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Etats généraux de la justice en Mauritanie: pourquoi faire ?

L’institution judiciaires et celle de la Magistrature, sous sa forme organisée actuelle, sont apparues dans un contexte historique marqué par une tendance à la spécialisation des différentes activités sociales, économiques et politiques. En matière de règlement des différends et conflits cette spécialisation est centrale pour définir et encadrer les fonctions et rôles dans les différents services judiciaires, internes et externes. Il peut s’agir de situation mettant en conflit des entités étatiques, des populations, des acteurs économiques comme les entreprises nationales ou étrangères, de situation relavant du domaine du contentieux sur la propriété, etc.

Cheikh Sidi Mohamed Cheina, Magistrat – Crédit Aidara


Au niveau de la République islamique de Mauritanie, l’institution judiciaire a connu d’importantes mutations depuis la période pré-coloniale, celle des emirats et des groupes tribaux traditionnels notamment, en passant par la parenthèse coloniale elle-même, jusqu’à l’avènement de l’État moderne.
Cette institution porte désormais le nom de pouvoir judiciaire conformément à la Constitution du pays et aux lois organiques.

L’action judiciaire, ses institutions, son cadre humain, ainsi que les différents mécanismes, à leurs divers niveaux, soulignent tous l’importance du pouvoir judiciaire et définissent ses attributions au regard de l’autorité qui lui est attribuée dans l’espace de la République.
Le “caractère républicain” particulier de ce pouvoir le distingue du reste des pouvoirs constitutionnels (exécutif et législatif) pour lui assurer son indépendance, son impartialité et son intégrité de manière à ce qu’il exerce les missions et rôles qui lui sont dévolus en vertu de sa compétence. A cet égard, nous pouvons noter les points suivants :

Premièrement: le pouvoir judiciaire, un pouvoir constitutionnel qui se caractérise par son indépendance

De ce fait, il doit être loin de tout ce qui dénote d’un attachement à des allégeances étroites : équilibres tribaux, ethniques, régionaux, etc. Sinon, comment parler d’indépendance, condition essentielle pour son existence, l’exécution de sa mission, et l’évaluation de son travail !?

Deuxièmement: le pouvoir judiciaire, un « pouvoir républicain » immuable.

Dans les différentes démocraties, les composantes de la société sont représentées au sein des organes et institutions de l’État conformément aux règles fondées sur la base de l’article 21 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Cet article stipule explicitement que ‘’la volonté du peuple est la source de l’autorité. Elle s’exprime par des élections. Elle est juste, conduite sur la base du scrutin secret et la liberté de vote, soit périodiquement, soit à la suite de circonstances exceptionnelles d’urgence’’…

Cependant, le discours sur la représentation des composantes au niveau de l’institution judiciaire pose problème. Ce discours contredit le caractère républicain “spécial impartial’’ du pouvoir judiciaire. Car, il n’est pas conforme à la mission de celui-ci.
Le pouvoir judiciaire, contrairement aux autres pouvoirs constitutionnels, a certaines caractéristiques qui le distinguent des autres, à savoir :

1- “sa stabilité”, parce qu’il n’est pas soumis à des élections spécifiques dont les membres seraient élus régulièrement pour une durée déterminée.
2- Ce n’est pas, non plus un ‘’pouvoir représentatif’’ des composantes de la société dans laquelle il s’exerce.

On observe que la ‘’nature républicaine’’ du pouvoir judiciaire dont il est question réside ici dans les avantages qu’il apporte dans les sociétés où il se situe où la vie est contrôlée dans ses divers aspects et contradictions.

Pour atteindre ses objectifs, le pouvoir judiciaire doit faire preuve : d’impartialité, d’intransigeance et d’objectivité.
Ces caractéristiques sont nécessaires pour que cette autorité républicaine particulière accomplisse son travail de la manière prévue dans la Constitution et les lois qui la régissent dans ses multiples et importantes fonctions en dehors de toute interférence ou pression politique ou sociale.

Il n’est pas surprenant que ces caractéristiques et conditions existent également dans les règles juridiques applicables à partir des textes et des arsenaux juridiques contraignants.

Troisièmement : les juges, la prestation de serment et la loyauté

Qui dans le milieu judiciaire n’a pas été formé sur la base de règles et textes juridiques qui renforcent et consacrent à titre privé ou public la “conviction du juge” et protègent et préservent l’indépendance de  » l ‘autorité la justice” ?
C’est ainsi que les magistrats ont, tous, été formés dans le but de remplir pleinement leurs fonctions.

