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Communication sur les risques et l’engagement communautaire (CREC), un nouveau regard sur le système sanitaire

Nouakchott a abrité du 2 au 6 mai 2023 un atelier sur les Fondamentaux de la Communication sur les risques et l’engagement communautaire (CREC) et le Règlement Sanitaire International (RSI). Cette formation de haut niveau organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Ministère de la Santé a regroupé les directeurs centraux et les directeurs régionaux, ainsi que quelques journalistes.

Aperçu d’une partir de l’audience – Crédit Aidara

Du 2 au 6 mai 2023, plus d’une trentaine de participants, en majorité cadres au Ministère de la Santé dont les directeurs régionaux à l’action sanitaires (DRAS) de plusieurs Wilayas, personnels de la cellule Education Pour la Santé (EPS) et responsables centraux, ont suivi une formation de haut niveau sur la Communication sur les risques et l’engagement communautaire (CREC).

Il s’agit d’une nouvelle approche qui s’articule autour de cinq axes : le système de communication sur les risques et l’engagement communautaire, la coordination de la communication interne et celle des partenaires, la communication publique, l’engagement communautaire et le travail avec les communautés affectées, et enfin, la perception, la gestion de la désinformation et des rumeurs.

Le rôle de la communication sur les risques

Avant l’entame de l’atelier, regard sur l’agenda – Crédit Aidara

Les participants ont été sensibilisés sur l’importance de la communication sur les risques pendant les épidémies, une fois la prise en charge améliorée, la recherche enclenchée pendant les flambées, de nouveaux vaccins introduits et le diagnostic établi. Ainsi, la communication sur les risques fait référence à l’échange d’informations, de conseils et d’opinions en temps réel entre des experts ou des responsables et des personnes confrontées à un danger (une menace) pour leur survie, leur santé ou leur bien-être économique et social. Elle comprend plusieurs étapes : la gestion de l’indignation, la communication de crise, les recommandations sanitaires et les relations avec les acteurs, le plaidoyer de précaution et la prévention.

Même si les flambées ne peuvent être évitables, la prévention des épidémies est possible, selon les experts. Pour cela, il faut détecter et répondre rapidement pour éviter l’amplification, engager les partenaires et les communautés, en prenant en compte les aspects culturels non pas pour les changer mais pour les adapter d’une manière négociée. C’est en cela que la CREC bat en brèche les approches antécédentes de la communication, telles que la communication pour le changement de comportement (CCC) ou encore la Communication pour le changement (C4D).

Robert Kalingo et la séance des travaux de groupes – Crédit Aidara

Il faudrait ensuite mettre en place des équipes pluridisciplinaires avec des anthropologues et des experts des sciences sociales.

Les approches stratégiques pour un engagement communautaire reposent sur un certain nombre de principes, dont les échanges et les conversations avec les communautés à qui il ne faut pas dicter ce qu’ils doivent faire. Il faut ainsi créer une communication bidirectionnelle par le dialogue au lieu d’utiliser des messages pour communiquer avec elles. Il s’agit aussi d’écouter leurs préoccupations pour établir la confiance et faciliter la compréhension des conseils.

La santé telle que nous devons l’appréhender

A suivre les experts, les ministères de la Santé en Afrique sont en réalité des ministères de la maladie dans leur grande majorité, car ne prenant pas en compte tous les éléments constitutifs de la santé, à savoir l’environnement, la santé animale, l’agriculture, le transport, le commerce, etc. D’où « la stagnation des indicateurs de santé et l’effondrement de la confiance entre le système de santé et les populations ainsi que les autres parties prenantes » déclarent les experts. Car selon ces derniers, « toute maladie a deux causes, une pathologique et l’autre politique ». D’où l’importance de reconsidérer le tandem Santé-Maladie, car en définitive, la santé, ce n’est pas qu’une affaire de soins, mais c’est l’ensemble des déterminants de la santé.

