Déguerpis de Sélibaby, la Ministre de l’Habitat sourde aux instructions du Chef de l’Etat

Article : Déguerpis de Sélibaby, la Ministre de l’Habitat sourde aux instructions du Chef de l’Etat
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10 décembre 2020

Déguerpis de Sélibaby, la Ministre de l’Habitat sourde aux instructions du Chef de l’Etat

Lors de sa récente visite à Sélibaby, entre le 19 et le 20 novembre 2020, le président Mohamed Cheikh Ghazouani avait écouté les représentants des populations déguerpies d’un quartier loti de la ville. Il avait donné des instructions à la Ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire, Mme Khadijetou Cheikh Bouka, pour résoudre leur problème. Des instructions tombées apparemment dans l’oreille d’une sourde, car les habitants déclarent que la Ministre n’a entamé aucune démarche pour résoudre leur situation.

Déguerpis de Sélibaby – Crédit Aidara (Photo d’archive)

Les déguerpis du quartier « Deyboussat » à Sélibaby ne sont pas au bout de leurs peines. Ils avaient beaucoup compté sur la visite du Président Mohamed Cheikh Ghazouani, les 19 et 20 novembre 2020 dans la ville pour lui soumettre l’injustice qu’ils disent avoir subi de la part de la Société El iskan, dépendant du Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire.

Ils parviendront à capter l’attention du Chef de l’Etat qui avait bien écouté leurs doléances. Il donna aussitôt des instructions à la Ministre, Khadijetou Mint Bouka, des instructions d’autant plus claires qu’elles ont été retransmises par les télévisions et les radios du pays.

Près d’un mois après cette visite, les déguerpis attendent toujours une réaction du département et de sa ministre. Aucun signe allant dans le sens du règlement de leur problème ne semble pointer à l’horizon, ce qui serait un affront incompréhensible au Chef de l’Etat, qui donne l’impression qu’il n’est même pas écouté par ses ministres.

Cette attitude que d’aucuns trouvent grave, pourrait même à la longue affecter la confiance des populations aux institutions de la République, si la plus haute autorité du pays n’a aucune emprise sur des collaborateurs qu’il a lui-même nommés. Sauf, si les instructions données à la ministre n’étaient que formelles, ce qui ne cadre pas, selon les observateurs, à la personnalité de Mohamed Cheikh Ghazouani.

Toujours est-il que les instructions données par le Président de la République à la Ministre de l’Habitat pour résoudre un problème de déguerpissement qui ne semble pas avoir suivi les procédures légales, continue de troubler la conscience des victimes. Le paradoxe, c’est que les principaux habitants du quartier dont la propriété a été confisquée en faveur de plus nantis qu’eux, sont de la même tribu que le Chef de l’Etat. Pire, aucune réaction officielle dans le sens d’une explication valable pour édifier l’opinion publique sur la procédure suivie par El Iskan pour procéder au déguerpissement des populations n’a jamais été fournie.

Il faut rappeler qu’un groupe de plusieurs organisations non gouvernementales du Guidimagha, avait dénoncé cet acte. Dans un compte-rendu public, ils avaient parlé d’une « absence d’acte légal, arrêté ou décret, autorisant la société El Iskan, à déposséder les populations de leurs terrains ». Ce qui est, selon elles, en porte-à-faux avec la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre, Mohamed Ould Bilal, devant les dépités de l’Assemblée Nationale.

Mieux, un acte de la Cour Suprême aurait même interdit toute activité de la société El Iskan sur les terrains susvisés. Faisant fi de la levée de bouclier de la société civile et de l’arrêté de la Cour Suprême, la société El Iskan a poursuivi son opération, démolissant à coups de bulldozers les constructions érigées sur des terrains dont les propriétaires détiennent des permis d’occuper. Il s’agit en effet de terrains lotis, dûment attribués par l’Etat et non des squats.

Les habitants après l’engagement du Chef de l’Etat, s’attendent aujourd’hui à ce que la ministre de l’Habitat exécute les instructions qui lui ont été données. Sinon, ils devront faire leur deuil de leurs maisons confisquées.

Cheikh Aïdara

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