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Financement de 451 coopératives au niveau national, TAAZOUR lance le processus à partir de Kiffa

Le Délégué Général TAAZOUR à la Solidarité Nationale et à la Lutte Contre l’Exclusion, M. Mohamed Mahmoud Ould Bouasriya, a présidé mercredi 23 novembre 2021 à Kiffa, au lancement du volet financement des activités génératrices de revenus (AGR), piloté par l’un de ses programmes, AlBarka. Au total, 451 coopératives seront financées sur le plan national, à hauteur de 2 milliards d’ouguiyas anciennes (MRO) environ, dont 33 coopératives au niveau de la Wilaya de l’Assaba.

Table officielle (à droite le Délégué Général TAAZOUR et à sa gauche le Wali de l’Assaba) – Crédit Aïdara

« Pour réaliser les objectifs pour lesquels elle a été créée, notamment l’accès des pauvres et des populations les plus démunies aux services essentiels, ainsi que leur intégration dans le circuit économique et la consolidation des filets sociaux, la Délégation Générale TAAZOUR a mis en place un ambitieux plan aux objectifs mesurés au profit de la solidarité nationale et de la lutte contre l’exclusion et la marginalisation dans les prochaines années et sur l’ensemble du territoire national ». C’est par ces mots, que le Coordinateur du Programme AlBarka, M. Mohamed Ahid Ould Isselmou, a ouvert au nom du Délégué Général de TAAZOUR, M. Mohamed Mahmoud Ould Bouasriya, les travaux d’un atelier de formation au profit de plus d’une vingtaine de coopératives de l’Assaba, en partenariat avec l’ONG ADIG.

Vue globale de la table officielle – Crédit Aïdara

Cette cérémonie, organisée à Kiffa mercredi 23 novembre 2021 et présidée par le Délégué Général, en présence des autorités administratives et sécuritaires ainsi que les élus de l’Assaba, marque le lancement par TAAZOUR du volet financement des AGR destinés à 451 coopératives sur le plan national pour une enveloppe de près de 2 Milliards MRO.

Appuyer et former les coopératives productives

Mohamed Ahid Ould Isselmou a par la suite évoqué les divers projets lancés par TAAZOUR dans les Wilayas, notamment ceux initiés par le programme AlBarka au profit des populations les plus pauvres. Il a cité dans ce cadre le projet des barrages terrestres lancé en 2021 au niveau de 221 localités, en plus du lancement d’une plateforme numérique qui permettra le financement des AGR et l’octroi de crédits TAAZOUR. Il a aussi mentionné la mise à exécution, il y a quelques jours, du projet TAAZOUR des barrages pour l’année 2021, et l’exécution de 12 gros ouvrages selon les normes requises.

Mohamed Ahid Isselmou

« Aujourd’hui, nous assistons au lancement du programme national d’appui aux coopératives productives dans le domaine de l’agriculture et de la pêche continentale, ce qui va permettre après un diagnostic des coopératives bénéficiaires, la formation des membres de ces coopératives sur les outils de production et de gestion, qui sera suivie d’un financement des activités ciblées, en plus d’un coaching et d’un accompagnement » a déclaré Mohamed Ahid Ould Isselmou. Il a déclaré que ce programme modèle, premier du genre dans l’histoire du pays, va appuyer 451 coopératives productives sur le plan national, dont 33 en Assaba. « L’impact de ce programme sera sans nul doute positif sur les conditions de vie des populations et des bénéficiaires, sans compter son apport dans le renforcement de la sécurité alimentaire sur le plan national » a-t-il indiqué.

En conclusion, le Coordinateur du programme AlBarka a souligné que le « lancement du programme AGR de TAAZOUR au niveau de la ville de Kiffa marque le signal de sa phase d’exécution dans les autres Wilayas ».

La cérémonie de lancement est intervenue à la fin d’une formation dispensée par l’ONG ADIG au profit de plus d’une vingtaine de coopératives à majorité femmes, venue de plusieurs localités et communes de l’Assaba. A noter que les participants ont suivi une formation en gestion et commercialisation, sous la houlette d’experts recrutés par ADIG à cette occasion. A la fin de cette formation, ces coopératives devraient percevoir des financements pour lancer leurs activités dans le domaine de l’agriculture, des boutiques communautaires et de la pêche continentale.

