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Détenus de R’Kiz, des accusations de tortures durant la garde-à-vue

Quelques 140 personnes ont été arrêtées suite aux violentes manifestations du mercredi 22 septembre 2021 qui ont secoué la ville de R’Kiz, localité située à environ 200 kilomètres au Sud de Nouakchott. Après plusieurs jours de tortures physiques, psychologiques et morales, selon quelques détenus libérées, 41 personnes ont été déférées au tribunal de Rosso.

Des manifestations lors du mercredi noir à R’Kiz

Les détenus de R’Kiz auraient été répartis dans plusieurs sites, notamment le lycée et la brigade de gendarmerie de la ville. Pendant quatre ou cinq jours, les prévenus, dont des femmes, des jeunes, et même des mineurs, on parle d’un enfant de 10 ans, auraient subi des tortures physiques, morales et psychologiques, selon le témoignage de plusieurs détenus libérés.

Parmi ces formes de tortures exercées par les gendarmes, certains détenus libérés parlent de coups, de gifles et d’insultes. Ils évoquent aussi qu’ils ont été maintenus dans une promiscuité sauvage, vingt personnes dans une cellule de 3 mètres carrés, des couloirs remplis jusqu’à 30 à 40 personnes malgré la pandémie Covid-19, l’absence de toilettes, d’eau, de nourriture. Les détenus n’avaient droit à aucune visite, empêchés de rencontrer leur famille, des avocats, des médecins, certains souffrant de maladies chroniques, d’autres à la suite de tortures, dont l’étirement de leur appareil génital.

Après ces jours de tortures, tous seront pourtant libérés, tandis que 41 personnes ont été déférées devant le tribunal régional de Rosso, où ils continueraient de subir les mêmes types de tortures.

Des organisations des droits de l’homme parlent de punition collective infligée aux habitants de R’Kiz, car les arrestations auraient été faites au pif, sans aucune enquête d’identification, pour cibler les vrais manifestants, auteurs du mercredi noir de R’Kiz.

Il faut dire que ce jour du mercredi 22 septembre, des centaines de personnes se sont attaquées aux locaux de la préfecture, au centre d’enrôlement, au domicile du maire, mais aussi au siège de la société d’eau et de l’électricité. Ils ont saccagé, brûlé, détruit et emporté du matériel, des documents, dans une violence sans précédent. Les habitants s’étaient soulevés contre les défaillances répétées des services d’eau et d’électricité, mais aussi des conditions de vie de plus en plus difficiles dues, selon eux, à la négligence de l’Etat.

Aujourd’hui, les associations des droits de l’homme et les partis politiques, dont le RFD, l’UFP, le parti RAG, le mouvement IRA et le mouvement Kavana, pour ne citer que ceux-là, ont tous condamné l’usage de la violence par les manifestants. Ils rappellent cependant aux autorités mauritaniennes qu’elles doivent rompre avec ces pratiques inhumaines et dégradantes contraires aux textes nationaux et aux conventions internationales ratifiées par la Mauritanie sur les droits de l’homme, en particulier les règles de la garde-à-vue, la présomption d’innocence et l’interdiction de la torture, surtout que la Mauritanie est partie dans la convention contre la torture et qu’elle dispose d’un Mécanisme nationale à cet effet. Ils ont surtout exigé qu’une enquête complète soit diligentée pour situer la responsabilité des services publics de R’Kiz dont les défaillances ont été à la source du soulèvement populaire. Le Wali du Trarza, dont relève le département de R’Kiz, a fait mention de cet aspect dans une déclaration largement partagée où il mentionne le rôle de l’administration publique et des élus dans les évènements de R’Kiz.

Certes, la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a dépêché une mission sur place pour s’enquérir du respect des procédures de la garde-à-vue et s’assurer que les droits des prévenus sont respectés. Le communiqué publié le 26 septembre 2021 sur son site, ne fait cependant aucune mention sur les conditions des détenus et s’est contenté de formules vagues et générales. L’absence du Mécanisme national de lutte contre la torture reste criante dans cette affaire.

