Violences basées sur le genre (VBG), armer les assistantes sociales pour une meilleure prise en charge des survivantes

Article : Violences basées sur le genre (VBG), armer les assistantes sociales pour une meilleure prise en charge des survivantes
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19 février 2021

Violences basées sur le genre (VBG), armer les assistantes sociales pour une meilleure prise en charge des survivantes

Du 15 au 17 février 2021, six assistantes sociales venues du Trarza et du Guidimagha, mais aussi des participants venus d’autres horizons, ont suivi une formation sur la prise en charge psychosociale des survivantes des violences basées sur le genre (VBG). Cet atelier de trois jours a été organisé par le Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
Vue de la salle de formation – Crédit Aidara

De l’accueil au suivi, en passant par l’écoute, l’aide psychosociale, l’orientation et le référencement … La mission dévolue à l’assistante sociale est un maillon central dans la prise en charge des cas de violences basées sur le genre (VBG). Il existe quatre principes directeurs pour la prise en charge des survivantes de VBG : sécurité, confidentialité, respect et non-discrimination. Muriel Kobena, experte internationale et formatrice en prise en aide des victimes des VBG et Brahim Khlil, psychologue, ont centré leur formation sur ces quatre principes. Cette formation a profité à six assistantes sociales venues du Trarza et du Guidimagha, à une personne ressource de haut niveau du MASEF, à deux agents de Medicos Del Mundo et à deux personnes ressources de l’UNFPA. Cet atelier a été organisé par le MASEF avec l’appui de l’UNFPA et s’est déroulé du 15 au 17 février 2021 à Nouakchott.

La place centrale de l’assistante sociale

La méthodologie de formation axée sur l’apprentissage des adultes (andragogie) a été caractérisée par l’interactivité, la diversité des jeux de rôle et des jeux récréatifs en rapport avec les différentes situations de terrain. Elle a permis aux participants de mieux comprendre leur mission à chacune des étapes de la prise en charge psychosociale des survivantes des VBG.

Ces étapes sont l’accueil, l’écoute active, l’aide psychosociale, l’orientation, le référencement et le suivi. L’occasion de mettre une fois de plus en exergue le rôle central de l’assistance sociale dans le système social de prise en charge des survivantes de VBG.

Les participants ont ainsi bien retenu la définition conventionnelle de la violence basée sur le genre. Les VBG se définissent comme « tout acte préjudiciable émis contre le gré de quelqu’un en se fondant sur les différences établies par la société entre les hommes et les femmes. » Ainsi, tous les actes causant un préjudice en infligeant des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles, la menace de tels actes, les contraintes et autres privations de liberté, sont concernés, que ce soit dans la sphère publique ou dans la sphère privée.

L’accent a été mis sur le fait que les VBG concernent tout être humain, femmes ou hommes, garçons ou filles. Aux violences physiques, psychologiques et sexuelles, s’ajoutent les violences économiques et socioéconomiques.

vue partielle de participants avec Brahim Khlil – Crédit Aidara

Plus globalement, les participants ont appris que les VBG peuvent être classées en deux grandes catégories : les violences domestiques, et les pratiques traditionnelles néfastes (mutilations génitales féminines, mariage précoce, lévirat sororat…)

Quelles conséquences ont ces violences basées sur le genre ?

Les effets que peuvent avoir ces VBG sont multiples, comme les grossesses non désirées, les fausses couches, les avortements, les blessures, les handicaps, les IST/VIH, la mortalité maternelle et infantile, la stérilité. À ces conséquences physiques, s’ajoutent les conséquences psychologiques, comme l’isolement, l’abandon de toute activité, la perte d’estime de soi, les troubles du sommeil, les pensées suicidaires, les tentatives de suicide, la toxicomanie, l’alcoolisme, les émotions incontrôlées, l’anxiété, l’agressivité…Les conséquences sociales se révèlent encore plus destructrices, telles que la stigmatisation, la marginalisation, la détérioration des relations au sein du couple, de la famille, de la société, l’abandon, le rejet, la discrimination, les mauvais traitements, surtout à l’égard des enfants issus de viols…

Les principes directeurs de l’assistance de victimes de VBG, que toute assistante sociale doit avoir comme leitmotiv, ont été bien ancrés dans l’esprit des participants, à travers le gestuel et les mots. Les notions de respect, de confidentialité, de sécurité et de non-discrimination, ont été assimilées en tant que principes essentiels dans la mission dévolue aux assistantes sociales dans la prise en charge psychosociale des survivantes de VGB. Mais l’Alpha et l’Oméga de la prise en charge repose, comme l’a souligné Mme Muriel Kobena, sur le consentement éclairé de la survivante, sans lequel aucune étape de la prise en charge ne peut être envisagée.

