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Au Festival de Ouadane, « Traversées Mauritanides » arrache aux touristes leur premier sourire

« Au-delà des frontières…nos mémoires ». Thème inspiré de la table-ronde organisée par « Traversées Mauritanides » en marge du Festival de Ouadane, 10-14 décembre 2021. Première bouffée littéraire offerte à une pléiade de touristes français tout frais débarqués d’Europe, les yeux pétillants de curiosité, le sourire en bandoulière.

Après Nouakchott et Sélibaby, l’association littéraire « Traversées Mauritanides » a égaillé les soirées de Ouadane et son festival qui a réuni du 10 au 14 décembre 2021, le gotha de la République. L’Alliance Française de Ouadane a ainsi inauguré sa première activité, samedi 11 décembre 2021, avec la table-ronde organisée par « Traversées Mauritanides » et son « Hiver Littéraire » devant un parterre de touristes français et quelques amoureux des belles lettres.

Exposition de livres et séances de dédicaces – Crédit Aïdara

« Au-delà des frontières…nos mémoires ». Thème accrocheur de la 3ème édition « Hivers Littéraire » des Traversées Mauritanides, animé par Bios Diallo avec comme invités, les écrivains MBareck Ould Beyrouk (Mauritanie), Paul Dakeyo (Cameroun), Mamadou Hadiya Kane (Office des Musées Mauritanie), Abderrahmane Cissako (cinéaste et véritable maestro du festival-Mauritanie).

G. à Dr. : Cissako, Beyrouk, Bios, Paul – Crédit Aïdara

Des échanges libres avec une centaine de touristes venus directement de France par Point Afrique. Leur première séance de masturbation intellectuelle, ils l’ont eue durant cette soirée, où la prestance des intervenants s’est agrémentée d’anecdotes croustillantes qui leur ont arraché leur premier sourire.

Un public jovial et enthousiaste a assisté à la table-ronde où les circonvolutions intellectuelles des conférenciers n’ont guère pesé sur une assistance composée en majorité de retraités venus à Ouadane à la recherche de l’insolite et du merveilleux.

@aidaraCrédit Aïdara

Dans les allées, la doyenne Turkiya Daddah, les membres de l’antenne de l’Alliance, sous la conduite de Mohamed Taleb, Zeïda Mint Bilal, avec la forte implication de Al Ardah Leïla, Bénédicte Brusset Madame Jacques Lucet, pour les dédicaces des livres d’auteurs mauritaniens.

L’anecdote sur l’origine de l’expression « tout va à gogo » par le guide et conteur, Sid’Ahmed a franchement détendu l’atmosphère.

Une belle soirée littéraire et d’échanges qui prépare à merveille, la suite des programmes dont les premiers échos parviennent non loin, à quelques encablures à l’Est, là où chauffent déjà quelques instruments traditionnels et le bruit des décibels.

Cheikh Aïdara
Ouadane


Mauritanie : le Musée National expose à Ouadane des objets du patrimoine rapatriés des Etats-Unis

Dans le cadre du Festival des Cités du Patrimoine, organisé à Ouadane du 10 au 14 décembre 2021, le stand de l’Office National des Musées a abrité diverses expositions portant sur des objets du patrimoine culturel et historique de la Mauritanie. Parmi ces objets, une collection rapatriée des Etats-Unis d’Amérique et cinq autres éléments de la culture mauritanienne parmi les plus connus sur le plan international et qui représentent les « Ambassadeurs culturels » du pays.

Le stand des Musées – Crédit Aïdara

Ouadane a vibré du 10 au 14 décembre 2021 au rythme du Festival des Cités du Patrimoine. Plusieurs stands d’exposition animés par des organisations représentant diverses localités du pays ont égaillé de leurs couleurs vives, ce festival annuel visant à valoriser les villes historiques de Chinguitty, Tichitt, Walata et Ouadane classées Patrimoine Universel par l’UNESCO.

Le stand de l’Office National des Musées de Mauritanie a abrité dans ce cadre l’exposition de divers objets du patrimoine historique et culturel du pays. Parmi ces objets, des éléments rares dont certains remontent à plusieurs siècles voire des millénaires.

