Rencontre des parlementaires SWEDD, débats sur des problématiques communes aux douze pays membres

Article : Rencontre des parlementaires SWEDD, débats sur des problématiques communes aux douze pays membres
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21 décembre 2022

Rencontre des parlementaires SWEDD, débats sur des problématiques communes aux douze pays membres

La première journée de la rencontre des parlementaires des pays membres du projet « Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel – SWEDD », ouverte le 20 décembre 2022 à Nouakchott a été marquée, après les discours officiels, par plusieurs présentations sur des thématiques communes aux douze pays membres de ce projet régional financé par la Banque Mondiale dans sa deuxième phase de mise en œuvre.

M. Dioum (à gauche) et M. Pouye, modérateurs – Crédit Aidara

Dans le souci de créer un espace d’échanges et de concertations entre les parlementaires du Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Togo et Tchad, réunis au sein du projet SWEDD, la rencontre de Nouakchott qui s’est ouverte le 20 décembre 2022, a abordé plusieurs thématiques au centre des préoccupations majeures des différents Etats concernés. Les réflexions ont tourné autour de deux études de cas relatifs à la Mauritanie et des problématiques communes aux douze pays membres du projet SWEDD.

Santé reproductive et l’agenda de l’Union africaine, cas de la Mauritanie

Deux présentations portant sur les expériences du pays hôte, la Mauritanie, ont été exposées aux participants.

D’énormes défis de santé publique

La première présentation relative à la situation de la mortalité maternelle et néonatale, est celle du Dr. Sidi Brahim Ould Oumar, Directeur de la santé de la reproduction, mortalité maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle au Ministère de la Santé.

Il a déploré les taux élevés de mortalité maternelle et néonatal, malgré les efforts consentis par le département de la Santé, dus selon lui à la difficulté d’accès à des soins obstétricaux d’urgence de qualité, l’immensité du pays et sa faible densité, ainsi que les retombées de la pandémie Covid-19 qui ont ébranlé les systèmes de santé partout dans le monde. A cela se sont ajoutés, l’accès limité aux ressources et les obstacles socioculturels.

@créeit Aidara

Il  a cependant mis en relief les améliorations constatées au niveau des indicateurs clés, avec un taux de mortalité maternelle qui a baissé de 930 pour cent milles naissances vivantes en 1996 à 424 en 2022, un taux de mortalité néonatale qui a aussi connu une chute, allant de 43 pour mille en 2004 à 22 pour mille en 2019, une couverture césarienne qui est passée de 2,6% en 2011 à 5,4% en 2019, des CPN 1 qui sont allés de 61,4% en 2007 à 85% en 2019, le passage du taux des quatrièmes visite (CPN4) de 16% en 2001 à 39% en 2019 et des consultations post-natales qui sont allées de 22% en 2007 à 43% en 2019.

Quant à la prévalence contraceptive, elle est passée de 9% en 2011 à 14% en 2019, et un recul constaté par rapport aux 17% de 2015. Les besoins non satisfaits ont légèrement baissé, passant de 33 à 31% entre 2015 et 2019, un indice de fécondité qui a augmenté, passant de 4,3% en 2011 à 5,2% en 2019.

Parmi les acquis dont dispose la Mauritanie, il a cité l’existence d’une loi sur la santé de la reproduction (SR) et son décret d’application, l’existence de plusieurs stratégies SR, en faveur entre autres du repositionnement de la planification familiale. Les défis restent selon lui nombreux, citant l’absence d’une stratégie de mobilisation des ressources, la faible coordination et leadership du Ministère de la Santé, les barrières financières et les obstacles socioculturels, le faible accès des femmes et des jeunes aux soins de santé reproductive, la faiblesse de la chaîne d’approvisionnement en produits contraceptifs, entre autres.

Les priorités du département se situeraient selon Dr. Sidi Brahim dans la disponibilité des banques de sang et le renforcement de la ligne budgétaire allouée à la sécurisation des produits de santé de la reproduction.

Articulation entre SCAPP et Feuille de route de l’Union africaine

Entre la feuille de route de l’Union africaine, « Tirer profit du dividende démographique » et la SCAPP (Stratégie de croissance accélérée et de prospérité partagée) 2016-2030, document stratégique de la Mauritanie pour l’atteinte des ODD, M. Sidi Mohamed Ould Zenvour, coordonnateur de l’Observatoire national du Dividende Démographique (ONDD), a procédé à un subtil jeu de comparaison.

Ainsi, aux quatre Piliers de la Feuille de route de l’Union africaine, emploi et entreprenariat, éducation et développement des compétences, santé et bien-être de la population, droits de l’enfance, gouvernance et autonomisation des jeunes, correspondent trois leviers de la SCAPP, à savoir, promouvoir une croissance forte, durable et inclusive, développer le capital humain et l’accès aux services sociaux de base, et levier 3, renforcer la gouvernance dans toutes ses dimensions. Il a développé par la suite en détails, les différents points de convergence entre les deux documents.

L’une des ambitions de la Mauritanie, selon lui, c’est de faire de l’ONDD un instrument de suivi des engagements du pays en matière de dividende démographique.

SWEDD, quelle contribution des parlementaires ?
M. Mohamed Ould Abd, responsable suivi-évaluation au Secrétariat Technique Régional du Projet SWEDD à Dakar a présenté par vidéo-conférence une présentation duprojet et le rôle que peuvent jouer les parlementaire dans le plaidoyer en faveur des indicateurs clés de santé.

@créeit Aidara

Il a d’abord rappelé les objectifs du projet SWEDD, avec une description plus détaillée de la composante 3 « favoriser l’engagement politique et renforcer la capacité d’élaboration des politiques liées à l’autonomisation des femmes et du dividende démographique ». Il s’est agi dans ce volet du rôle des parlementaires dans la mobilisation des ressources locales au niveau des budgets nationaux, ce qui traduirait la volonté des Etats à contribuer à l’achat d’une partie des produits contraceptifs, le gap étant couvert par l’UNFPA.

Cette composante 3 se décline en trois sous-composantes qui portent sur le plaidoyer, l’élaboration de politiques de suivi-évaluation du dividende démographique et la capacité de mise en œuvre du projet. Les résultats attendus doivent se traduire, selon lui, par l’éducation des filles, l’existence d’un cadre juridique et institutionnel favorable à l’’espacement des naissances et au recul du mariage des enfants.

M. Mohamed Ould Abd a ensuite développé les stratégies et interventions clés pour renforcer le plaidoyer et l’engagement politique.

Les participants ont suivi par la suite une présentation sur les équipes juridiques comme instrument d’engagement en faveur de l’autonomisation des femmes, étant entendu que tous les pays SWEDD disposent déjà de ces équipes.

Les séances ont été marquées par de fortes interactions avec le public, à travers des questions pertinentes et des interventions judicieusement appréciées par les conférenciers.

A noter que les séances ont été modérées par deux consultants internationaux, MM. El Hadj Dioum et Ada Pouye, avec le concours de l’Honorable député Ould Ennahwi qui a modéré l’une des présentations.

Un dîner gala est venu clore cette première journée.

Cheikh Aïdara

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