Etablir la confiance par une maitrise des gestes médicaux

Or, les principaux groupes des déterminants de la santé comprennent les déterminants biologiques, les habitudes de vie et de comportements, l’environnement, et le système de santé qui ne représente que 10%. La majorité des déterminants de la santé ont ainsi une dimension sociale, donc hors du système de santé.

Cette confusion au sein des ministères de santé des pays surtout francophones d’Afrique, qui continuent de parler d’assurance maladie, alors qu’il est temps d’évoluer vers l’assurance santé, plus usité dans les pays anglo-saxons, dénote ainsi de la mauvaise compréhension de la dimension santé dans ces pays. « Nous ne vaincrons ni le SIDA, ni la tuberculose, ni le paludisme, ni aucune autre maladie infectieuse qui frappe les pays en développement, avant d’avoir gagné le combat de l’eau potable, de l’assainissement et des soins de santé de base » avait déclaré Koffi Annan, ancien Secrétaire Général des Nations Unies.

Les rumeurs, une arme fatale à désamorcer

Parmi les principaux ennemis des départements de la santé, les rumeurs, telles celles qui s’étaient répandues en République Démocratique du Congo (RDC) lors de la crise Ebola. « Ils pulvérisent Ebola dans le marché et font des expérimentations sur nous ». Cette rumeur répandue dans la population contre le personnel de santé avait provoqué la mort de médecins et de personnels de l’OMS sur le terrain.

Utilisation des médias sociaux

« Lorsque le corps n’est pas lavé, le mort n’entrera pas au Paradis ». C’est une autre rumeur qui s’était aussi répandue en RDC, où les corps des victimes d’Ebola n’étaient pas lavés par peur de la contamination.

Parce qu’elles sont nocivement chargées, les rumeurs peuvent contrecarrer les efforts du Ministère de la Santé et produire des effets catastrophiques pour les communautés et les organisations. En situation d’urgence, elles peuvent menacer des vies. Par exemple, en Guinée, l’ignorance autour de la maladie Ebola avait provoqué la mort de 8 personnes et au moins 21 blessés. C’est pourquoi, le Ministère de la Santé doit mettre en place un système de veille pour surveiller les médias traditionnels, les médias sociaux, comme facebook qui concentre 70% des audiences, mener des enquêtes et installer un numéro vert.

Dans ce cadre, les participants ont été formés dans l’élaboration des messages, un travail qui requiert l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire. L’élaboration d’un message est régie par les 3C (Contenu, Contexte, Connexion (relations)).

La RSI, normes de l’OMS

Le Règlement Sanitaire International (RSI) dans sa dernière version de 2005 est le moyen commun établi par l’OMS pour assurer la protection de la population mondiale contre les menaces qui pèsent sur la santé publique. Ainsi, les Etats sont tenus de notifier à l’OMS une gamme potentielle étendue d’évènements, prenant en compte le concept une seule santé. Les maladies à potentiel épidémique peuvent être d’origine humaine, animale ou provenir de l’environnement.

L’engagement communautaire

Le RSI a pour but de réduire ou d’éliminer les sources de propagation de l’infection, d’améliorer la surveillance sanitaire et la réponse aux urgences sanitaires dans les ports et aéroports et autour de ceux-ci, prévenir la dissémination des vecteurs, entraver le moins possible les voyages et les échanges internationaux.

Les principales obligations des Etats signataires imposées par le RSI sont ainsi, désigner un Point Focal National chargé en permanence d’assurer les échanges d’informations avec l’OMS, évaluer les évènements de santé publique, répondre aux sollicitations de l’OMS, développer, renforcer et maintenir les capacités nationales dans la détection, l’évaluation et la réponse contre les risques.

Dans le RSI, la CREC occupe la 10ème place avec trois indicateurs et un système de cotation de la capacité nationale, à savoir, le système CREC en situation d’urgence, la coordination pour le RSI dans les fonctions du point focal national et la promotion du RSI, la participation communautaire. La dernière évaluation du RSI en Mauritanie date de février 2023 lors d’un atelier à Nouakchott.

