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Marché à bétail de Boghé en Mauritanie : éleveurs et courtiers ont pris possession des lieux

Depuis une année, le nouveau marché à bétail de Boghé, construit par le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS-Mauritanie) accueille éleveurs et courtiers venus des quatre coins du département. Fini les réticences d’avant. Aujourd’hui, tous apprécient le confort des infrastructures et la commodité des lieux. C’est ce qu’une équipe de journalistes a constaté sur place le 28 octobre 2021.

Eleveurs et courtiers dans le nouveau marché à bétail de Boghé- Crédit Aidara

« Nous attendons juste d’être fixé sur les directives pour qu’on débute réellement la gestion du marché, gestion qui d’ailleurs a commencé depuis près d’une année, mais il manque seulement quelques détails à régler pour foncer à plein régime. »

Abdourahim Sall – Crédit Aidara

C’est en ces termes que M. Abdourrahim Ibrahima Sall, président du Comité de gestion du marché à bétail de Boghé construit par le PRAPS, a accueilli un groupe de journalistes en visite au marché ce jeudi 28 octobre 2021. Une partie des journalistes étaient d’ailleurs à Boghé, il y a un peu plus d’un an, lorsque le nouveau marché venait juste d’être terminé. Ils ont encore en écho la réticence des éleveurs et courtiers lorsqu’ils leur avaient demandé, s’ils comptaient y déménager. « Jamais ! » s’était récrié la plupart.

Un nouveau marché équipé incomparable avec l’ancien

Aujourd’hui, c’est avec un grand sourire que les récalcitrants d’hier reconnaissent avoir été dans le tort. « L’habitude par rapport à notre ancien espace de vente nous avait fait croire qu’on ne pourra pas trouver meilleur endroit, bien qu’on était exposé aux intempéries sans aucun refuge autre que des abris de fortune, avec l’insécurité en plus » reconnaît Sow Elimane, courtier à Boghé.

Anarchie et insécurité, l’ancien marché de Boghé – Crédit Aidara
Sécurité et commodités du nouveau marché – Crédit Aidara

« Il n’y a rien de comparable entre l’ancien marché et celui-ci construit par le PRAPS. Avant, nous étions sur un terrain appartenant à un particulier, ouvert aux quatre vents, sans aucune infrastructure. Nos animaux étaient souvent exposés au vol et personne n’osait y laisser traîner un cabri. Nous partions avec notre bétail le soir pour les ramener le lendemain à cause de l’insécurité » débite M. Abdourrahim Sall. Puis, reprenant son souffle, il déclare, la voix grave : « Ici, nos bêtes sont en sécurité. L’endroit est clôturé par des murs en dur surmonté de barbelés. Il y a un gardien. Nous avons des enclos, une salle de prière et une grande véranda pour le repos, des toilettes, de l’eau courante et de l’électricité. Qu’est-ce-que vous voulez de plus ? » s’interroge-t-il, en jetant un regard rapide sur ses deux adjoints et quelques curieux qui suivaient les échanges, comme pour les prendre à témoin. Tous acquiescent de la tête.

Rentrées substantielles pour la commune

Nejib Imijine -Crédit Aidara

Nejib Ould Imijine est le percepteur de la commune chargé de collecter la taxe sur le bétail. Selon lui, les rentrées sont encore modestes, soulignant que, par jour, ce sont environ 40 à 50 caprins, et entre 10 et 15 vaches environ, qui rentrent et sortent du marché. « Les activités sont actuellement au ralenti ; c’est surtout durant les grands évènements, comme les fêtes religieuses, où le marché connaît vraiment son pic » reconnaît-il. En attendant que les procédures de gestion soient établies, il évoque quelques failles dans le contrôle des flux de bétails qui entrent ou sortent. Pour le moment, il trouve que les retombées du marché sur la commune et les acteurs sont appréciables. Pas beaucoup de charges financières sur les éleveurs et courtiers de nature à entraver leurs activités d’une part et d’autre part, quelques rentrées subsidiaires qui permettent à la commune d’assurer la gestion des lieux. « Nous prélevons 100 MRO par jour et par mouton, et 200 MRO pour les vaches, ce qui fait environ des recettes journalières qui varient entre 2.000 à 4.000 MRO par jour pour la commune » estime-t-il.

