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Clôture du forum régional de Nouakchott contre l’esclavage, « le Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel sera validé à Niamey »

La clôture du Forum régional du Réseau G5 Sahel contre l’esclavage, survenue le 17 mars 2022 au Palais des Congrès de Nouakchott sous le Haut patronage du Président de la République, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani, a été marqué par les travaux de groupe autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel (MLCES). Ce document, qui servira de référence aussi bien pour les ONG antiesclavagistes que les gouvernements, sera validé en juin 2022 à Niamey, selon Ali Bouzou, Secrétaire Exécutif du réseau.

Le Commissaire adjoint lors du discours de clôture – Crédit Aidara

Après deux jours d’intenses échanges à travers quatre grands panels, les 16 et 17 mars 2022 sous le thème « Faisons de la lutte contre l’esclavage un combat commun et consensuel entre la société civile et les gouvernements des pays du Sahel », le Forum des ONGS de la société civile des pays du G5 Sahel de lutte contre l’esclavage, s’est achevé par la restitution des travaux de groupe et des recommandations autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel.

Echanges de discours

La cérémonie de clôture a été l’occasion pour M. Rassoul Ould El Khal, Commissaire adjoint aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile qui présidait la séance, d’expliquer que la tenue du colloque fut une belle opportunité pour des échanges féconds et constructifs d’expérience visant à renforcer les efforts des gouvernements et des organisations de la société civile dans les Etats du Sahel pour lutter efficacement contre l’esclavage et ses formes contemporaines.

« Ce colloque a permis surtout d’envoyer des messages clairs selon lesquels la Mauritanie privilégie le dialogue et le partenariat constructif avec tous les acteurs sur le terrain, nonobstant leurs orientations, affiliations ou opinions, pour examiner et résoudre en particulier les problèmes qui affectent la protection et la préservation de la dignité humaine » a-t-il affirmé.

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Auparavant, le député et président du mouvement IRA Mauritanie, M. Birame Dah Abeid, avait remercié les autorités pour leur respect des principes démocratiques et institutionnels.

« Le système déclaratif qui a toujours constitué une requête de la société civile et une exigence de l’Etat de droit ainsi que celle de la communauté internationale, est devenue une réalité en Mauritanie » s’est-il félicité. Il a dans ce cadre remercié le Président Ghazouani et son gouvernement pour l’achèvement de cette importante loi sur les associations qui marque selon lui, une rupture avec les régimes d’exception où la reconnaissance des organisations de la société civile se faisait d’une manière discrétionnaire.

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A son tour, le Secrétaire Exécutif du Réseau G5 Sahel contre l’esclavage, M. Ali Bouzou, a déclaré que la lutte contre l’esclavage doit être un travail commun entre la société civile et les gouvernements pour mettre fin à cette pratique honteuse.

« La conférence de Nouakchott est un exemple concret dans cette collaboration entre l’Etat et les acteurs de la société civile. Personnellement, je ne m’attendais pas à ce que cette réunion puisse connaître un tel succès. Nous avons été agréablement surpris, la délégation des ONG du Sahel qui m’accompagnaient et moi-même de l’accueil officiel et chaleureux qui nous a été réservés et cela ne fait que donner plus de valeur à la Mauritanie, cette Mauritanie si différente de celle dont nous avions entendus parler » a-t-il témoigné.

Selon M. Ali Bouzou, la Mauritanie actuelle œuvre dans le sens des libertés fondamentales, du respect des droits humains et d’une République juste, et qu’il est satisfait des résultats auxquels le forum de Nouakchott est parvenu. Il a conclu en affirmant que le Manuel de Lutte Contre l’Esclavage, objet de travaux au cours du colloque, sera validé lors de la prochaine réunion du Réseau G5 qu’il dirige et qui se tiendra au mois de juin 2022 à Niamey au Niger.

