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6ème réunion du CRP SWEDD à Nouakchott, un élargissement à 13 pays et au-delà du Sahel

De 6 pays à son lancement en 2015 sur financement de la Banque Mondiale, le projet SWEDD dans sa deuxième phase (2020-2024) s’étend à 13 pays, débordant de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique Centrale. Un dynamisme, signe de performance dans l’autonomisation des femmes et le dividende démographique, que les ministre membres du Comité Régional de Pilotage (CRP) ont salué à l’issue de la 6ème réunion qui s’est tenue jeudi 24 mars 2022 à Nouakchott.

Table officielle (le Premier Ministre au milieu en costume beige) – Crédit Aidara

La Mauritanie a accueilli jeudi 24 mars 2022, la 6ème réunion en présentielle du Comité Régional de Pilotage (CRP) du projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD). En 2021, la 5ème réunion tenue à Nouakchott, et au cours de laquelle la présidence du CRP est passée de la Côte d’Ivoire à la Mauritanie, en la personne du Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, M. Kane Ousmane Mamoudou, s’était déroulée virtuellement.

Cette 6ème réunion est intervenue dans un contexte d’élargissement et de mise à l’échelle du projet SWEDD en tant que modèle de développement et de réduction des inégalités de genre.

A rappeler que la Mauritanie a été parmi les premiers pays SWEDD à valider son dossier pour le passage à la Phase 2 du projet. L’évènement a été célébré le 7 juin 2021 à Kaédi, en présence de la Première Dame, Dr. Marième Fadel Dah.

A Nouakchott, les ministres tablent sur les avancées et les défis

Les ministres des pays membres du SWEDD (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) et les pays candidats à l’adhésion (Congo, Gambie, Sénégal, Togo), les partenaires techniques et financiers, ainsi que les organisations régionales sont entrés en conclave après l’ouverture officielle.

Les ministres des pays SWEDD en conclave – Crédit Aidara

L’objectif était d’entériner le bilan 2021 du projet, valider les principaux axes de la planification 2022, dégager les perspectives de renforcement des partenariats pour l’extension du projet et positionner les thématiques d’autonomisation des femmes, notamment le maintien des filles à l’école.

Les dossiers de cette 6ème réunion ont été préparés au cours d’une rencontre de deux jours, les 21 et 22 mars 2022 à Nouakchott, par les Coordonnateurs du projet SWEDD et les chargés de suivi-évaluation, en présence des partenaires techniques et financiers.

Des résultats encourageants en 2021  

Parmi les éléments de bilan tirés par les ministres du SWEDD lors de leur conclave à Nouakchott, des avancées considérables en 2021, en particulier la mise en œuvre du projet sur le plan de la gouvernance, malgré les contraintes liées à la pandémie Covid-19.

Les participants des différents pays – Crédit Aidara

Satisfecit aussi dans la mise en œuvre des stratégies de communication pour le changement social de comportement qui ont permis de toucher plus de 463 millions de personnes, ainsi que les actions de mobilisation sociale menées dans les 9 pays membres.

Les membres du CRP et leurs partenaires ont aussi salué les interventions communautaires pour l’autonomisation des femmes et leur mise à l’échelle, ce qui a permis de créer 585 nouveaux espaces sûrs communautaires et scolaires, portant le nombre total d’espaces sûrs créés jusque-là à 3664.

Le nombre de clubs de maris et de futurs maris a connu aussi un accroissement substantiel, leur nombre ayant passé de 1428 en 2020, à 1608 en 2021.

La disponibilité des produits et du personnel qualifié a été assurée, avec des améliorations et un renforcement des offres de service de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale. Ainsi, la rupture des stocks en produits contraceptifs a été éliminée dans 97% des structures de santé.

Le projet SWED a aussi soutenu 48 réseaux de leaders en milieu communautaire et traditionnel, mais aussi chez les jeunes et les communicateurs. Il a aussi permis la mise en place de 6 observatoires nationaux du dividende démographique, dont certains ont commencé à générer d’importantes données touchant les thématiques du projet, comme l’autonomisation des femmes et la numérisation des travaux domestiques (le travail de la femme au foyer).

Vue partielle du public – Crédit Aidara

Ainsi, la 6ème réunion du CRP SWEDD à Nouakchott visait à offrir une plateforme d’échanges entre les pays membres et les partenaires, réaffirmer la valeur ajoutée des interventions transfrontalières pour la lutte contre la vulnérabilité des femmes et des filles. Elle tenait aussi à évaluer le positionnement des thématiques d’autonomisation des femmes, échanger sur les perspectives d’extension du projet à de nouveaux pays et les opportunités d’échanges avec les organisations régionales, telles que l’Union Africaine, la Commission Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC).  

La Phase 2 du projet SWEDD, avec un financement additionnel de 376 millions de dollars U.S pour la période 2020-2024, a connu des adhésions de taille. En 2015, la Phase 1 du projet, doté d’un financement de 304 millions de dollars regroupait 6 pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), avant de s’élargir au Bénin. La deuxième phase connaîtra l’adhésion du Cameroun et de la Guinée en 2020, portant le nombre de pays membres de 6 à 9. Aujourd’hui, quatre pays sont dans un processus d’adhésion. Il s’agit du Congo, de la Gambie, du Sénégal et du Togo, ce qui portera à 13 le nombre des pays membres du projet SWEDD.

