Assemblée annuelle de la Banque Islamique de Développement, le président du groupe lance le portail en ligne dédié à l’autonomisation économique

Article : Assemblée annuelle de la Banque Islamique de Développement, le président du groupe lance le portail en ligne dédié à l’autonomisation économique
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2 juin 2022

Assemblée annuelle de la Banque Islamique de Développement, le président du groupe lance le portail en ligne dédié à l’autonomisation économique

Prévue du 1er au 4 juin 2022 à Sharm El Sheikh en Egypte, au Centre International des Conférences, l’Assemblée annuelle du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID) s’ouvre aujourd’hui, jeudi 2 juin 2022. Au préalable, plusieurs sessions dont certaines à huis-clos et d’autres ouvertes au public ont démarré la veille. Le Président du groupe, SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser a lancé à l’occasion le portail en ligne de l’autonomisation économique

SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser Président du groupe de la BID – Crédit Aidara

Le Président du Groupe de la BID, SE. Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser, qui a pris fonction le 9 août 2021, a assisté mercredi 1er juin 2022, à la dernière session préparatoire de l’Assemblée annuelle de l’institution financière internationale qu’il dirige. Il était accompagné de plusieurs personnalités, dont Dr. Amer Bakvic, Directeur général du Global Pratice and Partnerships.

Dans la courte allocution qu’il a prononcé à l’occasion, il a annoncé le lancement du portail en ligne dédié à l’initiative « Autonomisation économique », un outil innovant que la BID met en œuvre depuis une vingtaine d’années. Selon lui, cette plateforme est partagée avec les partenaires dans ses aspects relatifs à l’atténuation de la pauvreté à travers l’outil Fin Tech par rapport au développement économique des 57 pays membres. M. Al Jasser a précisé que la BID ambitionne de développer un écosystème capable de promouvoir les meilleures pratiques pour générer et jouer un rôle dans la mobilisation des ressources. « Dans cette entreprise, soyons ensemble pour construire un meilleur avenir et partager des connaissances afin d’asseoir les meilleures pratiques » a-t-il souligné.

Promouvoir la croissance économique inclusive post-Covid-19

La séance à laquelle avait pris part le Président du Groupe de la BID était modérée par Dr. Mathew Gamaer, avec comme panélistes, Dr. Nada Messaoud, conseillère du Ministre de la Planification et du Développement d’Egypte, Dr. Abdel Hakim Waer de la FAO, Dr. Sabrina Akkire, Dr. Houssein Abou Bakr et Dr. Khemass El Ghazza du Fonds Islamique de Solidarité, filiale de la BID.  

Les panélistes – Crédit Aidara

Dr. Nada a parlé des grandes disparités qui existent entre les communautés en Egypte, mais aussi des initiatives sous forme de PME qui se développent et qui tendent à assurer une certaine justice sociale. Selon elle, les PME constituent un secteur actif et pourvoyeur d’emplois, répartis sur l’ensemble du pays, en zone rurale comme en zone urbaine. Un secteur dynamique investi, selon elle, par des femmes et des hommes désireux de briser le cercle vicieux de la pauvreté et que le gouvernement égyptien a appuyé à hauteur de 1 milliard 250 millions de livres égyptiens. Les autorités ont adopté, selon elle, une nouvelle loi incitative pour les PME, avec des facilité d’accès aux terrains, facilités douanières et fiscales, prêts concessionnels, assouplissement juridique pour un secteur resté en grande partie informelle. Elle a précisé que cette initiative est prise en charge à hauteur de 20% par l’Etat et 20% par l’entremise de divers intermédiaires.

Ainsi, d’après Dr. Nada Messaoud, la politique de l’Etat égyptien dans ce domaine s’articule autour de trois axes : un climat favorable à la solution des problèmes rencontrés par le secteur des PME, des projets d’organisation de ces structures à travers des séminaires de renforcement des capacités, l’amélioration des lieux de production, la promotion des start-up, véritables porteurs d’emplois. L’Egypte occupe selon elle, la 2ème place au niveau de la zone MENA (Moyen Orient Afrique du Nord) en termes de développement des PME. Elle a insisté cependant sur le renforcement de la législation et une campagne soutenue de changement de comportement pour rehausser le niveau des expériences.