Une activité économique encore au ralenti

Mohamed Ould Salem – Crédit Aidara

Le ralentissement des activités est partout patent en cette journée d’octobre, et la pluviométrie n’a pas été clémente cette année, se plaignent plusieurs éleveurs interrogés. C’est le cas de Mohamed Ould Salem, courtier. « Notre travail consiste à acheter et revendre des moutons. Les prix ont beaucoup baissé. Un mouton se vend aujourd’hui entre 26 et 40.000 MRO. Avant, durant les mois passés, ça allait jusqu’à 50 ou 60.000 MRO » témoigne-t-il. « Il nous arrive de partager à trois ou quatre l’achat d’un mouton pour ensuite diviser les bénéfices après la vente, pour vous dire notre état de vulnérabilité » poursuit-il. Lui et ses deux amis qui l’accompagnent trouvent que le nouveau marché de Boghé est de loin plus rentable et plus fréquentable que « la calamité que nous avions auparavant » lance Mohamed Ould Salem dans un sourire narquois. Amady Hamadou Sow de Thialgou est du même avis, même s’il reconnaît qu’il n’y a pas encore assez d’acheteurs qui se bousculent au marché à bétail ces temps-ci.

C’est la même complainte de la part de Vatimetou Mint Imijine, vendeuse de thé. Plateau de verres et grosse théière entre les mains, elle se plaint de ses faibles entrées. « L’activité économique est lente ici, et parfois je rentre à la maison sans la dépense de la journée » gémi-t-elle. « Mais Alhamdoulilah, le nouveau marché est là, et nous disposons de toutes les commodités. Regarde le grand hangar dans lequel j’officie ! Avant, je n’avais rien pour me couvrir du soleil et du vent » lance-t-elle dans un soupir.

La mairie de Boghé impose son autorité aux acteurs du marché à bétail

Mahmoud Ahmed Dia, 2ème Adjoint Maire de Boghé – Crédit Aidara

« Nous entretenons d’excellentes relations avec les acteurs du nouveau marché à bétail » se félicite M. Mahmoud Ahmed Dia, deuxième adjoint au maire de Boghé, dans un excellent arabe. Pour ce qui est des problèmes connexes, il y en aura toujours, reconnaît-il en substance. Par rapport, par exemple, aux plaintes liées aux inondations qui rendent le marché inaccessible pendant l’hivernage, il déclare que cette situation n’est pas propre au marché, et que même les locaux de la municipalité et tout le quartier situé dans la partie Boghé Less, souffrent des mêmes problèmes d’accessibilité pendant la période des pluies. « Nous parvenons cependant toujours à résoudre ce problème en pompant l’eau » souligne-t-il. Il a évoqué par ailleurs le retard pris dans le début d’une vraie gestion du marché. Ce qui est dû selon lui, à des procédures administratives en cours de finalisation liées aux directives à suivre par le bureau du Comité de gestion. « N’empêche, dira-t-il, la gestion est bien assurée depuis l’ouverture du marché ».

Un courtier en provenance de Thialgou – Crédit Aidara

Pour imposer son autorité, le maire adjoint a déclaré que la commune a sorti une circulaire dont copie a été remise au Hakem et aux forces de l’ordre, la gendarmerie et la police notamment, interdisant toute opération de vente ou d’achat de bétail en dehors du nouveau marché, au niveau du département de Boghé. Les contrevenants, selon lui, s’exposent à de lourdes amendes.

Des éleveurs et courtiers venus de tout le département de Boghé – Crédit Aidara

Il a enfin remercié le PRAPS pour cette infrastructure d’envergure qui permet, selon lui, d’organiser plus rationnellement la vente du bétail sur pied, pour le grand bien des acteurs du secteur, pour la commune et pour les services déconcentrés de l’Etat, comme les services vétérinaires, entre autres.

Il faut noter que le nouveau marché à bétail de Boghé, comme celui construit par le PRAPS, avec l’appui de la Banque Mondiale, dans plusieurs villes et localités en Mauritanie, a coûté 6 millions MRU (60 millions anciennes ouguiyas). Il comprend une grande salle de prière, des toilettes, un grand hangar pour le repos des visiteurs du marché, une aire d’embarquement et de débarquement des animaux, plus quatre enclos, le tout sur une surface clôturée de 5 hectares, non loin de l’axe routier.