Pour l’inclusion des populations les plus pauvres

La création de TAAZOUR concrétise l’un des engagements phares du Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, car il s’est engagé à « encadrer et à diversifier les mécanismes d’expression de la solidarité nationale et à regrouper l’ensemble des programmes sociaux de l’Etat destinés aux couches défavorisées en une Agence d’inclusion sociale rattachée à la Présidence de la République ».

Les coopératives bénéficiaires de la formation et financement de TAAZOUR – Crédit Aïdara

Avec une enveloppe de 20 milliards MRU, la mission principale de TAAZOUR consiste à promouvoir un développement intégré dans la sphère des populations pauvres et vulnérables, permettant l’inclusion socioéconomique des dites populations et l’amélioration de leurs conditions de vie. Tourné autour de 5 axes, le plan stratégique de TAAZOUR vise à faciliter l’accès aux services de base, développer la promotion et l’inclusion économique, améliorer le cadre de vie, renforcer l’efficacité des filets sociaux et l’amélioration du pouvoir d’achat, et enfin, assurer la sécurité alimentaire et la défense du pouvoir d’achat.

Formation des coopératives, lancement en présence du Président de l’ONG ADIG – Crédit Aïdara

A chacun de ces cinq axes correspond un programme, comme le programme TEKAVOUL des transferts sociaux réguliers qui couvre 200.00 ménages, l’assurance maladie dont bénéficie 100.000 familles, le programme EMEL pour la vente de produits alimentaires à des prix subventionnés, le programme DARI pour l’habitat social au profit des plus démunis. Il y a surtout l’ambitieux programme CHEÏLA en faveur de la modernisation des communes et Adouabas les plus pauvres. Il vise à offrir des services intégrés d’éducation, de santé, de logement, d’aménagement hydroagricoles, de semi-mécanisation de l’agriculture, d’énergie, de financement de la micro entreprise et de la formation professionnelle pour amener ces zones à se distinguer par la prospérité plutôt que la précarité.

Groupe de travail constitué lors de la formation – Crédit Aïdara

C’est dans ce cadre que le programme AlBarka a pour mission de stimuler une dynamique de développement économique dans les zones de forte pauvreté, créer des activités génératrices de revenus et au-delà, des emplois décents et durables, et puis, permettre aux membres des ménages pauvres et vulnérables d’intégrer des filières économiquement porteuses.

Cheikh Aïdara
Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement

TEMOIGNAGES

Halima Abdoulaye Dia, coopérative El Felah (Guerrou)

« J’ai beaucoup appris durant la formation, notamment comment gérer une entreprise ainsi que les circuits commerciaux. Nous sommes une cinquantaine de femmes au sein de la coopérative et nous envisageons de lancer une boutique communautaire pour la vente de produits en détail. Nous remercions vivement l’Agence TAAZOUR pour ce financement et nous remercions aussi l’ONG ADIG qui nous a accompagnées dans cette formation ».

Mohamed Zeine Ould Kabba, coopérative “Kaaba Cherive”, localité de Bourke, commune de Sani (Kankossa)

« Je commencerai d’abord par remercier vivement Bneijara et son organisation pour les facilités de transport, pour l’accueil et pour l’excellent cadre de travail qui nous a été offert. Nous remercions aussi le président Ghazouani pour tout l’intérêt qu’il nous accorde. Nous étions depuis longtemps abandonnés et exclus. Merci pour avoir pensé à nous les pauvres. Par rapport à la question, oui, nous avons été formés sur des techniques rudimentaires de gestion, assez pour nous permettre quand même de bien savoir ce que nous allons faire des financements qu’on nous a promis. Merci surtout à TAAZOUR et au programme AlBarka ». 


Les femmes de Kiffa battent le macadam pour dire « Non à la violence faite aux femmes ! »

Les femmes de Kiffa (Mauritanie) ont organisé une marche vers la Maison des Jeunes scandant des slogans disant non à toute forme de violence basée sur le genre (VBG). C’était à l’occasion de la Journée Internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, célébrée le 25 novembre 2021.