De G. à Dr. Kalingo, Houeto et Barry (OMS Dakar), Dr. Luigi et Kissima (OMS Mauritanie) – Crédit Aidara
Mme la Représentante de l’OMS Mauritanie et le Directeur Adjoint de la Santé Publique – Crédit Direction Education Santé

Il faut souligner que la formation sur la CREC a été assurée par une équipe d’experts de l’OMS, basé à Dakar, Rodrigue Barry, ancien journaliste, Responsable de la CREC au niveau du Hub des urgences de l’OMS, Pr. David Houeto, médecin et consultant, Professeur titulaire à l’Université Parakou (Bénin), le seul africain spécialiste d’un cours spécial dénommé « Promotion de la Santé » et Robert Kalingo, chargé de communication.

La clôture de l’atelier a été marquée par la présence de la Représentante résidente de l’OMS en Mauritanie, Dr. Ndiaye Charlotte Faty et du Dr. Abdallahi Bouhabib, Directeur adjoint de la Santé Publique.

Cheikh Aïdara
Avec le REMAPSEN (Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement)


Elections : Kamara Samba Dawo, de la Banque Africaine de Développement à la députation à Sélibaby

Né d’un père, Hadietou Kamara, ancien officier de l’armée et ancien aide de camp pendant six ans du premier Président de la République Islamique de Mauritanie, Me Mokhtar Ould Daddah, Kamara Samba Dawo brigue la députation au niveau de Sélibaby, sous les drapeaux du parti Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP).

Malgré 25 ans d’éloignement de sa ville natale, Sélibaby (mais il y va à différentes occasions), à cause de ses fonctions qui l’ont conduit d’un pays africain à un autre, Kamara Samba n’a jamais rompu les amarres avec sa famille, ses amis d’enfance et ses voisins. L’encrage, il y a toujours tenu. A l’image de ce qu’incarnait sa mère, Magou Kamara.

Sélibaby, la ville natale

Samba Kamara se souvient encore de ses anciens camarades de classes à l’école primaire de Bambradougou, Gaye Silly Soumaré, aujourd’hui fonctionnaire à l’OMVS, Harouna Camara, opérateur économique en France, Sidi Ould Derdech, enseignant, Sidi Ould Deuf, cadre à la Direction des Domaines, Diouma Gangué, présidente d’ONG, ou encore Aïchetou Thiam, opératrice économique. Il se rappelle même de certains de ses enseignants, à l’image de Youssouf Kouyaté, ou des défunts Gaoussou Traoré et Yatéra Yassa. Autant de personnalités, d’amitiés et formateurs qui ont accompagné ses joyeuses années.

Né au milieu des années 60 à Rosso, où son père était affecté, le jeune Kamara Samba débarque à Sélibaby à l’âge de six ans, après la démission de son père de l’armée.

Etudes primaires, secondaires et supérieures

Entre 1978 et 1981, Samba Kamara fréquente le collège de Sélibaby, puis le Lycée National de Nouakchott de 1981 à 1985. Le Baccalauréat en poche, son père prend en charge toutes ses études supérieures en France où il décroche en 1989 une maîtrise en Gestion économique à l’Université Paris X, puis un doctorat en économie des transports à Aix-en-Provence. Malgré les opportunités qui s’offraient à lui, en France, son ambition a toujours été de servir le continent africain et son pays, la Mauritanie qu’il regagne en 1990 les études terminées.

L’opérateur en herbe

Dès son retour, Samba Kamara est engagé par la compagnie Air Mauritanie. De 1990 à 1996, il y occupe divers postes, dont le dernier est celui de directeur commercial. A son départ, Kamara Samba créé une entreprise de pêche, qu’il gère de 1996 à 1998 avant d’intégrer sur concours la Banque Africaine de Développement (BAD). Ce qui, comme spécialiste des transports, le conduit au siège central de l’institution à Abidjan, en Côte-d’Ivoire.