De son côté, le député et président du mouvement abolitionniste IRA, Birame Dah Abeid, a insisté dans une série de vocaux sur WhatsApp sur le respect des droits des détenus conformément à la législation nationale et aux conventions internationales ratifiées par la Mauritanie. Il a souligné que le traitement de l’affaire de R’Kiz constitue le premier test du régime de Mohamed Cheikh Ghazouani. Il déplore d’ores et déjà ce qu’il appelle « la persistance des pratiques du passé, avec les mêmes méthodes que tout le monde pensait révolues ». Selon lui, certains segments des régimes passés encore dans le sérail de la haute administration publique (civile et militaire) restent réfractaires à tout changement et à toute adaptation au contexte d’apaisement prôné par le régime actuel, et qu’ils s’évertuent à perpétuer le climat de tension sociale qui a fait la lie des pouvoirs précédents.
Aux dernières nouvelles, le Parquet de Rosso aurait requis l’emprisonnement de dizaines de prévenus.

Cheikh Aidara


Education et Santé, la Mauritanie valide les données de son Business Case dans le cadre du Partenariat de Ouagadougou

Avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), à travers son partenaire d’exécution sur le dividende démographique et les questions connexes en Afrique, en l’occurrence le Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (CREG) basé à Thiès au Sénégal, la Mauritanie a validé, vendredi 24 septembre 2021, les données de son Business Case, ou le dossier d’investissement pour la mobilisation des fonds domestiques en faveur de la planification familiale.

Vue de la salle – Crédit Aidara

A l’instar de 4 autres pays du Partenariat de Ouagadougou (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée et Niger), la Mauritanie a officialisé les données collectées par les consultants nationaux dans le domaine de la santé et de l’éducation.

C’était au cours d’un atelier organisé vendredi 24 septembre 2021 à Nouakchott, en présence du Représentant Assistant de l’UNFPA en Mauritanie, M. Seynath Aïdara, des deux experts dépêchés par le CREG, Dr. Sam Agbahoungba, chef de mission et son collègue, Dr. Diénoum Malick Ndiaye, des deux consultants nationaux, MM. Sidi Mohamed Abdel Kader Jiddou et Mohamed Chouaib Fall, des points focaux des département de l’Education Nationale et de la Santé en charge des données et des programmes, ainsi que M. Bocar Mbaye, Chargé de Programme Santé de la Reproduction et Planification Familiale auprès du Bureau pays de l’UNFPA.

Cette opération entre dans le cadre des activités inscrites au programme de travail 2020 de l’UNFPA pour le compte du Partenariat de Ouagadougou, visant à produire et à élaborer pour chacun des 5 pays cités, le Business Case, ou dossier d’investissement pour la mobilisation des fonds domestiques en faveur de la planification familiale

Après les échanges de discours entre M. Seynath Aïdara, M. Sam Agbahounga et Dr. Sidi Mohamed Abdel Aziz, chef de service santé maternelle néonatale infantile et adolescent à la Direction de la Santé Mère et Enfant (Ministère de la Santé), les deux consultants ont présenté leurs communications sur les données qu’ils ont recueillis respectivement dans le domaine de l’enseignement et de la santé.

Education : débats autour des taux bruts et méthodes de calcul

Sidi Mohamed Jidou -Crédit Aidara

Après avoir étalé la méthodologie de sa démarche (origine des données), M. Sidi Mohamed Abdel Kader Jidou, Inspecteur de l’enseignement secondaire à la retraite, consultant, a présenté des tableaux détaillés sur les données couvrant la période 2011-2019, sur le préscolaire, l’enseignement fondamental, le secondaire, l’enseignement technique et professionnel, ainsi que l’enseignement supérieur.

Si aucun chiffre n’est disponible pour le préscolaire, le taux brut d’accès en première année du fondamental a peu évolué entre 2011 et 2019 (105, 3% – 99%), tout comme le taux de rétention en dernière année du fondamental (autour de 60%), avec absence de données pour plusieurs années. Les données dans la transition au secondaire, indiquent une évolution de 50, 2% en 2011 à 63,1% en 2019. Le taux brut de scolarisation dans le secondaire est de 22,9% en 2011 et 31, 42% en 2019. Le ratio élèves/enseignants dans ce cycle est passé de 33,1 en 2014 à 28,8 en 2019.

Pour les enfants non scolarisés, les effectifs disponibles pour 2011-2019, sont passés de 145.950 à 156.142, alors que pour les adolescents non scolarisés, les chiffres sont passés de 92.875 en 2012 à 110.176 en 2019, avec absence de données pour 2015.

L’étude montre qu’aussi bien dans le primaire, le secondaire et le supérieur, les effectifs dans le public sont plus importants que dans le privé.

Des informations assez disparates ont été aussi présentées sur l’effectif dans l’enseignement supérieur, le taux brut des diplômés notamment.