Travaux de groupe

L’un des groupes de travail – Crédit Aidara

Les participants s’étaient scindés en deux groupes de travail autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel, un document composé de cinq chapitres, sur les objectifs du manuel, l’aperçu de l’esclavage au Sahel (définition et différentes formes), les instruments juridiques nationaux et internationaux, les obstacles liés à la persistance de l’esclavage, enfin, les stratégies de lutte à travers les actions de prévention à mener et l’identification des victimes.

Les travaux de groupes ont été restitués en plénière et le rapport final de la rencontre lue et approuvée.

La cérémonie de clôture a été aussi marquée par le témoignage de l’ancien bâtonnier de l’Ordre National des Avocats, Me Cheikh Ould Hindi, qui a retracé brièvement six années d’accompagnement des militants d’IRA et du président Birame Dah Abeid à travers une série de procès qui leur a été intenté pendant ses deux mandats à la tête du barreau mauritanien.

Echanges d’amabilités et farniente

Distribution de tenues Faso Dan Fani aux leaders – Crédit Aidara

La clôture du Forum de Nouakchott sur l’esclavage a connu des échanges de cadeaux. L’ancien ministre burkinabé et défenseur invétéré de la cause antiesclavagiste, M. Dicko Amadou Diemdioda, président de l’ONG FESTICHAMS, a offert à plusieurs de ses camarades abolitionnistes, dont le président Birame Dah Abeid, des tenues FASO DANFANI, tenue traditionnelle du Burkina Faso 100% coton.

Birame et ses hôtes dans le Sud du Trarza – Crédit Aidara

A son tour, M. Birame a offert un somptueux dîner, le jeudi soir 17 mars 2022, puis une séance de chants traditionnels maures à ses hôtes en les habillant de tenue traditionnelle mauritanienne. Le vendredi 18 mars, il a conduit ses invités au Trarza, dans la localité de Chegara, pour leur montrer un pan des problèmes fonciers auxquels font face les populations rurales.

Cheikh Aïdara


L’écrivain Bios Diallo : « nul n’est prophète chez soi »

Devant un parterre relevé d’invités, l’écrivain Bios Diallo, a été décoré samedi 19 mars 2022, par l’ambassade du Maroc et le directeur du Centre Culturel Marocain (CCM), M. Said El Jewheri, à l’occasion du 35ème anniversaire de son institution.

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Cet hommage rendu à l’un des acteurs les plus actifs dans le domaine littéraire et de la jeunesse en Mauritanie a été l’occasion pour l’ambassadeur du Maroc de louer le « dynamisme culturel et littéraire d’un écrivain qui a toujours travaillé dans le silence, sans tambour ni trompette ».

Bios Diallo, avec une forte émotion lors de la cérémonie a réveillé ses souvenirs, se rappelant que ses rapports avec le CCM vont bien au-delà des 12 ans de collaboration entre le centre et son festival « Traversées Mauritanides ».

« Mes rapports avec le Centre culturel marocain remontent à mes années d’étudiant. J’habitais dans les années 1990 en face de la bibliothèque du centre. Quand j’y bouquinais, ou suivais une conférence, un enfant de la famille savait exactement où me trouver. Autant dire, que je dois beaucoup à ses livres et à ses débats. Merci aux différents directeurs qui se sont succédés dans ce noble édifice et qui ont enrichi sans cesse les rapports d’amitié culturelle entre le Royaume et la Mauritanie » a-t-il témoigné.

M. Cheikh Nouh, poète et écrivain, a rendu un vibrant hommage à Bios Diallo, remerciant le directeur du CCM pour sa générosité, celle qu’il n’a cessé d’accorder aux personnalités culturelles du pays. Selon lui, la décoration de Bios Diallo est un honneur pour la Mauritanie. Parlant du récipiendaire, il dira que « Bios Diallo est un homme magnifique et exceptionnel. Poète, romancier et académicien, travailleur de l’ombre, son festival littéraire est connu en Mauritanie mais aussi à l’extérieur de ses frontières ». Il est aussi un éducateur hors pair, l’ami des jeunes, dont il a su valoriser les talents cachés, en initiant avec l’UNICEF, un concours d’éloquence dont le succès dépasse tous les pronostics, dans la mesure où il a su nourrir au sein de la jeunesse l’art de l’émulation et de la passion oratoire.

