Programme Pastoral Spécial (PPS 2020), une continuelle opacité dans la gestion des composantes

Article : Programme Pastoral Spécial (PPS 2020), une continuelle opacité dans la gestion des composantes
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3 juin 2020

Programme Pastoral Spécial (PPS 2020), une continuelle opacité dans la gestion des composantes

Extravagante est l’opacité qui continue d’entourer la gestion du Programme Pastoral Spécial 2020 et pour lequel l’Etat mauritanien a débloqué la bagatelle de 13 milliards MRO pour venir au secours d’un monde rural confronté à la soudure et aux retombées socioéconomiques du Covid-19. Au même titre que le Programme Nationale Covid-19 sur le point d’être inspecté, le PPS 2020 a également besoin d’un audit sur sa gestion.

Page 1 de l’Arrêté du PM instituant le 11 mai 2020 une commission de coordination après 2 mois de lancement du programme en question

Suite à l’article paru dans L’Authentique du 20 mai 2020 intitulé «Plan de Réponse Pastoral en Mauritanie, un faux départ dans la Mise en Œuvre», (https://aidara.mondoblog.org/2020/05/19/plan-de-reponse-pastoral-en-mauritanie-un-faux-depart-dans-la-mise-en-oeuvre/);  l’opinion s’attendait à des réponses claires et précises sur plusieurs points d’ombres entourant le Programme Pastoral Spécial  (PPS 2020), notamment après l’interview de Mohamed Fadel Hamady, Chargé de Mission au Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et membre de la Commission de coordination et de Suivi du PPS mise en place le 11 mai 2020, interview publiée dans L’Authentique du 27 mai 2020 (http://lauthentic.info/Medias/article/Interview-sur-le-Programme-Pastoral-2020)

Malheureusement, les réponses du Chargé de Mission du CSA, pleines de considérations générales, non argumentées ni documentées, n’ont pas pu lever les coins du voile sur la gestion d’un programme d’urgence qui a été traité durant tout son processus, comme une banale opération de relations publiques.

Ni les autorités administratives n’ont été impliquées dans la gestion du programme, ni les associations d’éleveurs n’ont été associées encore moins les présidents de conseils régionaux, les maires et la société civile.

Autour des points de vente installés dans plusieurs villes et communes, les opérations de distribution de l’aliment de bétail ont partout été décriées par les bénéficiaires, dénonçant spéculation, corruption, clientélisme et favoritisme.

La plupart des éleveurs interrogés affirment, soit n’avoir pas encore reçu le moindre aliment pour nourrir leur troupeau, soit n’avoir reçu qu’une quantité dérisoire qui ne satisfait pas le minimum de leurs besoins. Comme résultat et bilan d’une opération qui a coûté plus de 11 Milliards MRO, l’insatisfaction et la colère des principaux bénéficiaires du PPS peuvent être considérées comme les principaux indicateurs.

Sinon, comment comprendre qu’une opération d’urgence humanitaire lancée le 13 mars 2020 par le Président de la République ne puisse être dotée d’une commission de suivie et de coordination que le 11 mai 2020, pour une opération qui doit être clôturée à la mi-juin 2020.

Comment une Commission de Coordination et de Suivi du PPS peut-elle être créée pour «concevoir, coordonner, superviser et suivre la mise en œuvre des différentes composantes du PPS 2020 » tel que le stipule l’article 3 de l’’Arrêté du Premier ministre en date du 11 mai 2020, alors que l’opérationnalisation du programme a débuté depuis la mi-avril 2020 ! (Voir documents annexes)

Cette Commission présidée par Thiam Diombar et comprenant un certain nombre de conseillers sans pouvoir décisionnel vient ainsi prestement suppléer un Comité interministériel qui semble avoir longtemps pris la tangente, choisissant de défiler en catimini en confiant à des seconds couteaux le soin de clore un faramineux programme dont les effets sur le terrain ressemblent de plus en plus à des mirages.

Alors que le plus gros lot du PPS 2020, la distribution de l’aliment de bétail qui représente 80% de l’enveloppe totale, connaît une gestion d’une telle ampleur chaotique,  les autres volets du programme, l’hydraulique pastorale et la santé animale notamment, subissent la loi de l’Omerta. Des 2 milliards MRO de Mise en œuvre du programme, la Wilaya du Guidimagha, et probablement les autres Wilayas du pays, n’a perçu le moindre khoums. Les autorités régionales n’ont été ni sollicitées, ni impliquées.  Idem pour les associations d’éleveurs, la société civile, les maires et les présidents de conseils régionaux.

Au moment où l’on parle d’une inspection générale sur la gestion de la Covid-19 après les audios accusatrices d’une biologiste de l’hôpital national, ce qui dénote de la volonté des nouvelles autorités nationales à veiller à la transparence des programmes nationaux, il serait regrettable de ne pas procéder à un large audit du Programme Pastoral Spécial 2020 et l’utilisation des 13 milliards MRO qui lui ont été alloués.   

Cheikh Aïdara                                           

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