Dès leur entrée dans la Magistrature, les juges prennent l’engagement de respecter les textes et règles de procédure qui garantissent leur indépendance et préservent leur conviction, y compris en Mauritanie.

Pour y parvenir de manière sérieuse et assurer l’impartialité, une mesure procédurale contraignante a été établie pour chaque juge avant qu’il accède à son travail: C’est le mécanisme de  »prestation de serment ».

Il s’agit d’un engagement et d’une promesse explicites du juge de respecter tout au long de sa carrière ‘’tout ce qui sert et renforce son acuité et sa vigilance à mettre en œuvre l ‘application impartiale de la loi et d’œuvrer à assurer l’indépendance de la magistrature et à protéger l’honneur des magistrats et
d ‘observer les règles qui renforcent leurs convictions’’.

Nous magistrats, n’avons-nous pas tous juré de veiller à appliquer ces règles et principes chers ? Et ne sommes-nous pas tenus de les respecter à toutes les étapes de notre parcours professionnel, quels que soient nos origines sociales ou nos préférences intellectuelles ?

Cette autorité constitutionnelle, compte tenu des responsabilités qui est le sienne, ne peut pas s’accommoder, de part sa nature, d’une quelconque restriction qui limite son action. Cela contraste avec le reste des pouvoirs ou institutions constitutionnelles dans les pays qui appliquent le système démocratique pluraliste soumis aux règles de la représentation communautaire et ses diverses composantes, sur la base de quotas, proportionnalité, représentation partielle, etc.

Quatrièmement: les garanties de l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Dans tous les pays du monde, malgré la pluralité, la diversité et les différences des systèmes politiques et judiciaires, on s’accorde sur la nécessité de l’impartialité et l’indépendance de la justice en particulier. Et cela dans une optique d’ordre pragmatique, avant tout, dans le but à ce que cette autorité fasse le travail qui lui est confié en vertu des lois et règlements.

Et comme à partir de l’extrapolation historique de la réalité du pouvoir judiciaire, on ne peut imaginer dans l’histoire, qu’un jour un pouvoir judiciaire a été institué et que des juges ont été choisis dans le but de légaliser, par exemple, les interdits et de légaliser les lois de la jungle qui consacrent la survie du plus fort.

Au contraire, on constate que cette institution est vitale dans diverses sociétés, comme le montrent les études anthropologiques. Elle est destinée à sauvegarder les droits des individus et des sociétés, à l’abri du pouvoir de tentation et inféodation dérivante.

Le système judiciaire mauritanien n’est pas loin de ces expériences humaines et règles importantes évoquées plus haut.
En effet, la loi fondamentale de la République (articles 91, 89, 90) précise la position centrale de cette autorité, elle définit ses attributions et affirme qu’elle est une instance constitutionnelle indépendante de manière à exercer pleinement ses compétence et ses pouvoirs spécifiques sans aucune interférence.

On observe que le degré de respect de l’indépendance de la justice, le niveau du statut des juges et l’importance des moyens dont ils disposent varient selon les degrés d’ engagement des Etats et suite aussi aux efforts des juges . Cela est identique dans différents pays et systèmes judiciaires dans le monde.

Aujourd’hui, en Mauritanie, pour renforcer les pouvoirs de notre autorité judiciaire et consacrer des garanties qui définissent et confirment son indépendance, à cette étape de l’histoire de notre justice, il est nécessaire de revoir la loi sur le statut des juges, conformément aux articles constitutionnels précités, ainsi que sur la base de l’esprit, du préambule et des principes généraux sur lesquels repose cette loi suprême dans l’arsenal juridique du pays. D’autant plus que ces lois et instruments juridiques sont tous considérés comme un point de départ pour les garanties du ‘’renforcement de l’indépendance de la justice mauritanienne’’.

En révisant les articles qui garantissent l’indépendance de la justice de manière définitive, le juge doit être protégé contre la mutation sans son avis ou sans une base légale (établie par la loi ) et la vulnérabilité de son droit à la promotion.
Il y a lieu de revoir de plus l’autonomie du parquet général et l’inspection générale de la justice de l’autorité du ministère de la justice.
Ces prérogatives sont actuellement du ressort du pouvoir exécutif, à travers l’autorité du Ministre de la Justice, selon les dispositions légales en vigueur.