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Né à Sélibaby, Bios Diallo est poète et romancier. Il a publié plusieurs recueils dont Les Pleurs de l’arc-en-ciel (L’Harmattan 2002), Les Os de la Terre (L’Harmattan 2009), un roman Une Vie de Sébile (L’Harmattan 2010) et son dernier recueil La Saigne (Le Manteau et la Lyre Obsidiane 2021).

Bios Diallo est également journaliste, collaborateur du mensuel Jeune Afrique, L’Autre Afrique et plusieurs autres magazines, comme il a participé à plusieurs travaux littéraires collectifs.

Après son retour au terroir après un long séjour en France, Bios Diallo a créé en 2006, le Festival littéraire Traversées Mauritanides, des rencontres qui rassemblent des écrivains et des personnalités de la culture mauritanienne, mais aussi des pays limitrophes tels que le Sénégal, le Mali, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, etc. D’éminents écrivains francophones ont ainsi participé à ces rencontres littéraires avec des têtes d’affiche de renommée, comme Tahar Ben Jelloun, ancien prix Goncourt, l’écrivaine ivoirienne Marguerite Abouet, et divers Prix des cinq continents de la Francophonie comme Felwine Sarr, Yamen Manai, Geneviève Damas, Fawzia Zouari.. ou encore le célèbre auteur de « L’Aventure Ambigüe », le Sénégalais Cheikh Hamidou Kane, et la liste est longue.

Depuis 2018, il a lancé le « Concours Eloquence » avec l’appui de l’UNICEF, un concours qui a tiré ses rideaux il y a quelques semaines sur sa 3ème édition et qui a vu éclore dans le majestueux temple des députés, l’Assemblée Nationale, des jeunes pétris de talent.

La Maison de Quartier de la Cité Plage qu’il a ouverte dans son quartier de résidence est le rendez-vous des jeunes, des amoureux de la culture et des arts en Mauritanie.

Certains amis de Bios Diallo regrettent quelque part que tant de travail abattu au nom de la culture, de la cohésion sociale et du vivre ensemble, par-delà ses soubassements culturels et sociaux, n’ait pas valu à ce combattant infatigable de l’unité nationale, une reconnaissance nationale. Une décoration de la part du Ministre de la Culture. L’adage « nul n’est prophète chez soi » a effleuré quelques esprits.


Cheikh Aidara


Sixième session ordinaire du Comité Régional de Pilotage du projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) : Communiqué de presse

Nouakchott, Mauritanie – 18 mars 2022 : Le Comité Régional de Pilotage (CRP) du projet d’Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique au Sahel (SWEDD) tient, le 24 mars 2022, sa 6eme session ordinaire à Nouakchott, en Mauritanie. La cérémonie officielle d’ouverture sera rehaussée par la présence du Premier Ministre de la République Islamique de Mauritanie, Son Excellence M. Mohamed Ould Bilal Messoud.

Réunion virtuelle du CRP SWEDD en 2021 – Crédit Aidara (archives)

La 6ème session ordinaire du CRP intervient dans un contexte d’élargissement et mise à l’échelle du projet en tant que modèle de développement et de réduction des inégalités de genre. Jouissant d’une confiance renouvelée de la Banque mondiale, partenaire financier, le projet qui est à sa phase 2 se caractérise par une hausse considérable des cibles, 30 fois plus importantes et un accroissement de 127% du financement pour couvrir 3 fois plus de régions.

La présidence tournante du CRP est assurée cette année par la Mauritanie, en la personne de M. Ousmane Mamoudou Kane, Ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs.

« La Mauritanie, terre d’accueil et d’hospitalité, s’honore de recevoir en mode présentiel la Sixième session ordinaire du Comité Régional de Pilotage du Projet Autonomisation des femmes et Dividende démographique au Sahel (SWEDD).  Je me réjouis de la maîtrise de la pandémie à Covid19 ouvrant la voie à une relance des activités du Projet SWEDD sous toutes leurs formes. »  M. Ousmane Mamoudou Kane, Président du Comité Régional de Pilotage.

