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« Birame Dah Abeid et le Pacte de la Renaissance », le livre de Tania Tinoco qui a fait sensation à la Sorbonne

La Sorbonne, temple du savoir français en plein cœur du quartier latin à Paris, a abrité jeudi 7 octobre 2021, la présentation de la version française du livre « Birame Dah Abeid et le Pacte de la Renaissance » de l’écrivaine équatorienne, Tania Tinoco.

Au centre Tania Tinoco, Birame et son épouse Leila et à l’extrême droite Bakary Tandia, l’ex-directeur de campagne de Birame à la présidentielle de 2019 et qui a fait le déplacement depuis les Etats-UnisCrédit IRA

Publié en version espagnole, puis traduit en anglais, l’ouvrage sous sa version française, qui retrace le parcours du leader abolitionniste et parlementaire mauritanien, Birame Dah Abeid, est le fruit de la collaboration de plusieurs personnes.

Birame lors de son discoursCrédit IRA

Il s’agit notamment d’Antonio Sola Reche, stratège politique de renommée internationale et son épouse, Susana Gonzales, mais aussi du Mexicain, Ignacio Gomez grâce à qui Antonio Sola et son équipe ainsi que Tania ont fait la connaissance de Birame à Nouakchott en 2019.

Il y a également deux français qui ont contribué à cet ouvrage. Il s’agit en l’occurrence du photographe Mathieu Dandoy et de Juan Francisco Capunay, Master en droit international général, mais aussi du photographe palestinien résidant à Paris, Raed Bawayah.

L’équipe comprend aussi deux professionnels équatoriens, Kevin Ponce et le journaliste Rafael Veintimilla, pour la mise en page et la dernière révision et l’édition, l’Argentine Soledad Waisman pour la traduction des chapitres, ainsi que la journaliste équatorienne, Andreina Laines Herrera, pour la correction et le style.

Le livre s’articule autour de 12 chapitres, plus un prologue, une note au lecteur, deux chapitres extra, « Dernier aveu » et « Pour une cause » et enfin, des remerciements.

Les 12 Chapitres

Comme les 12 travaux d’Hercule, l’ouvrage qui est égaillé par plusieurs photos de Birame ainsi que celles de femmes harratines et quelques anciennes esclaves libérées par son mouvement abolitionniste IRA, telles que MBarka Essatim et Haby, retrace le parcours d’un homme. Il alterne dans un style simple et plaisant, des moments douloureux dans le combat contre l’esclavage, tels que les récits douloureux de quelques rescapés, les répressions et les emprisonnements successifs sous le double quinquennat de Mohamed Abdel Aziz (2009-2019), mais aussi des moments d’intimité et d’humour.

Au cœur de ce champ plein d’embuches et de surpassement de soi, une philosophie humaniste se dégage, débouchant sur une reconnaissance populaire et un couronnement internationale d’un combat qui a pris ses racines dans des promesses d’un enfant à son père, celles de Birame Dah à son père Abeid.

Leila Ahmed, épouse et compagnon de lutte de Birame Dah AbeidCrédit IRA

Le titre de l’ouvrage est tiré d’un slogan de campagne lancé le 16 avril 2019 à l’orée de la dernière présidentielle mauritanienne à laquelle Birame avait pris part et à l’issue de laquelle il conforta sa place de dauphin et de principale option pour une alternance politique en Mauritanie. C’est au cours de cette campagne que l’auteur de l’ouvrage, Tania Tinoco, accompagnée de son mari, ainsi que d’Antonio Sola et son équipe, fit la connaissance de Birame. De ses entretiens avec lui, elle tirera la substance de l’ouvrage qui a été présenté jeudi 7 octobre 2021 à la Sorbonne, devant un public varié de défenseurs des droits de l’homme, d’écrivains, d’universitaires, de journalistes et d’étudiants.

Le regard que jette Tania sur la Mauritanie et sur les pratiques esclavagistes qui y sévissent à travers les dix ans de combat du mouvement IRA, mais surtout son regard sur Birame et sur la société mauritanienne, donne au lecteur mauritanien l’impression d’un regard tout à fait nouveau sur tous les faits relatés. Même si certaines assertions subjectives restent discutables, comme le nombre d’esclaves en Mauritanie ou l’approche sur les ethnies minoritaires ou majoritaires, bidhanes, harratines et négro-mauritaniens.

Le discours

C’est surtout, le discours de Birame Dah Abeid, au cours de la cérémonie de présentation de l’ouvrage de Tania Tinoco à la Sorbonne qui semble avoir le plus captivé l’assistance plus que la présentation de l’ouvrage lui-même.