Cheikh Aïdara


Cas d’esclavage à Aïn Varba, la Chambre d’accusation près de la Cour d’Appel place deux présumés esclavagistes en prison

Le cas d’esclavage signalé par l’Initiative du mouvement abolitionniste (IRA) dans la localité de Aïn Varba, département de Tintane au Hodh El Gharbi, a connu un spectaculaire rebondissement. La Chambre d’Accusation près de la Cour d’Appel de Kiffa a placé en dépôt, lundi 15 novembre 2021, un père et sa fille, accusés de pratiques esclavagistes, conformément à la Loi 2015-031 du 10 septembre 2015 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes.

Marième Mint Cheibani – Crédit Aidara

La Chambre d’Accusation près de la Cour d’Appel du Tribunal de Kiffa (Assaba) a finalement tranché les tergiversations du juge d’instruction du tribunal d’Aïoun (Hodh Gharbi) qui contrairement à la requête du Procureur de la République portant mise sous écrou du principal accusé, avait tenté de le placer sous contrôle judiciaire lui et sa fille. Lundi 15 novembre 2021, la Chambre d’Accusation a requis la mise sous dépôts des deux présumés esclavagistes, Cheikhna Chehlawi et sa fille Salma, en attendant leur jugement devant la Cour spéciale de justice chargée des questions d’esclavage à Néma au Hodh Echarghi.

Au commencement de l’affaire

Vers la première semaine du mois de novembre 2021, éclate l’affaire Marième Mint Cheibani, une femme de 39 ans qui affirme être victime de servitude domestique héréditaire de la part de la famille Cheikhna Chehlawi dans la localité de Aïn Varba, relevant du département de Tintane au Hodh Gharbi. La femme se plaint auprès de l’ONG IRA et déclare que ses deux enfants sont confisqués et exploités par ses maitres, lesquels ont également, selon elle, confisqué sa pièce d’identité quand ils ont appris qu’elle s’est plaint devant des défenseurs des droits de l’homme.

Marième Cheibani en compagnie de son mari (à gauche) et de son bébé – Crédit Aidara

Une mission du mouvement IRA se rend sur place le 8 novembre 2021 pour vérifier les accusations portées par la plaignante. Les membres de la mission accompagnent alors la victime à la brigade de gendarmerie pour porter plainte pour pratiques esclavagistes. Des pratiques fortement réprimées par la loi 2015-031 du 10 septembre 2021 et érigées en crimes contre l’humanité dans la Constitution mauritanienne.

Très vite, le mouvement IRA dans un communiqué publié le même jour exprime ses craintes quant à un éventuel blanchissement de l’affaire, rappelant des faits similaires en 2011 quand ses militants furent arrêtés, torturés et emprisonnés suite à la dénonciation d’un cas d’esclavage dans cette même localité de Aïn Varba.

L’affaire est portée devant le Tribunal d’Aïoun

Devant le tribunal d’Aïoun où l’affaire a été portée, le présumé coupable d’actes esclavagistes, Cheikhna Chehlawi est convoqué pour audition. L’une des filles de la plaignante, Salka, donnée en cadeau de noces, selon elle, à Salma Mint Chehlawi est ramenée de Nouakchott, mais les observateurs s’étonnent que sa maîtresse ne le soit pas. Certains présumés esclaves de Cheikhna Chehlawi, notamment les sœurs, tantes et nièces de la plaignante, auraient même été mobilisées pour défendre leurs maîtres devant le tribunal. Le plus étonnant pour les observateurs est le fait que le Procureur en ait pris acte, surtout que le motif serait à leurs yeux ridicule, plainte pour plainte portée à l’encontre de Cheikhna Chehlawi.

Mais les appréhensions des défenseurs des droits de l’homme seront vite dissipées, car dans la nuit du 13 novembre 2021, le juge d’instruction et le Procureur du Tribunal d’Aïoun, accusent Cheikhna Ould Chehlawi et sa fille Salma de pratiques esclavagistes sur Marième Mint Cheibani et ses deux filles.

A en croire les déclarations de Mohamed Lemine, l’époux de la présumée esclave Marième Mint Cheibani, le Hakem et le Maire de Tintane seraient sous la coupe de l’article 18 de la loi 2015-031 qui stipule que « tout officier ou agent de police judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de cinq cent milles (500.000) à un million (1.000.000) d’ouguiyas. »

Ceci sur la base de la déclaration selon laquelle, ces deux fonctionnaires auraient été saisis sur le cas de Marième Mint Cheibani. Son mari déclare être parti se plaindre auprès du Hakem qui se trouvait en ce moment en compagnie du maire, parce que Cheikhna Chehlawi aurait refusé de lui remettre la pièce d’identité de son épouse pour lui permettre de se soigner. Au lieu de l’aider, le Hakem et le Maire l’auraient éconduit. C’est lorsque les portes de l’administration se sont fermées devant lui, que le mari déclare avoir été contraint de prendre contact avec les représentant d’IRA à Tintane.