Le CRP est l’instance suprême de gouvernance du projet SWEDD. Composé des Ministres de tutelle des pays membres (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), le Comité Régional de Pilotage assure la coordination et la supervision du Projet et se réunit au moins une fois par an pour faire la revue des progrès réalisés, examiner et approuver les propositions de plans de travail des pays et des partenaires d’assistance technique.

Le SWEDD s’étend désormais à des nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre avec l’arrivée de la République du Congo, de la Gambie, du Sénégal et du Togo. Dans cette dynamique de consolidation, la prochaine réunion du CRP accueillera également les ministres de tutelle des pays candidats. Elle connaîtra la participation des représentants des partenaires techniques et financiers (Banque mondiale, Fonds des Nations Unies pour la

Population (UNFPA), Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS), Union africaine et l’Agence française de développement) et des Commissions Économiques Régionales (RECs) Africaines. 

Le Comité Régional de Pilotage, plateforme d’échanges entre les pays et ses partenaires, sera précédé par la réunion des coordinateurs nationaux du projet SWEDD. Il (i) entérinera le bilan 2021, (ii) validera les principaux axes de la planification 2022 et (iii) dégagera les perspectives de renforcement des partenariats pour l’extension du SWEDD et le positionnement des thématiques d’autonomisation des femmes notamment le maintien des filles à l’école y compris dans le contexte de crise.

A propos de projet SWEDD

Lancé en novembre 2015 avec le soutien financier de la Banque mondiale, l’appui technique du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et de l’Organisation Ouest Africaine pour la Santé (OOAS), et à travers le partenariat stratégique avec l’Union africaine, le projet SWEDD vise globalement à accélérer la transition démographique, à déclencher le dividende démographique et de réduire les inégalités de genre dans la région du Sahel et au-delà. Il s’agit de (i) créer une demande pour les services de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle (SRMNIN) en favorisant le changement social et de comportement y compris pour l’abandon des pratiques socioculturelles nocives à l’expression du potentiel des adolescentes, et l’autonomisation des femmes et des filles ; (ii) améliorer l’offre en produits de santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et nutritionnelle et en personnel qualifié et (iii) renforcer le plaidoyer, la concertation de haut niveau et les capacités pour l’élaboration des politiques et leur mise en œuvre.

Contacts presse :

Marie Chantal UWITONZE, | Chargée de communication, Secrétariat Technique Régional du projet SWEDD/ UNFPA WCARO |Phone : +22178 38 77 442 | E-mail : uwitonze@unfpa.org 

Mamoudou Ba | NPO Communication & Mobilisation de Ressources UNFPA Mauritanie| Tel. +222 28 67 34 44 | E-mail : maba@unfpa.org

Siham Babana |Assistante Technique en Communication de l’UGP SWEDD Mauritanie | Tel. +222 42 43 81 44| E-mail : siham.babana2@gmail.com


La Mauritanie, de pays esclavagiste à modèle dans la lutte contre l’esclavage au Sahel

La Mauritanie a été plébiscitée par les ONG fondatrices du Réseau G 5 Sahel contre l’esclavage, à l’entame du forum régional qui s’est ouvert au Palais des Congrès de Nouakchott, le mercredi 16 mars 2022. Hier épinglée comme le pays le plus esclavagiste en Afrique de l’Ouest, la Mauritanie devient un modèle de référence en matière de lutte contre l’esclavage. Un témoignage largement partagé par les abolitionnistes venus du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, du Sénégal et du Ghana, mais aussi d’Europe et des Etats-Unis.

Photo de famille – Crédit Aidara

« Qui eut cru que la Mauritanie allait abriter un jour un forum régional sur l’esclavage ? » s’exclame non sans joie, M. Bakary Tandia, co-fondateur de « The Abolition Institute », ONG de défense des droits de l’homme basée aux Etats-Unis et qui fut directeur de campagne de Birame Dah Abeid, lors de la présidentielle de 2019.