Au début, l’ouverture officielle et l’échange de discours

L’ouverture officielle de la 6ème réunion du CRP SWEDD dans un Palais des Congrès archi-comble a été rehaussée par la présence du Premier Ministre, M. Mohamed Ould Bilal Messaoud, en présence de quelques membres du gouvernement et les représentants des autres Etats membres, dont plusieurs ministres. Etaient également présents les partenaires techniques et financiers, la Banque Mondiale, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), l’Agence Française de Développement (AFD) et les organisations régionales (Union Africaine, CEDEAO et CEEAC).

Ouvrant les travaux de la réunion, M. Kane Ousmane Mamoudou, ministre des Affaires Economiques et président en exercice du CRP, avait déclaré que « le projet SWEDD a démontré, à travers une approche multisectorielle et une dimension régionale, qu’il s’érige en un bel exemple d’intégration régionale ». Selon lui, « la Mauritanie, en tant que pays assurant la présidence du CRP SWEDD, mettra tout en œuvre pour soutenir toute initiative visant à renforcer et à élargir le partenariat, mais aussi la collaboration interétatique et transfrontalière au profit de l’autonomisation des femmes et de la jeune fille, pilier central de la capture du dividende démographique et du développement durable ».

Auparavant, le Directeur général de l’OOAS, Pr. Stanley Okolo, avait mis en exergue les progrès réalisés et leur impact sur le dividende démographique dans les pays SWEDD, avec des exemples de réussite probants. Il a dit la disponibilité de son institution à accompagner les Etats membres de cet ensemble régional, notamment dans l’amélioration du contrôle qualité des médicaments et l’appui aux centres d’excellence mentorat.

Quant à Mme Kapinga Yvette NGandu, Commisssaire à la CEEAC, elle a exprimé l’intérêt grandissant des pays d’Afrique Central à l’égard du projet SWEDD en ce que ses objectifs recoupent leurs préoccupations, par exemple en matière d’autonomisation des femmes, de maintien des filles à l’école et de lutte contre des pratiques néfastes comme le mariage des enfants. Elle a évoqué dans ce cadre le Plan stratégique de la CEEAC (2021-2027) sur la politique genre et la promotion des femmes. Elle a relevé les défis auxquels font face les pays de la région, comme les violences basées sur le genre, les pesanteurs socioculturelles et l’impact du Covid-19, autant d’éléments, selon elle, qui milite en faveur d’une adhésion au projet SWEDD. A noter que trois pays d’Afrique Centrale sont déjà membre de cet ensemble régional, Tchad, Cameroun et Congo.

Mme Marième Cissé de la Commission de l’Union Africaine a pour sa part rappelé les dispositions de l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui place selon elle la femme au cœur de ses politiques, mais aussi le Protocole de Maputo sur la femme et l’Initiative Saleema sur l’accélération de l’élimination des mutilations génitales féminines (MGF).  « En Afrique, 15 millions de filles sont confrontées aux trois risques majeurs, la grossesse précoce, le mariage précoce et l’abandon scolaire » a-t-elle déclaré. Elle a mis l’accent sur l’amélioration de l’accès aux services de santé sexuelle reproductive et l’accélération de la mise en œuvre des dernières recommandations de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD) de Nairobi.

La Directrice Régionale de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO), Mme Argentina Matavel, dont l’institution est l’un des principaux partenaires techniques du SWEDD, à travers son Secrétariat Technique Régional (STR), s’est réjoui de l’extension du projet à d’autres pays au cours de sa deuxième phase, ce qui confirme selon elle, le succès de ces approches de développement. Le chemin est encore long, reconnaît-elle en substance, mettant l’accent sur le renforcement du pouvoir économique des femmes et des filles pour lutter contre leur situation de vulnérabilité. Elle a enfin relevé la convergence des objectifs visés par l’UNFPA et le projet SWEDD, à travers notamment les Trois Zéros Transformateurs, à savoir zéro décès maternel évitable, zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale et zéro violence basée sur le genre.

De son côté, Mme Bouzeima de la Banque Mondiale a rappelé qu’en 2100, l’Afrique comptera 4 Milliards d’habitants, tirant la sonnette d’alarme sur le taux d’accroissement spectaculaire de la population et son impact sur la pauvreté et la vulnérabilité, notamment celle des femmes et des adolescentes. Ce constat doit selon elle conduire à un accroissement des investissements dans le capital humain, notamment le développement du potentiel des jeunes filles, évoquant au passage l’impact des changements démographiques sur l’environnement climatique.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGES

Mme Argentina Matavel Piccin, Directrice Régionale de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre

« Au moment où on a eu l’expansion de 6 pays à 9, et encore plus récemment, d’autres pays ont rejoint le SWEDD, le constat est que ces pays ont vu des progrès intéressants réalisés dans cet ensemble en termes d’accélération dans l’autonomisation de la femme et de la jeune fille. C’est le désir de tous les pays de l’Afrique, parce que les objectifs visés se trouvent dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, d’où cet engouement de plus en plus nombreux de pays qui cherchent à rejoindre le SWEDD. La plupart des pays prennent des prêts, même auprès de la Banque Mondiale, pour pouvoir implémenter ce projet. Cela montre l’importance qu’ils accordent à la promotion et à l’autonomisation de la femme et de la jeune fille. Sans un intérêt pour cette frange qui constitue la moitié de la population, notamment la jeune fille qui représente la génération de demain, nul développement n’est possible. Il faut impérativement scolariser la jeune fille, reculer l’âge du premier mariage et lui éviter toute grossesse précoce. . »

Mme Kapinga Yvette Ngandu, Commissaire Chargée de la Promotion du Genre, Développement Humain et Social à la CEEAC

« Nous avons 11 Etats membres de la CEEAC et l’idée de ma participation à cette réunion de Nouakchott est de consolider le travail qui est déjà accompli dans notre région géographique, notamment dans le domaine de l’autonomisation et la réduction de la vulnérabilité économique de la femme. Nous avons déjà au niveau de la CEEAC une politique Genre qui porte déjà sur ce principe. Il faut dire que de façon timide, nos Etats membres ont évolué vers la mise en œuvre de cet engagement qu’ils ont pris eux-mêmes en 2019. Nous sommes heureux néanmoins de constater qu’il y a 3 Etats membres du CEEAC qui ont déjà adhéré au SWEDD (Tchad, Cameroun et Congo) et qui se trouvent de fait doublement engagés à faire avancer les aspirations qui sont contenues dans ce programme ».

Mme Bouzeima, Banque Mondiale

« L’adhésion au SWEDD découle d’abord de la volonté des pays de participer à ce projet. Le processus repose donc sur l’appropriation des priorités qui étaient déjà portées dans le SWEDD 1. Nous n’avons pas réellement de cible et tout vient des discussions que nous avons avec les pays. Dans le cadre de l’IDA 20, la problématique sur le genre est une priorité et le projet SWEDD est un projet ancré dans la région de l’Afrique de l’Ouest. Les pays peuvent exprimer leur volonté de participer. L’un des succès de ce projet est qu’il y a beaucoup plus d’intérêt au-delà de l’Afrique de l’Ouest. Nous sommes en train de monter un projet similaire sur l’Afrique de l’Est. La question est de se demander quelle est la priorité pour ces pays, vu qu’il y a un processus de discussion et des ressources disponibles. A priori, tous les pays sont éligibles et c’est un réel plaisir de travailler avec tous les pays qui le souhaitent ».


Dialogue culturel et lutte contre le radicalisme, Traversées Mauritanides lance sa campagne de sensibilisation

En partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, l’association Traversées Mauritanides a lancé les prémisses d’une campagne de sensibilisation et de débat à travers des échanges culturels contre le radicalisme. Un première table-ronde a été animée samedi 26 mars 2022 à la Maison de Quartier de la Cité Plage de Nouakchott, en présence d’éminentes personnalités et une assistance jeune.

G. à Dr. Imam Cheikh, Bios Diallo, Pr. Sow Samba – Crédit Aidara

La Maison de Quartier de Nouakchott a accueilli samedi 26 mars 2022, une table-ronde sur le thème « Echanges culturels sur la radicalisation ». La rencontre a été animée par le Pr. Sow Samba, professeur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université Al Asriya de Nouakchott, M. Imam Cheikh Ould Ely, journaliste consultant, ancien de l’UNICEF, ancien Secrétaire général du Ministère de l’Education Nationale et ancien Directeur général de la Télévision de Mauritanie. Parmi également les conférenciers, M. Bios Diallo, journaliste écrivain, président de l’association Traversées Mauritanides et Cheikh Nouh, poète et écrivain.

Ouvrant les débats, Bios Diallo a déclaré que cette rencontre intellectuelle et de réflexion est la première d’une longue série visant à faire de la Maison de Quartier de la Cité Plage un espace d’échanges et de débats à travers des séances périodiques où d’anciens étudiants des universités étrangères pourront faire revivre leur langue d’apprentissage, russe, espagnol, anglais, etc.

Il a ajouté qu’en collaboration avec l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie, son association lance une campagne de sensibilisation autour des questions relatives à l’unité nationale, la cohésion sociale et la lutte contre le radicalisme, par la culture du vivre ensemble et des bonnes valeurs, dont les bénéficiaires sont sans nul doute les générations futures.

Ouvrant la réflexion, M. Imam Cheikh s’est dit réconforté de voir que les jeunes, dont l’échantillon présent à la table-ronde était assez représentatif de la diversité culturelle du pays, ne sont pas dans ce clivage qui alimente les dissensions constatées à travers les réseaux sociaux.  Il s’est tout aussi réconforté de constater qu’une telle rencontre se tient dans un quartier, la Cité Plage, caractérisé par un fort brassage. Il a formulé le souhait de voir dans quelques années les rapports humains supplanter les rapports ethnocentristes et que le Mauritanien puisse considérer l’autre, non pas sous le prisme culturel ou ethnique, mais en tant qu’être humain.