Il a été beaucoup question au cours de cette session des retombées de la crise Covid-19 et la guerre en Ukraine sur la crise économique mondiale et les dysfonctionnements entre l’offre et la demande sur les marchés mondiaux. Ce qui s’est traduit, en Egypte, par la hausse de l’inflation et la destruction des chaînes d’approvisionnement des PME, qui représentent 90% des entreprises, avec des pertes de 15% des emplois (1, 7 millions de personnes), la chute des salaires et la fermeture de 9% des entreprises parmi les 75% qui ont souffert de la situation.

Le Président Dr. Al Jasser et Dr. Amer Bakvic (au milieu) – Crédit Aidara.

La crise des engrais et des intrants agricoles

Selon Dr. Abdel Hakim Waer, la crise alimentaire qui sévit aujourd’hui du fait de la pandémie et de la guerre russo-ukrainienne est exacerbée par les risques qui pèsent sur la production actuelle du fait des pénuries en engrais et intrants agricoles, la Russie détenant 50% de la production mondiale de ces deux produits. Selon lui, il faut anticiper sur ce qui se passe, en appuyant les zones rurales qui sont les principales productrices et sur lesquelles se concentre l’essentielle des interventions de la FAO. Selon lui, 60% de la production agricole dans les pays en développement proviennent du monde rurale, or la crise des intrants et des engrais a déstabilisé la paysannerie/

Pour Dr. Sabrina, la pauvreté est multidimensionnelle et est frappée par les crises multiformes de ces dernières années, Covid-19 et guerre en Ukraine. Cela affecte selon elle, l’approvisionnement des populations en eau potable, influe sur la scolarité des enfants et accentue la pauvreté monétaire. Une étude réalisée par le PNUD montre, selon elle, que 5,9 millions de personnes dans les pays en développement (dont 3,5 millions de pauvres) vivent dans les zones rurales et qu’elles sont confrontées à des problèmes de production alimentaire. Pendant la pandémie, ajoute-t-elle, beaucoup d’activités ont été affectées et les gouvernements ont connu de graves récessions, d’où le besoin d’une plus grande implication du secteur privé et du système financier et un plus grand esprit d’innovation au niveau des PME.

L’autonomisation économique

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Dr. Hussein Abou Bakr a lui déploré la rupture de la chaîne d’approvisionnement, soulignant que 80% de la production à la consommation proviennent de la Russie et de l’Ukraine. Selon lui, il faut utiliser la technologie pour lier les industries aux usagers. Il a souligné que la crise mondiale actuelle devra aider les pays en développement à se fortifier et à garder espoir sur les possibilités qu’offrent les technologies numériques dans la prise des meilleures décisions.

De son côté, Dr. Khemass El Ghaza a souligné que le mandat de son institution, le Fonds Islamique de Solidarité pour le développement, vise à réduire la pauvreté dans les pays membres. Il a mis en exergue une étude réalisée par le PNUD qui parle de 100 millions de personnes réduites en 2020 par la pandémie Covid-19 à la pauvreté. L’une des solutions à ce problème a été selon lui, l’initiative de l’Autonomisation économique, un programme propre à la BID qui constitue l’une des actions les plus importantes prises dans ce domaine. De 2,2 millions de dollars, la BID est passée à 4,4 milliards d’engagements financiers en faveur des pays membres, plus que les fonds disponibles, a-t-il ajouté en substance.

Photo de groupe panélistes plus quelques membres du staff de la BID – Crédit Aidara

Cela a nécessité selon lui beaucoup d’actions dans la mobilisation des ressources pour faire face à la crise. Il ajoute par ailleurs que l’autonomisation économique initiée par la BID n’est pas un concept nouveau et qu’il s’agit d’une initiative pionnière que la banque a prise il y a plus d’une vingtaine d’années dans beaucoup de projets qu’elle a financés, précisant que c’est le meilleur outil pour lutter contre la pauvreté.

Cheikh Aïdara
Sharm El Sheikh

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