Vue partielle du public- Crédit IRA

A noter dans ce cadre que l’ouvrage de Tania Tinoco est le deuxième publié sur Birame. Paradoxalement, c’est encore une étrangère. Il s’agit de la Malgache, Vanina Raliterason qui avait publié en 2017, un livre intitulé, « Birame Dah Abeid, l’enfant du pays, petit-fils d’esclave : la liberté immédiate » où elle évoque en filigrane de la vie de Birame et du mouvement IRA, l’esclavage et la torture en Mauritanie, deux luttes à mener au 21ème siècle, selon elle.

Cheikh Aïdara 


Affaire Ehel Bneijara- Oulad Melouk : un conflit foncier qui risque de dégénérer à la veille de la visite du Ministre de l’Intérieur à Néma

La négligence ou le « je m’en foutisme » du Wali du Hodh Charghi, Cheikh Ould Awa, selon la famille Ehel Bneïjara, risque de mettre la poudrière entre elle et les Oulad Melouk, sous fond d’un conflit foncier. Et cela à une journée ou deux de la visite que devra effectuer dans la région, le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Salem Merzough.

Photo d’illustration – Crédit Aidara

La visite du Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Mohamed Salem Merzough au Hodh Charghi, prévue le 1er ou le 2 octobre 2021, ne passera certainement pas inaperçu. La famille de Ehel Bneïjara, répartie dans toutes les régions du pays, vont converger vers la capitale du Hodh Charghi, Néma, dans un sit-in que ses membres ont décidé de tenir devant les locaux de la Wilaya, lors de la visite de Ould Merzough. Ils comptent protester contre le refus du Wali, Cheikh Ould Awa, d’exécuter les instructions du Ministre de l’Intérieur dans le conflit foncier qui les oppose à la faction Oulad Melouk.

En effet, le Ministre de l’Intérieur avait dans une lettre en date du 10 décembre 2020, instruit le Wali Cheikh Ould Awa d’appliquer l’accord signé entre les deux parties le 24 avril 2000. Ce que ce dernier se refuse de faire depuis cette date. Cela a poussé la famille Ehel Bneïjara à se demander ce que veut réellement ce Wali. « Veut-il nous pousser à la rébellion, comme les gens de R’Kiz, ou ce qui s’est passé antérieurement à Tintane, Kobeni et Aïoun ? ». Mieux, Mohamed Bneïjara, porte-parole de la famille, se demande pour qui roule le Wali Cheikh Ould Awa, « pour Ould Abdel Aziz, sous lequel il a servi jusqu’à maintenant ? » Il s’étonne de la persistance du Wali à jouer le rôle d’une opposition au sein du pouvoir actuel, en refusant d’obtempérer aux instructions de son ministre.

Fac-similé de la lettre du Ministre de l’Intérieur au Wali du Hodh Charghi

L’affaire en question porte sur une étendue territoriale située dans la commune de Hassi Etile, à une trentaine de kilomètres de Néma. Elle a été à l’origine de l’avortement d’une tentative de l’Etat d’opérer un regroupement dans le cadre de la politique initiée à l’époque par les pouvoirs publics pour le regroupement des villages. Seulement, le lieu choisit faisait l’objet d’un conflit latent. Ce conflit avait dégénéré en batailles rangées, avec casse de biens communautaires, comme des digues. L’affaire sera exposée aux instances judiciaires, jusqu’à l’arrivée du Wali Ould Abdallah, vers la fin du quinquennat de Ould Abdel Aziz. Face à l’échec de la tentative de regroupement, il demandera à chacune des deux familles de rejoindre son territoire antérieur. Mais cela ne mit pas fin au conflit.

Pourtant, un accord explicite, enregistré au niveau du Cadi de Néma avait permis par acte en date du 24 avril 2000, de régler définitivement le conflit.

C’est la substance de la lettre que le Ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Merzough avait adressé en décembre 2020, sous forme d’instruction, au Wali Cheikh Ould Awa. Dans cette lettre (voir fac-similé), le Ministre demande au Wali de revenir à cet accord basé sur un partage de la zone litigieuse suivant le lit de la Batha. La partie Sud revenait à la famille Bneijara et la partie Nord à la famille Oulad Melouk.

Non seulement, le Wali Cheikh Ould Awa, a osé affirmer ne pas avoir pas pris connaissance de la lettre du Ministre de l’Intérieur trois mois après l’avoir reçu, mais il s’abstiendra de toute tentative depuis cette date d’appliquer les instructions de son ministre.

