Les taux effrayants de l’excision en Mauritanie, l’Association de Défense des Droits des Femmes lance la lutte à partir de Nouakchott

Article : Les taux effrayants de l’excision en Mauritanie, l’Association de Défense des Droits des Femmes lance la lutte à partir de Nouakchott
Crédit: Aidara
30 juillet 2022

Les taux effrayants de l’excision en Mauritanie, l’Association de Défense des Droits des Femmes lance la lutte à partir de Nouakchott

L’Association de Défense des Droits des femmes (ADDF), présidée par Mme Oumou Kane, a lancé jeudi 28 juillet 2022 à Nouakchott, avec l’appui de la coopération allemande, un véritable combat contre l’excision en Mauritanie. Ce phénomène touche la vie de plus de 60 % des filles, la majorité avant l’âge de 6 ans.

A l’extrême gauche l’ambassadrice d’Allemagne. Oumou Kane (au milieu) entouré des deux consultants – Crédit Aidara

Avec une prévalence d’environ 60 %, les mutilations génitales féminines (MGF) continuent de ravager la vie de milliers de filles en Mauritanie, constituant un véritable danger pour la santé publique. Selon les derniers chiffres de l’enquête démographique et de santé (EDS) 2020, 58 % des filles sont excisées avant l’âge de 6 ans.

C’est dans ce cadre que l’Association de Défense des Droits des Femmes (ADDF) a lancé jeudi 28 juillet 2022 à Nouakchott, le projet « Promotion du droit des femmes et des filles et lutte contre l’excision en Mauritanie » avec l’appui de la République fédérale d’Allemagne.

Ouvrant la cérémonie, en présence des défenseurs des droits de l’homme, en particulier ceux actifs dans le droit des femmes, Mme Oumou Kane, présidente de l’ADDF, a salué les efforts déployés par les pouvoirs publics dans le domaine des droits humains. Elle a cité dans ce cadre la ratification par la Mauritanie des principales conventions internationales relatives à la protection et à la promotion des droits de l’homme et de l’équité de genre.

Une partie des participants – Crédit Aidara

Elle a déploré cependant les nombreux défis socioculturels et économiques qui empêchent encore la femme mauritanienne de réaliser son plein potentiel et entrave les actions de la société civile. Elle a cité dans ce cadre le peu d’opportunité offerte aux femmes pour assurer leur autonomisation et l’absence de texte de loi spécifique pour la protection de leurs droits.

Mme Oumou Kane a précisé que le présent projet est la continuité du projet de lutte contre l’excision et les violences basées sur le genre que la coopération allemande (GIZ) avait lancé en 2021 dans la commune de Sebkha à Nouakchott. Elle a précisé que la lutte contre les pratiques sociales néfastes est un long processus qui nécessite une campagne de sensibilisation et de prise de conscience permanente. Elle a enfin remercié la GIZ et l’ambassade d’Allemagne en Mauritanie pour leur appui constant à l’Etat et à la société civile

A son tour, la chargée d’affaires de l’ambassade d’Allemagne en Mauritanie, Mme Goellner-Scholz Antje, a loué les excellentes relations existant entre son pays et la Mauritanie, se réjouissant de l’excellente coopération qui les lie dans plusieurs domaines. Elle s’est félicité dans ce cadre des importants progrès réalisés par la Mauritanie dans le domaine du respect des droits de l’homme, de la protection et de la promotion du droit des femmes et des filles. Elle a souligné que les MGF constituent une atteinte grave à la dignité et aux droits des filles tout en menaçant leur vie, c’est pourquoi la GIZ travaille depuis plusieurs années à côté de l’Etat et de la société civile mauritanienne pour son éradication.

Partie des participants – Crédit Aidara

Les participants ont suivi par la suite un exposé sur la situation des MGF en Mauritanie, leur répartition géographique dans les régions, les efforts déployés et la campagne de sensibilisation en vue dans les différentes Moughataas de Nouakchott.

A ce titre, il a été indiqué que la Wilaya du Hodh El Gharbi, avec 94 % de pratiques MGF, est la région la plus touchée par cette pratique. Le plus faible taux a été enregistré au Trarza avec 17 % de prévalence. Viennent ensuite le Guidimagha (90 %), Hodh Charghi (79 %), le Tagant (88 %), l’Assaba et le Gorgol (82 %), Brakna (69 %), Adrar (41 %), Nouadhibou (37 %), Tiris-Zemmour (26 %).

Il a été également précisé que les pratiques MGF sont formellement interdites par le législateur mauritanien et qu’une Fatwa émise par les Ulémas de Mauritanie a confirmé cette interdiction. Malgré cela, 40 % des hommes et 30 % des femmes interrogés (EDS 2020) continuent de croire que cette pratique des MGF est recommandée par l’islam.

Selon Mme Oumou Kane, le projet en cours a commencé en mai 2022 par une enquête à Sebkha et à El Mina. L’atelier du jeudi 28 juillet dernier marque ainsi, selon elle, le lancement effectif de la campagne de sensibilisation qui est circonscrite uniquement à Nouakchott et qui sera marquée par deux étapes. La première consistera à la formation des imams et des exciseuses, dont certains issus des régions de l’intérieur. La deuxième étape, c’est la caravane de sensibilisation qui va sillonner les trois régions de Nouakchott.

Cheikh Aïdara

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