Une collection rapatriée des Etats-Unis

Dr. Kane

« Ici, nous avons exposé quelque chose d’assez particulier, notamment des objets qui ont été restitués des Etats-Unis vers la Mauritanie ». C’est en ces termes que Dr. Kane Hadiya, Directeur général de l’Office National des Musées s’est exprimé à propos des objets exposés dans son stand. Selon lui, les objets restitués des Etats-Unis ont été collectés en 1980 en Mauritanie par Marie France Racette, une volontaire du Corps de la Paix américain. Avant sa mort il y a deux mois, cette dame a restitué ces objets à l’Université d’Arizona, laquelle les a remis au Dr. Baro Mamadou, professeur d’anthropologie originaire de Mauritanie, enseignant-chercheur à l’Université d’Arizona. Ce dernier a rapatrié les objets à l’Université Al Asriya de Nouakchott qui, à son tour, les a remis à l’Office National des Musées.

La collection rapatriée des Etats-Unis – Crédit Aïdara

« Ça, c’est un exemple à suivre, parce que nous avons beaucoup d’objets du patrimoine culturel et historique éparpillés à travers le monde et c’est la première fois qu’on nous en restitue une partie », a affirmé Dr. Kane Hadiya.

Dr. Barro

De son côté, Dr. Mamadou Baro a déclaré que la restitution des objets en question par la défunte Marie France Racette, une franco-américaine, est à saluer et que son insistance avant sa mort de voir ces objets retourner en Mauritanie doit constituer un exemple à suivre. « Je souhaite que les autres Américains, qui sont en possession d’objets du patrimoine culturel et historique de la Mauritanie, puissent les restituer au pays », a-t-il insisté.

Les objets en question représentent, selon Pr. Baro, des outils qui datent du néolithique pastoral, à peu près 5.000-7000 ans av. JC, plus d’autres objets d’ornement aussi importants sur le plan historique.

Les « Ambassadeurs culturels »

La diplomatie culturelle désigne une évolution récente de la diplomatie classique dite étatique, une sorte de soft power opposée au hard power et qui contribuent toutes les deux dans les relations internationales.

La boîte d’Aoudaghost et les dinars – Crédit Aïdara
Catalogue de Rebstock

« L’Office National des Musées a distingué des objets qu’on a nommé Ambassadeurs culturels, car il s’agit d’objets qui ont contribué au rayonnement international de la Mauritanie », a souligné Dr. Kane Hadiya.  Ces objets, selon lui, sont constitués entre autres, d’un catalogue rédigé par le Pr. Ulrich Rebstock de l’Université de Freiburg en Allemagne où il a recensé 4847 érudits mauritaniens entre le 11ème et le 20ème siècle. Les autres éléments sont constitués d’objets du Musée comprenant la statuette d’une femme et un vase qui viennent de la ville historique de Koumbi-Salah, ancienne capitale de l’empire du Wagadu. Ces objets comprennent aussi une boîte en cuivre, qui contenait des dinars en or Almoravide estampillés du nom de l’émir Youssouf Ibn Tachfine. Elle a été fabriquée au 11ème siècle à Malaga en Andalousie. Elle a été découverte en 1968 dans le village de Acharim près de Tijikja, et exposée en 2014 pendant six mois au Musée du Louvre en France. Il y a également un dinaro, une moule en verre pour fabrique le dinar et qui vient d’Aoudaghost.

Statuette de Koumbi-Saleh

Ces objets ont également été exposés, selon Dr. Kane Hadiya, au plus grand musée du monde, le Metropolitum Museum de New York, exposition où ont été invités le Musée de Nouakchott, celui de Dakar et de Bamako.

« Ces objets, à cause du Covid, ont été exposés pendant un an et demi, car ils devaient revenir au bout de six mois, mais cela a été prolongé du fait de la pandémie », a détaillé Dr. Kane Hadiya.

Revenant sur l’importance de ces objets en tant qu’ambassadeurs culturels de la Mauritanie, le Directeur général de l’Office National des Musées a précisé que « la diplomatie culturelle sert au rayonnement international des pays et contribue au règlement de différends que la diplomatie classique ne parvient pas à résoudre ».  