Une carrière dans les finances

Commence alors une longue carrière dans le domaine du développement, notamment le transport, les aéroports, les routes et l’harmonisation du transport dans la région ouest-africaine, du Cameroun au Burkina Faso, en passant par le Nigéria, la Guinée, le Cap-Vert, le Togo et le Mali. Aucun de ces pays n’aura de secret pour l’ambitieux et travailleur reconnu des pairs.

Entre 2009 et 2013, Samba Kamara est nommé Représentant de la BAD au Mali. A la fin de cette mission, il retourne à Abidjan où il s’occupe de la programmation pour les pays d’Afrique de l’Ouest (14 sous sa gestion, exceptés le Nigéria et la Mauritanie). Il s’occupera, entre autres de la mobilisation des ressources pour le financement des projets, dont le Pont de Rosso.

Samba Kamara a aussi aidé à la mobilisation des ressources pour l’interconnexion entre le Niger et le Nigéria, entre le Bénin et le Burkina Faso, la Guinée et le Mali, mais aussi la construction de la route entre le Burkina Faso et le Mali. 

Au total, ce sont une vingtaine de projets d’infrastructures que Samba Kamara aura réalisé au sein de la BAD pour la bagatelle d’environ 3 milliards de dollars U.S au profit de plus d’une dizaine de pays.

L’opérateur économique

A la croisée de plusieurs expériences, mais toujours plus ambitieux pour son continent, Samba Kamara décide d’explorer d’autres champs d’investissements. C’est ainsi qu’il quitte, en 2023, la BAD pour se mettre de nouveau à son propre compte comme entrepreneur dans son pays, la Mauritanie.

Il crée alors à Nouakchott l’hôtel Djalali, un joyau inauguré le 28 novembre 2022 par le ministre des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs, Kane Ousmane, et un haut cadre du Ministère du Tourisme, en l’absence du ministre de tutelle en déplacement.

Cet hôtel est composé de 60 chambres, 5 salles de réunions, 3 restaurants, pour une valeur totale de 1,4 milliards d’ouguiyas sur prêt de plusieurs banques, dont la Banque Al Amana. L’hôtel a permis de créer plus d’une dizaine d’emplois permanents.

« Cet hôtel, c’est aussi dit-il pour offrir de l’emploi. Nous avons ici différents profils. Et sommes très attentifs aux étudiants sortant des universités ou instituts et en quête d’un premier emploi, de stage ou autre. Le pays a besoin d’employer ses ressources. Surtout les jeunes ».

Le député et ses ambitions pour Sélibaby

Ce sont toutes ces expériences amassées au cours de sa vie, mais aussi ses réseaux de partenaires internationaux, que Samba Kamara veut mettre au service de sa ville natale, Sélibaby. Comme tous les gens de sa génération, Samba parle le Soninké, sa langue maternelle, mais aussi le Poular et le Hassaniya, en plus du français et de l’anglais. Il a toujours ambitionné de vivre dans son pays et de servir ses concitoyens dans ce long chemin vers le développement. C’est surtout Sélibaby, sa ville natale, où il garde encore ses racines et ses amis avec qui il n’a jamais coupé les ponts, qu’il voudrait loyalement servir.

Cet homme qui n’a jamais fait carrière dans la politique aura en face de lui des dinosaures de la région du Guidimakha à l’image de Sidney Sokhona, plusieurs fois ministre et vice-président de l’Assemblée nationale sortante, candidat ayant derrière lui le puissant parti-état, INSAV.

Samba Kamara estime qu’il est temps qu’il se mette au service de sa cité, et de ses populations auxquelles il veut offrir son savoir-faire en matière de développement. Entre autres défis, il souligne l’absence d’infrastructures, de routes, d’électricité, d’eau notamment.