Des exercices à chaque étape

Le gestuel associé au mot – crédit Aidara

Chaque étape de la formation a été ponctuée par des exercices pratiques, souvent récréatives, qui ont permis aux participants de lier l’utile à l’agréable. Souvent, ce sont les « Triplés », trois battement de main sonores effectués par tous les participants, debout, qui viennent égayer les séances, pour encourager des réponses justes apportées aux questions pertinentes ou à des pièges de jeu savamment pensés par la formatrice et son assistant, Dr. Brahim Khlil, qui s’est chargé également de la traduction dans les deux sens français-arabe.

Parmi ces jeux, celui du « Leader » pour tester le sens de l’observation chez les participants, le jeu de la « répétition crescendo » pour tester le sens de mémorisation et de l’écoute, l’exercice de la « bouteille » et celle de la « boule chaude » pour jauger de la rapidité dans les réponses à des questions posées.

La planification des cas de VBG

En fin de formation, les participants ont appris à remplir le tableau de gestion des cas qui se décline en deux principales colonnes : étapes et outils. Tableau de gestion qui sera utile lors de la tournée de la clinique mobile envisagée dans plusieurs régions et auxquels seront associés les assistantes sociales et les sages-femmes pour l’offre de services santé sexuelle reproductive et prise en charge des VBG.

Mme Muriel Kobena déroule sa formation – Crédit Aidara

Ainsi, une feuille de consentement et une fiche de plan de sécurité doivent être remplies dès l’accueil introductif des survivantes.

Deuxième étape, le formulaire d’admission avec l’évaluation des besoins exprimés par les survivantes.

Troisième étape, l’élaboration et la mise en œuvre du plan d’action de prise en charge avec l’assentiment des survivantes et la mise au point de la fiche du plan d’action et de la fiche de référencement et de contre-référencement.

Enfin, la fiche de suivi et la fiche de clôture du dossier des survivantes.

L’assistante sociale : une aide consultative

Sachant que l’assistante sociale doit respecter toutes les décisions de la survivante, y compris celle de s’exprimer ou non, d’ester en justice ou non, d’être référée ou non, son rôle doit se limiter aux seuls conseils sans pouvoir de décision à la place de la patiente, a insisté en substance, la formatrice.

Par rapport à l’aspect confidentialité, les participants ont appris à élaborer des codes pour les survivantes dont les noms complets ne doivent pas figurer sur les documents relatifs à leur situation.

Auparavant, les participants à l’atelier avaient pris connaissance, dès le premier jour, de l’ampleur des VBG en Mauritanie. Ils ont aussi appris à faire la différence entre genre et sexe, à faire le lien entre pouvoir, statut et abus de pouvoir. Pour illustrer l’introduction sur les VBG, les esprits des participants ont été bien fixés à travers l’arbre de la VBG qui traduit les différentes étapes, les composantes et les conséquences.

Clôture de l’atelier

De Dr. à G. Directrice adjointe Famille (MASEF), Représentant UNFPA et les deux formateurs -Crédit Aidara

La cérémonie de clôture a été présidée par Mme Aïchetou Mint Sidi, Directrice adjointe à la Direction de la Famille, de la Promotion Féminine et du Genre du MASEF, en présence du Représentant Résident de l’UNFPA, SEM. Saidou Kaboré. Dans son mot de clôture, Aïchetou Mint Sidi a remercié les partenaires pour leur appui, en l’occurrence l’UNFPA et Medicos Del Mundo. Selon elle, « les résultats de la formation sont palpables au bout de ces trois jours d’atelier, et cela se voit dans l’engagement des participants et leur compréhension accrue des questions liées au VBG ainsi que les techniques de prise en charge des survivantes ».

Auparavant, SEM. Saidou Kaboré avait mis en exergue le rôle central des assistantes sociales dans la prise en charge des survivantes de VBG et la difficulté de leur mission, soulignant que « le plus difficile, vous l’avez fait, dans ce sens que lorsqu’on parle de violences basées sur le genre (VBG), le plus difficile c’est l’aspect psychologique. C’est pourquoi on dit que la maladie c’est 20% médical et 80% psychologique ». Il a évoqué la recrudescence des VBG partout dans les pays du Sahel, à cause de la pandémie Covid-19, ajoutant à l’intention des participants, « au niveau de l’UNFPA et du MASEF, nous serons toujours à vos côtés ».

Des certificats ont été distribués aux participants à la fin de la formation.

Cheikh Aïdara

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