Vase de Koumbi-Saleh

Au cours de sa visite des différents stands d’exposition en marge du Festival de Ouadane, le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, s’est beaucoup attardé au stand du Musée. Le corps diplomatique a également été impressionné par la valeur des objets exposés. L’ambassadrice des USA en Mauritanie a eu un long entretien avec Dr. Baro Mamadou à propos des objets qu’il a ramenés des Etats-Unis vers la Mauritanie.

L’ambassadrice des USA en Mauritanie (extrême droite à droite) visitant les objets du Musée – Crédit Aïdara

Musée de Touezekt

Khalil N’Tahah

Passionné de culture et d’histoire, Khalil Ould N’Tahah, Conservateur du Musée de Touezekt à Atar, l’un des musées privés les plus importants du pays, affirme détenir quelques 6 000 manuscrits et objets archéologiques, allant de l’âge de la pierre jusqu’à l’époque moderne. « Parmi les objets les plus intéressants de mon point de vue, les manuscrits mauritaniens dont certains remontent au 7ème siècle » a-t-il avoué. Il s’agit selon lui, de milliers de manuscrits environ dont la conservation pose problème et qui ont besoin de numérisation.

Le musée de Touezekt est présent depuis plus d’une dizaine d’années dans tous les festivals des villes anciennes pour faire connaître le patrimoine des connaissances historiques de la Mauritanie aux milliers de visiteurs qui viennent chaque année se ressourcer dans ces rencontres, aussi bien les nationaux que les étrangers.

Il faut souligner que le musée de Touezekt a participé à plusieurs expositions internationales que cela soit en Europe, en Afrique ou dans les pays du golfe.

Cheikh Aïdara
Ouadane


10ème édition du Festival des Cités du Patrimoine à Ouadane : « Discours, reprogrammation, financements… Que d’innovations ! »

La 10ème édition du Festival des Cités du Patrimoine, ex-Festival des Villes Anciennes, a été organisée du 10 au 14 décembre 2021 à Ouadane (Mauritanie), dans la région de l’Adrar. Elle a connu des innovations de taille. Le nom du festival, la programmation biennale, le financement colossal, mais surtout l’assainissement de la ville et le discours du président Ghazouani qui continue de faire le buzz sur la toile et les médias classiques.

Ouverture officielle. Le président Ghazouani et son épouse au milieu des officiels
Ouverture officielle. Le président Ghazouani et son épouse au milieu des officiels

Le Festival des villes anciennes, dont les rideaux de la 10ème édition ont été tirés le 14 décembre dernier après cinq jours d’intenses activités, change de nom. Il s’appelle désormais « Festival des Cités du Patrimoine ». Ensuite, au lieu d’une programmation annuelle, le festival se tiendrait dorénavant tous les deux ans, avec possibilité de l’élargir à de nouvelles cités, voire la rallonger. Le financement, le casse-tête de tous les festivals dédiés aux cités antiques, n’a pas dérobé à la règle. Il est difficilement contrôlable, vu les dépenses infuses et la nature non connue d’avance des bénéficiaires ainsi que les montants à allouer. De quelques centaines de millions depuis plus d’une décennie, le festival pèse aujourd’hui des milliards d’ouguiyas. C’est surtout le discours du président Ghazouani qui a provoqué une vive polémique dans les réseaux sociaux. Chacun y est allé de ses interprétations. Celle de Samba Thiam, président des Forces Progressistes pour le Changement (FPC) a été la plus commentée.

Ghazouani à l’assaut de l’ordre social

Dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture du festival de Ouadane, le président Ghazouani a mis le doigt sur deux plaies de la société mauritanienne : la persécution des classes dites serviles et le tribalisme.  

Le président Ghazouani prononce le discours d'ouverture
Le président Ghazouani prononce le discours d’ouverture – Crédit Aïdara

Les derniers évènements qui ont touché les « Maelemine » ou forgerons, ainsi que l’affaire d’esclavage à Aïn Varba, et d’une manière générale, la situation des populations serviles et castées, auraient certainement inspiré ce discours. En effet, Ghazouani se dit attristé que « ces groupes de notre société ont historiquement été victimes d’injustices et de vision négative, alors qu’ils sont à la bonne échelle ». Selon lui, « ils devraient être au sommet de la hiérarchie sociale ».

