Parlementaires face au dividende démographique : la feuille de route de l’Union Africaine sur la sellette

Article : Parlementaires face au dividende démographique : la feuille de route de l’Union Africaine sur la sellette
Crédit:
26 janvier 2017

Parlementaires face au dividende démographique : la feuille de route de l’Union Africaine sur la sellette

Le Panel des responsables de l’UNFPA et de l’Union Africaine

Le «Capital Hôtel» d’Addis-Abeba a abrité, jeudi 26 janvier 2017, le Forum des parlementaires africains en population et développement (FPA) sur la Feuille de route de l’Union Africaine sur le dividende démographique et l’investissement des jeunes. C’était en marge des travaux préparatoires du Sommet de l’Union Africaine qui se se tiennent depuis le 22 janvier et qui s’achèveront les 30 et 31 janvier prochain par le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement dans la capitale éthiopienne.

Le Forum des parlementaires africains sur le dividende démographique a été l’occasion pour le Président du Parlement éthiopien, Ato Abadula Gemeda, de rappeler l’engagement de ses pairs en faveur de la thématique lors de la rencontre de Dakar des 25 et 26 novembre 2016, ainsi que sur le contenu de la déclaration qui en était issue. Cette déclaration renfermait l’engagement des parlementaires africains pour la mise en œuvre de la feuille de route de l’Union Africaine sur le Dividende Démographique et le Plan d’action qui a été ébauchée à cette occasion. Cette conférence, organisée avec le soutien de plusieurs partenaires dont l’UNFPA, constituait «une étape décisive dans le processus de plaidoyer et de dialogue politique en préparation aux deux Sommets de 2017 de l’Union Africaine consacrée à l’exploitation du dividende démographique en investissant dans la jeunesse » dira-t-il.

Plusieurs orateurs ont pris la parole au cours de cette rencontre, notamment la représentante de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine, qui a parlé de la nécessité pour l’Afrique de préserver ses acquis en faveur de sa jeunesse. En cela, il faudrait selon elle, garantir les voies d’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063 en apportant les capacités nécessaires à la jeunesse du continent, en réalisation le Dividende démographique à travers les investissements sur les jeunes, en identifiant les défis liés au chômage, surtout celui des adolescentes, aux pratiques néfastes (excision et mariage précoce). Ces investissements, selon la représentante de la présidente de la Commission de l’Union Africaine, doivent s’orienter vers l’éducation de qualité, la santé maternelle et l’implication des jeunes en permettant aux jeunes filles de décider de l’espacement de leurs grossesses, en investissant davantage dans la santé maternelle et infantile et dans celle des adolescentes.

Parmi également les orateurs, Marie Rose Nguini Effa, présidente du FPA, mais aussi Lucien Kouakou, directeur régional de l’IPPF, qui ont abondé dans le même sens.

Une partie de l’assistance

Pour sa part, Mabingué Ngom, Directeur régional de l’UNFPA en Afrique de l’Ouest et du Centre, a rappelé le constat auquel les parlementaires et les partenaires était parvenu. Il s’agit de la nécessité d’agir concrètement et de cesser les discours, tellement selon lui, l’heure est grave. Et ce, malgré les progrès réalisés depuis 1990, avec un taux de mortalité maternelle qui a chuté de 1.000 à 679 naissances vivantes durant la période 1990-2015 en Afrique de l’Ouest et du Centre. Au vu de ces changements sans précédents que le continent a connus ces dernières décennies, Mabingué Ngom pense que l’Afrique peut finalement «rompre avec le cercle de la pauvreté pour entrer définitivement dans l’ère de la prospérité».

Il a cependant relevé deux risques et défis majeurs qui peuvent poser obstacle, notamment les changements climatiques devant lesquels l’Afrique, selon lui, est impuissante, mais face auxquels elle doit agir pour circonscrire ses conséquences déjà visibles à travers l’insécurité alimentaire et le nombre de déplacés climatiques dans la région. Mais le risque le plus redoutable, d’après le représentant régional de l’UNFPA, est cette extraordinaire explosion démographique,  ainsi que «le retard de la transition démographique visant la baisse du taux de mortalité maternelle et de natalité ». Selon lui, «jamais l’Afrique n’a vu sa population jeune se développer aussi rapidement », car aujourd’hui, «63% de la population africaine a moins de 24 ans, soit environ 250 Millions de jeunes». Cette situation serait selon lui à double tranchant, un défi énorme mais aussi un apport inespéré pour le développement du continent «avec une gestion adéquate et de bons investissements ». Il souligne que la plupart des pays africains ont connu une croissance économique soutenue au cours des quinze dernières années, sans que cette croissance n’ait impacté positivement sur la vie des populations.  Avec un taux de dépendance élevé, une pauvreté chronique, un accès limité à une bonne éducation, des qualités de services de santé insuffisantes et des emplois productifs rares, l’Afrique produit ainsi des milliers de jeunes frustrés qui périssent dans les océans en tentant de chercher le bonheur ailleurs, s’ils ne succombent à l’instrumentalisation et à la radicalisation.

Mais tout n’est pas sombre, selon Mabingué Ngom parce que les dirigeants africains ont saisi le bon moment pour agir en se concertant sur les moyens d’exploiter le Dividende Démographique pour en faire une initiative continentale.  «Espoir aussi parce qu’un certain nombre de pays africains réalisent déjà des investissements en faveur des jeunes afin d’exploiter le Dividende Démographique à travers le partage des connaissances, le plaidoyer ainsi que les diagnostics national et régional » a-t-il ajouté.

Cheikh Aïdara
Envoyé Spécial Addis-Abeba

Partagez

Commentaires