M. Imam Cheikh a ajouté que le changement individuel doit commencer dans les familles, à travers une sorte de constitution familiale où les stéréotypes seront bannis du langage des adultes, de sorte que les enfants puissent grandir loin des terminologies chargées qui alimentent le mauvais vivre ensemble. Exemple du petit arabe maure qui grandit avec une idée préconçue sur les Kwars ou ces préjugés cultivés chez les petits négro-africains sur le Thiapato ou Naar.

C’est un long combat, reconnaît-il, qui commence inéluctablement selon lui par l’ancrage dans les esprits, d’une manière individuelle et collective, que tous les Mauritaniens sans distinguo ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Vue partielle de l’audience – Crédit Aidara

Pour Cheikh Ould Nouh, le sujet est important et touche en profondeur l’avenir du pays. Selon lui, les Mauritaniens ont toujours vécu en symbiose et que le pays n’a jamais connu par le passé des clivages d’une ampleur comparable à celle que nous vivons aujourd’hui. Cheikh Nouh croit que les Mauritaniens sont capables de dépasser ces dissensions, soulignant que ce qui se passe est le fait de jeu politique et de manœuvres de ceux qui cherchent à nous tirer vers le bas. Enfin, il a conclu ces propos en citant Nelson Mandela qui disait « quand tu parles avec quelqu’un dans la langue qu’il comprend, il t’ouvre son esprit et quand tu lui parles dans sa langue maternelle, il t’ouvre son cœur ».

Quant au Pr. Sow Samba, l’un des plus grands spécialistes mauritaniens des faits sociaux, notamment les questions liées à l’unité nationale, la cohésion sociale, le dialogue culturel et la lutte contre le radicalisme, il a déclaré qu’on lui avait demandé un jour « quelle est la ville mauritanienne qui symbolise l’hospitalité mauritanienne ? », il a dû se rabattre sur le Pr. Abdel Wedoud Ould Cheikh, qui lui a indiqua Boutilimit, une ville cosmopolite où se brassent toutes les cultures, avant d’enchaîner par une autre anecdote qui confirme les propos précédents. Selon lui, il y a des Mauritaniens qui ne veulent pas que les Mauritaniens se parlent et que la radicalité se délite là où se renforcent les convergences culturelles. Pour lui, ce n’est pas l’Islam qui soude la société mauritanienne comme on le galvaude partout, mais c’est plutôt le partage de valeurs communes immuables.

Selon Pr. Sow Samba, c’est aux jeunes de détecter les signes précurseurs du radicalisme dans leur entourage, pour aider à la prise en charge des radicalisés avant qu’ils n’en arrivent aux armes. Il a souligné que toutes les approches testées jusque-là pour combattre le radicalisme ont donné des résultats mitigés, que cela soit l’approche sécuritaire, l’approche religieuse ou l’approche économique. Selon lui, aucune de ces approches ne saura aboutir si le combat n’est pas mené contre la mal gouvernance et le déficit dans l’offre culturelle. Et de donner l’exemple des jeunes diplômés qui se retrouvent sans perspective et sous pressions sociales, proies faciles pour les recruteurs des forces du mal.

Il a fustigé d’autre part l’émergence de la médiocratie qui a pris le pas sur la méritocratie, à travers tout un système de népotisme, citant Thierno Souleymane Baal décédé en 1775 et qui disait que le mérite doit reposer sur la connaissance, la droiture et l’honnêteté.

Parmi les interventions, celles qui ont soutenu que le radicalisme tire l’une de ses racines d’une mauvaise éducation et d’un mauvais environnement, d’autres qui soutiennent que nous créons nos propres radicaux par la généralisation de l’injustice, la légalisation de l’impunité, l’ancrage des privilèges de naissance, le cloisonnement communautaire et le repli identitaire, mais aussi l’exaspération des sentiments d’exclusion et de marginalisation.

M. Ismaïla Kane de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, trouve que nous vivons ensemble en communauté mais nous ne vivons pas en relation, chaque entité vivant en vase clos, dans des quartiers compartimentés par ethnie ou par ensemble régional.

Pour le réalisateur Baba Mine, le rôle du cinéma et de la culture doit être valorisé comme arme de conscientisation des masses contre le radicalisme et pour l’ancrage des valeurs du vivre ensemble. Il a évoqué cette peur de plus en plus grandissante de se mélanger sous peine de se faire phagocyter et de perdre sa propre identité.

Enfin, la table-ronde s’est achevée par des esquisses de solution qui passent, selon certains points de vue, par un consensus entre décideurs, intellectuels et politiques, autour des questions inhibitrices de l’unité nationale et par le biais de concessions de part et d’autres pour une refondation des valeurs clés de la cohésion sociale entre toutes les composantes de la population mauritanienne.

Avaient assisté à la rencontre, outre un public à majorité jeune, composé d’étudiants et d’élèves du secondaire, des acteurs connus comme Fatou Kiné Diaw, ambassadrice de la paix, Kadia Thiam, actrice culturelle, Abdel Vetah, éditeur et ancien chargé de communication à la présidence de la République, entre autres participants.