Pour Ghazouani, « il est temps de purifier notre patrimoine culturel des vestiges de cette injustice odieuse et de se débarrasser de ces préjugés et stéréotypes qui contredisent la vérité, heurtent les règles de la charia et de la loi, affaiblissent la cohésion sociale et l’unité nationale et entravent le développement de mentalités conformes aux concepts d’Etat de droit et de citoyenneté ».

Enfin, le président a invité tous les citoyens à transcender les vestiges de cette injustice dans notre patrimoine culturel et à purifier les discours et les comportements de ces préjugés et faux stéréotypes. Mieux, il a appelé chacun « à se dresser face à l’émergence du soi tribal, qui contredit la logique de l’Etat moderne et ce qui nécessite, de se soucier de l’unité nationale ».

Le président Ghazouani a déclaré que « l’Etat restera le protecteur de l’unité nationale, de la dignité, de la liberté et de l’égalité de tous les citoyens par la force de la loi, quel qu’en soit le coût, et qu’il n’établirait pas un droit ou un devoir sur toute affiliation, sauf affiliation nationale ».

Ce discours qui a été accueilli avec enthousiasme par un large pan de l’opinion, a été vivement critiqué par une grande frange des négro-mauritaniens, notamment le président Samba Thiam des FPC qui déclare que ce « discours » n’est pas adressé à sa communauté. « A aucun moment, il ne parle de discriminations ou de racisme d’Etat, dont souffrent les négro-africains, tous les jours » affirme-t-il.

Une programmation restée classique

Le festival des cités antiques qui a jusque-là concerné les quatre villes classées Patrimoine mondial de l’UNESCO, Chinguitty, Ouadane, Oualata et Tichitt, est resté classique dans ses programmes. Ouverture officielle en présence du Chef de l’Etat, ministres, corps diplomatique, élus, administrateurs, officiers des forces armées et de sécurité, enfants de chœur, visite des stands, danses, poésie et folklore le soir. Des concours sont organisés, récitation du Coran, Hadith et Sirra, course de chameaux, tirs à la cible, jeux traditionnels, danses. Puis, le Chef de l’Etat et la quasi-totalité des officiels, y compris le corps diplomatique s’en va après le deuxième jour.

Premier chœur de la soirée d’ouverture- Crédit Aïdara

Ces deux jours où le président est sur place sont les plus difficiles pour les visiteurs, vu l’extrême nervosité et le zèle des forces du BASEP. Des bagarres éclatent sporadiquement aux portes d’entrée entre civils et militaires pratiquement tous les soirs.

Le festival, c’est aussi un nombre pléthorique de journalistes, de bloggeurs, de techniciens, de troupes musicales et théâtrales, de quémandeurs, de troubadours.

A l’occasion, le Ministère de la Culture s’installe et déménage avec cadres et personnels dans la cité choisie, cette fois à Ouadane, laissant vaquant pendant plus d’une semaine, ses appartements au 2ème étage de l’ancienne Primature. Fermées pour cause de festival.

Des milliards pour Ouadane

Dans son discours, Ghazouani a déclaré que pour la version actuelle du festival, celui de Ouadane, plus de 3 milliards anciennes ouguiyas sont alloués à la cité pour financer divers projets d’aménagements qui contribueront à améliorer l’accès aux services de base, tels que l’eau, l’électricité, l’éducation, la fin de l’isolement, le soutien au développement agricole et animalier, et d’autres choses qui contribuent à la mise à niveau de la ville et de ses environs et à l’établissement d’un développement local conforme à ses caractéristiques patrimoniales.

Rue du marché, principale avenue de Ouadane – Crédit Aïdara

Un montant de 36 millions d’ouguiyas a été alloué aux différents stands d’exposition. Des prix de plusieurs millions ont été décernés aux lauréats des différents concours. Des adductions d’eau et des branchements au réseau électrique ont été offerts à l’ensemble des habitants de Ouadane. Deux grands projets de 50 ha ont également été lancés pour la plantation de plusieurs dizaines de milliers de palmiers, sans compter la construction de digues de retenue d’eau, de puits pastoraux et de forages pour le développement agricole et animalier.

Toutes les familles de Ouadane désignées pour accueillir les milliers de festivaliers ont également reçues d’importantes sommes pour l’hébergement et l’alimentation de leurs hôtes.