Vue partielle de la salle – Crédit Aidara

Les débats ont surtout tourné autour des sources des données, l’essentiel de celles présentées par le consultant étant tirées de l’UNESCO à partir de sources nationales. L’absence de données exhaustives dans l’éducation, ainsi que la nature peu cohérente et coordonnée de celles disponibles ont interpellé les participants, qui ont déploré le peu d’intérêt porté dans la fourniture régulière et de qualité des informations au sein des départements chargés du préscolaire, de l’enseignement primaire, secondaire, technique et professionnel, ainsi que dans l’enseignement supérieur.

Les débats ont également porté sur le choix des dénominateurs dans le calcul du taux brut, notamment pour les enfants non scolarisés et déscolarisés, ainsi que dans le calcul du taux brut de diplômés CITE 6 et 7, 1er cycle correspondant à la licence dans le supérieur.  

Autre problème soulevé, la volatilité et l’incohérence des données, ce qui donne des informations très disparates pour les mêmes indicateurs, entre celles fournies par exemple par l’ex-Office national des statistiques, celles issues du RGHP 2013 ou des enquêtes par grappes, comme le MICS ou l’EPCV.

En ce qui concerne les dépenses d’éducation, il a été retenu d’exploiter essentiellement le Rapport RESEN.

Santé, le syndrome du vide informationnel persiste

Mohamed Chouaib Fall – Crédit Aidara

Les données sur la santé ont été présentées par le consultant, M. Mohamed Chouaib Fall, statisticien, qui a démarré ses diapos par un tableau montrant le budget alloué à la Mauritanie par l’UNFPA entre 2015 et 2019 pour l’achat de produits contraceptifs, avec des montants qui ont évolué de 534.500 dollars U.S à 1.229.563 dollars U.S et un taux d’exécution qui est passé de 57,29% à 28,70% entre ces deux périodes.

Mais beaucoup d’informations ont manqué dans sa présentation, comme le salaire mensuel en MRU des différents agents de santé, allant des médecins spécialistes jusqu’au technicien de santé. Idem pour le tableau relatif à l’estimation du salaire du personnel de santé en charge des services de planification familiale.

Pour tous les produits de contraception, l’approvisionnement du pays était assuré par l’UNFPA jusqu’en 2019 et ils étaient fournis gratuitement aux bénéficiaires. Un débat s’est ouvert sur ce point, certains intervenants, praticiens de santé pour la plupart, ont indiqué que la gratuité de la contraception, n’exclut pas des coûts sous-jacents, telle que la rémunération des prestataires, l’achat d’intrants par les bénéficiaires comme la bétadine, par exemple, et les coûts de transport jusqu’au point final des produits, l’eau, l’électricité, etc.

Vide est également la partie relative au coût de gestion du programme ou management de la mise en œuvre de la planification famille, dont les cases correspondant au coût de formation des prestataires et celui lié à la supervision n’ont pas été renseignées.

Par contre des informations assez fournies ont été données sur le nombre de nouvelles et anciennes utilisatrices de la planification familiale, ainsi que le taux de prévalence contraceptive région par région. Pareil pour les données relatives à l’estimation du type de personnel de santé et de son temps de travail, ainsi que sur les données relatives aux infrastructures et équipements des salles dédiées à la planification familiale.

Sidi Mohamed Abdel Aziz dans les débats – Crédit Aidara

Le portefeuille des projets et programmes appuyées par les partenaires techniques et financiers sur ressources extérieurs en 2019 indique que seul l’UNFPA est intervenu durant cette période dans le domaine de la planification familiale en Mauritanie. Il avait octroyé une enveloppe de 1.229.563 dollars U.S pour une année avec un taux de décaissement de 43,4%.

Il faut préciser enfin, que pour ce qui est des données non renseignées en matière de santé, il s’agit principalement des données d’investissements en planification familiale, l’analyse devant incorporer les autres coûts connexes.

