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Rapport entre Zakat, Santé reproductive et autonomisation des femmes, les érudits et imams se prononcent à Kiffa

Kiffa, Capitale de l’Assaba, a abrité le 5 juillet 2022 pour deux jours, un atelier d’échanges avec les imams sur la Zakat comme ressources pour renforcer l’accès à la santé de la reproduction (SR) et l’autonomisation des femmes et filles vulnérables. Rencontre organisée par le Ministère des Affaires Islamiques avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Le présidium avec les autorités et le staff de l’UNFPA – Crédit Aidara

Une trentaine d’imams de mosquées venus de six régions de la Mauritanie se sont réunis à Kiffa pour assister au lancement, le 5 juillet 2022, d’un atelier d’échanges sur la Zakat et son apport dans la santé reproductive et l’autonomisation des femmes. Plusieurs directeurs centraux et régionaux du Ministère des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel ont assisté aux travaux qui ont été ouverts par le Wali de l’Assaba, Mohamed Ould Ahmed Maouloud, accompagné du préfet de Kiffa et des chefs des corps constitués, en présence du staff de l’UNFPA.

Rôle des imams dans la sensibilisation sur la ZAKAT

Wali de l’Assaba – Crédit Aidara

Le Wali de l’Assaba, ouvrant les travaux de la rencontre, a mis l’accent sur l’importance de l’atelier qui porte sur l’apport de la Zakat dans la vie des femmes et des filles en milieu défavorisé, d’autant plus, selon lui, que cette source considérable de revenus constitue dans plusieurs pays musulmans un facteur non négligeable de développement et de solidarité. Il a mis l’accent sur la priorité que l’Etat mauritanien, notamment le président de la République, accorde aux franges défavorisées, en particulier les femmes et les jeunes filles. D’où le rôle attendu, d’après lui, des érudits et imams, en tant que leaders religieux, dans la prise de conscience collective par rapport à l’importance de la Zakat et de la place à accorder à la femme.

Conseiller du ministre des Affaires Islamiques – Crédit Aidara

Le Conseiller du Ministre des Affaires Islamiques chargé de la Coopération, Ahmed Ould Tah, avait quant à lui évoqué les droits et les obligations de la femme dans l’islam, notamment le rôle que la religion lui a assigné après le statut malfamé qui était le sien dans la période antéislamique (Jahilya). Il a comparé dans ce cadre la place de la femme du temps du Prophète (PSL), celui des Califes éclairés, puis durant la période de décadence au cours de laquelle la femme fut victime d’idéologies destructrices. Il a cité parmi les droits que l’Islam lui a conféré, le droit à la vie alors que sous la Jahilya, les filles étaient enterrées vivantes, le droit à la propriété et au commerce, le droit de succession et le droit à participer à la vie sociale et politique, entre autres.

Dr. Boutou de l’UNFPA – Crédit Aidara

Dr. Mohamed Kory Boutou, s’exprimant au nom du Représentant de l’UNFPA en Mauritanie, a rappelé les chiffres alarmants de la mortalité maternelle, 424 pour 100.000 naissances vivantes malgré des efforts par rapport au taux de 2013 (582), mais qui restent parmi les plus élevés en Afrique de l’ouest. Il a souligné que « l’accès aux services de la santé maternelle de qualité permet de réduire de plus de 30% le taux de mortalité maternelle ».

Selon Dr. Boutou, l’institutionnalisation de la Zakat permettra de libérer son potentiel de transformation en mettant à la disposition de la collectivité des ressources supplémentaires à son développement. Pour lui, c’est le lieu de déployer « un plaidoyer fort auprès des autorités en faveur de l’allocation de ressources de la ZAKAT afin d’introduire durablement une politique affirmée de financement de programmes d’autonomisation des femmes ». Il a rappelé dans ce cadre le rôle des imams et érudits dans le portage de ce plaidoyer pour briser le cercle vicieux de la pauvreté.

Zakat, SR et autonomisation des femmes

Sid’Ahmed Abidine – Crédit Aidara

Plusieurs communications ont été présentées au cours de l’atelier, comme celle sur la SR du Dr. Sid’Ahmed Abidine du Ministère des Affaires Islamiques, mais aussi celle relative à l’Intérêt lié à l’institutionnalisation de la Zakat au profit de la santé reproductive et l’autonomisation de la femme.. Thème développé par le consultant et modérateur de l’atelier, l’ancien ministre Isselmou Ould Abdel Kader.