Cheikh Aïdara


« Challenge Ibtikar Prize », les lauréats du concours en innovation numérique sont connus

Les noms des lauréats du « Challenge Ibtikar Prize », un concours dans l’innovation numérique et le digital mis en place par le Ministère de la Transition Numérique, ont été dévoilés au cours d’une conférence de presse, animée vendredi 25 mars 2022 par une des Chargées de mission du ministère et la Directrice de l’Innovation, en présence du jury, du staff du département et un parterre de journalistes.

Ouverture de la conférence de presse – Crédit Aidara

« Lancé en décembre 2021 sous le Haut patronage du Président de la République, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani, le concours « Challenge Ibtikar Prize » vise à détecter les talents mauritaniens et de la diaspora dans le domaine du numérique et du digital ». C’est par ces mots que Mme Matehane Bacar, chargée de mission au Ministère de la Transition Numérique, de l’Innovation et de la Modernisation de l’Administration, a ouvert la cérémonie au cours de laquelle les jurys des trois catégories en compétition ont annoncé les noms des lauréats. Clôturé le 27 février 2022, le concours a permis de départager les 193 projets qui ont été soumis à leurs appréciations. Au finish, onze projets ont été retenus dans la catégorie, innovation technologique, Startup innovante et transformation digitale.

Mmes Marième Kane (Directrice innovation) et Matehane Bacar (Chargée de mission) – Crédit Aidara

La directrice de l’Innovation, Mme Marième Kane, a par la suite introduit les membres des différents jurys, experts et professionnels du numérique vivant en Mauritanie et à l’étranger. Elle a précisé que l’appel à projet lancé par son département a été ouvert à tous les Mauritaniens, résidents et membres de la diaspora, en vue d’identifier et de primer les experts dans le domaine du numérique, développeurs, designers, startupers et innovateurs.

Innovation technologique

Avec 102 projets postulants, le jury de cette catégorie, Innovation technologique, a finalement identifié les cinq meilleurs projets avant de désigner les trois lauréats après entretien, avec un ex aequo pour la 3ème place. Cette catégorie cible les projets innovants sur les technologies disruptives et les porteurs de projets ayant conçu des solutions avec un prototype fonctionnel utilisant une technologie avancée et répondant à un marché à fort potentiel.

Mme Matehan Bacar et une partie du jury – Crédit Aidara

Dans cette catégorie, les trois lauréats sont : BetaClic, Doctorim et deux ex aequo pour la 3ème place, GTI-SMP et Neotic Marketplace.

Startup et PME

Dans la deuxième catégorie, Startup ou PME innovante, 48 projets d’entreprise numérique ont été soumis et seuls trois ont été primés. Cette catégorie s’adresse aux startup innovantes ou aux entreprises digitales à fort impact ayant entre 3 et 10 ans d’expérience.

Par ordre de mérite, les entreprises lauréates sont : Yata Medical, KCG et Business Telecom.

Solution de transformation digitale

Il s’agissait dans cette catégorie d’identifier des équipes de développeurs informatiques en mesure d’implémenter des solutions répondant aux besoins du secteur public conformément à des termes de référence (TDR) publiés par leurs soins.

L’un des membres du jury se prononçant sur l’une des catégories – Crédit Aidara

Les projets sélectionnés, sur un total de 48 soumissions, sont ainsi ceux qui ont le plus répondu aux critères et aux besoins des différents départements demandeurs.

Il s’agissait pour le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA), de trouver un système de gestion informatique des boutiques TEMWIN, un système dans le domaine de la gestion du parc automobile et un pour les stocks.

Trois développeurs ont remporté les différents marchés. Il s’agit de Niang Mamadou pour la gestion des engrais, Mohamed Lemine Athié pour le système de gestion des stocks et Mohamed Abdallahi Vall pour la gestion du parc automobile.

Par visioconférence, le jury international – Crédit Aidara

Pour le système de gestion des subventions de gasoil pour la pêche artisanale selon les TDR du Ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime, cette offre a été remportée par Abdel Kader Mohamed Salem.

Les prix seront décernés aux différents lauréats après le mois de Ramadan.

Déroulé du Challenge Ibitikar Prize

Pour garantir la transparence du concours, le ministère de la Transition Numérique a mis en place trois jurys chargés de l’évaluation des différentes candidatures. Leurs missions, vérifier les critères d’éligibilité, évaluer les projets selon la grille d’évaluation et sélectionner les meilleurs projets. Ces jurys sont composés d’enseignants, experts dans le numérique, représentants d’entreprises technologiques, opérateurs télécom, incubateurs, organisations publiques et internationales.

Certains membres du jury étaient présents lors de la conférence de presse, dans les locaux du ministère de la Transition, et les autres, vivant à l’étranger (Tunisie et France), étaient présents par visioconférence.

Pour la catégorie 1 et 2, les entreprises candidates doivent être composées de 3 à 5 personnes âgées de plus de 18 ans, résidentes en Mauritanie ou issues de la diaspora.

