Le syndicat des agriculteurs mauritaniens tient son 2ème congrès et renouvelle ses instances au milieu d’importants défis

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Le syndicat des agriculteurs mauritaniens tient son 2ème congrès et renouvelle ses instances au milieu d’importants défis

La salle de réunion de la Mairie de Teyarett (Nouakchott-Nord) a abrité, le 29 mars 2023, le 2ème Congrès du Syndicat des Agriculteurs de Mauritanie (SAM), avec l’appui de plusieurs partenaires, dont le Bureau International du Travail (BIT), Save The Children et Via Campesina (voix des paysans). Au cours de cette rencontre de quatre jours, les instances dirigeantes ont été élues avec la reconduction du Secrétaire général du syndicat, Dawa Ould Moustahdi.

Cadres du SAM et partenaires à l’ouverture du congrès – Crédit Aïdara

Elles sont venues de toutes les régions du pays, masses compactes d’hommes et de femmes dont l’écrasante majorité vient des classes serviles. C’est la deuxième fois, au cours du congrès ordinaire qui s’est ouvert mercredi 29 mars 2023 à Nouakchott, que les membres du Syndicat des Agriculteurs de Mauritanie (SAM) choisissent leurs instances dirigeantes, à travers l’élection d’un nouveau Secrétaire Général, d’un nouveau Conseil Général et d’un nouveau Comité Exécutif. Une commission de désignation présidée par Mohamed Ould Ahmed Deya a supervisé le scrutin qui s’est déroulé dans une atmosphère calme et sereine.

Le Secrétaire générale lors de sa prise de parole – Crédit Aïdara

Le 2ème congrès ordinaire du SAM a été marqué par la présentation du Rapport moral du Secrétaire général sortant, en présence de Marc Ninerola, représentant du Point Focal du BIT et Aboubekry Dieng, Coordinateur du Projet MAP 16 au BIT, Aïssata Bâ de Save The Children et Malal Diop, de la Caisse Nationale de Solidarité en Santé (CNASS), entre autres.

Lutte pour les droits

Le Secrétaire Général présente son rapport moral – Crédit Aïdara

Dans son rapport, le Secrétaire Général du Syndicat, Dawa Ould Moustahdi, a énuméré les activités menées par son organisation depuis la première réunion de Kaédi en fin juillet 2016. Il a rappelé les différents combats que le syndicat a mené pour préserver les intérêts de ses membres, citant l’affaire de l’homme d’affaires qui a voulu léser les paysans de Dar-El Barka dans la Moughataa de Boghé au Brakna, le problème de Daghveg dans la Moughataa de Barkéol en Assaba lorsqu’un administrateur tenta de clôturer une partie des terres agricoles des habitants et le problème similaire dont ont failli être les victimes les populations de Maghta-Lahjar au Brakna.

L’esclavage au cœur du combat

Des congressistes venus de toutes les Wilayas – Crédit Aïdara

Il surtout mis en exergue les appuis dont le syndicat a bénéficié auprès de certains partenaires, dont le BIT, notamment dans le domaine de la lutte contre l’esclavage, et l’apport important apporté dans ce cadre par SOS Esclaves et Save The Children.

Il a mentionné ainsi les ateliers de formation et de sensibilisation que le BIT a dispensée aux membres du syndicat, en février 2021 à Kaédi et à Kiffa, puis en avril 2021 à Kaédi, sur la résolution des conflits fonciers, l’enrôlement des enfants et la situation des femmes rurales.

L’art comme arme de libération

Ambiance détendue lors du Congrès – Crédit Aïdara

Le Secrétaire général a cité l’art comme vecteur de prise de conscience et de creuset culturel, mais surtout d’arme de lutte qui a été utilisée selon lui dans les années 80 pour éduquer les agriculteurs dans la lutte pour la conquête de leurs droits. En 2016, souligne-t-il en substance, deux ateliers ont été organisés dans ce cadre à Timbedra et à Koubenni, pour échanges d’expériences en partant de la lutte menée au niveau de l’Aftout, de Leegueylatt et des deux Hodhs.