Isselmou Ould Abdel Kader – Crédit Aidara

Il regrettera à ce propos l’absence de données suffisantes sur la ZAKAT en Mauritanie et la faiblesse de son apport dans l’économie sociale, évoquant le peu qui est distribué par des particuliers et autres acteurs indépendants. Il a suggéré à ce propos la création d’un organe central ou décentralisé chargé de la collecte et de la gestion des ressources de la Zakat dans une forme convenue, soit sous les auspices de l’Etat, à travers son intégration dans le Budget, ou de l’Association des Ulémas de Mauritanie ou d’un Bureau indépendant, avec définition des mécanismes de fonctionnement de cet organe et son mode de suivi-évaluation. Plusieurs aspects sont liés selon lui à la Zakat, l’aspect historique, l’aspect linguistique et l’aspect théologique (Fiqh). Il a cité également des expériences de pays musulmans où l’institution de la ZAKAT fonctionne comme au Pakistan, au Yémen et en Arabie Saoudite.

Plusieurs intervenants ont noté cependant la réticence des donneurs de ZAKAT par rapport à la gestion honnête, transparente et équitable de la ZAKAT, la crainte des détournements des fonds et l’assurance que ses ressources aillent vers les cibles légitimes (les pauvres et démunis). Beaucoup ont suggéré que cette institution soit placée sous la tutelle du Ministère des Affaires Islamiques et du Ministère des Finances, avec un comité comprenant les représentants des donneurs de ZAKAT, des magistrats et des imams connus pour leur probité.

Le DRS de l’Assaba – Crédit Aidara

Dr. Mohamed Ould Abdi, Directeur régional de la Santé (DRS) de l’Assaba a mis en exergue le coût élevé de la prise en charge de la santé reproductive, malgré l’existence du forfait obstétrical, et les besoins de financement supplémentaire, comme la ZAKAT peut en pourvoir, pour pallier les moyens insuffisants de l’Etat.

Brahim Vall Mohamed Lemine – Crédit Aidara

Brahim Vall Mohamed Lemine, Chargé de Programme à l’UNFPA, a souligné l’importance des imams et érudits dans l’amélioration de la santé reproductive, la réduction de la mortalité maternelle et l’autonomisation de la femme, à travers l’institution de la ZAKAT. Il trouve inadmissible qu’une femme puisse décéder en donnant la vie dans de nombreux cas où ces décès auraient pu être évités.

Pour Mohamed Lemine Mahfoudh de la FAO, la ZAKAT fait partie des ressources domestiques qu’il faut mobiliser car selon lui les importantes ressources qu’elle peut générer ne demandent qu’une bonne organisation. Selon lui, beaucoup de personnes refusent de donner la ZAKAT alors que c’est un pilier de l’Islam et une recommandation divine. Le rôle des imams et érudits est selon lui de rappeler aux croyants cette obligation et à l’Etat de mettre en place les organes chargés de ses aspects opérationnels. La FAO qui travaille dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage travaille selon lui sur d’autres aspects liés à la SR, soulignant que cet organisme a déjà mené une enquête dans le domaine de la ZAKAT dans les secteurs agropastoraux.

Mohamed Lemine Mahfoudh (FAO) – Crédit Aidara

Plusieurs responsables régionaux du Ministère des Affaires Islamiques se sont exprimés. Mohamed Sidi Mahmoud de l’Assaba a posé le problème de la transparence et de l’implication des donneurs de ZAKAT dans tout organe qui sera créé dans ce cadre, soulignant que la SR a d’autres sources de financement autres que la ZAKAT (Etat, partenaires).

Cheikh Ahmed Moustapha, imam de la mosquée Aghchorguit (Brakna) a mis en exergue l’importance de la ZAKAT dans l’économie islamique. Selon lui les deux principales sources de la ZAKAT sont l’élevage et les activités commerciales, soulignant que la SR est bien supportable par la ZAKAT car les bénéficiaires sont des femmes pauvres et démunies qui entrent dans les cibles de la ZAKAT tels que mentionnées par les sources religieuses.