Ce qui est sûr, c’est que les deux factions sont prêtes à en découdre si l’Etat, à travers le Ministère de l’Intérieur, ne prend aucune disposition pour remettre chacune des deux parties dans ses droits. A quelques encablures des graves évènements de R’Kiz, Néma et ses alentours risquent à leur tour de s’enflammer face à l’inertie des pouvoirs publics d’imposer le respect de l’Etat de droit, en commençant par rappeler à leurs représentants au niveau des régions, leurs entières responsabilités.

Cheikh Aïdara


PARTI « AGIR POUR VIVRE ENSEMBLE PAR LA CITOYENNETE (A.V.E.C) »

Communiqué de presse : les évènements de R’KIZ doivent servir de boussole pour le gouvernement

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Le mercredi 22 septembre 2021, la ville de R’Kiz s’est réveillé sous fond de manifestations populaires, face aux défaillances des services sociaux de base, notamment l’eau et l’électricité, qui sont venues s’ajouter à des années de frustrations introverties dues à la pauvreté, au chômage des jeunes, à la chute du pouvoir d’achat et à la déliquescence des services de l’Etat. Ces manifestations d’une rare violence se sont traduites par des actions de vandalisme qui ont visé des édifices publics, la destruction de matériels et de documents administratifs, ainsi qu’à des attaques visant des propriétés privées, notamment le domicile du maire.

Les évènements de R’Kiz sont l’occasion d’attirer l’attention des Walis par rapport à la gestion défectueuse des services rendus aux populations dans toutes les régions du pays, notamment les services d’eau et d’électricité, mais aussi la qualité des services offerts par les trois opérateurs de télécommunications. Ces entreprises sucent le revenu des habitants et ne leur offrent pas en contrepartie le service nécessaire.

Face à ces déplorables évènements, nous déclarons ce qui suit :

  • Condamnons fermement la nature violente de cette manifestation et la destruction des biens des citoyens et de l’Etat, comme nous condamnons toute forme de violence quelles qu’en soient les raisons.
  • Appelons au respect des procédures légales dans la gestion de ces évènements, notamment le respect des droits de l’homme dans le traitement des détenus et l’assurance d’un procès juste et équitable pour les prévenus ;
  • Appelons les autorités à diligenter une enquête rapide et complète sur les causes de ce débordement populaire, notamment les commanditaires et la responsabilité des autorités locales dans la défaillance des services de l’Etat dus aux citoyens. Des évènements similaires ont eu lieu à Tintane, Kobenni et Aïoun. Ils risquent de se reproduire ailleurs ;
  • Appelons à une gestion révisée de la gouvernance du pays afin d’éviter le chaos et prémunir le pays de toute forme de gestion chaotique, ce qui pourrait compromettre son existence. Nous proposons à cet effet, la mise en place d’un cadre politique approprié, avec renforcement des institutions républicaines pour les rendre plus fortes et indépendantes ;
  • Demandons la rupture avec toute forme de personnification du pouvoir en Mauritanie et le respect du jeu démocratique  ;
  • Appelons à un chamboulement total du système politique en place, avec révision de la Constitution et du type de scrutin, ainsi que la révision de la stratégie économique pour une meilleure répartition des revenus ;
  • Demandons l’implication des femmes et des jeunes dans le système productif  générateur de revenus assurant un statut social, avec la garantie de l’emploi et le droit de travailler dans sa région ;
  • Appelons à une révision du train de vie de ceux qui nous gouvernent, avec réduction de 30% de tous les gros salaires, Président de la République, Premier Ministre, Ministres, Généraux, Ambassadeurs, Conseillers, Chargés de «  Missions », Secrétaires généraux, directeurs généraux, Présidents de Hautes Autorités ,présidents de Conseil.. etc. Ramener le salaire des députés à 150.000 MRU par session ; la diminution de 30% des gros salaires et du train de vie de l’Etat doit avoir une répercussion directe par la revalorisation   des salaires des enseignants, des agents de la santé, des hommes de troupe et des ménages en difficulté, à travers des allocations…
  • Appelons les militaires à retourner dans leurs casernes, en leur rappelant leur noble mission et en leur demandant de laisser le champ politique aux acteurs politiques ;
  • Réclamons l’adoption de l’autogestion régionale comme forme de gestion décentralisée ;
  • Exigeons la restitution aux citoyens de leurs droits à l’égalité, à la justice économique et sociale, à la justice républicaine tout court ;
  • Exigeons un combat plus radical contre la mauvaise gouvernance, la corruption, le népotisme, le favoritisme, le clientélisme, le communautarisme et le tribalisme, et l’exclusion sous toutes ses formes.
  • Appelons le gouvernement à élaborer une véritable politique des prix, par la maîtrise de l’inflation, l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, la création d’une agence des poids et mesures et de la traçabilité
  • Invitons l’Etat à une uniformisation des prix des hydrocarbures sur l’ensemble du territoire et la révision de la structure des prix des hydrocarbures pour influer sur les prix par la baisse du cout du transport.
  • Appelons le gouvernement à revoir sa politique économique, à travers la diminution des impôts et la réduction de la TVA de 50%, car la fiscalité actuelle pénalise non seulement le citoyen, mais aussi l’investisseur et l’emploi. Les produits de première nécessité doivent être subventionnés à hauteur de 10 à 15% par les Revenus des Mines et Hydrocarbures … c’est l’unique possibilité pour le citoyen de sentir les effets de ses Ressources sur son quotidien.
  • Demandons à ce que l’Etat axe sa politique économique sur une meilleure répartition des revenus, à travers la revalorisation du SMIG, entre 76.000 et 80.000 MRO, la revalorisation de la retraite avec un minima de 30.000 MRO mensuel et l’indexation des autres pensions.
  • Exigeons de l’Etat qu’il réduise le prix du fourrage et du transport pour permettre aux prix des produits nationaux d’être stabilisés, notamment le prix de la viande et des autres produits locaux.