« La Mauritanie qui avait fermé hier ses frontières aux défenseurs des droits de l’homme, leur ouvre aujourd’hui ses portes, inaugurant une nouvelle page de collaboration entre les autorités et la société civile active dans les droits humains » a souligné le président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), le député Birame Dah Abeid lors de son discours.

INSAV, le plan d’action pour éradiquer les injustices sociales

Table officielle. De G. à Dr. Ali Bouzou, Birame Dah Abeid, le Commissaire – Crédit Aidara

Il faut souligner que le colloque sous-régional de Nouakchott sur l’esclavage, placé sous le Haut patronage du Président de la République, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani, a été ouvert mercredi 16 mars 2022 par le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, entouré du staff de son département.

« L’organisation de ce forum en Mauritanie constitue une preuve éclatante de la volonté politique sincère des hautes autorités du pays et leur détermination à privilégier la concertation, le dialogue et le refus de toute exclusion » a-t-il déclaré.

Le Commissaire-Crédit Aidara

Selon lui, « la lutte contre l’esclavage et ses séquelles constitue une priorité constante et irréversible dans le programme du gouvernement, notamment celui du président de la République, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani qui l’a inscrit en tête de ses préoccupations, mettant en avant les valeurs de citoyenneté, de concertation et de l’attachement au vivre ensemble entre les diverses composantes nationales ».

Le Commissaire aux droits de l’homme a cité l’arsenal juridique et institutionnel mis en place par le pays depuis 2007 pour criminaliser les pratiques esclavagistes, renforcé en 2015 par une loi plus répressive contre l’esclavage et sa condamnation dans la Constitution en tant que crime contre l’Humanité, la création de cours spéciales chargées de juger des affaires d’esclavage, l’adoption en 2020 d’une loi contre la traite des personnes.

Le Commissaire aux droits de l’homme a rappelé que son département a mené 19 campagnes de sensibilisation sur ces différents textes de loi au profit des autorités administratives, judiciaires, sécuritaires et au niveau des ONG travaillant dans ces domaines. Selon lui, un plan d’action élaboré récemment permettra d’éliminer dans le plus bref délai, les séquelles de l’esclavage sous toutes ses formes, soulignant que ce plan, INSAV (Equité et Cohésion sociale), traduit les orientations contenues dans le discours inédit et historique du Chef de l’Etat à Ouadane.

Des avancées certes, mais le chemin est encore long

Birame Dah Abeid-Crédit Aidara

Auparavant, Birame Dah Abeid avait rendu hommage aux martyrs du 16 mars 1981, parmi lesquels le père du Commissaire aux droits de l’homme, le défunt lieutenant-colonel Ahmed Salem Ould Sidi, à côté des défunts, le lieutenant-colonel Abdel Kader Ould Bah, les lieutenants Niang Moustapha et Doudou Seck. Il a aussi rendu un vibrant hommage aux membres du barreau mauritanien qui ont toujours, selon lui, soutenu les dirigeants et les militants de IRA en défendant solidement leurs causes devant les tribunaux, sans aucune contrepartie, parcourant parfois à leurs frais de longues distances. Il a surtout salué le courage, l’abnégation et l’endurance des militants d’IRA qui ont supporté plus d’une dizaine d’années de brimades, de privations, d’emprisonnements et de tortures.

Dans un long speech, Birame Dah Abeid a survolé l’histoire de l’esclavage en Afrique de l’Ouest, l’une des rares institutions médiévales qui selon lui était restée en marge de l’évolution et des révolutions d’obédience marxiste-léniniste ou maoîste portées par la nouvelle élite africaine qui avait accédé au pouvoir après les indépendances.

