Lors du neuvième anniversaire de « l’autodafé de Riadh », hommage aux militants Abidine Maatala et Yacoub Diarra

Article : Lors du neuvième anniversaire de « l’autodafé de Riadh », hommage aux militants Abidine Maatala et Yacoub Diarra
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28 avril 2021

Lors du neuvième anniversaire de « l’autodafé de Riadh », hommage aux militants Abidine Maatala et Yacoub Diarra

L’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) du député Birame Dah Abeid a célébré le 27 avril dernier à Nouakchott, le neuvième anniversaire de l’incinération de livres théologiques. Connu sous le nom d’« autodafé de Riadh », l’évènement fait référence au quartier Riadh, à Nouakchott, où des ouvrages religieux ont été publiquement incinérés en 2012. 

La commémoration de la journée du 27 avril dernier, rappelant le geste symbolique perpétré par le mouvement IRA en 2012 dans le quartier de Riadh à Nouakchott, a été consacrée cette année à l’hommage rendu à deux militants : Abidine Maatalla et Yacoub Diarra. En l’absence du président du mouvement, Birame Dah Abeid, c’est la vice-présidente, Kadiata Bâ, qui a présidé cette année au neuvième anniversaire de «l’autodafé de Riadh », qui désigne l’incinération de livres religieux. Un geste qui avait créé un véritable séisme socioreligieux en Mauritanie.

Vue partielle de l’assistance – Crédit Aidara

En effet, l’incinération publique d’un lot d’ouvrages théologiques consacrés comme livres religieux de référence dans le pays avait provoqué l’arrestation musclée, dans le quartier Riadh, du président Birame Dah Abeid et de plusieurs de ses militants. Cette arrestation a été suivie par une vague de manifestations menées par des guides religieux. Tout le monde se rappelle sans doute de cette horde vociférante, qui réclamait la tête de Birame. Elle avait d’ailleurs été accueillie aux portes de la présidence de la République par un Mohamed Abdel Aziz coiffé ce jour d’un turban salafiste et promettant aux marcheurs une sanction exemplaire. Pendant plusieurs jours, les appels à l’exécution des « profanateurs du sacré » se sont succédés sur différentes chaînes de télévision.  Au niveau national, plusieurs acteurs politiques avaient condamné l’acte. Et sur le plan international, quelques chancelleries arabes s’étaient également joints à ce mouvement de protestation.

Après quelques mois de prison, Birame et ses compagnons seront libérés sans procès. Un défilé monstre sera à cet effet organisé par le mouvement IRA, entre la prison civile de Nouakchott et son domicile à Riadh, provoquant un rassemblement d’une ampleur démesurée.

Les livres qui ont été incinérés dans un geste symbolique sont considérés par le mouvement IRA comme le « code négrier », par lequel les esclavagistes ont maintenu pendant des siècles des milliers d’hommes et de femmes sous le joug de la soumission et de l’exploitation. Ces livres justifiaient selon le mouvement, un système esclavagiste bâti sur la justification divine de l’esclavage.

La commémoration de ce neuvième anniversaire de l’autodafé de Riadh a été marquée par l’hommage rendu à Abidine Maatalla et Yacoub Diarra. Il s’agit, selon les discours prononcés à cet effet, de « deux militants qui se sont distingués depuis plus d’une décennie de militantisme par leur engagement, leur courage et leur goût du sacrifice ». Selon l’hommage qui leur a été rendu, « malgré les brimades, les emprisonnements et les exactions qu’ils ont subis, ils n’ont jamais renoncé à leur conviction et leur attachement à la lutte contre l’esclavage et l’oppression ». Ils furent ainsi, selon les témoignages, « parmi les héros de l’autodafé de Riadh et parmi les militants qui ont goûté aux affres de la torture policière et de l’emprisonnement ».

Dans le discours en français de Kadiata Bâ, traduit dans les langues nationales et lu par un des militant d’IRA lors de la journée du 27 avril, la vice-présidente du mouvement souligne que l’anniversaire de l’autodafé de Riadh « marque la rupture du mouvement avec une théologie qui entache notre religion et prostitue le Message de notre Prophète, Mohamed (PSL) qui était venu pour parachever les nobles valeurs et préserver la dignité de l’Homme qu’Allah a élu comme son Vicaire sur Terre ».

Kehle Mint Abeid, cantatrice d’IRA – Crédit Aidara

Elle a salué l’adoption du régime déclaratif qui consacre la reconnaissance d’associations et de mouvements jusque-là frappés d’interdit comme IRA, ainsi que le climat de concertation qui prévaut aujourd’hui. « Nous saluons les recommandations et les suggestions des personnalités nationales, dont le député EL Khalil Ould Enahwi qui appellent à la nécessité de la révision de notre patrimoine théologique et islamique pour son adaptation au Coran et à la pure Sunna ». C’est selon elle, la somme de notre vision lors de notre autodafé symbolique. Celui-ci est intervenu, dira-t-elle en substance, après plusieurs appels pour la révision qui consistait à débarrasser notre religion d’interprétations équivoques qui justifiaient le maintien dans les fers de l’oppression d’une bonne partie de notre population.

Mohamed Ould Breik, un des cadres d’IRA, avait auparavant prononcé un discours dans lequel il avait rappelé ce qui s’était passé il y a 9 ans.

Cheikh Aidara

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