Ould Ghazouani choisit la fin de sa campagne électorale pour s’attaquer à ses adversaires

Article : Ould Ghazouani choisit la fin de sa campagne électorale pour s’attaquer à ses adversaires
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21 juin 2019

Ould Ghazouani choisit la fin de sa campagne électorale pour s’attaquer à ses adversaires

Mohamed Ould Ghazouani, le candidat du pouvoir, de la continuité et de la pérennité du système Aziz – du moins tel que le présentent ses partisans – a choisi l’ancien aéroport de Nouakchott pour son dernier meeting électoral. La majorité y a concentré ses forces, à coups de bus déversant des paquets humains, des centaines de véhicules tout terrain avec leurs flots de passagers, sous le son de la musique de campagne.

C’est dans cette atmosphère pleine de déjà vu, avec tous les ténors du régime Aziz, ses ministres, ses directeurs centraux, ses hauts fonctionnaires, ses hommes d’affaires, ses chefs de tribu et de clans ainsi que ses lobbies, que Mohamed Ould Ghazouani, qui s’est abstenu pendant les quinze jours de campagne électorale de toute attaque contre ses adversaires, a choisi de livrer sa dernière cartouche contre ses opposants. «Ces candidats pendant toute leur campagne électorale n’ont avancé que des discours pleins de contradiction et de mots creux » dira-t-il, soulignant que «les Etats ne se construisent pas à coup de paroles vides et de manipulations, mais par des plans de développement et l’intelligence». Certains candidats profitent selon lui de l’occasion pour des règlements personnels.

Il a envoyé une pique à Sidi Mohamed Ould Boubacar lorsqu’il déclare que «parmi les candidats, il y a ceux qui ont servi l’Etat, mais n’ont pas pu exploiter leur expérience au service du peuple». Plus tard, il dira que «d’autres n’ont pas d’expérience mais cherchent à semer la haine et la division entre le peuple».

Dans sa critique acerbe contre ses adversaires, Ould Ghazouani a déclaré «nous ne voulons pas de radicaux et ne tolérons pas l’injustice, mais nous visons l’intérêt national, et nous repoussons les agendas extérieurs, nous n’accepterons pas une Mauritanie raciste, mais une Mauritanie unie et fraternelle».

Et de rappeler que pendant toute sa tournée électorale, il n’a jamais attaqué aucun des candidats en lice, par respect au pacte signé dans ce sens par un certain nombre d’entre eux et pour relever le niveau des débats, loin des langages de caniveaux. «Tous les candidats, à part Birame, ont signé ce pacte de non agression et personne ne l’a respecté sauf moi» a-t-il rappelé.

Candidat du système pluriséculaire qui sévit depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en 1978, Mohamed Ould Ghazouani est un pur produit de l’institution militaire, ayant gravi les échelons jusqu’au grade de général de division. Chef d’Etat-major des forces armées pendant toute la décennie, il prendra sa retraite comme ministre de la Défense, poste à partir duquel il annoncera sa candidature à la Magistrature Suprême tout en siégeant en conseil des ministres pendant quelques jours. Il est celui que Mohamed Abdel Aziz a imposé à sa majorité pour lui succéder, malgré quelques grognes, avant que tout le monde ne rentre dans les rangs. Il a derrière lui la puissance de l’Etat, celle du chef de l’Etat qui ne cache pas son soutien puisqu’il a assisté aussi bien à son meeting de lancement de campagne qu’au meeting de clôture, tout en participant activement à sa campagne dans quelques régions sous couvert de visites officielles. C’est lui naturellement qui capte les grands électeurs, l’administration publique et militaire et la classe économique. Il part comme favori du scrutin présidentiel de juin 2019. Le président sortant a maintes reprises affirmé, et encore lors de sa conférence de presse du 20 juin, à deux jours du scrutin, qu’il n’y aura pas de second tour, et que Ould Ghazouani passera au premier tour.

Cheikh Aïdara

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