Le Maire de la commune (boubou blanc) et quelques leaders des femmes en tête
Le Maire de la commune (boubou blanc) et quelques leaders des femmes en tête

A l’instar de la communauté internationale, la Mauritanie a célébré la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, le 25 novembre 2021. A Kiffa, capitale de la Wilaya de l’Assaba, au sud du pays, les femmes de la Plateforme pour la promotion des droits des femmes, en collaboration avec le Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes section Assaba, ont organisé une marche très animée, scandant des slogans disant non à toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles. Cette marche s’est ébranlée de la société de téléphonie mauritano-marocaine, Moov Mauritel, vers la Maison des Jeunes, sous l’encadrement des femmes leaders de la Wilaya, avec en tête la Directrice régionale des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, ainsi que de plusieurs présidentes d’organisations de la société civile et de quelques hautes personnalités, dont le maire de la commune.

Autour d'une table, plusieurs représentants liés à la marche pour lutter contre les violences faites aux femmes
De G.à Dr. Direteur Jeunesse, Présidente Plateforme, commandant, Dircab, Maire, Directrice Régionale Affaires Sociales, Point focal réseau des femmes parlementaires

Ouvrant la cérémonie commémorative de la journée, le Directeur de Cabinet du Wali de l’Assaba, Ahmed Bezeid Ould Ahmed Yacoub, a rappelé l’intérêt que les autorités nationales accordent à la promotion féminine et à l’insertion des femmes dans la dynamique de développement politique, économique et sociale. « Je rappelle que l’Etat n’a ménagé aucun effort pour combattre toute pratique nuisible faite à la femme, y compris la violence à son égard. J’invite mes sœurs, actrices de la société civile, à multiplier la sensibilisation contre la pandémie de Covid-19. Enfin, je vous félicite à l’occasion de la célébration de la journée internationale contre les violences basées sur le genre (VBG) » a-t-il déclaré.

Auparavant, la Directrice régionale des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, Mounina Mint Chah, avait remercié les autorités administratives et communales locales, notamment le Maire de la commune de Kiffa, pour les appuis qu’elles n’ont cessé d’apporter à la cause des femmes.

Les participantes (au devant les femmes leaders)
Les participantes (au devant les femmes leaders)

Le Maire de Kiffa, Jemal Ould Ahmed Taleb, avait exprimé au nom du conseil municipal et du réseau des maires de l’Assaba qu’il préside, tout l’honneur qu’il ressent de participer à la célébration de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. « Je salue l’activisme et l’engagement des femmes de l’Assaba, toujours aux premiers fronts dans le développement économique et social de la région. Pour moi, les organisations de la société civile féminine de la Wilaya de l’Assaba sont des partenaires incontournables sur qui la commune a toujours compté » a souligné le maire.

A son tour, Sy Fatimata, point focal Assaba du Réseau des femmes parlementaires mauritaniennes, a mis en exergue l’importance que le chef de l’Etat et le gouvernement, ainsi que les partenaires au développement, accordent aux femmes et aux filles, notamment les adolescentes qui bénéficient d’une attention toute particulière que cela soit dans le domaine de l’éducation, de la santé ou de l’autonomisation.

Vue partielle de la salle où se déroulait les échanges dans la lutte contre les violences faites aux femmes
Vue partielle de la salle

Avaient assisté à la cérémonie, la présidente de la section Assaba de la Plateforme pour la promotion des droits des femmes, le Commandant de l’Ecole de formation des sous-officiers d’active et le Directeur régional de la jeunesse.

A noter qu’en marge de la cérémonie officielle, plusieurs femmes activistes n’ont pas caché leurs déceptions face à la non adoption jusqu’à nos jours, et cela malgré trois tentatives, de la Loi contre les violences faites aux femmes et aux filles.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGES
Seydi Camara, présidente des Femmes Volontaires de Développement de l’Assaba, membre de la Plateforme pour la promotion des droits des femmes

Seydi Camara

« Cette année, nous avons célébré cette journée internationale en partenariat avec les femmes parlementaires et les organisations de la société civile, pour amplifier nos voix et dire « Non à la violence faite aux femmes et aux filles ». Nous luttons pour l’égalité entre les hommes et les femmes et sommes engagées également à faire le plaidoyer pour l’adoption de la loi contre les violences faites aux femmes et aux filles, la seule qui permettra de les protéger contre les violences multiformes dont elles sont les victimes. Chaque région ayant sa spécificité, l’Assaba n’est pas comme la plupart des autres Wilayas, toutes les ethnies y sont représentées, ce qui veut dire qu’on y trouve toutes les formes de violences à l’égard des femmes, dont les deux plus répandues, la violence sexuelle et la violence conjugale ».