Rendre la ville aussi propre qu’avant le festival

Le Ministre de la Culture, Mokhtar Ould Dahi, a supervisé la veille de la clôture du festival une grande campagne d’assainissement de Ouadane. « Nous devons rendre à la ville sa propriété telle qu’on l’a trouvé avant le lancement du festival et débarrasser toutes les ordures que l’organisation de la manifestation a provoquées » a-t-il annoncé à l’entame de l’opération. Munis de pelles et de brouettes, le ministre et son staff, mais aussi les autorités administratives et sécuritaires, ainsi que plusieurs bénévoles ont ainsi consacré l’après-midi du mardi 14 décembre à balayer et à nettoyer la ville.

Le ministre de la Culture donne l’exemple – Crédit Aïdara

De l’aveu des habitants, c’est la première fois qu’une telle opération d’assainissement est organisée à la fin du festival. « En général, après les festivités, les gens partent et nous laissent leurs saletés » déclare une vieille commerçante.

Des touristes à demi-satisfaits

Quelques 140 touristes français, débarqués à la veille du festival de Ouadane par Point Afrique, se sont lancés à l’assaut des vestiges de la vieille cité, notamment la ville antique, la rue des 40 Savants, le puits protégé, les murailles de pierre, la vieille mosquée, les bibliothèques…

La journée, ils errent entre les différentes curiosités de la cité, déambulent entre les stands d’expositions ou se reposent dans les auberges qui les accueillent. Le soir, ils viennent assister aux folklores. Mais la déception se lit chez certains, face notamment au non-respect de l’horaire des spectacles, ou encore, au manque de programmation le matin.

La plupart sont cependant des habitués du grand Sahara et du festival des villes anciennes, d’où une certaine endurance face à la non ponctualité des Mauritaniens.

Jean-Marc et son épouse – Crédit Aïdara

Jean-Marc Rouget, originaire de Paris et résident aux alentours de Montpellier, est un vieil amoureux des randonnées sahariennes. Il est retraité, Secrétaire d’une association internationale, « Les Amis de l’Art Rupestre Saharien », créée il y a trente ans et qui regroupe plusieurs nationalités.

« J’ai toujours été passionné par le Sahara, que j’ai connu assez tard dans ma vie » reconnait-il. Il souligne que sa première visite dans cette région, c’était au Sud de la Libye à l’époque de l’embargo aérien sous Kadhafi.  

Jean-Marie Rouget et son épouse ont déjà visité la Mauritanie, il y a deux ans. Ils avaient marché pendant quinze jours, avec d’autres touristes, et à dos de chameaux, en redescendant d’Atar vers Chinguitty.  « Cette année, j’ai été surtout très heureux d’avoir visité Guelb Richatt, « l’œil de l’Afrique » sourit-il. Sur le plan des appréhensions, lui et son épouse se déclarent tout à fait rassurés sur le plan sécuritaire. Surtout, selon lui, « Maurice Freund, le patron de Point Afrique, est très responsable ; il n’allait pas nous amener ici s’il n’était pas sûr que nous n’avions rien à craindre » argumente-t-il.

Jacques habite à Toulouse, en France. Il parcourt l’Afrique depuis très longtemps et la Mauritanie depuis plus de 25 ans, avec son épouse. « Dans les années 80, il n’y avait rien à Ouadane, rien que des pierres et de rares habitants » se souvient-il. Il garde de beaux souvenirs de la cité, surtout sa descente vers Guelb Richatt. « Nous sommes tombés tout simplement amoureux de la Mauritanie » avoue Jacques, qui dit son émerveillement en découvrant le ciel et les étoiles, qu’il ne voit pas en France.

Jacques et son épouse – Crédit Aïdara

De cette passion est née une amitié durable avec une famille de chameliers, avec qui, lui et son épouse ont partagé une vie de nomade, même nourriture et même habitat rudimentaire. Mais aussi son autre amitié avec Sid’Ahmed, un guide qu’il a reçu chez lui en France et avec qui il a noué une sérieuse amitié au cours de son séjour à Atar.

