Journée mondiale contre le travail des enfants, « 37, 6% des enfants mauritaniens travaillent »

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Journée mondiale contre le travail des enfants, « 37, 6% des enfants mauritaniens travaillent »

La Mauritanie a célébré, samedi 12 juin 2021, la Journée mondiale contre le travail des enfants. La cérémonie organisée par le Ministère de la Fonction Publique et du Travail, avec l’appui du Bureau International du Travail (BIT) en Mauritanie s’est déroulée au Musée National, sous le thème « Agissons maintenant : mettre fin au travail des enfants ».

Table des officiels – Crédit Aidara

Au milieu de dizaines de photos et d’images, dans le sillage de l’exposition « Terre et Mer » initiée par le BIT pour la période allant du 8 juin au 10 juillet 2021, le Ministère de la Fonction Publique et du Travail, a célébré, samedi 12 juin 2021, la journée mondiale contre le travail des enfants. C’était en présence du Point focal du BIT, M. Federico Barroeta, du Représentant résident de l’UNICEF, M. Marc Lucet, du Commissaire adjoint aux droits de l’Homme, M. Rassoul Ould Khal et de la chargée de mission du Ministère des Affaires Sociales, Mme Lalla Vatma Mint Sadegh.

Consolider l’arsenal juridique et institutionnel

Vue partielle des participants – Crédit Aïdara (Le consultant Ould Khtour au 1er plan)

Ouvrant les travaux de la journée, le Secrétaire général du Ministère de la Fonction Publique et du Travail, M. Ahmed Ould Mohamed Mahmoud Ould Deh, a souligné que le travail des enfants est un phénomène qui préoccupe tous les Etats du monde. Un phénomène que le gouvernement mauritanien, selon lui, a très tôt pris au sérieux, en prenant plusieurs décisions pour y mettre fin, conformément au programme politique des autorités actuelles. Il a cité dans ce cadre le plan d’action national 2020-2021 avec comme point central la consolidation de l’arsenal juridique et institutionnel, à travers de larges consultations régionales pour fixer la liste des travaux dangereux pour les enfants.

Cette journée, a-t-il souligné, sera marquée par une série d’activités de communication et de sensibilisation contre le travail des enfants, dans le cadre des efforts entrepris par le département du Travail pour l’atteinte de la cible 8.7 des Objectifs de développement durable (ODD) visant à mettre fin au travail des enfants à l’horizon 2025.

Quatre années pour atteindre la cible 8.7 des ODD

Le Point Focal du BIT en Mauritanie, M. Féderico Barroeta avait auparavant souligné que c’est la première journée mondiale que la Mauritanie célèbre depuis la ratification de la convention 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, et au moment où la pandémie Covid-19 menace d’anéantir des années de progrès dans la lutte contre ce fléau.

Il a cité dans ce cadre le rapport que l’OIT et l’UNICEF se préparent à publier sur les estimations mondiales 2016-2020 et l’impact du Covid-19 et de la crise économique subséquente. Il a évoqué dans ce cadre la Conférence mondiale sur le travail des enfants prévue en 2022 en Afrique du sud pour évaluer les mesures prises tout au long de l’année 2021.

Selon Federico Barrooeta, la date butoir de 2025 est proche (il ne reste plus que 4 années) et le monde est encore loin de ses objectifs, soulignant que 152 millions d’enfants dans le monde continuent de travailler, soit un enfant sur dix, dont 4,3 millions soumis au travail forcé.

Il a affirmé que seule une réponse politique active du gouvernement, soutenue par les organisations des travailleurs, des employeurs et de la communauté internationale, peut venir à bout des facteurs qui poussent les enfants vers le travail.

Il a dans ce cadre souligné les progrès réalisés par la Mauritanie, notamment une protection juridique plus renforcée des enfants par l’adoption du Code général de Protection de l’Enfance de 2018. S’y ajoute, poursuit-il en substance, la liste des travaux dangereux que le département du Travail et l’Office national de la médecine du Travail sont en train d’élaborer avec le concours du BIT, à travers le projet MAP-16.

Il a cité également les filets de protection sociale pour diminuer la vulnérabilité sociale, le renforcement de la quantité et de la qualité des infrastructures scolaires, la construction d’écoles par le BIT à travers la modalité de formation duale « Chantier-école » pour l’accès à la formation professionnelle.

Une partie de l’assistance – Crédit Aidara

37, 6 % des enfants travaillent en Mauritanie

Quant au Représentant de l’UNICEF en Mauritanie, M. Marc Lucet, il a rappelé que l’année 2021 a été déclarée par l’Assemblée générale des Nations Unies, année internationale pour l’élimination du travail des enfants. « Elle doit de ce fait être l’occasion de relancer cette cible 8.7 des ODD visant à mettre fin au travail des enfants d’ici 2025 » a-t-il rappelé. Selon lui, le monde n’a pas progressé dans la réduction du travail des enfants, soulignant que plus de 8 millions d’enfants se sont ajoutés à la liste des 160 millions d’enfants travailleurs qui n’a pas changé au cours des quatre dernières années. « Pour le moment, le monde n’est pas sur le bon chemin pour éliminer le travail des enfants d’ici 2025 » a-t-il asséné. D’après lui, la situation est rendue encore plus difficile par la pandémie de Covid-19 avec encore plus d’enfants à risques.

M. Marc Lucet de déclarer que la Mauritanie ne fait pas exception dans ce domaine et que le nombre d’enfants qui travaillent représente 37,6%.

A noter que le jeune Cheikh Tidjane, avait évoqué brièvement son parcours de talibé et son expérience en cours dans le volontariat pour l’éducation et l’enseignement des enfants. Il a invité les autorités et les partenaires à s’investir pour extirper la petite enfance, surtout les talibés, des chemins de l’errance et de la déperdition.

Une exposition a été organisée en marge des travaux, présentation et offre de plusieurs ouvrages, Guide itératif pour la prévention du travail des enfants en Mauritanie, exposé UNICEF, présentation de PANET-RIM, Code du Travail, Convention 182 de l’OIT…

Projet de déclaration du Groupe de Travail

Le consultant El Arby Ould Khtour, chargé d’aider à l’élaboration de la déclaration du groupe de travail pour la protection de l’enfant et qui a tenu plusieurs réunions, a présenté son plan narratif, suggérant aux participants d’y apporter leurs imputs.

Ce plan s’articule autour de quatre axes : les données introductives, les normes juridiques internationales et régionales, les normes juridiques nationales et les mécanismes de lutte contre le travail des enfants.

Il a passé par la suite en revue les recommandations formulées à l’intention des départements du Travail, de l’Enfance, de l’Education nationale, de la Justice et des Finances.

Plusieurs interventions ont émaillé ces échanges, notamment celles des syndicats d’éleveurs et d’agriculteurs du monde rural, qui ont posé le problème de l’accès à l’école par l’exclusion créée par l’état-civil qui prive beaucoup d’enfants de l’enseignement scolaire.

Cheikh Aïdara

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