Vue de la salle du Palais des Congrès – Crédit Aidara

Il a survolé les exactions subies par les militants d’IRA sous la décennie passée, se félicitant des progrès significatifs enregistrés dans le domaine des droits de l’homme en Mauritanie depuis l’accession au pouvoir du président Mohamed Cheikh Ghazouani. Aujourd’hui, les interdits, les exactions et les emprisonnements qui frappaient les militants d’IRA sont désormais révolus, dira-t-il en substance. Il a toutefois déploré le retard de l’institution judiciaire par rapport à ces avancées, soulignant que tous les dossiers d’esclavage ont été sérieusement traités par les parquets, mais que les juges sont restés réfractaires au vent de changement dans le traitement convenable des cas d’esclavage. Il a aussi regretté le sort réservé à la loi contre les violences faites aux femmes et aux filles, trois fois proposée par le gouvernement et rejetée par les députés, aussi bien les députés du pouvoir que ceux de l’opposition.

Birame Dah Abeid a aussi appelé l’Etat mauritanien à trouver une solution définitive au passif humanitaire, en discutant directement avec les victimes, notamment les veuves et les orphelins, en écartant les politiques de la résolution de cet épineux problème, vieux de plus de 32 ans.

Visite imminente du Rapporteur des Nations Unies sur l’esclavage

MM. Laurent Meilan et Alioune Tine, ancien président RADDHO – Crédit Aidara

Le Représentant du Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme en Mauritanie, M. Laurent Meilan a félicité le gouvernement et IRA pour l’organisation du forum sur l’esclavage en Mauritanie, ce qui constitue selon lui un tournant inédit dans l’histoire des droits de l’homme en général et de la lutte contre l’esclavage en particulier.

« La plateforme régionale de lutte contre l’esclavage crééé par les ONG constitutives du Réseau du G5 Sahel  favorise le partage d’expérience et elle est porteuse d’un réel progrès face aux défis qui se dressent devant la recherche de solution pour mettre un terme aux pratiques esclavagistes » a-t-il déclaré.

M. Laurent Meilan a mis en exergue le travail que son institution et le Bureau International du Travail (BIT) mènent depuis des années en Mauritanie pour accompagner les autorités, notamment la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), sur les questions des droits de l’homme.

Il a évoqué la publication imminente d’un rapport ficelé par son institution et le BIT sur la mise en œuvre de la loi 031-2015 criminalisant l’esclavage, progrès réalisés et défis, avec des recommandations à la clé. Il a annoncé l’arrivée prévue en mai 2022 du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de l’esclavage, sur invitation du gouvernement mauritanien.

Consolider le partenariat gouvernement-société civile

Ali Bouzou – Crédit Aidara

Le Secrétaire Exécutif du Réseau G5 Sahel de lutte contre l’esclavage, M. Ali Bouzou a de son côté salué l’engagement du gouvernement mauritanien dans la lutte contre l’esclavage, ce qui s’est traduit selon lui par l’onction donnée à l’organisation d’un forum sur l’esclavage, un sujet tabou il y a quelques années et qui plus est, avec une ONG qui était interdite et soumise à moult tracas.

« L’espace Sahel est devenu depuis plus d’une décennie le théâtre privilégié des terroristes, dont les causes ne sont pas dues seulement à la pauvreté, l’ignorance ou au banditisme, mais aussi aux inégalités sociales, dont celles relevant de l’esclavage » a-t-il averti.

Trois tables-rondes

La première journée du colloque sous-régional de Nouakchott sur l’esclavage a été marquée dans l’après-midi par trois panels qui ont porté sur l’expérience de la société civile dans la lutte contre l’esclavage, les aspects psychosociaux de l’esclavage et ses ramifications, et enfin, les causes et les conséquences de l’esclavage.

Table-ronde modérée par Bakary Tandia (en bleu) – Crédit Aidara

Demain, jeudi 17 mars 2022, dernière journée du colloque, les participants suvront le quatrième panel qui portera sur les défis et perspectives de la lutte contre l’esclavage au Sahel. Des travaux de groupe sont prévus en fin d’heure avec la validation attendue du Manuel de lutte contre l’esclavage au Sahel.

Deux interventions par visioconférence sont au programme. Une intervention du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage, relevant du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme, depuis Genève.

Une deuxième intervention depuis Genève également de Jean-Marie Kagabo du BIT, sur les principes et les droits fondamentaux du Travail.

Cheikh Aïdara