Photo de famille du jury présent à la conférence – Crédit Aidara

Pour la catégorie 3, les entreprises doivent avoir entre 3 et 10 ans d’existence et commercialiser des solutions digitales sur le marché mauritanien ou à l’international.

Les critères d’évaluation reposent sur la qualité des livrables fournis dans le dossier de candidature.

Le calendrier de l’évaluation des projets et de la sélection des lauréats s’est étalé du 1er au 25 mars 2022, entre la phase d’évaluation des candidatures jusqu’à la présélection des meilleures, puis l’entretien avec les candidats, l’évaluation et la sélection finale, et enfin, l’annonce des lauréats.

Dans un premier temps, les différents jurys ont sélectionné les 5 meilleures candidatures ayant obtenu les meilleures notes, puis dans une deuxième phase, l’entretien avec les candidats dans la 1ère et la 2ème catégorie pour désigner les trois meilleurs.

Pour la catégorie 3, le jury a sélectionné une à trois meilleures candidatures ayant obtenu au moins la moyenne pour chaque appel à projet.

Le Challenge Ibtikar Prize est doté d’un montant de 500.000 MRU (5 millions anciennes ouguiyas) par projet.

Cheikh Aïdara


6ème réunion des ministres des pays membres du SWEDD à Nouakchott, les Coordonnateurs et les représentants suivi-évaluation déblayent le terrain

En deux jours d’intenses sessions et d’échanges à Nouakchott, les 21 et 22 mars 2022, les Coordonnateurs des pays membres du Projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) et leurs partenaires techniques et financiers, ont préparé les documents de base devant servir à la 6ème réunion des ministres membres du Comité Régional de Pilotage (CRP) du projet SWEDD, dont la présidence est assurée par M. Ousmane Mamoudou Kane, ministre mauritanien des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs (MAEPSP).

Le Ministre des Affaires Economiques (à gauche) ouvrant les travaux de l’atelier – Crédti Aidara

Les rideaux sont tombés mardi 22 mars 2022 sur les travaux des Coordonnateurs des unités de gestion et les responsables suivi-évaluation du projet SWEDD qui regroupe 10 pays, alors que quatre nouveaux candidats frappent à sa porte, Congo, Togo, Gambie et Sénégal.

Le Secrétaire général (au centre) à la clôture des travaux – Crédit Aidara

La cérémonie de clôture a été présidée par le Secrétaire général du Ministère des Affaires Economiques (MAEPSP), M. Mohamed El Moustapha Ould Abdi Ould Jiyid qui a souligné la nécessité de renforcer la collaboration entre les pays au niveau des activités transfrontalières pour un meilleur ciblage des populations. « La rencontre a permis de préparer les documents clés qui seront soumis au Comité Régional de Pilotage, instance de gouvernance du projet SWEDD pour lui permettre d’adopter le bilan des activités 2021 et d’indiquer les orientations stratégiques devant guider la conduite du plan d’action 2022 » a-t-il déclaré

Des innovations pour booster les indicateurs

Faisant l’économie de la rencontre dans une synthèse de l’atelier, Pr. Babacar Fall, consultant, a mis en exergue la performance du projet SWEDD, visible selon lui, à travers les résultats réalisés lors de la première phase d’exécution (2015-2019) et qui sont en train d’être confirmés dans la deuxième phase (2019-2023), notamment un bilan financier et un plan de travail annuel 2022 satisfaisant et prometteur, ainsi qu’un partenariat renforcé avec l’UNFPA et l’OOAS. Il a surtout noté les innovations, saluées par les participants, réalisées au Mali et au Niger à travers les systèmes numérisés de collectes et de suivi-évaluation des indicateurs, mais surtout le passage à l’échelle du projet à travers les demandes d’adhésion exprimées par plusieurs pays, dont quatre déjà en phase d’être intégrés comme le Congo, la Gambie, le Sénégal et le Togo.

Vue de la salle – Crédit Aidara

M. Babacar Fall a relevé la pertinence des approches visant à améliorer le partenariat interfrontalier et l’analyse du système de suivi-évaluation dans les différents pays, mais aussi l’importance à accélérer le passage à l’échelle de la Phase 2 du projet.

Représentant UNFPA-Crédit Aidara

Le Représentant de l’UNFPA en Mauritanie, SEM. Cheikh Fall a qualifié la rencontre des Coordonnateurs de stratégique pour l’initiative SWEDD, car elle a permis selon lui de faire la revue des programmes et de partager les résultats atteints ainsi que les défis rencontrés. « J’ai pu percevoir à travers vos différentes interventions et échanges sur les innovations, les modèles d’impact, les bilans pays et l’identification des contraintes et des leçons apprises » a-t-il déclaré.

Représentante OOAS-Crédit Aidara

La représentante de l’OOAS, Mme Oluwafunmike, s’est félicité de la richesse de l’atelier et du niveau des échanges, insistant sur la nécessité d’accélérer le passage à l’échelle du projet, tout en souhaitant une bonne présentation des résultats lors de la réunion ministérielle du 24 mars prochain. Elle a souligné l’engagement de son institution à mettre en œuvre les recommandations qui lui sont adressées.