L’imam de Aghchorguitt – Crédit Aidara

Pour l’imam Béchir Ould Ismaël, des liens étroits existent entre la ZAKAT, la SR et l’autonomisation des femmes, citant le Coran et les Hadiths. Pour lui, la collecte et la gestion de la ZAKAT doivent être du fait du Prince, donc de l’Etat. Avis partagé par plusieurs autres érudits du Guidimagha, des Hodhs et du Brakna notamment, tels que l’imam Cheikh Abderrahmane Aw et l’imam AbdallahI Cissé du Guidimagha, ou encore l’imam Cheikh Brahim Bousso. Il suggère la mise en place d’une Commission nationale chargée de la question de la ZAKAT et des commissions décentralisées au niveau des régions et des départements.

Vue partielle des participants – Crédit Aidara

A noter que le ministère des Affaires Islamiques était représenté par Cheikhna Cheikh Tourad, Directeur de la Programmation et de la Planification qui a assuré la co-modération de l’atelier.

Le deuxième jour, les participants devront se scinder en groupes pour répondre aux questions liées au thème, la ZAKAT, dans son apport à la SR et l’autonomisation des femmes. Les participants devront également se prononcer sur la forme de l’organe qui sera mis en place pour la gestion de la ZAKAT et ses mécanismes de fonctionnement. Un plan d’action sera dégagé à la fin des travaux.

Cheikh Aidara
KIFFA


Santé reproductive et autonomisation des femmes, plaidoyer auprès des parlementaires

La ville de Tiguint a abrité le 2 juillet 2022, l’ouverture d’un atelier d’échanges de deux jours pour la promotion de la santé reproductive et l’autonomisation des femmes. L’occasion pour les députés de l’Assemblée nationale et la société civile conviés à cette rencontre de préparer, sous la houlette d’un expert international, un plan de plaidoyer et de communication pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, la mobilisation des ressources et la redynamisation du réseau des parlementaires en population et développement.

Le présidium lors de l’ouverture de l’atelier – crédit Aidara

Un atelier de plaidoyer auprès des députés s’est ouvert samedi 2 juillet 2022 à Tiguint. Cette rencontre d’échanges pour la promotion de la santé reproductive et l’autonomisation des femmes, prévue pour deux jours, est organisée par l’Assemblée nationale et l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

M. Cheikh Fall lors de son discours, à sa droite El Khalil El Nahwi – Crédit Aidara

L’occasion d’un échange de discours entre Dr. Mohamed Lemine Mohamed El Hadj, Secrétaire général du Ministère de la Santé, Dr. Bâ Halimata, Secrétaire général du Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille (MASEF), du Représentant Résident de l’UNFPA en Mauritanie, M. Cheikh Fall et du président de l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive, Dr. Hama Abdelkader et sous la modération de l’érudit et député, El Khalil El Nahwi.

Le SG du Ministère de la Santé ouvrant les travaux – Crédit Aidara

Il ressort de ces discours que la Mauritanie a accompli des efforts considérables pour la réduction de la mortalité maternelle qui est passé de 582 à 424 décès pour 100.000 naissances vivantes, la réduction de la mortalité néonatale passée à 19 décès sur 1.000, avec un taux de prévalence contraceptive de 14%, un taux d’accouchement assisté par un personnel médical de 61%, mais des besoins non satisfaits en matière de planification familiale qui sont restés les mêmes, 32%.

Dr. Halima Bâ lors de son discours à côté du SG de la Santé – Crédit Aidara

Malgré ces progrès, la Mauritanie continue cependant d’afficher le plus lourd taux de mortalité maternelle en Afrique et dans la sous-région, selon M. Cheikh Fall qui a indiqué que ces indicateurs restent les moins performants dans le continent. Ce qui selon lui, rend encore plus incisif le rôle des parlementaires et de la société civile dont l’apport est essentiel pour un nouveau départ dans les engagements du pays. Selon M. Cheikh Fall, aucun pays ne peut se développer en laissant en rade la moitié de sa population, faisant allusion aux poids démographiques des femmes en Mauritanie qui représentent 52% de cette population totale.

