« Les femmes en Mauritanie peuvent avoir plusieurs maris officiels, c’est culturel chez eux », les bévues d’une télévision ivoirienne qui soulèvent l’indignation des Mauritaniens

Article : « Les femmes en Mauritanie peuvent avoir plusieurs maris officiels, c’est culturel chez eux », les bévues d’une télévision ivoirienne qui soulèvent l’indignation des Mauritaniens
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21 août 2022

« Les femmes en Mauritanie peuvent avoir plusieurs maris officiels, c’est culturel chez eux », les bévues d’une télévision ivoirienne qui soulèvent l’indignation des Mauritaniens

L’alerte a été lancée par la section mauritanienne de l’Union de la Presse Francophone (UPF) sur les contre-vérités alignées par la Nouvelle Chaine Ivoirienne (NCI) lors de son émission « Les hommes d’ici » diffusée le 12 août 2022 sur le thème « la polygamie, légaliser pour satisfaire qui ? ». Le consultant de la chaîne y a soutenu que « les femmes mauritaniennes peuvent avoir plusieurs maris officiels, c’est culturel chez eux ». Une affirmation qui continue de soulever l’indignation en Mauritanie, poussant la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) à réagir au même degré que l’ambassade mauritanienne en Côte d’Ivoire et la diaspora mauritanienne dans ce pays.

A droite, Yoman, celui par lequel le scandale est arrivé à la NCI – Capture d’écran de l’émission

La colère et l’indignation continuent de secouer la rue mauritanienne depuis les propos offensant d’une chaîne de télévision privée de Côte d’Ivoire. En effet, lors d’une émission diffusée le 12 août 2022 de 13 heures 05 à 14 heures sur la NCI, le consultant de la chaîne, un certain Jean-François Yoman, a tenu des propos insultants envers la Mauritanie et ses habitants. Le prétendu consultant y a étalé toute sa carence en plaçant d’abord la Mauritanie dans l’espace UMOA (Union monétaire ouest-africaine) à laquelle elle s’est détachée pourtant depuis 1973, mais pire encore, il a soutenu qu’en Mauritanie, « les femmes peuvent avoir plusieurs maris officiels, ça ne choque personne car c’est culturel ».

Ces propos d’une chaîne à large audience auraient pu passer inaperçu, car peu de gens en Mauritanie suivent ce qui se passe dans la plupart des télévisions étrangères, en particulier en Afrique. C’est Ali M’Haimid, journaliste à Radio Mauritanie et membre de l’UPF Mauritanie, natif de Côte d’Ivoire et qui garde un lien affectif avec ce pays, donc qui suit les médias ivoiriens, qui a sonné l’alerte sur le groupe WatSapp de la section, avec un lien sur l’émission. Ce qui a permis aux Mauritaniens d’accéder au contenu de l’émission qui portait sur la polygamie.

Ayant pu dénicher le contact téléphonique de la chaîne, les journalistes de la section UPF ont saisi les dirigeants de la NCI pour exprimer leur indignation. S’en suivi un mea culpa de l’auteur des propos, Yoman en personne. Mais pour les journalistes mauritaniens, c’était largement insuffisant. Même la proposition avancée par les responsables de la NCI d’accorder un temps d’antenne à la colonie mauritanienne en Côte d’Ivoire pour montrer leur culture. Même la conférence de presse organisée en catimini au profit de cette même colonie.

Réaction de la colonie mauritanienne en Côte d’Ivoire

Saisie par la question, la HAPA a adressé un courrier de protestation à son homologue ivoirien, la HACA, qui à son tour a adressé à la NCI une lettre de blâme, demandant à la chaîne de diffuser un démenti formel aux allégations de son consultant, dans les mêmes formes et conditions dans lesquelles l’émission diffamatoire a été diffusée.

Le Directeur de la NCI a présenté ses excuses aux ressortissants et au peuple mauritanien pour ces graves propos qui heurtent leur morale civilisationnelle et religieuse.

A son tour, l’Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA) a publié le 19 août 2022 un communiqué dans lequel elle condamne ces agissements, soulignant que « pour aborder et traiter de sujets aussi sensibles et délicats, les professionnels de la presse doivent redoubler de vigilance face aux Fake News et se documenter sérieusement auprès des sources fiables et crédibles ».

L’ambassade de Mauritanie en Côte d’Ivoire a également réagi à ce qui est considéré comme une atteinte grave à l’image de la Mauritanie et des Mauritaniens. Un recours à la justice pour diffamation est même envisagé. A leur tour, les membres de la diaspora mauritanienne ont vivement réagi à ces assertions, à l’image de Mohamed Brahim, président du réseau des boutiquiers mauritaniens en Côte d’Ivoire.

Du coup, la presse ivoirienne s’est saisi de la question et plusieurs sites ont repris cette affaire, à l’image d’Afric Soir, OPR News, Sud 24 TV, News Abidjan, Infodrome, Connexion Ivoirienne, etc.

Cheikh Aïdara

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