Il pense qu’au prétoire de l’Assemblée Nationale, il saura davantage attirer l’attention de l’Etat mauritanien sur tous ces gaps qui entravent le développement de Sélibaby, une ville qui n’a dû son salut, selon lui, que grâce aux efforts de sa diaspora qui investit chaque année des milliards d’ouguiyas en écoles, mosquées, structures de santé, sans compter les dépenses quotidiennes pour des milliers de familles dont la survie est intimement liée aux envoies mensuels de leurs enfants émigrés.

Passions et goûts

Samba Kamara a pour passion : le développement. Il est cependant très engagé dans le domaine culturel. Lors du Festival international soninké (FISO) tenu en février dernier à Nouakchott, il a mis gratuitement son hôtel au service des festivaliers, avec toutes les commodités. « La culture est aussi ce qui nous permet de nous regarder, confie-t-il. Elle est l’identité qui accompagne notre développement, notre vivre ensemble également avec d’autres communautés par lesquelles nous sommes liés par le destin ».

Féru de musique traditionnelle, il est le premier à avoir introduit à la BAD la tenue vestimentaire de tradition soninké. Ce qui avait heurté au début certains européens habitués aux costumes cravates, a fini par devenir une mode admise au sein de ce temple de la haute finance africaine. En fait, Samba Kamara aime tout ce qui respire africain, et avoue raffoler de sa cuisine, des plats à base de condiments, comme les mets ivoiriens, togolais, maliens, nigérians, sans renier bien sûr toutefois les menus mauritanien et sénégalais.

Sur l’idéologie africaniste

Samba Kamara fustige ceux qui s’en prennent aujourd’hui à la France, sous la poussée de l’idéologie africaniste en vogue. Surtout ce sentiment anti-français qui se répand. Selon lui, la France n’est pas responsable de nos malheurs, mais ce sont les Africains eux-mêmes qui sont responsables des différentes situations qu’ils vivent. Pour lui, Paris n’a rien à voir avec nos maux. « C’est à nous, martèle-il, de définir nos intérêts et de savoir où est-ce qu’on veut aller ».

En cela, Samba Kamara dit que la Mauritanie dispose d’une excellente stratégie qu’il faudra tout juste mettre à l’œuvre. Il considère que la Stratégie de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2016-2030 et ses trois piliers, Gouvernance, Infrastructures et le Vivre ensemble, sont suffisamment étayés pour tracer le chemin vers un développement socio-économique et politique harmonieux.

Paroles d’un financier et acteur du développement qui ambitionne de porter son savoir-faire sur le terrain ! A la députation de Sélibaby, Samba Dawo Kamara a comme colistier de l’UDP Oumar Séga Soumaré, un ami de la même génération, Chargé de mission au Ministère de l’Education nationale et de la Réforme du Système éducatif. Un duo très proche de sa jeunesse et un pont entre toutes les générations.

                                                                                                         Cheikh Aïdara


Coalition de l’Alternance, après Zouerate, Atar fait le plein et enregistre un premier incident fâcheux

La Coalition de l’Alternance constituée entre autres du parti Refondation pour une Action Globale (RAG) et son charismatique leader Birame Dah Abeid et le mouvement Mithaq Harratine sous la bannière du parti SAWAB a organisé la soirée du lundi 1er mai 2023 un rassemblement monstre à la place centrale d’Atar. Après le succès des meetings à Chami, Akjoujt, Nouadhibou et à Zouerate, la Coalition est partie pour une bonne représentativité dans les régions du Nord avant d’attaquer les bastions inexpugnables du Chargh (régions de l’Est). Seulement à Atar, un incident est venu perturber la sérénité jusque-là absorbée.

A Zouerate, les photos de Birame brandis par les partisans – Crédit Aidara

Dernière étape de la 6ème journée de la campagne électorale qui bat son plein, la ville d’Atar a accueilli la délégation de la Coalition de l’Alternance enrôlée sous la bannière du parti Sawab. 

Micro arraché des mains d’un candidat

Tout semblait pourtant se dérouler dans la sérénité jusqu’à l’incident provoqué par un journaliste de la télévision nationale. Celui-ci, après un bref échange téléphonique est venu arracher le micro de la chaîne des mains du leader Birame Dah Abeid à l’entame de son discours.