Lancement à Kiffa de la Stratégie de Croissance Régionale Accélérée et de Prospérité Partagée (SCRAPP) de l’Assaba, un conclave de 5 jours avec plus de 100 participants

Le Secrétaire général du Ministère des Affaires Economiques et des Secteurs Productifs, M. Abdi Ould Jiyid, a présidé mardi 23 novembre 2021 à Kiffa, au lancement du processus d’élaboration de la SCRAPP pour la Wilaya de l’Assaba. A la date du 27 novembre 2021, autorités administratives, services décentralisés de l’Etat, élus et membres de la société civile ainsi que les partenaires devront aboutir à un plan d’action global pour le développement intégré de la région à l’horizon 2025.

Vue de la table officielle – Crédit Aïdara

Les attentes restent longues pour la population de l’Assaba. Un ras-le-bol général, venu notamment de la part des élus et de la société civile pour fustiger des ateliers sans lendemain, des phases d’exécution qui ne viennent jamais, des stratégies à n’en plus finir, des promesses creuses depuis des décennies, mais surtout des milliards injectés dans le développement de l’Assaba qui n’ont produit que davantage de pauvreté et de misère. Le taux de pauvreté dans la région, l’un des plus élevés du pays, est de 39, 4%, selon les derniers chiffres d’une enquête réalisée en 2019.

Ce cri de cœur qui a émaillé le processus d’élaboration de la SCRAPP 2022-2025 de la Wilaya de l’Assaba, objet de l’atelier ouvert à Kiffa le 23 novembre 2021, a permis au Secrétaire Général du Ministère des Affaires Economiques et des Secteurs Productifs, M. Abdi Ould Jiyid, de contenir tous ces ressentiments. Il a en effet fait comprendre aux participants que cet atelier, ainsi que le processus en cours pour le développement de l’Assaba, n’est en rien pareil aux ateliers qui l’ont précédé, et que la volonté politique n’est pas la même. Il en veut pour preuve, dit-il en substance, la visite programmée du Premier Ministre dans quelques jours, en compagnie d’un groupe de bailleurs pour financer la SCRAPP de la Wilaya du Hodh Charghi, qui a connu exactement il y a une année, le même processus que celui qui vient de démarrer en Assaba.

Abdi Ould Jiyid – Crédit Aidara

M. Abdi Ould Jiyid a déclaré, à l’entame des travaux, que le gouvernement vient d’approuver une loi d’orientation portant Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2030-2063, qui prévoit en son article 9, l’élaboration d’une SCAPP par région qui prendra en compte les spécificités locales et les opportunité économiques disponibles. Il a indiqué que l’atelier de Kiffa entre dans ce sillage avec une approche participative et inclusive qui regroupe l’ensemble des acteurs au niveau local, autorités administratives, élus, départements sectoriels, secteur privé, société civile et partenaires au développement.

Il a indiqué par la suite que la SCRAPP repose sur trois piliers essentiels. D’abord, bâtir un socle économique fort, basé sur les ressources des secteurs productifs essentiels, notamment l’élevage et l’agriculture, sur lesquels pourront être érigées des unités de transformation à valeur ajoutée, capable de créer de l’emploi et de la productivité. Deuxièmement, le développement du capital humain et l’accès aux services sociaux de base. Troisièmement, la consolidation de la bonne gouvernance et de la transparence.

Auparavant, le Wali de l’Assaba, Mohamed Ould Ahmed Maouloud et le Président du Conseil Régional, Mohamed Mahmoud Ould Lehbib, ont mis l’accent sur le processus d’échanges en cours, mettant l’accent sur les potentialités de la région et la volonté des pouvoirs publics d’en faire les bases d’un développement intégré et durable en faveur de la population.

Vue partielle des participants – Crédit Aïdara

A l’entame des travaux, le Maire de Kiffa, Jemal Ould Ahmed Taleb, avait souhaité la bienvenue à la délégation du Ministère des Affaires Economiques, aux autorités présentes, aux experts et aux participants.