M. Djibrila Karamoko, s’exprimant au nom de la Banque Mondiale a dit apprécier le travail des Coordonnateurs et des responsables suivi-évaluation au cours des deux jours de l’atelier. « Nous devons nous assurer que nous sommes sur la bonne voie » a-t-il déclaré, avant de féliciter les nouveaux pays candidats pour l’adhésion au projet SWEDD, ce qui ne fera selon lui qu’accélérer la capture du dividende démographique et booster la lutte contre la pauvreté, l’objectif prioritaire de son institution.

Où en sommes-nous ?

Quelques pays représentés lors du présent atelier de Nouakchott ont fait le point par rapport à leurs avancées, notamment les pays candidats qui se sont exprimés sur leur état de préparation pour rejoindre le SWEDD, élaboration de notes conceptuelles, analyse diagnostic, mise en place de groupes de travail et de comités techniques intersectoriels, etc. Le Niger, le Congo, le Togo, la Gambie et le Sénégal, sont passés pour exposer leur propre parcours et expérience.

Des organisations partenaires ont aussi exposé sur leur bilan, les leçons apprises et les contraintes, à l’image de l’OOAS, l’Union Africaine et le Secrétariat Technique Régional de l’UNFPA qui a exposé son bilan 2021 et perspectives, notamment en termes d’assistances techniques aux pays dans le domaine de la planification, de la mise en œuvre des composantes du projet SWEDD, en termes de communication, notamment la campagne 2020 « Stronger Together », les femmes leaders, les espaces sûrs, les clubs des futurs maris, les observatoires nationaux sur le dividende démographique, etc.

Le Mali, un exemple en matière d’innovation

Le système de collectes et d’analyse des indicateurs du Mali a servi d’école en matière d’innovation dans l’alignement du pays par rapport aux objectifs du projet SWEDD. Le modèle de suivi des filles à risque d’abandon scolaire à travers des ONGs recrutées pour la collecte des données, par région, département, communes et établissements scolaires, a séduit l’assistance par la pertinence de la méthode et l’affinement des données. L’exemple du Niger dans la collecte de données a été aussi présenté.

Vue des participants – Crédit Aidara

Il faut noter que l’atelier des Coordonnateurs et représentants suivi-évaluation des pays SWEDD a été lancé lundi 21 mars 2022 au Monotel Dar-El-Barka de Nouakchott par le Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, président en exercice du CRP SWEDD, M. Ousmane Mamoudou Kane, en présence des partenaires techniques et financiers.

Parmi les personnalités présentes à l’atelier, la Représentante de la Banque Mondiale en Mauritanie, Mme Christina Santos, le Coordonnateur du Secrétariat Technique Régional au Bureau UNFPA Afrique de l’Ouest et du Centre, M. Justin Koffi et son staff dont notre compatriote, M. Mohamed Ould Mohamed Abd et le Coordonnateur du Projet SWEDD Mauritanie, M. Mohamed Souleymane Haiballa.

A signaler que le projet SWEDD regroupe les pays suivants : Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGES

Quatre pays sont sur les strapontins pour rejoindre la famille SWEDD. Nous avons demandé à leurs représentants lors de l’atelier de Nouakchott, les raisons de la demande d’adhésion de leur pays à ce projet régional. Voici leurs réponses.

Mohamed Ndiaye, Conseiller technique au Ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants du Sénégal

« Le Sénégal souhaite adhérer à ce grand projet SWEDD parce que le Président de la République, SEM. Macky Sall a mis en place un cadre de référence majeur pour les politiques publiques au niveau du Sénégal dénommé « Le Plan Sénégal Emergent » dans lequel l’autonomisation de la femme se situe au cœur de ce plan stratégique. L’autonomisation est prise en compte dans les trois axes de ce plan, axe sur la transformation structurelle de l’économie et croissance. On ne peut parler de cet axe sans valoriser le potentiel apporté par la femme sénégalaise. Le deuxième axe, sur le capital humain, qui constitue l’épine dorsale pour les femmes parce qu’il leur faut améliorer leurs potentiels par la formation et les doter de moyens supplémentaires pour mieux faire éclore leurs potentiels économiques. Enfin, l’axe stratégique sur la gouvernance, la paix et la sécurité.

Pour toutes ces raisons, le Sénégal ne pouvait pas être en reste par rapport au projet SWEDD qui est un projet régional d’envergure qui adresse les questions d’autonomisation de la femme et de la jeune fille, en particulier les adolescentes de 10 à 19 ans. Aujourd’hui, quand on regarde la structuration de la population sénégalaise, dominée principalement par les jeunes, voire les adolescents et les adolescentes, il y a là un réel défi pour la capture du dividende démographique. La transition démographique que cela induit et qui nous projetterait naturellement vers cette autonomisation et vers l’émergence à l’horizon 2025. Ce sont là les résultats essentiels qui justifient la présence du Sénégal dans ce projet d’envergure. C’est le lieu pour nous, encore une fois, de remercier et féliciter les différentes parties prenantes. Je pense à la Banque Mondiale, qui a bien accepté la participation du Sénégal dans ce projet, mais aussi l’UNFPA pour son soutien technique et sa disponibilité à nous accompagner dans ce processus, ainsi que l’ensemble des coordonnateurs SWEDD que j’ai eu l’avantage de rencontrer ici en terre mauritanienne, république sœur du Sénégal, pour échanger avec eux les bonnes pratiques. Nous allons certainement à partir de ce moment consolider ces acquis que nous avons déjà eus mais nous projeter fondamentalement dans ce projet qui est un projet d’envergure ».