Un geste qui a été différemment interprété et que tous s’accordent cependant à qualifier de provocateur et d’incident inédit dans le déroulement de la campagne.  

Birame a mis en index, dans un vocal largement diffusé sur les réseaux sociaux, le président de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), gendarme de la communication dans cette opération électorale et le ministre de l’Intérieur. Selon lui, cet incident a été provoqué expressément pour réagir contre lui si =le journaliste en question avait reçu le moindre coup de la part de ces partisans. Pour lui, cette entourloupette des tenants du pouvoir dénote d’un comportement déloyal de la part d’un pouvoir qui ne sait plus comment éliminer un adversaire politique et un concurrent de taille.

SAWAB dénoncer l’incident d’Atar

Dans la soirée, le président du parti SAWAB, Abdessalam Ould Horma, a animé une conférence de presse à Nouakchott pour dénoncer cet acte irrespectueux envers l’un des représentants du parti, et non des moindres, dénonçant ce qu’il appelle une atteinte grave à la liberté d’expression et à l’esprit démocratique qui doit prévaloir. Il a requis dans ce cadre la solidarité de l’opposition et des hommes de bonne conscience qu’il a invité à dénoncer de tels comportements.

Pour l’heure, aucun parti politique ni de l’opposition ni de la majorité n’a dénoncé l’incident d’Atar, alors que les organisations de presse et les journalistes sont restés muets face à cette agression.

Poursuite de la tournée

Revenant sur la tournée de la Coalition de l’Alternance qui se poursuit dans les régions de l’Est, après Tijikja, son passage dans les régions du Nord restent encore dans les esprits.

En effet, le discours politique des leaders de la Coalition de l’Alternance dans les régions industrielles du Nord, le cuivre à Zouerate, l’or à Chami, la pêche à Nouadhibou et le fer à Zouerate, a porté sur les contextes sociopolitiques et économiques de ces régions.

Il s’est agi d’attaques en règle des politiques du pouvoir actuel qui selon, Birame Dah Abeid, s’est adossé sur l’enrichissement illicite de ses barons sur le dos des populations et des travailleurs.

A Zouerate, Birame a surtout fustigé le système de tâcheronnat qui suce selon lui les travailleurs par la spoliation de leurs droits et leur maintien dans une précarité au bénéfice de ceux qu’il appelle « les moutons engraissés » du régime en place.

Réponse au parti au pouvoir

Birame s’est attaqué à l’ancien ministre des Finances, Mokhtar Ould Diaye, dépêché à Zouerate pour le vote en faveur du parti INSAF au pouvoir. Il l’a attaqué pour ses propos selon lesquels Sawa et RAG ne sont pas des partis qu’il faut suivre. Birame lui a répondu que si on enlève Sawab, RAG et Tawassoul de la scène politique qu’est ce qui reste, rappelant sa trahison lui et les autres caciques du pouvoir envers le président Mohamed Abdel Aziz qui les a créés de néant. Selon lui, INSAF, comme tous les fantomatiques partis au pouvoir n’est qu’une émanation qui disparaîtra avec le président du moment, comme le PRDS de Maaouiya et l’UPR de Aziz dont il est l’héritier.

Il est revenu sur la présidentielle de 2019 et sa victoire volée et récusée à force de renforts militaires et de leur arsenal de guerre.

C’est pratiquement la même verve contre les tenants du pouvoir actuel qui a dominé les meetings de la Coalition depuis le début de la campagne, qui a été lancée le 28 avril 2023 à la Foire de Nouakchott, puis repris durant son périple dans le Trarza et à Rosso, la capitale régionale.