Dr. Hama président de l’association santé reproductive – Crédit Aîdara

En effet, selon la plupart des intervenants, l’apport des femmes dans l’économie nationale reste encore marginal. Comme le dira plus tard, la député Marième Bâ, seuls 24% des femmes possèdent un compte bancaire et moins de 20% occupent des postes électifs ou des postes de responsabilité dans les rouages de l’Etat.

Vue partielle de la salle – Crédit Aidara

Cette situation dramatique de la femme mauritanienne tranche pourtant avec la place que le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, cité par Dr. Halima Bâ, accorde à cette frange dans son programme politique où elle occupe un axe entier, ni dans la politique générale du gouvernement que le Premier ministre a présenté devant les députés, selon elle.

Vue partielle avec les cadres du Ministère de la Santé et du MASEF – Crédit Aidara

Si le Secrétaire général du ministère de la Santé a déroulé le programme de son département pour relever les nombreux défis de santé publique en Mauritanie, le président de l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive a quant à lui posé le problème de la stérilité qui touche plus d’une famille en Mauritanie.

Plusieurs panels ont été animés durant la première journée, dont une sur la santé reproductive en Mauritanie, indicateurs, législation et politique, la réalité de la santé reproductive en Mauritanie et la participation de la société civile, Santé reproductive et autonomisation de la femme.

L’intervention du Dr. Mohamed Abdel Aziz, gynécologue, a été édifiant dans la mesure où dans son intervention il a insisté sur la nécessite d’une campagne de sensibilisation en direction des femmes pour les informer de la gratuité des soins liés à la grossesse et à l’accouchement à travers le forfait obstétrical généralisé. Il a fait comprendre que les trois sources de décès maternels étant connus, l’éclampsie, l’hémorragie et l’hypertension, seul le recours systématique des femmes aux structures de santé pourra faire baisser d’une manière drastique les décès maternels et néonataux.

Une communication a également porté sur l’intérêt de mettre en place un réseau de parlementaires spécialisé en population et développement. A ce titre, l’expert en plaidoyer, El Hadj Dioum, a déployé les étapes devant aboutir à l’élaboration d’un plan d’action dans ce cadre à partir de l’identification consensuelle des problèmes posés et des solutions envisagées.

Ces communications ont été suivies de débats enrichissants de la part des participants

Cheikh Aïdara
Tiguint


Emmanuela Del Re, Représentante Spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel : « Nous avons les instruments et l’argent pour le développement du Sahel »

En marge du Colloque international « Afrique-Europe Spécial Sahel » organisé à Nouakchott du 27 au 28 juin 2022 autour des thèmes relatifs au développement, à la gouvernance et aux droits humains pour la sécurité des populations, Mme Emmanuela Del Re, Représentante Spéciale de l’Union Européenne pour le Sahel nous a accordé l’entretien qui suit avec d’autres confrères.

Mme Emmanuela Del Re – Crédit Aidara

Question : sur la crise alimentaire mondiale et celle de l’énergie, qui touchent toutes les des deux profondément le Sahel, que peut faire l’Union européenne pour atténuer leurs impacts sur les populations ?

Réponse : La crise alimentaire va avoir un impact énorme sur la population en général et l’Union européenne en est consciente, mais nous avons tout fait pour atténuer ses effets dus à la guerre et au blocage des ports ukrainiens par la Russie

Sur la question énergétique, nous avons toujours pensé que le monde pourrait être stable et que rien n’allait changer, notamment en Europe où on pensait que les ressources énergétiques de la Russie étaient disponibles pour l’ensemble des pays de l’union. Maintenant, nous devons trouver des alternatives et au Sahel il y a déjà de grands problèmes énergétiques. Ce que l’on doit faire c’est de trouver des solutions immédiates et être conscient que l’on fait face à la crise née de la guerre. Mais nous allons continuer à investir dans l’énergie vert et les énergies renouvelables tout en continuant à voir si au Sahel il est possible d’apporter des solutions créatives, par exemple toutes ces questions liées à l’énergie solaire et éolienne parce qu’on doit trouver des solutions durables pour faire face à la crise. J’ai parlé hier avec le Ministre mauritanien de l’économie pour voir dans quelle mesure on peut impliquer le secteur privé, parallèlement à notre investissement. C’est une question sur laquelle le gouvernement mauritanien se penche beaucoup. Je pense que dans ce sens, la Mauritanie comme le reste de la région avait développé des stratégies dans le domaine de l’énergie. C’est le moment d’approfondir cette approche, ce qui devra définir notre futur.