Tout en précisant qu’il faudrait clairement mentionner les sources, les participants dans leurs recommandations ont jugé pertinentes les données collectées par les consultants nationaux.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGES

Dr. Moussa Dioum Dembo, Projet SWEDD Mauritanie

« Cet atelier de validation vient à point nommé parce que jusqu’à présent, en ce qui concerne les coûts et les financements des programmes de santé, notamment, la planification familiale, il s’agit de programmes vierges, c’est pourquoi nous n’avons pas encore assez d’informations. Aussi, il est utile chaque fois d’organiser ce type d’études qui permet aux praticiens, aux techniciens et même aux décideurs de savoir combien leur coûteront les programmes qu’ils vont mettre en place. Je pense que l’UNFPA et le Partenariat de Ouagadougou ainsi que la Fondation Bill Gates ont répondu de manière satisfaisante à cette demande exprimée par la Mauritanie. »

Alioune Diop, président de la Coalition ENEM

« Nous venons de participer à l’atelier de validation des données sur un Business Case de la Mauritanie avec deux volets, l’un sur l’éducation et l’autre sur la santé. Nous avons vu l’ampleur de la problématique liée à la faiblesse des indicateurs. De l’autre côté aussi, les données méritent d’être renforcées. Certains acteurs et certaines rubriques, si l’on prend par exemple les produits contraceptifs, il y a tous les aspects liés au transport, au stockage qui font défaut. Globalement, il y a des améliorations à faire par rapport à ces données. On sait que c’est difficile en Mauritanie de disposer des données, mais il faut des données de qualité pour prendre des décisions qui vont aider dans la planification aussi bien dans le secteur de l’éducation que dans celui de la santé. »


Concours Eloquence 2021, à la rencontre des jeunes de Sebkha et de Tevragh-Zeina

Après le lancement du concours Eloquence 2021, le samedi 11 septembre courant, au siège de Traversées Mauritanides, sis à la Cité Plage de Nouakchott, au détour d’un cocktail qui a réuni plusieurs artistes, animateurs et organisateurs, place à la tournée dans les trois Wilayas de Nouakchott. Dimanche 19 et lundi 20 septembre 2021 ont été consacrés à la rencontre avec les jeunes de Sebkha et de Tevragh-Zeina.

Pour permettre une participation plus nombreuse des jeunes au Concours Eloquence, organisé depuis 2019 par l’Association Traversées Mauritanides, avec l’appui de l’UNICEF, les organisateurs ont décidé pour cette 3ème édition, d’aller à la rencontre des jeunes aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays. Objectif, expliquer l’importance de ce concours d’émulation et de détection de talents dans l’art oratoire, permettre aux jeunes de toutes les composantes nationales de se connaître et de se côtoyer, en leur offrant cette extraordinaire plateforme de rencontres qu’est le Concours Eloquence. Il s’est agi aussi d’expliquer aux potentiels candidats les règles et les modalités de participation.

C’est dans ce cadre qu’une rencontre a réuni dimanche 19 septembre 2021 à la Maison des Jeunes de Sebkha, les organisateurs du concours Eloquence et les jeunes de la Moughataa. Au cours des échanges, des explications amples et exhaustives ont été fournies et des réponses adéquates ont été apportées aux nombreuses questions des participants. Une vingtaine de jeunes avaient assisté à la rencontre, parmi eux des étudiants, des slameurs et des artistes. Des éclaircis leur ont été apporté sur le déroulé du concours, sur le thème retenu pour cette édition, « Covid-19, quelle vie après ? », sur la date butoir fixée pour le dépôt des candidatures, le 5 octobre 2021, sur la tranche d’âge concernée, celle des moins de 30 ans, sur le format des écrits, des audios et des vidéos à envoyer, sur l’adresse mail pour l’envoi des participations ainsi que sur les numéros de téléphone à contacter pour des compléments d’informations, etc.

C’est cette masse d’informations qui a été apportée aux jeunes de Sebkha, dont certains ont montré leur réelle intention à postuler à cette aventure littéraire et oratoire, pour tester leur degré de performance dans ce domaine et se faire former.

Il faut préciser que ce concours se déroule en plusieurs étapes. La sélection des dossiers de candidatures va permettre de trier un premier lot d’une trentaine de candidats les mieux notés qui vont passer devant un jury. Seule une dizaine sera retenue pour une phase de coaching et d’encadrement d’une quinzaine de jours assuré par des artistes et des comédiens. Enfin, six parmi eux iront à l’assaut de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale pour la compétition finale. Deux lauréats, un en Français et un en Arabe, seront déclarés vainqueurs par un jury composé de personnalités. Des prix symboliques qui peuvent comprendre des lots d’ordinateurs, de téléphones, d’appareils photos, d’ouvrages et de dictionnaires, seront décernés aux lauréats.

Dimanche 20 septembre, ce fut au tour des jeunes de Tevragh-Zeina de se retrouver au Complexe Olympique de Nouakchott pour le même scénario de briefing que celui tenu à Sebkha.