Cheikh Aïdara


6ème jour de campagne, les concurrents politiques mettent plein gaz

A quelques encablures de la fin de la campagne électorale pour les municipales, régionales et législatives fixée au 11 mai 2023, les candidats en lice et leurs partis ou mouvements politiques mettent plein gaz. Face à l’incroyable férocité de la joute électoraliste en cours, où plus d’une dizaine de candidats se disputent parfois un seul siège dans une circonscription, tout est mis en œuvre pour capter autant de voix indécis possible.

Air de campagne – @Cheikh AIdara

La campagne pour les élections municipales, régionales et législatives prévues le 13 mai prochain, se poursuit sur l’ensemble du territoire national. Les sièges et les tentes de campagne sont pris d’assaut chaque soir par des centaines de militants qui, pour le règlement de quelques problèmes de logistiques, qui pour réclamer un budget de campagne, qui va de gros budgets, des milliers d’ouguiyas voir un ou deux millions d’ouguiyas, alloués aux directions régionales ou départementales de campagne, jusqu’au menu budget de campagne pour les tentes, cinq à dix milles ouguiyas.

 INSAF et ses supposés « milliards » de subventions

Le parti-Etat, INSAF, qui bénéficie du plus gros budget de campagne électorale, avec un apport considérable de ses membres, les plus nantis de la République, puis qu’il concentre à lui seul le gotha de la politique et de la finance en Mauritanie, peine pourtant à satisfaire toutes les requêtes qui lui sont soumises. Pourtant, selon certaines informations, le budget de campagne du parti s’élèverait à plusieurs milliard d’ouguiyas. C’est l’unique formation politique qui a pu déposer des listes dans la totalité des circonscriptions du pays.

A Dar-Naîm, ses candidats butaient il y a quelques jours contre la menace faite par certains militants de les boycotter, puisque la subvention promise, quinze mille ouguiyas, ne leur a pas été versée, au cinquième jour de la campagne. Aux dernières nouvelles, quelques tentes situées notamment à Zaatar et Lemgheïty, de pauvres hameaux où vivotent le bas-peuple, auraient reçu enfin leurs subsides.

Il faut dire que la majorité compte plusieurs autres partis, dont la plupart ont été sommés dans quelques circonscriptions de retirer leur liste électorale au profit du parti INSAF. Seule l’Union pour la Démocratie et le Progrès (UDP) de Naha Mint Mouknass avait refusé la consigner, créant une brouille entre elle et l’actuelle ministre de l’Intérieur.

Comme parti satellite de la majorité, Karama, Vadila, Ravah, Hiwar, entre autres.

Tawassoul et la verve religieuse

Premier parti de l’opposition en termes de poids parlementaire, lors de la législature passée, le parti islamiste Tawassoul qui a déposé plus de cent liste dans la quasi-totalité du pays, reste sobre dans sa campagne électorale.

Dans les tentes de ce parti, c’est le calme plat. Pas de musique. C’est la consigne donnée à tous ses dresseurs de tente. 

Le parti Tawassoul qui a lancé sa campagne électorale vendredi 28 avril dernier à Kiffa, capitale de l’Assaba, compte consolider ses acquis et se repositionner comme deuxième force politique du pays et première force de l’opposition

Coalition de l’Alternance, la force d’attente

La Coalition de l’Alternance regroupe un certain nombre de mouvements et partis dont la reconnaissance juridique est encore refusée par le ministre de l’Intérieur. C’est le parti Sawab dirigé par Abdessalam Horma qui leur sert de paravent institutionnel. Elle regroupe comme force motrice, le parti en gestation Refondation pour une Action Globale (RAG) et son leader charismatique, Birame Dah Abeid, deux fois deuxième aux présidentielles de 2014 et de 2019, mais aussi d’autres mouvements comme le Mithaq Harratine, puissant mouvement dirigé par l’ancien officier de l’armée Ould Hendaya.