Les femmes rurales au cœur des défis

Forte mobilisation des femmes rurales – Crédit Aïdara

Il a évoqué la visite effectuée par les partenaires du projet et le Ministère des Affaires Sociales pour des actions ciblant les femmes rurales issues d’anciennes classes serviles, notamment leur insertion et leur autonomisation économique. Des projets de développement ont été proposés, comme la filière couscous à Bousteila (Hodh Charghi), la clôture du barrage d’Atrid (Hodh Gharbi), la constitution de groupes de vigilance contre l’esclavage, entre le syndicat et SOS Esclaves, des formations sur la loi 031-2015 criminalisant l’esclavage, la prise en charge des survivants de cette pratique, l’identification des cas et leur libération.

Intenses campagnes d’adhésion

Les paysans fortement mobilisés – Crédit Aïdara

Selon le Secrétaire général, la campagne d’implantation menée en 2022 a permis de fortes adhésions dans plusieurs Wilayas, notamment au Gorgol, Brakna, Guidimagha, Assaba, le Tagant et les deux Hodhs. La campagne d’affiliation se poursuit selon lui dans la Wilaya du Trarza, en particulier à Tékane.

L’occasion a été saisie pour rendre hommage au premier Secrétaire Général du Syndicat, le défunt Mohamed Yenge Ould Sidi Ahmed, qui aurait effectué la première campagne d’adhésion à pied.

L’objectif du SAM est d’inclure, selon le Secrétaire général, tous les paysans du pays, de diversifier les adhérents afin qu’il puisse englober toutes les composantes, encourager la participation des jeunes et des femmes dans les instances de prise de décision.

L’état-civil, l’un des principaux problèmes

Une congressiste pose les problèmes des paysannes – Crédit Aïdara

A ce jour, dira le Secrétaire Général, le syndicat a permis l’enrôlement de 446 enfants qui ne disposaient pas de papiers d’état-civil et de 147 femmes qui n’en avaient pas à cause de leur pauvreté et de leur situation antérieure d’esclave.

Aujourd’hui, le Syndicat des Agriculteurs de Mauritanie, compte 19.650 adhérents issus de plusieurs régions du pays.

Via Campesina, ou la paysannerie mondiale

Le représentant de Via Via Campesina en vidéoconférence – Crédit Aïdara

Les congressistes ont suivi la brève allocution prononcée via vidéoconférence par Hatem El Oueni, au nom de Via Campesina (Voix du Paysan), l’organisation internationale de la paysannerie. Hatem Oueini a félicité les congressistes et rappelé le rôle important qu’ils jouent dans la vie socioéconomique du pays. Il a surtout rappelé les jours qu’il a passés en Mauritanie et sa satisfaction par rapport aux activités menées par le SAM au profit du monde rural dans le pays.

Les congressistes posent leurs problèmes

Un paysan énumère les défis du monde rural – Crédit Aïdara

Des échanges ont ponctué la journée. Plusieurs hommes et femmes se sont ainsi exprimés pour poser les problèmes auxquels ils sont confrontés. Les ennemis de l’agriculture, les maladies qui affectent les plantes, le manque d’eau, les animaux errants face à l’absence de clôture grillagée pour protéger les cultures, le manque d’outils modernes de travail, les problèmes fonciers, le non accès aux crédits, l’absence de papiers d’état-civil et la non scolarisation des enfants…Autant de défis qui ont été posés par les différents intervenants, Aïchetou Bâ du Gorgol, Fatimetou Samba de Foum Gleïta (Gorgol), Breïk Ould Daoud de Moït (Gorgol), Oumar Ousmane Dia de Boghé (Brakna), Mohamed Hafedh de Moudjéria (Tagant), Moustapha Ely de Kiffa (Assaba), Ghaber Ould Cheikhna de Jeïgui à Amourj (Hodh Charghi), Ezze Mint Breïk de Maghta-Lahja (Brakna)…

Elections de nouvelles instances

Amadou Dia de Boghé pose les problèmes des agriculteurs dans sa région – Crédit Aïdara

Le deuxième jour du congrès ordinaire du SAM a été marqué par les travaux en commissions et l’adoption des résolutions issues des discussions suivies de formulation d’un certain nombre de recommandations.

Après adoption en plénière des différentes résolutions, les congressistes ont élu leurs nouvelles instances avec la présence d’une seule femme au Bureau Exécutif. Le Secrétaire Général sortant, Dawa Ould Moustahdi a été reconduit dans ses fonctions.

Cheikh Aïdara

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