La rencontre s’est déroulée en présence de la Déléguée régionale du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Mme Vatimetou Kandji et l’Inspecteur de la Jeunesse de Tevragh-Zeina.

Prochaine étape, Teyarett puis les autres Moughataas de Nouakchott, avant le grand saut vers les régions de l’Est.

Cheikh Aïdara


Election à l’Association francophone des commissions des droits de l’homme, Ould Bouhoubeïny perd devant l’ivoirienne Meite Namizata

Maître Mohamed Salem Bouhoubeïny, Président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) de Mauritanie a perdu par 3 voix contre 8, l’élection qui l’opposait lundi 20 septembre 2021 face à son adversaire, l’Ivoirienne Meite Namizata Sangaré, pour la présidence de l’Association francophone des commissions des droits de l’Homme (AFCDH), l’un des réseaux institutionnels de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Me Ould Bouhoubeiny

Mme Meite Namizata Sangaré, présidente de la CNDH de Côte d’Ivoire, a finalement remporté par 8 voix contre 3, l’élection à la tête de l’AFCDH, face au candidat mauritanien, Me Mohamed Salem Bouhoubeïny. Le vote qui s’est déroulé lundi 20 septembre 2021 en mode virtuel, Covd-19 oblige, s’est déroulé en présence de 34 commissions de droits de l’homme dans l’espace francophone, mais seuls 11 jouissant du Statut A conformes aux principes de Paris, ont voté. La candidate ivoirienne a bénéficié entre autres des voix de la France, du Sénégal et du Bénin.

La nouvelle présidente remplace à ce poste le Nigérien Khalid Ikhiri dont le mandat s’est achevé initialement en septembre 2020, mais il a été prolongé d’une année en raison de la pandémie de Covid-19.

Mohamed Salem Bouhoubeïny se contentera ainsi, durant les 3 années d’exercice de Mme Meite Namizata du poste de vice-président, à côté de ses collègues du Togo et de la République Démocratique du Congo.

Me Mohamed Salem Bouhoubeïny, juriste et ancien Bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Mauritanie, préside aux destinées de la CNDH depuis février 2019. Il s’est illustré dans la défense de plusieurs grands dossiers en Mauritanie, dont l’affaire du sénateur Ould Ghadde ou encore de l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou. Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni s’est surtout fait connaître dans la région comme membre actif de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme. Il a été désigné par l’organisation mondiale contre la torture (OMCT) pour suivre les recommandations de la conférence de Tampere en 2001 sur l’exploitation des enfants en Afrique du Nord.

Ancien président du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), il avait annoncé sa candidature pour la présidentielle de 2014 avant de désister. Frondeur et opposant invétéré, sa nomination à la tête de la CNDH avait suscité beaucoup d’espoirs pour les organisations des droits humains, dont certains semblent lui reprocher aujourd’hui sa gestion timide des dossiers liés à l’esclavage et au passif humanitaire.

Une certaine opinion lui prête cependant le mérite d’avoir apporté du sang neuf dans la conduite de la CNDH, ce qui lui aurait permis, grâce aux actions menées depuis 2019, de retrouver le Statut A des principes de Paris, que la Mauritanie avait perdu il y a quelques années.

Mme Meite Namizata Sangaré, nouvelle président de l’AFCDH

Quant à son adversaire du jour, l’Ivoirienne Meite Namizata, elle est forte d’une longue expérience en matière de droits de l’homme. Elle a développé une expertise dans ce domaine au sein de la société civile depuis près de 25 ans. Présidente-fondatrice de l’Organisation des Femmes Actives de Côte d’Ivoire de 2006 à 2013, elle a mené dans toute la Côte d’Ivoire, à travers ses sections, plusieurs actions au bénéfice des populations et principalement les femmes.

Elle assure depuis le 4 Avril 2019, les fonctions de Présidente du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH). Du 24 mai 2016 au 31 décembre 2018, elle a présidé aux destinées de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI), aujourd’hui Conseil National des Droits de l’Homme suite à une réforme institutionnelle. Elle a participé en 2004 au Programme international de formation en droits de la personne au collège John Abbott à Sainte Anne de Bellevue, au Québec au Canada ainsi qu’en 2015, à la formation sur la protection des droits de l’Homme du Cycle International Spécialisé d’Administration publique (CISAP) à l’ENA de Paris.

Cheikh Aïdara