Conférence IRA : « à l’Assemblée, on dénonce les exactions contre les Palestiniens de Gaza, et on oublie nos Palestiniens de l’intérieur »

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17 octobre 2023

Conférence IRA : « à l’Assemblée, on dénonce les exactions contre les Palestiniens de Gaza, et on oublie nos Palestiniens de l’intérieur »

Lors d’une conférence de presse animée lundi 16 octobre 2023 à Nouakchott, le député et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, a dénoncé ce qui s’est passé au sein de l’Assemblée Nationale, lors de la motion de soutien au peuple palestinien de Gaza et l’embargo contre les voix dénonçant les exactions contre les « Palestiniens » de l’intérieur, tous ces déshérités mauritaniens, toutes communautés confondues, écrasées par une impitoyable machine de domination.

Le dernier rapport du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences, Tomoya Obokata, publié en juillet-août 2023, a été le point central de la conférence de presse animée le 16 octobre 2023, par Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA à Nouakchott. Ce rapport est revenu en force au cours de la dernière session du Conseil des droits de l’Homme à Genève, en début d’octobre courant.

Birame avait commencé d’abord sa conférence de presse par la dénonciation du silence des puissances occidentales et d’autres Etats du monde libre face aux crimes en cours à Gaza de la part d’Israël.

La Mauritanie épinglée sur le dossier de l’esclavage

La position du mouvement IRA sur la persistance de l’esclavage en Mauritanie a toujours été constante et véridique, a répété Birame, soulignant que son éradication est le combat de la vie du mouvement, malgré les dénégations des pouvoirs successifs en Mauritanie, l’impunité accordée aux esclavagistes et la complicité des segments conservateurs et religieux.

Il a évoqué l’acharnement sans précédent contre le mouvement IRA et ses militants qui a repris son degré de sauvagerie, surtout après la rupture du pacte d’apaisement conclu avec le président Ghazouani suite aux présidentielles de 2019. Ce revirement serait survenu, selon Birame, aux lendemains de sa rencontre en mai 2022 avec le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage et au cours de laquelle, il lui avait présenté des victimes d’esclavage qui ont raconté eux-mêmes la situation d’asservissement dans laquelle ils ont vécu.

Rupture en Ghazouani et IRA

Dans une note intitulée « Mauritanie : cet esclavage qu’on ne saurait voir », la rupture du dialogue entre IRA et le régime de Ghazouani serait le fait de l’aile dur, suprématiste et obscurantiste de son pouvoir. Ce dernier l’aurait convaincu de rompre toute relation avec IRA et son président.

Depuis, dénonce Birame, les manifestants de son mouvement sont réprimés dans le sang, son association est exclue des activités officielles et ses sympathisants sont traqués et surveillés aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger.

Il s’est ainsi réjoui des dernières conclusions de la 54ème session consacrée à la promotion et à la protection des droits de l’homme, tenue récemment à Genève. Cette session du Conseil des droits de l’Homme a, selon Birame, relevé sans ambigüité que l’esclavage persiste dans les communautés maures et africaines de Mauritanie.

« La teneur du texte onusien conforte notre lutte car il reconnaît explicitement l’existence de l’esclavage en Mauritanie » souligne Birame.

Des organes des droits de l’homme transformés en sinécures

L’autre point soulevé par le député et président de IRA, la stratégie de l’hypocrisie et du mensonge adopté par les régimes mauritaniens pour tromper la communauté internationale et la viduité des instances mises en places pour redorer le blason du pays dans les domaines de l’esclavage et des autres violations, alors qu’il s’agit en réalité, selon lui, de sinécures réservée aux descendants des familles nobiliaires et esclavagistes.  Et de citer la Commission nationale des droits de l’homme, le Commissariat aux droits de l’homme, le Mécanisme de lutte contre la torture, l’instance nationale contre la traite des personnes et le trafic des migrants…

Autant de paravents qui tombent selon Birame, entre « les mains de personnes connues pour leur acclimatation, biberonnées à l’emploi fictif, source de confort et d’immunité ». En contrepartie, chacune de ces personnes remplit sa part du faux, du dénigrement et du mensonge, précise-t-il en substance.

Birame se réjouit tout de même de la nature crue du dernier rapport présenté lors de la dernière session du Conseil des droits de l’Homme à Genève et en présence d’une délégation officielle mauritanienne, qui n’a pu cacher sa sidération

Il fut question aussi des procès sans suite contre les auteurs de crimes esclavagistes et qui bénéficient de la complicité d’un système judiciaire qui aux termes des jugements, « instruisent les forces de police et de sécurité, afin que les prévenus ne soient jamais arrêtés, ni même signalés ». Le mouvement IRA est même allé plus loin, déclarant que « les autorités poussent le cynisme jusqu’à créer des chambres spéciales en charge d’appliquer les lois en question… »

Haro sur le projet de loi protégeant les femmes

L’autre question soulevée, le projet de loi « Karama » contre les violences à l’égard des femmes et des filles. Pour le mouvement IRA, il s’agit d’un autre épisode de la dissimulation.  Il a rappelé le passage le 6 octobre 2023 à Nouakchott du groupe d’experts des Nations Unies dirigé par Mme Meskerm Geset Techane qui non sans courage, selon Birame, face aux insultes et menaces d’un groupe de pseudo-journalistes pro-gouvernement et d’inspiration daeshienne, a trouvé les mots justes sans surenchère ni complaisance.

Selon Birame, des parlementaires et érudits, souvent proches du pouvoir, montèrent au créneau pour dénoncer le projet de loi qu’ils jugent contraire à la loi islamique et la Constitution. Ce mouvement de refus sera transformé en manifestations de rue, pour intimider les associations des droits de l’homme favorables à un texte qui protège les femmes et les filles et qui a été déjà rejeté plus de deux fois par le parlement mauritanien.

Cheikh Aïdara

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