HISTOIRE DE VIE : Ehel Cheikh, une famille en charge d’une polyhandicapée de 12 ans

Article : HISTOIRE DE VIE : Ehel Cheikh, une famille en charge d’une polyhandicapée de 12 ans
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29 décembre 2020

HISTOIRE DE VIE : Ehel Cheikh, une famille en charge d’une polyhandicapée de 12 ans

La famille Ehel Cheikh vit à Hseye Sidi, 42 kilomètres de Sélibaby. Elle élève une fillette de 12 ans, Daadaa, polyhandicapée. La famille fait partie des bénéficiaires des lots de matériels, don du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), distribué à travers l’Association mauritanienne pour la promotion de la famille (AMPF), SOS Esclaves et la fédération régionale des handicapés. Il s’agit de nattes, de kits de dignité et de couvertures.

Daadaa couchée à côté de son oncle Mohamed Mahmoud à Ehseye Sidi – Crédit Aidara

Hseye Sidi est une petite localité de 300 familles d’agriculteurs, sans eau ni poste de santé, accessible par deux voies. La première, à hauteur d’Artemou, 25 kilomètres de Sélibaby. Une bifurcation sur 17 kilomètres de terrains accidentés, passant par monts et vaux, ravins et ruisseaux. La piste enjambe par la suite deux gros villages peuls, Roumda 1 et 2, puis le village Oueïcha, habité par des Soninkés et des Harratines. L’autre voie se situe deux kilomètres plus loin sur le goudron, après Artemou, puis une bifurcation sur dix kilomètres de pare-feux. La particularité de la famille Ehel Cheikh se situe dans l’handicap sévère qui frappe la petite Daadaa depuis sa naissance.

Daadaa portée par une jeune cousine à Sélibaby lors de la distribution -Crédit Aidara

Elle a 12 ans, mais continue d’être portée comme un bébé. Un corps longiligne sans vie. Elle pleure quand elle a faim, et repousse les repas qu’on lui ingurgite avec sa langue, quand elle se rassasie. Daadaa Mint Cheikhna Ould Samba, de sa mère, Mama Mint Cheikh, est multi handicapée depuis sa naissance. Des mains, un corps, des jambes, inertes. Seuls ses yeux pétillent de vie. Le reste du corps est drapé, ce mercredi 23 décembre 2020, dans un tissu rouge-sang, barré de bandes blanches. Sa mère et son père qui vivent dans le village avoisinant de Oueïcha, l’ont abandonnée à sa grand-mère, Mekanat Mint MBareck et à son oncle, Mohamed Mahmoud Ould Cheikh.

Daadaa Mint Cheikhna Samba, la polyhandicapée de 12 ans – Crédit Aidara

« Elle est née à l’hôpital de Sélibaby en 2008. Sa mère, ayant la phobie des hôpitaux, n’a pu accoucher qu’hors de la salle d’accouchement » raconte Mohamed Mahmoud, qui est devenu son véritable tuteur. C’est lui et sa mère, Mekanat, qui s’occupent de la fillette depuis sa venue au monde. Lui, il s’est occupé de ses papiers d’état-civil, de sa prise en charge par le Ministère des Affaires Sociales, qui lui alloue depuis 2018, une allocation annuelle de 24.000 MRU.

Les enfants Ehel Cheikh avec Mohamed Mahmoud à Ehseye Sidi – Crédit Aidara

« En 2016, la ministre des Affaires Sociales de l’époque l’avait remarquée lors de sa visite à Sélibaby, en présence du président de la Fédération mauritanienne des personnes handicapées, Lehbouss Ould Ide. Ce jour-là, elle nous a remis un chèque de 160.000 anciennes ouguiyas. Nous sommes restés deux ans sans rien recevoir, puis le Ministère des Affaires Sociales a décidé depuis deux ans de lui allouer une allocation annuelle de 240.000 anciennes ouguiyas » poursuit Mohamed Mahmoud, un docker de 38 ans qui travaille quatre jours sur sept au marché de Sélibaby.

Cheikh Aïdara

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