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Mauritanie, la fête des travailleurs éclipsés par la campagne électorale

La fête des travailleurs, célébrée le 1er mai 2023 en Mauritanie est passée inaperçue. Elle a été éclipsée par la campagne électorale pour les municipales, les régionales et les législatives qui se déroulera du 28 Avril au 11 mai, et dont le scrutin aura lieu le 13 mai prochain. Le discours prononcé à l’occasion par la Ministre de la Fonction Publique et du Travail, Mme Zeinebou Mint Hmednah n’a pas connu l’écho des autres fêtes de travail célébrées les années passée, où l’engouement des travailleurs et leurs revendications occupaient presque la « UNE » de tous les journaux.

Célébrée cette année sous le thème « Résilience et travail décent: agir ensemble au sein du monde du travail pour améliorer les conditions de vie et de l’inclusion sociale », le 1er mai 2023 a été surtout marqué par la déclaration d’intention jamais réellement traduite dans la réalité faite par les pouvoirs publics de bâtir un partenariat solide avec les acteurs sociaux.

La ministre s’est contentée dans son allocution diffusée par les organes publics de citer une longue liste de réalisations en faveur des travailleurs, tels que les récentes augmentations de salaire et le recul de l’âge à la retraite, ainsi que l’augmentation des allocations familiale , entre autres.

Ci-dessous, le message du Directeur General de l’OIT, Monsieur Gilbert F. Houngbo, à l’occasion du 1er mai

Directeur General de l’OIT, Monsieur Gilbert F. Houngbo

Il est temps de prioriser la justice sociale

Le 1er mai est reconnu comme la fête du Travail, un jour où nous célébrons la contribution des travailleurs du monde entier. C’est un moment de fierté, de célébration et d’espoir.

Après trois années de crise du COVID-19, suivies d’inflation, de conflits de crises énergétiques et alimentaires, nous en avons grandement besoin. Mais les promesses de renouveau faites pendant la pandémie, de « reconstruire en mieux », n’ont pas encore été tenues pour la grande majorité des travailleurs dans le monde.

A l’échelle mondiale, les salaires réels ont chuté, la pauvreté augmente, les inégalités semblent plus ancrées que jamais.

Les entreprises ont été durement touchées. Nombre d’entre elles n’ont pas pu faire face aux effets cumulés des événements inattendus récents. Les petites et microentreprises ont été particulièrement affectées et beaucoup ont cessé leur activité.

Les gens ont l’impression que les sacrifices consentis pour passer le cap du COVID-19 n’ont pas été reconnus, encore moins récompensés. Leur voix n’est pas suffisamment entendue. Ce sentiment, combiné à l’impression d’un manque de perspectives, a généré un niveau de défiance inquiétant.

Ce n’est pas une fatalité. Nous restons maîtres de notre destin. Si nous voulons forger un nouveau monde, plus stable et plus équitable, nous devons choisir une autre voie. Une voie qui donne priorité à la justice sociale.

Je crois que c’est non seulement faisable mais c’est aussi fondamental pour un avenir durable et stable. Comment y parvenir ?

Tout d’abord, nos politiques et nos actions doivent être centrées sur l’humain, pour permettre aux individus de poursuivre à la fois leur bien-être matériel et leur développement spirituel dans des conditions de liberté et de dignité, de sécurité économique et d’égalité des chances. Cette approche n’est pas nouvelle, elle a été définie et approuvée à la fin de la seconde guerre mondiale, quand les Membres de l’OIT ont signé la Déclaration de Philadelphie de 1944.

Ce document visionnaire énonce des principes directeurs pour nos systèmes économiques et sociaux, à savoir qu’ils ne doivent pas être tournés exclusivement vers la réalisation de taux de croissance spécifiques ou d’autres objectifs statistiques mais qu’ils doivent répondre aux besoins et aux aspirations des êtres humains. Cela veut dire qu’il faut se concentrer sur les inégalités, la réduction de la pauvreté et la protection sociale de base. Le moyen le plus efficace d’y parvenir est de fournir des emplois de qualité afin que les gens puissent subvenir à leurs besoins et construire leur propre avenir — un « travail décent pour tous », tel que le stipule l’Objectif de développement durable no 8.

Il s’agit d’aborder avec réalisme les transformations structurelles à long terme de notre époque; de veiller à ce que les nouvelles technologies créent et soutiennent l’emploi; de relever de manière proactive les défis du changement climatique et de veiller à offrir les emplois, la formation professionnelle et l’aide à la transition dont les travailleurs et les entreprises ont besoin pour bénéficier d’une nouvelle ère à faibles émissions de carbone; de traiter l’évolution démographique comme un «dividende» plutôt que comme un problème, en soutenant les initiatives sur les compétences, les migrations et la protection sociale afin de créer des sociétés plus solidaires et plus résilientes.