La Mauritanie est un pays solide et un partenaire très important pour l’Union européenne, un partenaire que nous considérons comme un point de référence pour toute la région, surtout dans cette dynamique que l’on connait, notamment dans le domaine de la sécurité, de l’économie, du développement et de l’aide humanitaire. Toutes ces questions font partie de la stratégie intégrée de l’Union européenne au Sahel. Pour nous, c’est fondamental pour développer aussi notre partenariat en général et avec la région du Sahel en particulier.

La raison pour laquelle j’ai décidé d’organiser cette rencontre à Nouakchott, c’est parce que la Mauritanie peut jouer un rôle encore plus important dans les thèmes que nous allons aborder au cours de cette conférence, la gouvernance, la sécurité si nous savons que la Mauritanie a développé un modèle de sécurité très intéressant et très efficace, le développement en général, les droits humains. Je dois dire sur ce point, que l’audience avec le président Ghazouani m’a permis de constater que c’est un facteur qu’il considère comme essentiel dans les questions de développement.

Quand la député du Parlement européen Maria Arena, présidente de la Commission des droits de l’Homme de l’Union européenne m’a demandé qu’est-ce qu’on peut faire ensemble en Afrique, je lui ai répondu qu’on peut organiser une conférence et quand elle m’a demandé où, j’ai répondu à Nouakchott.

Question : dix ans d’aide intensive pour le Sahel, près d’1 milliard d’euros dépensés au Sahel et la situation n’a pas beaucoup changé, est-ce à dire que l’Europe n’a pas fait ce qu’il fallait ?

Réponse : 1 milliard ? C’est beaucoup plus. Le volume de notre intervention s’explique par le fait que nous avons une vision intégrée de la situation au Sahel. C’est pourquoi nous intervenons sur le plan humanitaire mais aussi dans le développement et la sécurité. Nous sommes partout pour répondre à toutes les nécessités de la région. Nous sommes un partenaire solide et très fiable. Souvent je dis à mes amis du Sahel, nous sommes le partenaire naturel de la région et nous sommes conscients que l’importance du Sahel va s’agrandir à l’avenir parce que nous sommes conscients, comme je le dis toujours, que le Sahel est cette grande frontière méridionale de l’Union européenne. Il n’y a jamais eu une attention si profonde que celle qu’accorde aujourd’hui l’Union européenne au Sahel. Nous sommes concentrés sur le Sahel et c’est un signe important parce qu’on est conscient que toutes les dynamiques qui se jouent dans cette région, politique, sécuritaire, social et économique, sont de notre intérêt aussi. Nous sommes interconnectés et interdépendants.

Question : vous estimez que cela a fonctionné ?

Réponse : je pense qu’il y a des problèmes et des changements très forts, des coups d’état et autres choses, mais je dois dire que ça marche. Comme vous le voyez ici en Mauritanie, notre partenariat est vraiment productif parce que nous avons obtenu la possibilité d’investir dans tous les domaines, mais d’avoir surtout une interlocution très positive sur le plan politique, les échanges et les concertations, une vision commune avec les autorités. Certainement, ce n’est pas suffisant, et nous devons faire encore plus, nous engager davantage surtout comme je dis toujours, impliquer encore plus les pays africains, surtout ceux du Sahel dans nos processus décisionnels. Nous devons nous asseoir ensemble et prendre des décisions communes.

Question : lorsque vous prenez la décision d’organiser un tel colloque en Afrique, ici à Nouakchott, est-ce que vous ne pointez pas d’une manière implicite la faiblesse des gouvernements africains à prendre les choses en main dans la crise actuelle ?

