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AfricaTivistes CitizenLab Mauritanie, une autre manière d’investir le champ politique et civique par le numérique

« AfricaTivistes CitizenLab Mauritanie » est le nouveau hub d’innovation et de production de contenus numériques que de jeunes Mauritaniens ont lancé le 20 février 2023 à Nouakchott en présence d’acteurs de la société civile, de la presse et de représentants institutionnels.

De Dr. à G; Cyriac, Nabil Hajjar, Ahmed Taleb – Crédit Aidara

A l’instar de plusieurs pays de la région, la jeunesse active en Mauritanie a lancé lundi 20 février 2023 à Nouakchott, « AfricaTivistes CitizenLab Mauritanie », un espace citoyen dont l’ambition est d’appuyer, d’accompagner et d’outiller les acteurs de la société civile, à travers des formations, des développements d’outils numériques et d’accompagnement à l’innovation et à la création.

Il faut dire que le projet « AfricaTivistes Mauritanie » est composé d’une équipe dynamique, avec une coordination, une équipe technique et une équipe de communication, le tout porté par 17 jeunes connus pour leur engagement et leur activisme.

Ouverture officielle

Le lancement de ce nouvel espace virtuel d’expression et d’action s’est déroulé sous forme de séminaire qui a eu pour thème « le numérique au service de l’engagement et de la participation citoyenne en Mauritanie ». C’était en présence du vice-président d’AfricaTivistes basé à Dakar, Cyriac Gbogou, du président des Syndicats des journalistes mauritaniens, Ahmed Taleb Ould Maaloum, du consul honoraire des Pays-Bas, Nabil Hajjar, et de plusieurs acteurs de la société civile et des médias.

Vue des participants – Crédit Aidara

La Mauritanie doit se mettre au numérique

Ouvrant les travaux du séminaire, Cyriac Gbogou a reconnu que « beaucoup d’efforts ont été relevés au niveau de la pratique démocratique avec la participation de la société civile ». Il a également souligné que « le temps est venu de joindre le numérique à ces acquis ». Selon lui, la Mauritanie doit tirer profit de la révolution digitale et qu’AfricaTivistes y apportera sa contribution.

Pour Cyriac Gbogou, cette plateforme numérique est « une force de proposition de solutions innovantes, mais aussi une force de contribution à travers la capitalisation, la coconstruction et la collaboration pour une meilleure implication et une participation effective des différents acteurs ».

Citant l’ancien président Mokhtar Ould Daddah qui disait que « la Mauritanie de demain sera ce qu’en fera sa jeunesse », il a déclaré que le rêve de « AfricaTivistes CitizenLab Mauritanie » est de créer une fabrique citoyenne, à la demande de sa jeunesse et de sa société civile.

Pour sa part, Nabil Hajjar a salué cette initiative avant d’inviter les jeunes à s’investir dans la construction d’une vraie citoyenneté au service du pays et de sa population.

Deux panels de discussion et une table-ronde ont ponctué la journée, qui a été clôturée par une déclaration dite « Déclaration de Nouakchott pour l’engagement citoyen ».

Panels de discussion

Le premier panel a porté sur le thème « de la démocratie numérique : quel rôle pour les médias », animé par Khally Diallo, journaliste et activiste, Dahaba Diagana, acteur de la société civile. Il a été suivi par une vidéo de présentation du CitizenLab Mauritanie dans les langues locales.

Le deuxième panel a porté sur « l’accès à l’information : où en est la Mauritanie ». Les panélistes ont planché sur le cadre juridique, rappelant les lois en vigueur dans le domaine du numérique et de la société de l’information.

Une table-ronde sous le thème « partage d’expériences : les défis de l’engagement citoyen en Afrique » est venue clore la journée, suivi par la lecture de la déclaration dite de Nouakchott.

Par ailleurs, il faut souligner que le taux de pénétration d’Internet reste faible en Mauritanie, 37,5%, alors que 64,5% de la population est non connectée. Les statistiques parlent de 1,73 million d’internautes en Mauritanie et 1 million d’utilisateurs de réseaux sociaux, soit 20,7% de la population.

Cheikh Aïdara


Décès de la Première Dame de Mauritanie : l’exceptionnel combat de Marième Daddah

La Première Dame de Mauritanie, Marième Daddah, née Marie-Thérèse Gadroy, est décédée le 12 février 2023 dans un hôpital militaire à Nouadhibou, près de vingt-ans après la disparition de son mari, Me Mokhtar Ould Daddah, premier chef d’Etat de la Mauritanie (1960-1978), disparu le 14 octobre 2003 à Paris.

De G. à Dr. Marième Daddah, Mokhtar Ould Daddah, Bios Diallo – Crédit Bios Diallo (avec son autorisation)

Sa disparition n’est nullement passée inaperçue, dans un pays où l’actualité battante et chaude était toute tournée vers le procès historique de l’ancien président Mohamed Abdel Aziz et de son régime. Elle l’a surclassée, le temps d’un deuil que chaque Mauritanien, les anciens notamment, a porté pendant plusieurs jours.