Nous devons également réévaluer et redessiner l’architecture de nos systèmes sociaux et économiques afin qu’ils concourent à ce changement de cap vers la justice sociale, plutôt que de continuer à nous entraîner dans une « spirale fatale » d’inégalités et d’instabilité. Nous devons revitaliser les institutions du travail et les organisations syndicales afin que le dialogue social soit efficace et vigoureux. Nous devons réviser les lois et les règles qui régissent le monde du travail pour qu’elles soient pertinentes, actualisées et capables de protéger les travailleurs et de soutenir les entreprises durables.

Pour que tout cela se concrétise, nous devons renouveler notre engagement en faveur de la coopération et de la solidarité internationales. Nous devons accroître nos efforts et renforcer la cohérence des politiques, en particulier au sein du système multilatéral, comme le dit le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

C’est pour cette raison qu’il nous faut une Coalition mondiale pour la justice sociale. Une Coalition pour constituer une enceinte où rassembler un large éventail d’organismes et d’acteurs internationaux. Elle fera de la justice sociale la pierre angulaire de la reprise mondiale de manière que les politiques et les actions nationales, régionales et mondiales lui accordent la priorité. En résumé, elle veillera à ce que notre avenir soit centré sur l’humain.

Nous avons l’occasion de remodeler le monde dans lequel nous vivons — du point de vue économique, social et environnemental. Saisissons cette opportunité et allons de l’avant pour construire des sociétés équitables et résilientes qui puissent fonder une paix durable et la justice sociale.


Campagnes électorales 2023, la Coalition de l’Alternance s’élance à partir de la Foire

La Coalition de l’Alternance sous la houlette du parti SAWAB, avec dans ses rangs le parti de la Réforme pour une Action Globale (RAG) et d’autres mouvements comme le Mithaq Haratine, a lancé sa campagne vendredi 28 avril 2023 à partir de la Foire de Nouakchott.

Discours d’ouverture de la campagne par Birame Dah Abeid – Crédit Aïdara

C’est à 1 heure du matin environ, que la Coalition de l’Alternance a ouvert à la Foire de Nouakchott, vendredi 28 avril 2023, son meeting de campagne, annonçant les prémisses d’une joute électorale de quinze jours où il faudra convaincre les électeurs mauritaniens.

Harangues et enthousiasme d’une foule déchaînée

Face à une immense foule venue des quatre coins de la ville, les leaders se sont exprimés tour à tour pour demander à leurs électeurs de rester vigilants et de choisir la « Tête du Lion doré », symbole de la coalition qui figure dans la longue liste des 25 partis présents sur les bulletins de vote unique.

Une partie de la foule à l’ouverture de la campagne à la Foire – Crédit Aidara

L’ouverture de la campagne de la Coalition de l’Alternance s’est déroulée en présence de ses principaux candidats à Nouakchott. Les candidats qui se présentent dans les différents départements, localités et régions du pays, s’étaient rendus depuis quelques jours dans leurs circonscriptions pour y préparer eux aussi leur campagne électorale

Le leader charismatique de la coalition, le député sortant Birame Dah Abeid qui brigue un second mandat, a fustigé les tenants du pouvoir qui cherchent selon ses dires, à se reproduire pour continuer à saper les fondements de la nation et piller ses ressources.

Le président du parti SAWAB lors de son intervention – Crédit Aidara

Il a exhorté la foule à bien utiliser sa voix et à voter utile en choisissant les candidats de la coalition dans les consultations du 13 mai prochain qui détermineront pour les cinq ans à venir la cartographique politique du pays.

En effet, l’électorat mauritanien est appelé à choisir ses futurs conseils municipaux et régionaux, ainsi que ses futurs parlementaires, dans six urnes qui seront complétées par la liste nationale des jeunes et la liste nationale des femmes.

La foule à l’ouverture de la campagne – Crédit Aidara

Tour à tour, Oumar Ould Yali, président du parti RAG, Abdessalam Ould Horma, président du parti Sawab et le jeune Moulaye Hassene qui assure la direction de campagne des jeunes, ont pris la parole pour haranguer la foule qui est restée jusqu’à une heure tardive de la nuit.

La soirée qui avait commencé plus tôt a été égayée par des chants et danses de troupes folkloriques ainsi que la prestation de jeunes rappeurs.

