernance, offre de soins, ressources humaines, médicaments et consommables et financement de la couverture santé universelle.

De Dr. à G. Cheikh Thiam, Marc Nineroral et Dr. Sidaty Sidaty – Crédit Aidara

Le constat qu’il dit avoir dégager du terrain de cette expérimentation, est que l’accès des populations aux soins de santé est difficile et inéquitable, avec peu de gratuité et beaucoup de charges supportées par les ménages. En gros, les Mauritaniens d’une manière générale ont des difficultés pour se soigner. Selon lui, ce constat est à la base de la réflexion actuelle sur la mise en place d’un dispositif national performant capable d’assurer l’accès des populations mauritaniennes à des services de soin de qualité et peu onéreux.

Les résultats attendus de cette expérience pilote est de permettre à 700.000 personnes de bénéficier d’une assurance maladie d’ici 5 ans.

Il a également évoqué la nécessité de développer des métiers dans le domaine de l’assurance maladie comme le marketing social ou la gestion d’achats de prestation à travers l’accréditation de formations sanitaires, l’amélioration de l’offre et la formation du personnel de santé.

Comme formule proposée, la fixation d’un montant de 600 MRU par an et par personne, où le bénéficiaire ne paiera que 150 MRU et le reste supporté par la subvention. Le panier de soin couvert par l’assurance comportera ainsi les soins curatifs et les consultations externes, tout ce qui est lié à la santé de la mère et de l’enfant, les soins dentaires, la petite et la grande chirurgie ainsi que l’hospitalisation.

Les modes d’adhésion seront soit familial (avec un minimum de 5 personnes), soit collectif (village, organisation, association). Le Coordinateur a toutefois cité quelques goulots d’étranglement dans un tel système, citant le portage du risque, le financement et la pérennisation d’un tel système, ainsi que le cadre réglementaire. L’autre choix difficile est la définition du montage institutionnel, entre le modèle programme, le modèle associatif, le modèle établissement privé et le modèle EPA-CNSS.

La Caisse nationale d’assurance solidaire et de santé dans sa phase pilote serait, selon lui, diligentée par l’agence ENABEL sur financement de l’Union européenne, avec comme partenaires le Ministère de la Santé, le Ministère des Affaires Sociales, le Ministère des Finances, la CNAM et le PoPEPSanté.

Avaient assisté à la rencontre, des cadres du Ministère des Affaires Sociales, du Ministère du Travail, du Ministère de la Santé, de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), l’Agence nationale de la Statistique et de l’Analyse Démographique et Economique (ANSADE), le PASS, des représentants des partenaires (UNICEF, PAM et ENABEL) et de la société civile, sous la supervision de Dr. Sidaty Sidaty du Ministère des Finances et de deux experts du BIT, M. Cheikh Thiam, Coordinateur national du Projet SDG Fund et M. Marc Ninerola du Projet Bridge.

Cheikh Aïdara

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