La philosophie de Jacques est simple. « Je pense que nos jeunes devraient venir faire un petit stage ici pour rencontrer la nature et remettre certaines valeurs en bon ordre. Aujourd’hui, quand on demande à un jeune qu’est-ce qu’il y a de plus important pour lui ? Il répond : mon smartphone d’abord, puis le reste.  Tandis que nous, nous savons que c’est d’abord pouvoir manger, dormir et se mettre à l’abri. C’est ça les vraies valeurs dans l’ordre, le téléphone vient très loin vers le bas. J’aimerai bien que les jeunes arrivent à comprendre ça et pour cela, il leur faudra le vivre. Donc, ils devraient venir ici pour un stage ».

Pour le festival, il dit qu’il s’attendait à quelque chose de mieux organisé. « Attendre le soir pour voir quelque chose, je trouve que c’est loin. Puis, on vous dit le soir que cela va commencer à 8 heures et ça commence à 11 heures…C’est vrai que ce sont vos coutumes, vous en avez l’habitude » avance-t-il.

Pour Jacques, le pays doit prendre en compte qu’il a besoin de tourisme et que les touristes aussi ont besoin de lui. Il faudrait, d’après son avis, arriver à trouver un certain équilibre. « Parce que si vous parcourez des milliers de kilomètres jusqu’ici, que l’on passe toute une journée sans rien à voir et le soir, on se met mal au dos sur une chaise, en attendant que le politique arrive à onze heure ou minuit, c’est un peu difficile. Nous, on le prend avec philosophie, parce qu’on en a l’habitude, mais tout le monde n’a pas l’habitude » fait-il remarquer.*

Certaines figures clés du festival

Cissako – Crédit Aïdara

Impossible de parler du Festival de Ouadane sans mentionner quelques personnalités clés de ce festival. Il s’agit en l’occurrence du cinéaste Abderrahmane Cissako, ingénieur et véritable maestro de cette manifestation sur le plan conception générale et supervision. Pas étonnant qu’il ait été nommé Ambassadeur culturel itinérant de la Mauritanie.

Sidi Baba-Crédit Aïdara

Il s’agit aussi du député des Mauritaniens en Afrique, Sidi Baba Ould Lahah pour son rôle dans l’accueil et l’offre de divers services aux visiteurs du festival dans sa vaste demeure à Ouadane, notamment les élus venus des autres régions du pays, le staff du ministère de la Culture et autres hauts responsables de l’Etat. Il y a également tous ces soldats de l’ombre du Ministère de la Culture qui s’occupaient parfois jusque tard dans la nuit, de tous les aspects administratifs de la manifestation.

Cheikh Aïdara
Ouadane


Nouadhibou : techniques de veille et de documentation dans le domaine des droits humains

Un atelier de formation sur les techniques de veille et de documentation dans le domaine des droits de l’homme, a été organisé samedi 11 décembre 2021 à Nouadhibou par le Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile. Avec la collaboration du Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme et la Plateforme régionale des organisations de la société civile, la rencontre a profité à plusieurs organisations de défense des droits humains.

Ouverture officielle de l’atelier

L’atelier de formation sur les techniques de veille et de documentation ouvert à Nouadhibou le 11 décembre 2021, avait pour objectif le renforcement des capacités des organisations de la société civile dans les domaines de la surveillance et de la documentation. Il s’agit de deux axes essentiels en matière de promotion et de protection des droits de l’homme, vu l’importance de l’enquête et de l’audit dans la collecte de données, seul gage d’un travail sérieux dans le domaine des droits humains.

Les participants ont suivi des communications présentées par des experts et des juristes, sur les lois et procédures garantes de la promotion des droits de l’homme.

Isselmou Salihi, directeur de la documentation (à gauche)

Selon le directeur des Droits de l’Homme, M. Sidi Mohamed Ould Limame, cette formation vise à doter les associations participantes de compétences et de techniques qui leur permettront de pouvoir surveiller et documenter les cas de violations des droits de l’homme, notamment celles liées à la traite des êtres humains et aux formes d’esclavage.

Sidi Mohamed Limam, directeur des droits de l’homme (à gauche)

Il a ajouté que cet atelier entre de plein cœur dans les missions dévolues au département chargé des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de l’exercice du droit garanti à la partie civile, les violations des droits humains et les pratiques asservissantes.

L’atelier a démarré en présence des autorités administratives et sécuritaires de la Wilaya de Dakhlet-Nouadhibou et la société civile.

Cheikh Aïdara