Le couple Sawab/RAG qui avait percé lors de la législature de 2018 avec trois députés et plusieurs conseillers municipaux compte cette fois aller plus loin, rafler plusieurs communes, davantage de députés avec des candidats symbole, comme l’ancienne esclave, Habi Mint Rabah, ou encore, la fille d’un martyr du massacre d’INAL en 1991. La coalition a déposé plus de cent trente listes et figure parmi les trois partis qui ont déposé le plus grand nombre de listes dans la quasi-totalité des circonscriptions électorales.

Ribat, bastion de l’ancien président Aziz

Le parti RIBAT présidé par Saad Louleid, ancien transfuge du mouvement IRA, compte cette fois sur l’apport des soutiens de l’ancien président déchu Mohamed Abdel Aziz pour faire son entrée au Parlement. Jusque-là non représentatif, car n’ayant jamais pu décrocher un siège à l’Assemblée Nationale ni obtenir le moindre conseiller municipal, le parti RIBAT cherche en effet à profiter de l’aura de l’ancien président et de ses cadres restés loyaux, mais surtout sur la vague de sympathie créée par ce que certains qualifient d’acharnement judiciaire contre l’ancien homme fort du pays, pour se positionner sur l’échiquier politique national.

Mohamed Ould Abdel Aziz, empêtré dans un procès qui dure depuis janvier 2023, ne pouvant pas prendre part aux élections, ce qui aurait donné un goût supplémentaire à la joute électorale, le parti RIBAT met en avant sa sœur, sur la liste nationale des femmes.

Coalition CVE-CVE/VR-AJD et Coalition de l’Espoir le bloc des négros-mauritaniens

Face à l’échec de la coalition qui devait les lier au bloc Sawab/RAG, le bloc des négros-mauritaniens a préféré faire cavalier seul. La Coalition « Vivre Ensemble » (CVE) dans ses deux versions, plus le parti Alliance pour la Justice et la Démocratie-Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR), ont pris comme cheval de bataille Samba Thiam, président des Forces Progressistes pour le Changement (FPC), parti dont le récépissé est bloqué au ministère de l’Intérieur.

En tête de liste pour les législatives de mai 2023, Samba Thiam compte sur la population de la Vallée pour briguer un mandat qui aura tout son poids dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale. Le passif non encore soldé des exactions communautaires de 1989-1991, sera son cheval de bataille ainsi que la question de l’unité nationale et de la cohabitation.

Autre regroupement de poids, la Coalition de l’Espoir et ses snippers, à l’image de l’ancienne député Kadiata Malick Diallo, l’avocat El Id Mohameden MBareck, mais aussi le jeune Khally Diallo connu surtout pour son association caritative « La Marmite du Partage » ainsi que son engagement militant pour les droits de l’homme. Ce sera sous la houlette du parti Front République pour l’Unité et la Démocratie (FRUD) de Diop Amadou Tijane.

Chute de popularité de l’opposition classique

Dans cette joute électorale en feu, les partis classiques qui avaient dominé la scène politique les années passées, ne sont plus qu’ombres chinoises. Il s’agit des partis Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah, l’Union des Forces du Progrès (UFP) de Mohamed Ould Maouloud et l’Alliance Populaire Progressistes (APP) de Messaoud Ould Boulkheïr.

Si déjà leur déclin avait commencé avec le règne de Mohamed Abdel Aziz, leur rapprochement trop suspect avec l’actuel président Mohamed Cheikh Ghazouani a signé leur fin politiques, selon plusieurs observateurs. En effet, ces derniers ont constaté le silence complice de ces partis face aux dérives de l’actuel pouvoir, notamment la hausse des prix de consommation, la gouvernance politique du pouvoir, les meurtres jamais condamnés des citoyens mauritaniens aux frontières nord et sud. Silence total face aux malheurs des populations. Résultat, ces partis qui dominaient la scène politique n’ont pas pu déposer plus d’une trentaine de liste dans quelques maigres circonscriptions.

Leurs discours contre les dérives de l’Etat et de ses suppôts qu’ils commencent à rengainer au cours de cette campagne électorale ne font plus écho, selon les mêmes observateurs politiques.

Cheikh Aïdara