Réponse : il y a des faiblesses mais je dois dire qu’on doit aussi être réaliste. Il y a la volonté de changement, c’est pourquoi moi en tant que représentante spéciale pour le Sahel, nous avons la volonté d’avoir un dialogue étroit, discuter tous les détails, trouver des solutions efficaces. Il y a eu deux coups d’Etat dans la région, ce qui veut dire que le système n’est pas parfait justement, qu’il y a des faiblesses très évidentes. Mais nous travaillons chaque jour pour trouver des solutions durables et qui sont susceptibles de répondre à notre demande aussi parce que nous avons besoin d’avoir des interlocuteurs qui respectent leur ordre constitutionnel et qui disposent d’un système démocratique qui marche. Ce sont des choses très lourds mais vous pouvez être sûrs que nous travaillons chaque jour sur ça.

Vue partielle des participants du colloque – Crédit Aidara

Question : qu’est-ce qu’on peut attendre concrètement de ce colloque ?

Réponse : la chose que je voulais souligner c’est que ce n’est pas seulement la représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel qui est ici et son équipe, mais c’est aussi le Parlement européen et la diplomatie parlementaire. C’est quelque chose de vraiment important. J’ai réalisé par exemple qu’il y a 120 femmes parlementaires au Sahel. C’est une source énorme et nous devons travailler sur ça. C’est la vraie racine pour le futur et qui va renforcer encore davantage le partenariat. C’est pourquoi j’attends de ce colloque que l’on va continuer sur cette voie, parce qu’il n’y a pas beaucoup de solutions et nous en avons davantage besoin. Nous devons par exemple impliquer le parlement de chaque Etat de l’Union européenne mais aussi du parlement européen. Pour moi c’est la clé pour entrer dans une dynamique originale.

Question : la stratégie de financement de l’UE et ses mécanismes, comme l’aide au développement reviennent très souvent dans les débats car beaucoup d’observateurs les remettent en question car au finish il n’y a pas d’impact sur les populations, envisagez-vous sérieusement de revoir tout ce processus ?

Réponse : je suis optimiste par nature. Je dois dire que nous avons les instruments et beaucoup d’argent pour le développement du Sahel. Nous avons aussi les ressources humaines parce qu’il y a des milliers de personnes qui travaillent dans le domaine du développement. Ce qui manque à mon avis, c’est surtout la coordination, la possibilité de nous réunir et de tisser ensemble toutes ces choses. Je dois dire que si les institutions au niveau de l’Union européenne qui sont disposés pour financer les projets se déclarent capables, alors nous devons insister encore plus, certainement les questions de sécurité sont énormes et c’est le défi réel que nous devons prendre en considération, mais je pense que nous continuons vraiment à avancer. Il y a des signes positifs certainement, et peut-être ça ne suffit pas, tout n’est pas parfait, mais nous devons être honnêtes ; la situation est certainement grave dans toutes les régions, mais ensemble nous pouvons faire beaucoup de choses.

Propos recueillis par
Cheikh Aïdara
et confrères


Guidimagha, les élus emboitent le pas aux Walis pour être plus proches des populations

Le Réseau des maires pour la Promotion de la culture citoyenne, de la cohésion sociale et de la paix, prépare une activité de sensibilisation au Guidimagha le 1er juillet 2022 à l’hôtel « Wagadou » de Sélibaby.

En route vers Sélibaby – Crédit Aidara

Cette rencontre, présidée par le Maire du Ksar, s’inscrit en droite ligne dans les orientations du Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation qui tient à impliquer tous les acteurs de son département à développer des rapports de proximité avec les populations, à l’instar des Walis. La rencontre va réunir une vingtaine d’élus locaux représentant toutes les régions du pays.

Cette initiative des maires de Mauritanie constitue une réponse à la dynamique amorcée par le Premier Ministre qui avait mobilisé l’ensemble des Walis pour les inviter à être plus proches de leurs administrés.

Aujourd’hui c’est le tour des élus locaux, maillon étatique le plus proche des populations, d’emboiter le pas aux autorités administratives afin de rapprocher leurs services des citoyens et par ce geste réconcilier la Mauritanie avec elle-même.

Les populations du Guidimagha attendent avec impatience cet évènement qui sera couplé avec la distribution des kits au profit des ménages les plus vulnérables. Dans cette période de soudure et à l’approche de la fête de l’Aïd El Kebir, cette action tombe à point nommé.