Migration et emploi en Mauritanie, une enquête pilote pour mesurer les besoins en main d’œuvre
Sous l’égide du Projet Appui à la Migration Equitable pour le Maghreb (AMEM), les acteurs du travail en Mauritanie, se sont penchés du 6 au 7 novembre 2019 sur les modalités d’une enquête pilote pour l’identification des métiers en tension, ainsi que les besoins en main d’œuvre des entreprises. A l’issue de la rencontre, les participants ont esquissé les différentes étapes de l’enquête envisagée et proposé une ébauche d’outils (questionnaires, chronogramme, fiches de renseignements) tout en identifiant les BTP comme secteur cible et les villes de Nouakchott, Nouadhibou, Rosso et Zouerate comme aire géographique de l’étude.
Le but est de fournir, entre autres, des données sur la projection des entreprises en matière de recrutement à court terme, les métiers recherchés, la disponibilité des compétences sur le marché du travail, qu’elles soient étrangères ou locales, et éventuellement les raisons de la non disponibilité des compétences recherchées.
Objectif de l’enquête
L’objectif de l’enquête pilote sur les besoins en main d’œuvre est de mettre à la disposition des décideurs et des acteurs économiques un aperçu sur la demande des entreprises en matière de compétence, les tendances sur le marché de l’emploi, l’utilisation de la main d’œuvre étrangère ou des émigrés mauritaniens de retour.
Dans sa note de cadrage, AMEM citant les statistiques de UNDESA (2017), note que «le stock d’immigrés en Mauritanie s’élève à 168.400 personnes, soit 3,8% de la population mauritanienne, tandis que le nombre de Mauritaniens émigrés à l’étranger s’élève à 120.400, mais le Ministère des Affaires Etrangères estimerait cette présence à 250.000 personnes, alors qu’une étude menée en 2008 pour le compte de l’OIM considère qu’ils sont 105.315».
La présence de cette masse d’immigrés en Mauritanie, et le retour croissant de Mauritaniens au pays, comparé à une économie mauritanienne jeune et en forte croissance, avec en perspectives l’exploitation du gaz et les nombreuses autres ressources, imposent dès lors une connaissance quantitative et qualitative du marché du travail et de l’emploi, pour permettre aux décideurs de mener à bien le pilotage assisté des politiques destinées à une meilleure protection des travailleurs et à la promotion du travail décent.
Il s’agit là d’un principe directeur du Projet AMEM qui, avec le financement de l’Agence Italienne de Coopération au Développement (AICD) et le concours technique du BIT, cherche à renforcer les capacités des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux à mieux gérer la migration du travail et à assurer la protection des droits des travailleurs migrants nationaux ou étrangers.
Une démarche jugée pertinente
L’enquête pilote envisagée, prévue en principe courant 2020, est une demande née de l’atelier de programmation du projet AMEM le 14 février 2018 à Nouakchott. Elle est considérée comme pertinente dans l’atteinte des objectifs clés visant à réaliser une meilleure cohérence entre les politiques migratoires et l’emploi, une meilleure coordination entre les acteurs clés du marché du travail et à améliorer la gouvernance de la migration de l’emploi.
L’étude dont les participants ont choisi la cible, les métiers de construction, bâtiment et travaux publics (BTP), permettra d’identifier les possibilités et les défis liés à l’adéquation entre l’offre et la demande, ainsi que les besoins en apport de main d’œuvre, locale ou étrangère, dans ce secteur.
Processus de l’enquête
Sous la conduite de deux experts, Gwenaël Proutou, spécialiste des Politiques des Services de l’Emploi, Chargé de Mission au BIT-Genève et Mohamed Belarbi, Conseiller Technique Principal du Projet AMEM au niveau sous régional (Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie), avec l’appui de Sy Samba, Coordinateur National du Projet AMEM en Mauritanie et Isselmou Mohamed Taleb, Consultant, les participants scindés en groupes de travail ont identifié le métier du BTP et ses acteurs comme cibles de l’enquête, convenu des éléments de langage et les types de question à poser, puis ont élaboré les fiches d’action pour identifier qui fait quoi et quand, depuis la lettre aux entreprises, les Tdr, l’élaboration des questionnaires, l’analyse des données et leur validation. Ces résultats ont été ceux attendus par les organisateurs et les partenaires.
Cette rencontre a regroupé essentiellement l’Observatoire de l’Emploi et autres services de l’Agence nationale de la Promotion de l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ), l’Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM), la Fédération des Prestataires de Service du Secteur Informel (FPS), la Direction Générale du Travail, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), l’Office National de la Statistique (ONS) et le Bureau International du Travail (BIT).
Réaction
Diop Abdoulaye, Chargé de communication ANAPEJ : «Cette enquête intervient à un moment où l’ANAPEJ qui ne s’occupait que de l’emploi des jeunes mauritaniens envisage de s’ouvrir vers la main d’œuvre étrangère. L’enquête envisagée ouvrira de nouvelles perspectives dans la coopération qui nous lie au projet AMEM et permettra de susciter de nouveaux financements pour l’élargissement de nos offres de services».
Cheikh Aïdara
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