A noter que le processus d’élaboration de la SCRAPP de l’Assaba est piloté par deux cabinets d’experts conduits par l’ancien ministre Mohamed Ould Abed. Il est soutenu par la coopération allemande (GIZ) et l’UNICEF qui a participé dans tout le processus de formulation.

Les participants discuteront pendant cinq jours de plusieurs thématiques, petite enfance, habitat et aménagement territorial, santé, éducation, élevage et agriculture, protection sociale, emploi, hydraulique, gouvernance territoriale, transport et énergie, environnement et changements climatiques, entre autres sujets. Les cabinets d’expertise avaient parallèlement organisé des focus groupes avec les jeunes et les femmes pour prendre en compte leurs préoccupations, notamment dans les domaines des loisirs, de la culture, des sports et du tourisme.

La vindicte des échanges qui ont marqué l’ouverture des concertations sur la SCRAPP en Assaba, augure déjà de la richesse des débats qui vont émailler les travaux de l’atelier qui débuteront mercredi 24 novembre pour s’achever en principe le 27 novembre.

Cheikh Aïdara
Groupe des Journalistes Mauritaniens pour le Développement (GJMD)

QUELQUES INTERVENTIONS

Maham Babou, maire de Barkéwol

« Nous sommes habitués depuis plusieurs années à des ateliers sans lendemain qui n’apportent aucun changement. A quand un atelier d’exécution et non un atelier qui nous ramène aux diagnostics, étant entendu que chaque commune dispose d’un plan de développement où le diagnostic des problèmes est déjà fait mais ce qui manque, c’est juste un plan d’exécution. Ce que nous voulons c’est du concret, pas de paroles en l’air et les maires que nous sommes, nous n’avons vraiment plus le temps d’assister à des ateliers qui ne débouchent jamais sur du concret. Combien d’ateliers a-t-on fait sur la santé, sur l’éducation, combien de structures de santé sont bien équipées et bien pourvues en personnel suffisant et de qualité, combien de salles de classes où les enfants s’assoient par terre, sans table-banc. Nous en avons assez des diagnostics, nous voulons de l’exécution »

Mohamed Vall Mohamed Saadna, président sous-section commune de Kiffa

« Il y a des problèmes d’employabilité qui se pose et un taux de chômage très élevé. Comment se fait-il qu’en Mauritanie, qui ne fait même pas 4 millions d’habitants et on n’a même pas 100.000 fonctionnaires ? Nous avons aussi des problèmes de marginalisation et d’exclusion, des problèmes structurels qui se posent depuis des années, comme l’eau et l’électricité ». 

Moulkheïr Mint Levragh, Présidente association de bienfaisance

« Tous les moyens qui sont mis dans la région sont partis en fumée, on n’en voit aucune trace. L’Assaba d’une manière générale et Kiffa en particulier souffre de problèmes multiformes malgré les énormes investissements consentis. »

Moyma Mint Saad Bouh, activiste des droits de l’homme

« Les femmes qui représentent 52% de la population mauritanienne sont exclues et marginalisées dans tous les programmes de développement. Elles sont très minoritaires au niveau des centres de décision. Pourtant, la femme de l’Assaba est connue pour son dynamisme et sa productivité, mais où sont-elles. L’Assaba compte des dizaines de maires, mais il n’y a qu’une seule femme maire. Ce qui nous importe, c’est le développement, pas des querelles stériles sur les langues de développement. Quant à ceux qui se plaignent des diagnostics, sachez qu’aucun médecin ne peut vous soigner sans vous avoir consulté et diagnostiqué votre mal. Le diagnostic est toujours utile et le développement local passe nécessairement par l’exploitation des ressources disponibles au niveau local. Ce sont surtout les interventions et les ingérences dans tous les secteurs qui freinent le bon fonctionnement de l’administration. Il y a surtout la non application des textes qui explique la faiblesse de l’Etat. Pour bâtir un Etat fort, il faut veiller à l’application stricte des lois et combattre l’impunité ».