Il faut aussi, pour assurer un meilleur fonctionnement de cette autorité sensible. activer la règle de la récompense et de la sanction pour apprécier le travail et les compétences des juges, saluer leur intégrité et leur expérience et valoriser leurs spécialisations. En créant l’atmosphère propice à une saine émulation, loin de toute forme de pression, d’allégeance ou de manifestation d’injustice, cela servirait sans aucun doute la mission et l’action de cette autorité constitutionnelle spéciale.

Cinquièmement: l’indépendance du pouvoir judiciaire..un risque pour la République ?

Quelqu’un pourrait dire que notre institution judiciaire est faible et que la demande de son indépendance peut constituer une menace pour l’État, ses différentes institutions et même les citoyens. Un autre dira que lutter pour l’indépendance de la justice conduirait à la création d’un pouvoir des juges qui surpasserait les autres instances constitutionnelles: Une véritable dictaure du pouvoir des juges.

Si certains pensent, avec ou sans raison, que la justice souffre des sérieuses difficultés, notre conviction nous amène à croire que des jours meilleurs sont devant ce secteur. L’une des raisons est que ces dernières années, l’essentiel de l’appareil judiciaire est devenu majoritairement composé de tranches d’âge jeunes qui se caractérisent par les qualifications professionnelles et scientifiques requises selon les normes internationales dans le domaine de la justice: diplômes universitaires de haut niveau et fondements moraux solides, sens élevé du devoir, responsabilité et distance appropriée avec les parties, etc.

Dans le même temps, ces groupes auront une forte présence pour couvrir le déficit qui se produira dans le nombre de juges d’ici la fin de l’année de 2023 lorsque plus d’une vingtaine de juges mauritaniens bénéficieront de leur droit à la retraite.

La réforme de la justice et le renforcement de son indépendance resteront des conditions essentielles pour maintenir la paix, rendre justice aux justiciables, punir les différents coupables et protéger d ‘avantage les opérateurs économiques nationaux ou étrangers et leurs investissements. Cela augmentera, sans doute, également les chances de la Mauritanie d’assumer une position décente à différents niveaux pour faire face aux défis de son nouveau statut de pays gazier et pétrolier qui le conduira à promulguer régulièrement des lois diverses et complexes pour prévenir les conflits résultant de la protection de ces nouvelles richesses qui, connaîtront de profondes transformations.

Cette situation exige que chacun, en particulier les autorités compétentes, s’emploie à garantir que le pouvoir judiciaire reste toujours dans une position appropriée pour s’acquitter pleinement de toutes ses responsabilités légales. Ce qui signifie un renforcement de l’indépendance et des pouvoirs de la justice et la mise à disposition des moyens matériels et humains nécessaires.

Sixièmement: Des Etats généraux pour quel modèle de justice en Mauritanie ?

Le 5 octobre 2022, les autorités compétentes ont annoncé l’organisation en fin d’année des États généraux de la justice en Mauritanie. L’objectif de ce conclave inédit dans l’histoire de la Mauritanie, est d’abord de faire un état des lieux de ce secteur qui tout au long de l’évolution du pays a pourtant fait l’objet de maintes réformes initiées par les différentes régîmes qui ont dirigé le pays.
Ensuite, il s’agira d’identifier les défis et les obstacles auxquels la justice est confrontée et trouver les voies et moyens pour assurer sa réforme en renforçant l’indépendance des magistrats dont la fonction est essentielle dans la construction et la préservation de l’Etat de droit, la justice étant le garant des valeurs républicaines et de la nature du système démocratique du pays.

Cheikh Sidi Mohamed Cheina,
Président de la Cour Pénale spéciale Sud spécialisée dans la lutte contre l’Esclavage


Nouakchott se prépare à accueillir le plus grand forum mondial sur les droits des enfants

En prélude au forum mondial sur la justice pour les enfants et la privation de la liberté que la Mauritanie va accueillir les 8 et 9 novembre 2022 à Nouakchott, Mme Zeinebou Taleb Moussa, présidente de l’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME), a animé une conférence de presse en sa qualité de représentante en Mauritanie depuis 2015 de la plateforme internationale, Défense des Enfants International (DEI) présente sur les cinq continents.Elle a expliqué devant les représentants des médias que c’est la première fois que la Mauritanie accueille un tel évènement, avec la présence attendue de représentants venant de 50 pays. Une étude mondiale sur la situation des enfants sera faite par un représentant du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Antonio Guterez

La presse briefée sur le forum mondial – Crédit Aidara

En marge du forum qui regroupera plusieurs experts internationaux sur les droits des enfants et qui sera ouvert par le Commissaire aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile, avec la présence de hauts responsables des Nations Unies, la plateforme DEI va tenir son assemblée générale devant mettre en place de nouvelles instances et qui se tient tous les quatre ans.