Les défenseurs des droits de l’homme décèlent beaucoup de non-dits dans ce dossier, tel que l’impunité du père des deux filles de Marième, le nommé Didi, qui devait selon eux être écroué pour complicité d’esclavage, mais aussi les parents de la plaignante pour avoir fait de faux témoignages devant le tribunal et des calomnies dans les réseaux sociaux à l’encontre de la plaignante et de son mari.


Positon de la Commission national des droits de l’homme

Au cours d’une conférence de presse animée dimanche 14 novembre 2021 par le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Mohamed Salem Ould Bouhoubeini, l’organisation déclare avoir dépêché une mission à Aïn Varba, entre le 10 et le 12 novembre 2021 suite à des allégations d’esclavage dans cette localité. Cette mission était composée de membres de la commission, des représentants du Bureau du Haut-commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et quelques ONG de défense des droits de l’homme.

Le président de la CNDH a expliqué la méthodologie d’enquête suivie par la mission, avant de conclure qu’aux termes des investigations, son organisation estime qu’il y a « de fortes présomptions de cas d’esclavages conformément aux termes de la loi de 2015 ». La CNDH encourage les autorités judiciaires à continuer les investigations afin de vérifier des éléments qui puissent confirmer ou infirmer le cas.

Il a exprimé sa satisfaction face à la diligence avec laquelle les autorités judiciaires ont réagi et les encourage à continuer la lutte contre l’impunité dans le cadre de la mise en œuvre de la loi 2015-031.

Il a aussi remercié le gouvernement pour les efforts fournis dans le cadre de la lutte contre l’esclavage qui ont été salués par le dernier rapport américain sur la traite des êtres humains, salués aussi par la Haute Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies dans son dernier discours, ainsi que le rapporteur spécial contre l’esclavage qui visitera la Mauritanie incessamment à l’invitation du gouvernement.

La Chambre d’Accusation écroue les deux principaux auteurs

Lundi 15 novembre 2021, alors que plusieurs sit-in sont organisés par les militants d’IRA devant les Palais de Justice d’Aïoun, de Nouakchott et de Nouadhibou, la Chambre d’Accusation près de la Cour d’Appel du Tribunal de Kiffa, émet deux mandats de dépôts, à l’encontre de Cheikhna Ould Chehlawi qui a été écroué à la prison d’Aïoun et de sa fille, Salma Mint Chehlawi, qui a été acheminée vers la prison des femmes de Nouakchott.

L’instruction du dossier serait toujours en cours, en attendant sa finalisation et le déferrement de l’affaire devant la Cour spéciale chargées des questions esclavagistes de Néma, au Hodh Charghi.

Aux dernières nouvelles, nous avons appris que la présumée victime d’esclavage, Marième Mint Cheibani, ses trois filles ainsi que son mari ont été contraints de venir à Nouakchott avec l’aide du mouvement IRA, suite à des exactions et à leur expulsion de la localité de Ain Varba et de Tintane. Une conférence de presse est prévue dans ce cadre, en présence de cette famille de présumés esclaves, ce jeudi 18 novembre 2021.

Cheikh Aïdara


Station Météo d’Aïoun, le Conseil Régional et le Ministre de l’Intérieur cherchent à déloger leur logeur en violant un contrat d’établissement dûment signé

Le sort de la station météorologique d’Aïoun, vieille de 75 ans et pointée sur la carte de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile sous le code 61499 GQNA, n’est pas encore scellé. Le président du Conseil Régional d’Aïoun, avec l’appui du Ministre de l’Intérieur et d’un haut gradé de l’armée, cherche à la déloger, malgré un contrat d’hébergement dûment signé en date du 15 août 2020.

Station Météo Aïoun – Crédit Aidara

Le siège du Conseil Régional d’Aïoun est presque fin prêt, avec une ouverture de six mètres donnant sur la route de l’Espoir qui traverse la ville, conformément aux termes du contrat qui liait le conseil et la Station Météorologique, propriétaire légitime des lieux depuis 1946. Aujourd’hui, le président du Conseil Régional veut renier les termes du contrat et détruire 75 années de données météorologiques et un bâtiment historique.