L’écrivain et homme de lettres, Bios Diallo, lui a consacré un hommage émouvant, rappelant sa rencontre avec celle que les Mauritaniens appelaient affectueusement « Madame la Présidente ». Cela s’était passé à Nice, en France, en février 1999 alors qu’il travaillait pour Jeune Afrique Economie.

Une rencontre, dit-il en substance, où ils avaient évoqué ensemble, « avec des mots emprunts d’humanisme Sélibaby (où le président s’était rendu) et Nouakchott où des homonymes portent leurs noms ».

Dr. Maïmouna Mint Mokhtar, une des nombreuses filleules de la Première Dame, raconte dans un long témoignage en arabe comment elle a pu reprendre l’école au Collège des jeunes filles à Nouakchott, après qu’elle en fut retirée par sa mère et sa grand-mère de Boutilimit, ville natale du président Mokhtar. « Comment veux-tu encourager les filles à poursuivre leurs études si tes propres parents s’y opposent ! » avait-elle lancé à son mari.

Ce fut un long combat, dira Dr. Maïmouna Mint Mokhtar, entre son père qui voulait qu’elle reprenne ses cours et ses mères qui trouvaient incongrues qu’une jeune fille soit délaissée seule à Nouakchott. Finalement, son père l’amena à la présidence, qui était en fait, une petite maison sans étage où elle occupa la place réservée aux hôtes de passage.

Elle évoque une femme déterminée à accompagner son mari dans l’édification et la construction d’un pays dont la capitale venait juste de naître entre deux dunes de sable. Les crèches qu’elle a ouvertes, l’usine de tapisserie qu’elle avait aidé à installer, ses cours en civisme qu’elle animait pour construire des hommes de demain amoureux de leur patrie, ses animations radiophoniques, sa supervision sur les films qui devaient être projetés dans les salles de cinéma, pour qu’aucune séquence nuisible ne puisse être passée. Une dame qui a servi la Mauritanie, accompagné la promotion et le combat des femmes, jusqu’à la chute dramatique de Mokhtar Ould Daddah, une soirée du 10 juillet 1978, quand des militaires le renversèrent et embarquèrent vers la prison de Oualata, alors qu’elle assistait à un séminaire à Dakar.

Jeune Afrique, sous la plume de l’écrivain MBareck Ould Beyrouk, lui a consacré une page en rappelant sa première arrivée à Nouakchott, accompagnant son mari qui venait de se lancer dans un grand défi, bâtir un Etat où tout manquait, et où plus de 90% de la population était nomade. Une nouvelle République dont la capitale venait juste de sortir du sable.

La prière funéraire organisée à la mosquée Ibn Abass de Nouakchott sur sa dépouille fut le lieu d’une large communion. Des dizaines de Mauritaniens ont tenu à lui rendre un dernier hommage avant que son corps ne soit conduit à Boutilimit pour y être mis sous terre à côté de son mari.

Mais le récit de sa vie restera une longue épopée qui sera certainement gardée jalousement dans la mémoire collective des Mauritaniens. Les dernières séquences furent marquées par l’exil de son mari en France, après un bref passage en Tunisie. Là, où Mokhtar Ould Daddah créa en 1980 l’Alliance pour une Mauritanie Démocratique (AMD), avant d’être autorisé en 2001 à retourner au pays et de se retirer de la vie politique.

Après son décès, Marième crée la Fondation Mokhtar Ould Daddah pour entretenir la mémoire de son mari. Le couple Daddah a eu trois enfants, Mohamedenne, Ezzedine et Faïza.

Cheikh Aïdara


Les Emirats Arabes Unies en pointe dans le domaine de la transition énergétique

En matière d’offre énergétique, les Émirats arabes unis se trouvent en pôle position. C’est ainsi que dans le domaine crucial des énergies renouvelables, il  joue un rôle clé dans l’élargissement du portefeuille du pays avec des investissements dans les énergies propres dans plus de 40 pays, dont plusieurs pays en développement en Afrique et en Asie et dans des États insulaires vulnérables.

Les Emirats arabes unis, ont récemment annoncé la feuille de route pour le leadership en matière d’hydrogène, un plan national complet visant à soutenir les industries nationales à faible émission de carbone, à contribuer à l’objectif de zéro émission nette du pays et à faire de ce dernier un exportateur d’hydrogène compétitif.

Les Emirats arabes unis ont également annoncé l’initiative stratégique « UAE Net Zero by 2050 », une initiative nationale visant à atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050, faisant des Emirats la première nation du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) à y parvenir. Conformément à cette initiative, aux objectifs de dé-carbonisation de l’OMI 2030 et aux objectifs de développement durable 2030, le ministère vise à améliorer la qualité de vie dans le pays.