Le Trarza, première citadelle ouverte

Tôt le matin du vendredi 28 avril, la délégation de la Coalition de l’Alternance conduite par ses leaders s’est rendue au Trarza, première étape d’une tournée qui va les mener dans les 15 régions du pays.

Discours de Birame Dah Abeid à Rosso – Crédit Aidara

A Rosso, capitale du Trarza, la coalition a mobilisé une foule immense qui s’est massée dès les premières heures de l’après-midi devant l’estrade aménagé pour le meeting de campagne.

Mélangeant le Wolof, langue vernaculaire la plus parlée dans la région à côté du Hassaniya, Birame Dah Abeid qui avait du mal à s’exprimer à cause d’un malaise dans la voix, a promis de libérer les habitants de Rosso de la vassalité imposée depuis des décennies par la mafia politique locale.

Meeting de Rosso – Crédit Aidara

Selon lui, ces politiciens qui prennent en otage la ville de Rosso ont tout pris, notamment les terres agricoles, principale source de revenus des populations, avec l’aide des hommes d’affaires et la complicité de l’Etat.

Il fait remonter les malheurs de Rosso à 1978, date de la confiscation du pouvoir par les militaires qui continuent selon lui à confisquer le destin de tout un peuple.

Auparavant, la délégation s’était arrêtée dans plusieurs localités, dont Tiguint et Techteya.

Cheikh Aïdara


Marième Mint Moueti, un renfort de taille pour la Coalition de l’Alternance à la veille de la campagne

A quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale pour les municipales, régionales et législatives fixée ce jeudi 27 avril 2023 à minuit, la Coalition de l’Alternance menée par son leader charismatique, Birame Dah Abeid, vient d’enregistrer l’adhésion d’une femme de poids, Marième Mint Moueti, femme de l’ombre dans les succès électoraux de l’ancien parti au pouvoir, le PRDS devenu PRDR.

Marième Mint Moueti – Crédit Aidara

L’information du jour, lancée au cours de la conférence de presse animée jeudi 27 avril 2023 au siège de campagne du parti Réforme pour une Action Globale (RAG), membre de la Coalition de l’Alternance sous les couleurs du parti SAWAB, c’est sans doute l’adhésion de Marième Mint Moueti.

Un renfort de taille

Epouse de l’ancien Wali, Hammada Meimou, puissant cadre au sein du système politique qui dirige le pays depuis le début des années 90, Marième Mint Moueti a toujours été la femme de l’ombre, épaulant son époux dans tous les combats qu’il a menés et continue de mener, que ce soit au sein du puissant parti-Etat, le PRDS, qui a régné sur le pays jusqu’en 2005, ou tous les régimes qui lui ont succédé jusqu’à nos jours.

Birame Dah Abeid (boubou bleu) entouré de Marième Moueti et Oumar Ould Yali – Crédit Aidara

Elle déclare avoir été séduit par le discours et le combat mené par Birame Dah Abeid et qu’elle compte le soutenir jusqu’à la présidentielle de 2024.

Birame Dah Abeid a déclaré que cette adhésion de taille est un apport considérable et qu’elle intervient à point nommé, à la veille de la campagne électorale dont l’ouverture est prévue ce jeudi 27 avril 2023 à minuit. D’ores et déjà, la nouvelle venue intègre le staff de campagne comme conseillère spéciale de Oumar Ould Yali, président du parti RAG et Directeur de campagne de la coalition.

Répartition inéquitable de la subvention publique

En marge de la cérémonie d’adhésion de Marième Mint Moueti, Birame Dah Abeid est revenu sur la répartition de la subvention que l’Etat accorde aux partis politiques pour soutenir leurs frais de campagne.

Photo de la conférence de presse – Crédit Aidara

Selon lui, l’actuel homme fort de l’Etat, Mohamed Ahmed Mohamed Lemine, puissant Ministre de l’Intérieur, a rompu les acquis que l’élite politique nationale avait arraché depuis quelques années. En effet, sous le règne de Mohamed Abdel Aziz (2009-2019), les partis politique en lice dans les joutes électorales recevaient 500.000 ouguiyas par liste de candidature déposée.

Lors de la dernière rencontre entre les partis politiques engagés dans les élections du 13 mai prochain et le ministre de l’Intérieur, ce dernier aurait décidé d’une manière unilatérale d’accorder le même montant entre un parti qui a déposé une liste et un autre qui en a déposé cent. En d’autres termes, il a divisé la subvention de manière égale entre les partis sans tenir compte du nombre de listes déposées.