Zeynabou Taleb Moussa – Crédit Aidara

Cette AG aura lieu du 10 au 12 novembre 2022, en présence du Commissaire aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile et d’autres personnalités.

Une conférence de presse est prévue le 9 novembre. La clôture du forum aura lieu le 12 novembre et sera marquée par la lecture de la Déclaration de Nouakchott de la plateforme DEI sur la justice pour les enfants et la privation de liberté.

Ci-après le communiqué de presse établie à cette occasion.

Cheikh Aidara

COMMUNIQUE DE PRESSE

La Mauritanie abritera du 8 au 9 novembre 2022 un Forum Mondial sur la Justice pour les Enfants et la privation de liberté. Une cinquantaine de pays et d’organisations internationales prendront par à l’évènement.

Le forum est organisé par Défense des Enfants International représenté par l’Association de Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant en Mauritanie AMSME en partenariat avec le Panel d’ONG sur les enfants privés de liberté avec l’appui agissant du Commissariat Mauritanien au Droits de l’Homme à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile.

Le Forum est destiné à faire le point sur le travail accompli en matière de justice pour les enfants et de privation de liberté, en mobilisant les principales parties prenantes pour déclencher des actions face à des défis sans précédent, en veillant à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte. Le Forum sera ouvert par le Commissaire au Droits de l’Homme Mr. CHeikh Ahmedou Sidi et la Représentante spéciale du Secrétaire général sur la violence à l’encontre des enfants, Dr Najat Maalla M’jid, avec le Professeur Manfred Nowak, expert indépendant et auteur principal de l’Étude mondiale, qui participera également au Forum et partagera son expérience de l’Étude et de sa diffusion. 

Ces dernières années, de nombreux pays ont connu un rétrécissement dramatique de l’espace civique, des troubles politiques et des restrictions COVID-19 qui ont affecté les droits des enfants et leur participation significative. Alors que la pandémie mondiale a révélé de graves lacunes dans l’accès à la justice pour les enfants, pendant les périodes de confinement, et a eu un impact sévère sur les droits humains des enfants privés de liberté en particulier, ouvrir la voie à la réalisation de l’objectif de développement durable 16 peut encore combler les lacunes si nous agissons maintenant.  

L’évènement permettra notamment de 

  • Faire le point sur les progrès et les défis 3 ans après la présentation de l’étude globale à l’AGNU pour chaque groupe : Administration de la justice, enfants privés de liberté, enfants en situation de migration, enfants en institutions et enfants détenus dans le contexte d’un conflit armé/de raisons de sécurité nationale ;  
  • Échanger les pratiques prometteuses de différents pays et contextes, comme l’investissement dans des mesures non privatives de liberté pour assurer la réintégration sure des enfants dans les familles et les communautés ;  
  • Plaider pour le suivi de la collecte de données sur les enfants privés de liberté ;  
  • Promouvoir le lancement de plans d’action et de politiques nationales mettant en avant les alternatives à la détention ;  
  • Elaborer sur la nécessité d’une approche multipartite et multisectorielle pour mettre fin à la privation de liberté des enfants ; Construire des synergies et des alliances renforçant l’action collective des organisations de défense des droits de l’enfant, de la société civile et d’autres parties prenantes pour promouvoir les recommandations de l’étude mondiale des Nations Unies sur les enfants privés de liberté et utiliser l’ODD16 en particulier comme une feuille de route pour le rétablissement et la promotion de la justice pour les enfants 
  • Promouvoir une coopération renforcée et coordonnée aux niveaux national, régional et international ;   
  • Promouvoir les politiques et pratiques de prévention et de réintégration ;  
  • Mettre en évidence les bonnes pratiques et les pratiques innovantes qui permettent une participation effective et significative des enfants à ces objectifs.  
  • Accroitre la volonté politique de promouvoir et de mettre en œuvre une justice adaptée aux enfants, en créant une dynamique pour les réformes sur les alternatives non privatives de liberté ; 
  • Assurer le suivi et la diffusion des contributions au Forum en apportant des messages clés de plaidoyer au Congrès mondial sur la justice ou à d’autres forums pertinents (Forum politique de haut niveau en juillet 2023). 
  • Adopter un plan d’action pour la mise en œuvre des recommandations de l’étude globale. 

