Birame Dah Abeid s’entretient avec le président Ghazwani

Article : Birame Dah Abeid s’entretient avec le président Ghazwani
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31 août 2020

Birame Dah Abeid s’entretient avec le président Ghazwani

Juste après l’entrevue qui lui a été accordé par le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazwani au Palais présidentiel le vendredi 28 août 2020, le député Birame Dah Abeid, deuxième à l’élection présidentielle de 2019, a livré le contenu de cet entretien au cours d’une conférence de presse.

Le député Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a livré au cours d’une conférence de presse animée vendredi 28 août 2020, le contenu de l’entrevue qui lui a été accordée le même jour par le Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazwani. Cette deuxième rencontre entre les deux hommes serait intervenue après un vent de discorde, Birame n’ayant pas fait partie de la deuxième vague de concertation que le président Mohamed Ghazwani avait ouvert avec la classe politique.

Au cours de la conférence de presse, Birame Dah Abeid a déclaré avoir discuté avec le Chef de l’Etat de la situation générale du pays, soulignant la courtoisie avec laquelle ce dernier l’a écouté, en lui consacrant tout le temps nécessaire.

Reconnaissance des partis

La reconnaissance des partis et associations jusqu’ici interdits comme son propre mouvement IRA et son parti RAG ont été selon lui au centre des discussions, mais aussi la Commission d’enquête parlementaire, l’implication de la justice et du pouvoir exécutif dans la lutte contre la mauvaise gouvernance et l’impunité.

Le président Ghazwani lui a assuré au cours de l’entretien qu’il n’y aura ni règlement de compte ni complaisance, confirmant sa ferme volonté à respecter la stricte séparation des pouvoirs,  la primauté de la Constitution et du droit. Birame de déclarer dans ce cadre qu’il apporte «son soutien, avec vigilance, à cette orientation inédite dans l’histoire de la Mauritanie depuis le renversement du régime civil en 1978».

« Je rappelle que la profondeur de la corruption et sa banalité requièrent, dès à présent, une tolérance zéro et la traque, au sein de la fonction publique, des faux diplômes, du tribalisme et des promotions imméritées. La corruption appauvrit, fait honte et pousse à la révolte. La Mauritanie n’a plus la force de continuer à couvrir les crimes de prédation, quand la majorité de sa population, toutes appartenances confondues, réclame l’Etat de droit, la réparation l’équité et un minimum de dignité matérielle ».a indiqué Birame.

Le président est revenu sur certaines de ses revendications, à savoir :

1. La réforme de l’éducation nationale en vue de généraliser l’enseignement des langues étrangères et nationales, loin du monolinguisme actuel, source de discrimination, de chômage et d’extrémisme religieux ; l’école publique doit redevenir le creuset de l’unité nationale et de l’excellence. 

2. L’abrogation de la loi dite d’amnistie de 1993, qui insulte les victimes innocentes du racisme, empêche la publication de la vérité et désespère, les survivants, de se sentir protégés dans leur pays ; 

3. Une meilleure résolution du Conseil suprême de la magistrature, à sanctionner les personnels de justice quand ils restreignent l’application des normes en matière de pénalisation de l’esclavage et des pratiques associées ; 

4. L’annulation de l’article 306 du code pénal, car la Mauritanie ne saurait combattre le terrorisme et, simultanément, appliquer le programme juridique de l’extrémisme violent ; 

5. Notre réintégration complète au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), où nombre de nos compatriotes travailleurs expatriés se plaignent de tracasseries et de perte de rendement ; pourquoi s’obstiner et que nous a apporté la sortie en 2000 ?

6. La signature, par le gouvernement, d’une déclaration spéciale établissant la compétence de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, à recevoir les plaintes d’associations et de particuliers. Plusieurs Etats membres de l’Union, nous ont précédé ; 

7. La ratification du Statut de Rome créant la Cour pénale internationale (Cpi), seule juridiction qui constitue un rempart devant les risques de génocide. Selon quelle rationalité, la Mauritanie, se tient-elle en marge d’une entité, désormais de compétence universelle ?

8. L’adoption de mesures de sensibilisation et de sanction exemplaire, à l’endroit des auteurs et complices d’abattage d’arbres et de dégâts sur la biodiversité, grâce au renforcement des peines contre les infractions à l’’intégrité du patrimoine naturel ; il y a lieu de tarir le commerce du charbon de bois, par l’investissement massif dans les énergies renouvelables et à la démocratisation de l’accès au gaz butane ; 

9. Redéployer les ambassades en fonction de la densité de nos compatriotes à l’étranger et des intérêts stratégiques du pays; le même impératif dicte, à la Mauritanie, de n’avoir plus que des amis et d’éviter les aventures de rupture des relations diplomatiques, hors contexte de belligérance directe avec un autre Etat ; 

10. La restauration des symboles – déformés – de la nation, en particulier le drapeau et un hymne évocateur de notre diversité culturelle. 

Cheikh Aidara

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