Cette décision a été prise, selon Birame Dah Abeid, pour empêcher le parti SAWAB d’obtenir des fonds importants, d’autant plus que l’écrasante majorité de ses élus sont issus du parti RAG non reconnu et de son leader Birame Dah Abeid. Et d’ajouter que cette répartition inégale et inéquitable a été cautionnée par les partis de la majorité mais aussi par une opposition devenue une antichambre du pouvoir, une opposition vassalisée, selon les termes utilisés par Birame Dah Abeid.

Sauf que le parti UDP de Naha Mint Mouknass (parti de la majorité) a mal jugé la répartition des fonds publics de la campagne fait par le ministre de l’Intérieur, creusant davantage le fossé entre les deux responsables politiques.

Il a également fustigé les hommes d’affaires mauritaniens qu’il a qualifiés d’oppresseurs, puisque leurs fortunes contribuent au maintien d’un système politique fossoyeur des ambitions du peuple. Selon lui, ces hommes d’affaires ont mobilisé quelques 6 milliards d’ouguiyas pour la campagne électorale du parti INSAV au pouvoir et n’ont rien versé à ses concurrents qui peinent à joindre les bouts pour boucler leur budget de campagne.

Cette inégalité des forces fausse le débat démocratique, selon Birame, surtout entre un parti au pouvoir soutenu par toute l’armada de l’Etat, les membres du gouvernement et les moyens de l’Etat, l’administration territoriale, les généraux et hauts gradés de l’armée, le patronat et la notabilité nobiliaire soutenue par ses tribus et ses fractions et de l’autre côté, des partis politiques qui ne doivent compter que sur des moyens dérisoires et limités.

Il faut noter qu’aucune source ne vient étayer l’octroi par Mohamed Abdel Aziz de montants de 500.000 ouguiyas par liste électorale. Le financement public des campagnes électorales est en effet régi par la loi 2012-024 du 28 février 2012 modifiant certaines dispositions d’autres textes relatifs au financement des partis politiques

« Des juges partisans et non formés »

Interpellé sur la dernière décision du Conseil Constitutionnel consistant à mobiliser 69 juges, dont 3 qui seront affectés à l’étranger, pour suivre le processus électoral et régler les différents dans leur Moughataa, Birame Dah Abeid a déclaré que ses juges ne sont pas d’abord formés et qu’ensuite, l’expérience a montré leur connivence avec les tenants du pouvoir.

Il a cité dans ce cadre plusieurs exemples où ses juges se sont montrés comme des exécutants de la commande publique en matière de justice.

Cheikh Aïdara


Formation sur le VIH/SIDA, permettre aux associations de l’intérieur d’accéder au Fonds Mondial

Près d’une trentaine d’acteurs de la société civile, venus pour la plupart de l’arrière-pays, suivent depuis mardi 25 avril 2023 à Nouakchott, une formation de 5 jours sur le VIH/Sida et la gestion des projets. Financé par les fonds UBRAF du système des Nations Unies, ce renforcement de capacités devra permettre à ces associations d’avoir accès au Fond Mondial et ses 4 milliards de dollars US investis chaque année pour lutter contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme à travers le monde.

Sy Djirbil (debout) et Bocar MBaye (à sa droite) face aux participants – Crédit Aïdara

Le siège de « SOS Pairs Educateurs », sis à El Mina près du Collège « Marbatt », a abrité mardi 25 avril 2023, le lancement d’une formation de cinq jours sur le VIH/SIDA et la gestion des projets. Cette formation est financée sur les fonds UBRAF, le cadre unifié du budget, des résultats et des responsabilités, un instrument de l’ONUSIDA qui regroupe plusieurs agences des Nations Unies, notamment le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).

Ainsi, plus d’une trentaine de participants venus en majorité des régions de l’intérieur du pays ont suivi durant cette première journée, des informations préliminaires sur le VIH/SIDA. Ils seront encadrés jusqu’au 29 avril 2023 par des experts du Bureau Mauritanien d’Etudes en Santé Publique (BEMUSP) à travers le Professeur Dahada et l’ONG « SOS Pairs Educateurs » et son président, Sy Djibril, épaulé par son collègue Sidi Mohamed Ould Meynouh. Ils seront également formés en gestion administrative et financière et en gestion de projets.

Ouvrir les OSC de lutte contre le SIDA au fonds mondial

Un autre angle de la formation – Crédit Aïdara

Le constat est amer. Aucune ONG mauritanienne n’est bénéficiaire principal ou sous bénéficiaire des subventions du Fonds Mondial, nom générique donné au Fonds Mondial de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme. Pourtant, partout dans les pays limitrophes, des ONG profitent de cette manne incroyable de subventions d’un montant de 4 milliards de dollars U.S distribué chaque année à travers le monde.

