En Mauritanie, le Commissariat aux Droits de l’Homme lance une campagne de sensibilisation contre la traite, l’esclavage, la discrimination et la torture

Article : En Mauritanie, le Commissariat aux Droits de l’Homme lance une campagne de sensibilisation contre la traite, l’esclavage, la discrimination et la torture
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13 octobre 2022

En Mauritanie, le Commissariat aux Droits de l’Homme lance une campagne de sensibilisation contre la traite, l’esclavage, la discrimination et la torture

Le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, a lancé ce jour, 12 octobre 2022 au Palais des Congrès de Nouakchott, la caravane nationale de sensibilisation contre la traite des humains, l’esclavage, la discrimination et la torture. C’était en présence de plusieurs autorités publiques, les partenaires et la société civile.

Le Commissaire lors de son allocution – Crédit Aidara

Sous le thème « Ensemble pour préserver la dignité humaine et les droits dans un Etat de droit », le Commissaire aux Droits de l’homme a lancé le 12 octobre 2022 la campagne nationale de sensibilisation sur les instruments juridiques contre la traite des êtres humains, l’esclavage, la discrimination et la torture.

Une campagne, pourquoi ?

Cette campagne continue de battre son plein au niveau des Wilayas (régions administratives) de Nouakchott et celles de l’intérieur du pays. La traite des personnes, l’esclavage, la discrimination et la torture constituent des injustices sur lesquelles la Mauritanie est régulièrement interpellée à chaque Examen Périodique Universel (EPU) devant le Conseil des Nations Unies des droits de l’homme à Genève, examen auquel sont soumis tous les Etats. Malgré les mesures adoptées pour combattre l’esclavage, à travers notamment les tribunaux spéciaux ou la loi de 2015 incriminant les pratiques esclavagistes, les ONG antiesclavagistes comme SOS Esclaves et IRA ne cessent de dénoncer le « laxisme » des autorités judiciaires face aux nombreux cas qui leur ont été soumis. Pour renforcer le caractère répressif des mesures luttant contre les tares sociales que sont l’esclavage et les formes de racisme qui l’accompagnent, la Mauritanie a adopté d’autres dispositifs comme la loi contre la discrimination et la loi contre la traite des êtres humains, tout en créant un mécanisme national de prévention de la torture.

Cette campagne d’une grande importance est menée en collaboration avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice, la Commission nationale des droits de l’homme, le Mécanisme national de prévention de la torture et l’Observatoire national des droits des femmes et des filles, ainsi que la société civile et les partenaires internationaux.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

Diffuser une large culture des droits humains

L’activité de sensibilisation en cours, selon le Commissaire aux droits de l’homme, a pour objectif l’information du public par rapport aux lois condamnant les faits de torture et d’esclavage, ainsi que la discrimination et la traite des personnes. Elle vise aussi à sensibiliser les populations autour de ces questions et les peines prévues par la législation pour les réprimer.

« Cette campagne constitue une étape importante car elle traduit le discours historique du président de la République M. Mohamed Cheikh Ghazouani à Ouadane, lorsqu’il a appelé à combattre toutes les formes d’injustice sociale, notamment les tares héritées de notre patrimoine culturel, à purifier le discours social et l’expurger de tous les préjugés et faux stéréotypes qui la travestissent », a déclaré le Commissaire aux Droits de l’Homme durant l’allocution qu’il a prononcé à l’occasion.

Il a souligné que le lancement de cette campagne nationale coïncide avec celui de l’Ecole républicaine qui vise à renforcer la cohésion sociale, à consolider le principe de l’équité et de l’égalité, en redonnant à nos établissements d’enseignement le rôle qu’ils ont toujours joué jadis dans l’ancrage des valeurs républicaines comme pilier de notre unité nationale.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

« Le Commissariat aux droits de l’homme ne cherche pas à faire de cette campagne une fête foraine ni une simple formalité de passage, mais plutôt le lieu d’une interaction profonde entre les Mauritaniens, un moment d’intense communion, une occasion de mieux comprendre l’intérêt d’appliquer les lois condamnant l’esclavage, la traite, la discrimination et la torture », a précisé le Commissaire aux droits de l’Homme.

À ce titre, il a souligné que son institution sollicite l’appui et la coopération de tous les acteurs, les membres du gouvernement et les organismes non gouvernementaux dans cette lutte. Le Commissaire aux droits de l’Homme a également rappelé la nécessité d’unir leurs efforts pour atteindre les objectifs recherchés à travers cette campagne nationale. Il a salué au passage les efforts d’accompagnement et de soutien des partenaires au développement, notamment lors de la période préparatoire de cette campagne de sensibilisation.

Le Commissaire prononçant son discours – Crédit Aidara

Points de vue des acteurs

S’exprimant à son tour, le président de SOS Esclaves, M. Boubacar Ould Messaoud a souligné l’importance d’initier de tels programmes au profit des victimes de l’esclavage. « La conception, la mise en œuvre et le suivi de ces programmes, ainsi que les politiques qui les accompagnent, doivent faire l’objet d’un partenariat solide entre les organisations de la société civile et les institutions gouvernementales », a-t-il précisé.

De son côté, le président du Forum des Acteurs Non étatiques, M. Mohamedou Ould Sidi, a invité la société civile à participer activement à cette campagne nationale. « J’invite les pouvoirs publics à créer les conditions d’accompagnement des acteurs actifs dans le domaine des droits de l’Homme dans l’élaboration d’un plan national global qui permettrait le suivi et la mise en œuvre des lois incriminant l’esclavage, la traite, la discrimination et la torture, ainsi que l’application des conventions internationales ratifiées par le pays », a-t-il souligné.

Le Représentant par intérim du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’Homme en Mauritanie, Mme Khadija Bâ, a félicité le gouvernement pour les progrès réalisés dans le domaine des droits de l’homme et les évolutions positives constatées à ce niveau. « Le Haut-Commissariat renouvelle son appui et son accompagnement dans les efforts menés par la Mauritanie pour consolider les droits de l’homme », a-t-elle affirmé.

La cérémonie de lancement officiel de la campagne s’est déroulée en présence du Délégué Général de l’Agence nationale de Solidarité et de lutte contre l’exclusion (TAAZOUR), du président de la Commission nationale des droits de l’homme, celui du Mécanisme national de prévention de la torture, du Secrétaire général du Ministère de l’Intérieur, du Wali de Nouakchott-Ouest, du Vice-président du Conseil régional de Nouakchott, de plusieurs responsables de la société civile et de nombreux citoyens.

Cheikh Aïdara

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