Fait à Nouakchott, le 29 septembre 2021


Le Commissaire aux Droits de l’Homme supervise l’organisation d’un atelier de présentation de la stratégie nationale de promotion de la société civile

Le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, a supervisé mardi 28 septembre 2021 à Nouakchott, l’ouverture d’un atelier de présentation de la stratégie nationale de promotion de la société civile en Mauritanie.

Table officielle – Crédit CDHAHRSC

Les participants à cet atelier, organisé par son département, ont suivi une présentation sur les différents axes de la stratégie et la méthodologie qu’elle compte suivre pour renforcer la performance de la société civile dans notre pays, en diagnostiquant la réalité de cette société civile et en proposant des mécanismes qui vont l’aider à jouer son rôle de pivot.

Le Commissaire aux droits de l’homme, dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion, a expliqué que la préparation de cette stratégie a permis un diagnostic complet de la situation des organisations de la société civile dans notre pays en termes de forces, faiblesses et besoins, ce qui permettra à son département de connaître mieux la situation de cette société civile et les moyens à mettre en œuvre pour l’améliorer.

Vue partielle des participants – Crédit CDHAHRSC

Il a ajouté que la préparation de la stratégie a été l’occasion d’identifier les acteurs et les organisations de la société civile, ce qui permettra aux pouvoirs publics, aux partenaires financiers et de développement, de se mobiliser autour de ce cadre pratique.

Il a indiqué que la stratégie nationale de promotion de la société civile comprend une étude de la situation de référence des organisations de la société civile en Mauritanie. Elle a permis d’identifier les leviers qui peuvent être activés afin de promouvoir la société civile à travers sept axes principaux, notamment l’amélioration du cadre juridique et la participation effective des organisations de la société civile dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques et programmes de développement. Il s’agira également de permettre à la société civile de développer son propre système d’information, de renforcer ses capacités et la qualification professionnelle de ces acteurs et organisations, tout en améliorant leur facilité d’accès aux financements.

Vue partielle des participants – Crédit CDHAHRSC

Il a ajouté que parmi ces axes figurent le renforcement de la gouvernance interne, le devoir de responsabilité et de transparence dans le travail des organisations de la société civile, la structuration et l’organisation des organisations non gouvernementales concernées par le développement en tant que moteur du développement transformateur du pays.

Le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile a indiqué que la stratégie découle d’une vision fondée sur la nécessité de faire progresser la société civile en tant que force de propositions et de visions alternatives, et en tant qu’acteur du développement économique et social du pays.

Il s’agira de faire de l’investissement dans ces organisations un élément essentiel pour façonner l’avenir du pays et son développement économique et social, en créant un consensus et un engagement national en faveur du développement communautaire.

Il a souligné que le Commissariat aux droits de l’homme, supervisera la mise en œuvre de cette stratégie avec la participation de toutes les parties concernées, afin d’atteindre les objectifs attendus, notamment la création d’un cadre pratique de coordination permettant une meilleure participation des organisations de la société civile à la formulation, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques de développement économique et social du pays.

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence du Ministre de l’Economie et de la Promotion des Secteurs Productifs, du Commissaire Adjoint aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, le Wali de Nouakchott-Ouest, le préfet et le maire de Tevragh Zeina, le Président du Forum des Acteurs Non Gouvernementaux en Mauritanie, en plus des conseillers et des directeurs centraux du département.

Cheikh Aïdara