Sommet arabe de Nouakchott : après la fête, l’heure des comptes

Article : Sommet arabe de Nouakchott : après la fête, l’heure des comptes
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2 août 2016

Sommet arabe de Nouakchott : après la fête, l’heure des comptes

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Avec un actif assez peu consistant sur le plan politique et diplomatique, et un passif assez lourd, l’après-Sommet arabe de Nouakchott continue de traîner sa gueule de bois. A l’heure des comptes, toutes les fourmis et les abeilles ouvrières qui avaient travaillé dur pour la réussite de la fête attendent toujours leurs récompenses.

Sitôt les rideaux du Sommet de la Ligue Arabe à Nouakchott tombés, des dizaines de chauffeurs ont pris d’assaut les grilles de la Présidence de la République pour réclamer leurs dus. Dans le registre des services non payés, ils semblent partager le sort des dizaines de journalistes et de techniciens des médias publics, El Mouritaniya, Radio Mauritanie et Agence mauritanienne d’informations, qui n’ont reçu le moindre khoums à la fin d’un évènement pour lequel ils ont pourtant été mobilisés pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. Ils ont tous ainsi sacrifié sommeil et repos, loin du cocon familial, pour assurer la réussite de la 27ème session de la Ligue Arabe de Nouakchott.

«On nous ballote d’un responsable à l’autre, chacun refuse la patate chaude des indemnités et à ce jour, nous ne savons à quel Saint nous adresser » avoue un journaliste qui a été consigné pendant quelques jours à l’aéroport pour retransmettre en direct l’arrivée des délégations.

Alors que des sources parlent de nouveaux décomptes qui tendraient à revoir à la baisse toutes les factures initialement prévues, le sort de plus de deux milles chameliers mobilisés par le ministère de la Culture et de l’Artisanat pour la bagatelle de 180 Millions UM semble d’ores et déjà scellé. L’Etat ne leur versera la moindre ouguiya. En sus de la colère homérique du chef de l’Etat, Mohamed Abdel Aziz, qui l’aurait savonné, selon quelques confidences, face à cette dépense de prestige jugée inutile, le ministre Mohamed Lemine Ould Cheikh devra se débrouiller avec sa commande.

Il paraît, selon plusieurs sources de presse, que certains émirs et chefs d’Etat, comme l’émir du Koweït et le président Idriss Déby du Tchad, ont été très généreux avec le personnel qui a été mis à leur service. Ainsi, si certains parmi ce personnel ont eu la malchance de servir des hôtes qui se sont contentés de mots gentils à leur égard, d’autres ont eu des fortunes différentes.
Le personnel qui était affecté auprès de l’émir du Koweït (agents du protocole, sécurité, garçons, chauffeurs…) aurait reçu par exemple entre 5.000 et 1.000 dollars chacun. Certains prétendent que le double en euros a été offert par le président Déby. Les moins fortunés du personnel affecté auprès des délégations auraient perçus entre 300 et 500 dollars U.S. Mais les moins chanceux n’auraient reçu que des «Incha’llah, à la prochaine fois » stériles.

Bien que ces dons et ces largesses sont d’un usage très courant dans les sommets de ce genre, nos officiers auraient administré aux délégations arabes une bonne leçon de droiture et d’éthique militaire, en refusant tout simplement de prendre les montants qui leur étaient offerts ?

Par delà ces exceptions qui font honneur à nos forces armées et de sécurité, certains se sont demandé si cette rétraction des autorités à verser au personnel mobilisé les primes qui leur ont été promus n’est pas due aux largesses qui lui ont été accordées par les délégations hôtes ? Ainsi, il court la rumeur selon laquelle les chauffeurs mis à la disposition des délégations devaient percevoir la somme de 50.000 UM par jour.

Les autres prestataires attendent encore leur facture. Il s’agit de certains fournisseurs, de quelques hôteliers ainsi que de certains propriétaires de villas et des restaurateurs.
Selon plusieurs observateurs, l’échec plus ou moins consommé du Sommet de Nouakchott, marqué par l’absence de quatorze chefs d’Etat arabes, dont des poids lourds comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, ou encore la Palestine, ajouté au caractère péremptoire et non inédit de la «Déclaration de Nouakchott », auraient pesé lourdement sur l’humeur du président Mohamed Abdel Aziz. Les autorités auraient considéré que le sommet arabe qu’ils ont organisé ne méritait pas en fin de compte, toutes les dépenses faramineuses qui étaient prévues. La déception semble avoir pris le pas sur l’enthousiasme qui avait précédé la tenue du Sommet.

Beaucoup devront ainsi payer la facture salée de cette désillusion, aussi bien le personnel de terrain que certains ministres dont l’excès de zèle pourrait bien se retourner contre eux.

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