En effet, les Émirats arabes unis diversifient leur propre mix énergétique.
– Ils sont les premiers à déployer l’énergie nucléaire pacifique.
-Ils ont établi trois des centrales solaires les plus grandes et les moins chères au monde et ont établi de nouveaux records pour l’énergie solaire et éolienne la plus compétitive aux coûts aux Émirats arabes unis et dans le monde.
– C’est le premier pays de la région à déployer une technologie de capture du carbone à l’échelle industrielle.
– C’est un pionnier et un moteur de l’énergie hydrogène.
– Le pays investit activement pour réduire l’impact carbone des hydrocarbures.

Leadership international :
– À ce jour, les Émirats arabes unis ont investi 50 milliards de dollars dans les énergies renouvelables dans 70 pays et se sont engagés à investir plus de 50 milliards de dollars dans des projets d’énergie propre au pays et à l’étranger au cours de la prochaine décennie.
– Depuis 2009, les Émirats arabes unis accueillent le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables.
– Les Émirats arabes unis et les États-Unis ont lancé en novembre 2022 le Partenariat pour accélérer la transition vers une énergie propre (PACE), un nouveau cadre d’énergie propre destiné à catalyser 100 milliards de dollars en financement, investissement et autres soutiens pour déployer 100 GW d’énergie propre d’ici 2035, en particulier dans les pays en développement.

En juillet 2022 le président émirati Mohammed ben Zayed a effectué en France sa première visite d’Etat depuis qu’il a officiellement pris les rênes du pays en mai. Les accords signés entre les deux pays visent à sécuriser l’approvisionnement énergétique de la France, à court et long terme.


Vers la fin de l’impunité des forces de l’ordre en Mauritanie ?

Le meurtre présumé de l’activiste Souvi Ould Cheine a mis la rue mauritanienne en colère. Car ce n’est pas la première fois que des meurtres dans les commissariats de police ou dans les prisons en Mauritanie sont commis par le fait d’agents publics.

Les forces de l’ordre quadrillent le commissariat de Dar-Naïm 2 – Crédit Aidara

Le Commissariat de Dar-Naïm 2 détiendrait un triste record dans ce cadre. Certains affirment qu’il en est à son troisième meurtre de citoyens. Mais jusque-là l’impunité est de mise.

En janvier 2017, c’est un policier qui se serait donné la mort au commissariat de Toujounine 1 à Nouakchott. Une version rocambolesque a été servie à l’opinion et aucune enquête publique n’a été ouverte dans ce cas.

Le 21 juin 2005, Mamadou Saliou Diallo, ressortissant guinéen âgé de 58 ans, est décédé aux urgences de l’hôpital Cheikh Zayed de Nouakchott où des policiers l’y avaient déposé sur une civière. Il a été arrêté devant son domicile suite à une altercation avec un collecteur d’ordures, puis conduit au commissariat de Dar-Naïm 2. Le Procureur s’empressa de délivrer une réquisition avec la mention « mort par suicide » bien qu’aucun des 8 médecins qui avaient examiné le corps ne s’est prononcé sur les circonstances de cette mort suspecte.

Le Secrétariat international de l’Organisation mondiale contre la torture avait demandé aux autorités mauritaniennes de diligenter une enquête impartiale sur cette mort, sans aucune suite.

Le 11 juin 2018, Mohamed Ould Brahim, ouvrier de 38 ans, est décédé après son arrestation par la Brigade antidrogue. Alors que sa famille et les organisations des droits de l’homme soutenaient la thèse d’une mort sous la torture, la police déclare qu’il est « mort par crise cardiaque ».

En 2012, le détenu Hassen Ould Brahim est mort à la prison de Dar-Naïm. Sa famille estime qu’il a été tué sous la torture et a déposé plainte. Un procès a eu lieu et les gardes incriminés ont été écroués. Fait exceptionnel.

Et la liste est longue…

La particularité de tous ces morts dans les commissariats de police est l’impunité des auteurs. La thèse que les magistrats du parquet s’empressent de soutenir, c’est « mort par crise cardiaque » ou bien « mort par suicide ». Jamais, des policiers n’ont été traduits en justice pour leurs crimes, comme si la Direction Générale de la Sûreté Nationale s’est jurée de protéger ses « assassins en uniforme » comme une manière de soigner son image.

Pourtant, tout le monde dans cette immense République Islamique, s’accorde à reconnaître que la justice doit s’appliquer à tous, sans distinction. Mais à la place, nous patinons dans une justice sélective et à géométrie variable.

Les policiers véreux semblent avoir de bons jours devant eux, sauf si le cas de Souvi Ould Cheine constitue un nouveau départ vers la levée de l’impunité des agents des forces publiques.

Cheikh Aïdara