La raison de l’absence des ONG mauritanienne dans les subventions du Fonds Mondial est liée, selon le constat fait par le système des Nations Unies, à la faible capacité de la société civile. D’où un déficit dans le rôle que cette dernière devrait jouer dans la réponse au VIH, en complémentarité avec les actions du gouvernement et des autres partenaires. C’est le constat qui a été tiré à partir des évaluations conduites jusque-là dans ce domaine.

Prof.Dahada durant son intervention – Crédit Aidara

Conscient de cette faiblesse, le Système des Nations Unies en Mauritanie a ainsi mobilisé des fonds pour renforcer la capacité de la société civile travaillant dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA, en ciblant davantage celle exerçant dans les régions intérieures de la Mauritanie, puisque tous les efforts étaient concentrés surtout à Nouakchott et auprès des grandes structures.

Les nouvelles approches de lutte contre le VIH/SIDA

L’un des atouts de la formation en cours, est l’adoption des nouvelles approches de lutte contre le VIH/SIDA, loin des méthodes désuètes jusque-là en cours dans le pays. C’est ce que Sy Djibril, qui comptabilise plus d’une vingtaine d’années d’expériences, a tenu à expliquer aux participants.

Une autre vue de la salle – Crédit Aidara

Ainsi, après la définition du Virus de l’Immunodéficience humaine (VIH) qui se manifeste par l’attaque du système immunitaire et ses défenseurs, les cellules CD4, et celle du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) qui est la phase finale du processus de destruction physique de la personne, les participants ont suivi le processus d’évolution naturelle du VIH/SIDA, l’épidémiologie à travers le monde et en Mauritanie, les trois 95%, les modes de transmission, les facteurs de risques et le diagnostic.

Les jours suivant, les participants recevront des notions sur la prévention, la thérapie antirétrovirale, le suivi médical régulier, la prise en charge des infections opportunistes et les différentes formes de prise en charge.

Les formateurs ont livré par la suite les chiffres effrayants du VIH/SIDA à travers le monde et en Mauritanie.

Les chiffres du VIH/SIDA

En 2021, 38,4 millions de personnes vivaient avec le VIH à travers le monde, avec près de 2 millions de nouveaux infectés, et 650.000 personnes sont décédées suite à la maladie.

Les participants captivés par les présentations – Crédit Aidara

Le nombre de personnes qui ne savent pas qu’ils sont infectés au VIH s’élève à 5,9 millions de personnes en 2021, dont 54% de femmes et de filles.

En Mauritanie, la prévalence chez les professionnels du sexe (PS) est de 9%, celle chez les HSH (relation sexuelle entre hommes) est de 23%. Le nombre de personnes sous traitement ARV en 2021 est de 3500 personnes

Le plus inquiétant, selon Sy Djibril, ce sont les 4500 personnes vivant avec le VIH, non traités, donc transmetteurs en puissance de la maladie (8000-9000) ainsi que les 2.000 personnes perdues de vue (PDV).

Pour vaincre le VIH/SIDA, l’ONUSIDA a établi l’objectif dit des « Trois 95% » à l’horizon 2030, c’est-à-dire, 95% vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 95% suivent un traitement antirétroviral et 95% des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

Gestion d’entreprise

Le dernier jour, les participants seront initiés à la gestion de projet axé sur les résultats (GAR), le processus de développement et le plan de vie du projet. Ils seront surtout formés sur le cadre logique et sa matrice.

Siège de SOS Pairs Educateurs – Crédit Aidara

Ils seront également formés sur la gestion administrative et financière des associations. Il s’agit notamment de l’organisation administrative et opérationnelle, c’est-à-dire, l’organigramme, la présentation de l’association, entre autres.

Ils seront initiés aussi sur l’organisation du secrétariat et des traitements des données, le suivi financier et comptable, la gestion des ressources humaines, la mise en place d’un manuel de procédures administratives et financières et des outils de travail nécessaires au fonctionnement.

A noter que cette formation est supervisée par l’UNFPA. Bocar Mbaye, Chargé de la sécurisation des produits de la santé de la reproduction et de la planification familiale auprès de cette institution onusienne, est venu expliquer les objectifs de cette formation. Celle-ci, selon lui, est destinée surtout aux associations de l’intérieur pour leur permettre de renforcer leur capacité et d’avoir accès aux subventions du Fonds Mondial.

Cheikh Aïdara