Marché à bétail de Boghé en Mauritanie : éleveurs et courtiers ont pris possession des lieux

Depuis une année, le nouveau marché à bétail de Boghé, construit par le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS-Mauritanie) accueille éleveurs et courtiers venus des quatre coins du département. Fini les réticences d’avant. Aujourd’hui, tous apprécient le confort des infrastructures et la commodité des lieux. C’est ce qu’une équipe de journalistes a constaté sur place le 28 octobre 2021.

Eleveurs et courtiers dans le nouveau marché à bétail de Boghé- Crédit Aidara

« Nous attendons juste d’être fixé sur les directives pour qu’on débute réellement la gestion du marché, gestion qui d’ailleurs a commencé depuis près d’une année, mais il manque seulement quelques détails à régler pour foncer à plein régime. »

Abdourahim Sall – Crédit Aidara

C’est en ces termes que M. Abdourrahim Ibrahima Sall, président du Comité de gestion du marché à bétail de Boghé construit par le PRAPS, a accueilli un groupe de journalistes en visite au marché ce jeudi 28 octobre 2021. Une partie des journalistes étaient d’ailleurs à Boghé, il y a un peu plus d’un an, lorsque le nouveau marché venait juste d’être terminé. Ils ont encore en écho la réticence des éleveurs et courtiers lorsqu’ils leur avaient demandé, s’ils comptaient y déménager. « Jamais ! » s’était récrié la plupart.

Un nouveau marché équipé incomparable avec l’ancien

Aujourd’hui, c’est avec un grand sourire que les récalcitrants d’hier reconnaissent avoir été dans le tort. « L’habitude par rapport à notre ancien espace de vente nous avait fait croire qu’on ne pourra pas trouver meilleur endroit, bien qu’on était exposé aux intempéries sans aucun refuge autre que des abris de fortune, avec l’insécurité en plus » reconnaît Sow Elimane, courtier à Boghé.

Anarchie et insécurité, l’ancien marché de Boghé – Crédit Aidara
Sécurité et commodités du nouveau marché – Crédit Aidara

« Il n’y a rien de comparable entre l’ancien marché et celui-ci construit par le PRAPS. Avant, nous étions sur un terrain appartenant à un particulier, ouvert aux quatre vents, sans aucune infrastructure. Nos animaux étaient souvent exposés au vol et personne n’osait y laisser traîner un cabri. Nous partions avec notre bétail le soir pour les ramener le lendemain à cause de l’insécurité » débite M. Abdourrahim Sall. Puis, reprenant son souffle, il déclare, la voix grave : « Ici, nos bêtes sont en sécurité. L’endroit est clôturé par des murs en dur surmonté de barbelés. Il y a un gardien. Nous avons des enclos, une salle de prière et une grande véranda pour le repos, des toilettes, de l’eau courante et de l’électricité. Qu’est-ce-que vous voulez de plus ? » s’interroge-t-il, en jetant un regard rapide sur ses deux adjoints et quelques curieux qui suivaient les échanges, comme pour les prendre à témoin. Tous acquiescent de la tête.

Rentrées substantielles pour la commune

Nejib Imijine -Crédit Aidara

Nejib Ould Imijine est le percepteur de la commune chargé de collecter la taxe sur le bétail. Selon lui, les rentrées sont encore modestes, soulignant que, par jour, ce sont environ 40 à 50 caprins, et entre 10 et 15 vaches environ, qui rentrent et sortent du marché. « Les activités sont actuellement au ralenti ; c’est surtout durant les grands évènements, comme les fêtes religieuses, où le marché connaît vraiment son pic » reconnaît-il. En attendant que les procédures de gestion soient établies, il évoque quelques failles dans le contrôle des flux de bétails qui entrent ou sortent. Pour le moment, il trouve que les retombées du marché sur la commune et les acteurs sont appréciables. Pas beaucoup de charges financières sur les éleveurs et courtiers de nature à entraver leurs activités d’une part et d’autre part, quelques rentrées subsidiaires qui permettent à la commune d’assurer la gestion des lieux. « Nous prélevons 100 MRO par jour et par mouton, et 200 MRO pour les vaches, ce qui fait environ des recettes journalières qui varient entre 2.000 à 4.000 MRO par jour pour la commune » estime-t-il.