 Le forum est organisé en prélude de l’Assemblé Générale du Mouvement Défense des Enfants International qui se tiendra à Nouakchott du 10 au 12 Novembre 2022.


73ème session de la Commission africaine des droits de l’homme, la Mauritanie présente son rapport annuel et renouvelle son attachement à la promotion des droits de l’homme

Une forte délégation conduite par le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, a pris part à la 73ème session ordinaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples qui se tient à Banjul (Gambie) depuis le 20 octobre 2022 et s’achèvera le 9 novembre. Le Rapport périodique de la Mauritanie sur la mise en œuvre des exigences de la Charte africaine des droits de l’homme a été présenté au cours de cette session.

Le Commissaire aux droits de l’homme devant la Commission africaine à Banjul

C’est le 26 octobre 2022 que le Commissaire aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, a présenté devant les délégués de la Commission africaine des droits de l’homme, le rapport périodique de la Mauritanie sur ses engagements par rapport à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. C’était à l’occasion de la tenue de la 73ème session ordinaire de cette haute instance africaine à Banjul (Gambie) prévue du 20 octobre au 9 novembre 2022.

Il a affirmé que le gouvernement mauritanien est convaincu de la place qu’occupent les droits de l’homme dans le développement économique et social du pays et qu’il a toujours respecté ses engagements internationaux, dont la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

La salle de conférence lors du discours du Commissaire aux droits de l’homme

Il a passé en revue les différentes mesures et politiques adoptées par la Mauritanie dans la préservation et la protection de droits humains. Selon lui, le gouvernement est conscient de l’importance de la stabilité et du respect de la loi dans l’atteinte des objectifs de développement. Il a de ce fait renouvelé l’engagement des autorités mauritaniennes et leur attachement aux valeurs et aux principes des droits de l’homme, en particulier les dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme.

Auparavant, le Commissaire aux droits de l’homme, avait prononcé un discours dans lequel il avait mis en exergue les efforts déployés par la Mauritanie pour contribuer au règlement des conflits dans le continent, dans l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile. Il a aussi indiqué les défis que la Mauritanie tente de surmonter, notamment ceux liés à la sécurité, tels le terrorisme, l’extrémisme violent, le crime transfrontalier, grâce à une approche sécuritaire globale, dans le cadre du G5 Sahel. Il a surtout souligné la priorité accordée par le programme politique du président de la République, M. Mohamed Cheikh El Ghazouani à la consolidation de la cohésion sociale, la lutte contre les pratiques surannées et les stéréotypes, la nécessité de rompre avec toutes les formes de discrimination.

Entretien avec Mme Maya Sahli

Il a mentionné les nouvelles mesures prises pour concrétiser l’ambition du pays à créer une société égalitaire et plus juste, à travers notamment le lancement de l’école républicaine dont l’objectif est de renforcer les principes d’équité et d’égalité, en redonnant aux établissements d’enseignement du pays la possibilité de jouer leur rôle de champ de valeurs républicaines et de pilier de l’unité nationale.

Il a cité la caravane lancée le 13 octobre dernier pour vulgariser les textes relatifs à l’esclavage, la discrimination, la traite et la torture, caravane qui continue de battre le plein sur toute l’étendue du territoire avec l’appui de la société civile. Il a évoqué les surenchères politiques qui instrumentalisent les questions relatives aux droits de l’homme et qui en font un fonds de commerce.

Avec le président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples

Le Commissaire a aussi évoqué les progrès réalisés dans le domaine de la protection des droits et des libertés, citant la loi 004-2021 relative aux associations, organismes et réseaux et qui consacre le système déclaratif des associations longtemps soumises au système d’autorisation. Il a aussi cité la création de l’Observatoire national des femmes et des filles, comme instrument de défense des droits en matière genre.

Pour la première fois, dira-t-il en substance, un processus d’élaboration d’une stratégie nationale de promotion et de protection des droits de l’homme dans le pays a été lancée, suivant un processus consultatif et en collaboration avec le Bureau pays du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Il a aussi évoqué la création d’un prix national pour les droits humains pour encourager les acteurs et renforcer la cohésion nationale.