Suzanne Somboko, Directrice du Partenariat bilatéral et multilatéral au Ministère du Plan du Congo, Coordonnatrice du Groupe de Travail Multisectoriel qui prépare le SWEDD Congo

« Le Congo cherche à adhérer au projet SWEDD parce que nous avons beaucoup de défis sur la problématique de l’autonomisation des filles et des femmes. En ce qui concerne les filles, nous avons vraiment des problèmes avec les décrochages scolaires dus aux grossesses précoces, au manque d’informations sur la santé sexuelle et reproductive et sur toutes les questions liées à l’hygiène menstruelle qui ne sont pas bien expliquées et qui ne sont pas dans les curricula des études scolaires. Tout cela fait qu’il y a beaucoup de filles qui quittent l’école. Au primaire, elles sont nombreuses, au secondaire par contre les abandons sont moindres par rapport aux garçons. A l’université, les abandons sont nombreux parce que les études universitaires demandent beaucoup de moyens financiers et la pauvreté des parents poussent les jeunes filles à abandonner leurs études. Nous avons aussi surtout le problème d’autonomisation économique des femmes et des filles. Elles sont souvent victimes de violences basées sur le genre, de la part parfois de leur conjoint ou de leur entourage proche au sein des familles. Il n’y a pas de dénonciation. Heureusement, une loi vient d’être adoptée pour lutter contre les violences basées sur le genre. Rien que cela, voire que notre population est très jeune, avec les 15-25 ans qui constituent la majeure écrasante, on n’arrive pas à exploiter ce potentiel par des formations professionnelles qualifiantes ou par l’exploitation de ce potentiel afin qu’il contribue à l’économie. Avant même la crise sanitaire, nous avions eu la crise économique et monétaire, et beaucoup d’autres problèmes. Mais si notre main d’œuvre, cette jeunesse, n’est pas formée ni qualifiée, elle ne pourra pas apporter sa contribution et demain, son avenir aussi est hypothéqué. Nous avons été séduits par le modèle SWEDD, c’est pour cela que nous avons adhéré à cette initiative et d’être là pour nous inspirer des autres pays qui nous ont devancés et les écouter sur ce qu’ils ont déjà fait, ce qui nous renforce davantage dans notre adhésion ».

Babake Bawoumondom, Coordonnateur du Groupe de travail multisectoriel pour la mise en œuvre du projet SWEDD au Togo

« Le Togo a choisi d’adhérer au projet SWEDD parce que c’est un projet structurant qui adresse de manière efficace les questions d’autonomisation des femmes et des filles. Nous avons regardé un peu les performances de ce projet dans les six premiers pays et les autres qui les ont suivis. Au-delà de ces performances qui nous ont confortés dans notre décision, l’acuité des besoins en termes d’éducation, de prévalence contraceptive, les mariages et les grossesses précoces et la pauvreté des filles dans notre pays, ont milité en faveur de la demande d’adhésion du Togo au projet SWEDD. Notre espoir, c’est qu’au cours de ce processus, nous puissions non seulement tirer profit des pratiques réussies et des expériences des autres pays qui mettent déjà en œuvre le projet, et surtout de faire en sorte que le projet SWEDD puisse apporter des réponses positives, une transformation et un changement tangible dans la vie des filles et des jeunes femmes togolaises ».

Fanta Bai Secka, Secrétaire Permanente adjointe Financement et Administration au Ministère de la Santé de Gambie

« La Gambie est un pays enclavé qui compte 5 portes d’entrée et de sortie avec le Sénégal, ce qui nous permet aussi d’avoir des ouvertures vers la Guinée Conakry et la Guinée Bissau, notamment à Karan, Farafigné, Kabada et Casamance. Ainsi, le projet SWEDD se trouve déjà à nos portes et rien ne pouvait nous empêcher de demander notre adhésion à ce grand ensemble, d’autant que nous sommes confrontés à des défis liés à la déscolarisation des filles, les mariages d’enfants, l’autonomisation des femmes et des filles, les violations basées sur le genre, sans compter bien d’autres pratiques culturelles néfastes. Les opportunités qu’offre le projet SWEDD et les résultats probants dont nous avons entendus parler ainsi que les réussites dans les pays membres, ont poussé la Gambie à adhérer à ce projet régional, afin qu’il puisse profiter des opportunités de croissance qu’il offre à travers l’amélioration de la qualité de notre jeunesse, notamment les filles et les adolescents, mais aussi notre jeunesse masculine, qui a besoin de formation et d’appuis. Nous comptons beaucoup sur le potentiel d’expertise technique dont dispose le projet SWEDD pour booster notre capacité économique, humaine et sociale ».