Une activité économique encore au ralenti

Mohamed Ould Salem – Crédit Aidara

Le ralentissement des activités est partout patent en cette journée d’octobre, et la pluviométrie n’a pas été clémente cette année, se plaignent plusieurs éleveurs interrogés. C’est le cas de Mohamed Ould Salem, courtier. « Notre travail consiste à acheter et revendre des moutons. Les prix ont beaucoup baissé. Un mouton se vend aujourd’hui entre 26 et 40.000 MRO. Avant, durant les mois passés, ça allait jusqu’à 50 ou 60.000 MRO » témoigne-t-il. « Il nous arrive de partager à trois ou quatre l’achat d’un mouton pour ensuite diviser les bénéfices après la vente, pour vous dire notre état de vulnérabilité » poursuit-il. Lui et ses deux amis qui l’accompagnent trouvent que le nouveau marché de Boghé est de loin plus rentable et plus fréquentable que « la calamité que nous avions auparavant » lance Mohamed Ould Salem dans un sourire narquois. Amady Hamadou Sow de Thialgou est du même avis, même s’il reconnaît qu’il n’y a pas encore assez d’acheteurs qui se bousculent au marché à bétail ces temps-ci.

C’est la même complainte de la part de Vatimetou Mint Imijine, vendeuse de thé. Plateau de verres et grosse théière entre les mains, elle se plaint de ses faibles entrées. « L’activité économique est lente ici, et parfois je rentre à la maison sans la dépense de la journée » gémi-t-elle. « Mais Alhamdoulilah, le nouveau marché est là, et nous disposons de toutes les commodités. Regarde le grand hangar dans lequel j’officie ! Avant, je n’avais rien pour me couvrir du soleil et du vent » lance-t-elle dans un soupir.

La mairie de Boghé impose son autorité aux acteurs du marché à bétail

Mahmoud Ahmed Dia, 2ème Adjoint Maire de Boghé – Crédit Aidara

« Nous entretenons d’excellentes relations avec les acteurs du nouveau marché à bétail » se félicite M. Mahmoud Ahmed Dia, deuxième adjoint au maire de Boghé, dans un excellent arabe. Pour ce qui est des problèmes connexes, il y en aura toujours, reconnaît-il en substance. Par rapport, par exemple, aux plaintes liées aux inondations qui rendent le marché inaccessible pendant l’hivernage, il déclare que cette situation n’est pas propre au marché, et que même les locaux de la municipalité et tout le quartier situé dans la partie Boghé Less, souffrent des mêmes problèmes d’accessibilité pendant la période des pluies. « Nous parvenons cependant toujours à résoudre ce problème en pompant l’eau » souligne-t-il. Il a évoqué par ailleurs le retard pris dans le début d’une vraie gestion du marché. Ce qui est dû selon lui, à des procédures administratives en cours de finalisation liées aux directives à suivre par le bureau du Comité de gestion. « N’empêche, dira-t-il, la gestion est bien assurée depuis l’ouverture du marché ».

Un courtier en provenance de Thialgou – Crédit Aidara

Pour imposer son autorité, le maire adjoint a déclaré que la commune a sorti une circulaire dont copie a été remise au Hakem et aux forces de l’ordre, la gendarmerie et la police notamment, interdisant toute opération de vente ou d’achat de bétail en dehors du nouveau marché, au niveau du département de Boghé. Les contrevenants, selon lui, s’exposent à de lourdes amendes.

Des éleveurs et courtiers venus de tout le département de Boghé – Crédit Aidara

Il a enfin remercié le PRAPS pour cette infrastructure d’envergure qui permet, selon lui, d’organiser plus rationnellement la vente du bétail sur pied, pour le grand bien des acteurs du secteur, pour la commune et pour les services déconcentrés de l’Etat, comme les services vétérinaires, entre autres.

Il faut noter que le nouveau marché à bétail de Boghé, comme celui construit par le PRAPS, avec l’appui de la Banque Mondiale, dans plusieurs villes et localités en Mauritanie, a coûté 6 millions MRU (60 millions anciennes ouguiyas). Il comprend une grande salle de prière, des toilettes, un grand hangar pour le repos des visiteurs du marché, une aire d’embarquement et de débarquement des animaux, plus quatre enclos, le tout sur une surface clôturée de 5 hectares, non loin de l’axe routier.

Cheikh Aïdara