Au cours de son séjour en Gambie, le Commissaire a rencontré le président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, M. Rémy Ngoy Lumbu et la Rapporteuse de la Commission africaine des droits de l’homme en charge de la Mauritanie, Mme Maya Sahli.

Durant tout son séjour, le Commissaire était accompagné d’une délégation comprenant M. Harouna Traoré, Chargé de mission à la Présidence de la République, M. Mohamed Ould Ely Telmoudi, Conseiller du Premier ministre chargé des droits de l’homme et plusieurs cadres des départements concernés par la question.

Cheikh Aïdara


« Traite, esclavage, discrimination et torture », la campagne nationale dans sa 20ème journée

Lancée depuis le 12 octobre 2022, la campagne nationale contre la traite des personnes, l’esclavage, la discrimination et la torture se poursuit sur l’ensemble du territoire national, à travers les missions dépêchées par le Commissariat aux droits de l’homme et les activités de la société civile.

Atelier de sensibilisation des autorités

La campagne nationale contre la traite, l’esclavage, la discrimination et la torture continue de battre son plein au niveau des Wilayas (régions administratives) de Nouakchott et celles de l’intérieur du pays.

Ateliers de formation et encadrement

Aux lendemains du lancement officiel de la campagne, le Commissariat aux droits de l’homme a initié plusieurs ateliers de formation et d’encadrement de la société civile chargée de la sensibilisation à travers les caravanes itinérantes.

Sensibiliser les autorités administratives…

La société civile impliquée

Ces ateliers se sont déroulés dans un climat participatif, avec échanges d’idées et de points de vue sur les thèmes de la campagne, les dispositions des lois criminalisant la traite des personnes, l’esclavage, la discrimination et la torture, ainsi que les dispositifs pour la protection des victimes.

Les participants à ces ateliers ont été largement édifiés sur ces différentes lois par des experts du ministère de la Justice, ceux de la Commission nationale des droits de l’homme et du Mécanisme national de prévention de la torture.

.les autorités sécuritaires…

Ainsi, au cours de l’atelier organisé le 13 octobre 2022, le Commissaire adjoint aux droits de l’homme, M. Rassoul Ould El Khal, a précisé que la discrimination constitue une violation des droits fondamentaux de l’homme, tout comme la torture, et qu’ils constituent tous les deux avec l’esclavage et la traite des crimes punis par la loi, par l’islam et par les conventions internationales ratifiées par la Mauritanie. Il a précisé que la rencontre devra contribuer à mieux diffuser la culture des droits humains, ce qui permettra de renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale, tout en renforçant l’Etat de droit.

Le président du Forum des Acteurs Non-étatiques, M. Mohamedou Ould Sidi avait également exhorté les membres de la société civile à s’imprégner des connaissances reçues pour mieux transmettre les messages aux populations.

La société civile

Les autorités sont sensibilisées

Le Commissariat aux droits de l’homme avait également organisé, en présence du Commissaire M. Cheikh Ahmedou Ould Ahmed Salem Ould Sidi, une rencontre avec les autorités administratives, sécuritaires et judiciaires au niveau des trois Wilayas de Nouakchott. C’était pour les sensibiliser par rapport aux caravanes qui allaient sillonner leur région par des activistes des droits de l’homme dans le cadre de la campagne nationale contre l’esclavage, la traite, la discrimination et la torture.

Cette rencontre qui avait eu lieu le 17 octobre 2022 était le prélude de la campagne de lancement des caravanes qui s’est déroulé le lendemain, et qui bat son plein actuellement dans les neuf Moughataas de Nouakchott.

Intenses activités médiatiques

Dans toutes les régions du pays, dans toutes les Moughataas, les arrondissements, jusqu’aux hameaux les plus lointains, des dizaines, voire des centaines d’activistes sillonnent les zones de concentrations humaines, comme les marchés, les places publiques, pour sensibiliser les populations.

Ces campagnes sont accompagnées d’une forte médiatisation et utilisation massive de supports de communication, notamment les autocollants, les pancartes et banderoles, distribution de tee-shirt et casquettes à l’effigie de la campagne. Certains organisent même des soirées récréatives pour distiller les messages relatifs aux thématiques évoqués.

Cheikh Aïdara