Rappel des faits

Selon le contrat signé le 15 août 2020, le Directeur général de l’Office National de la Météorologie, M. Mohamed Abdatt Cheikh Mohamed El Mamy, avait au nom du Ministre de l’Equipement et des Transports, concédé au président du Conseil Régional d’Aïoun, M. Khattar Ould Cheikh Ahmed, une partie du terrain de la station météo d’Aïoun. C’était en présence du Wali du Hodh El Gharbi, du Hakem d’Aïoun et du Délégué régional du Ministère de l’Habitat.

Le contrat stipule que le Conseil Régional d’Aïoun est autorisé, par l’Office National de la Météorologie, à construire son siège dans la partie Nord du terrain de la station météo, cette dernière conservant la partie Sud, au bord de la Route de l’Espoir sur une longueur de 35 mètres sur 30 mètres côté sud-ouest, et 30 mètres côté Nord. Une ouverture de 6 mètres sera aménagée pour l’entrée et la sortie des véhicules. Le Conseil Régional s’engage aussi à prendre en charge, à hauteur de 70.000 MRU, le déplacement du matériel et des installations de la station se trouvant sur la partie qui lui est dévolue, pour les placer sur le reste du terrain revenant à la station.

Le siège du Conseil Régional en plein chantier – Crédit Aidara

Non seulement, le Conseil Régional n’a pas jusqu’ici honoré ce dernier engagement de 70.000 MRU, mais il cherche aujourd’hui tout simplement à s’accaparer de tout l’espace en rasant la station météo.

Le personnel météorologique s’indigne auprès du Président Ghazouani

Dans une lettre adressée il y a quelques jours au Président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, le personnel de l’Office National de la Météorologie s’indigne face aux menaces d’accaparement visant les terrains occupés par les stations météo dans plusieurs Wilayas du pays et dont certaines sont antérieures à la naissance de la Mauritanie.

Le cas de la Station d’Aïoun est emblématique, car elle renferme 75 années de données météorologiques que certains cherchent aujourd’hui à détruire, menaçant ainsi l’existence d’un vestige historique largement ancré dans la mémoire collective au Hodh El Gharbi et à Aïoun en particulier.

Le personnel a mis en exergue le rôle important que jouent les stations météorologiques dans la préservation des vies des citoyens et de leurs biens, mais aussi leur rôle dans le développement économique et social, notamment dans le domaine des transports, de l’agriculture, de l’élevage, de la santé, de l’environnement, du tourisme, entre autres.

Les Bulletins météorologiques quotidiens et les prévisions climatologiques fournissent des données qui permettent aux décideurs de prendre les bonnes décisions à temps et aux acteurs économiques de prévenir les aléas, surtout dans un contexte mondial marqué par les changements climatiques.

La Station d’Aïoun joue dans ce cadre un rôle primordial dans la fourniture de données comparatives sur le plan régional et international.

Le chantier du siège du Conseil Régional vu de l’extérieur – Crédit Aidara

Cette surveillance permanente et continue de l’évolution climatologique est assurée par un personnel qualifié dont la plupart consent des efforts depuis plusieurs années, voire plusieurs décennies, malgré des conditions de vie et de travail difficile, pour fournir des données vitales pour la sécurité aéronautique et maritime, entre autres. En même temps, ces données fournies par les stations régionales participent aux échanges dans le domaine météorologique sur le plan régional et international, sous les auspices de l’Organisation mondiale de la météorologie et l’organisation internationale de l’aviation civile.

Le Ministre de l’Intérieur s’implique dans la forfaiture

Faisant fi des termes du contrat par lequel le Conseil Régional a consenti n’être qu’un simple occupant dans la propriété exclusive de la Station Météo d’Aïoun, le Ministre de l’Intérieur a adressé il y a quelques jours au Ministre de l’Equipement, une lettre dans laquelle il lui demande de déplacer la Station dans un autre terrain que le Ministère de l’Habitat se chargera de construire.

« Si le Ministère de l’Habitat a été incapable de construire un magasin qui coûte 70.000 MRU, comment va-t-il construire tout un bâtiment ? » s’indigne un agent de la station d’Aïoun.

Selon le personnel, cette affaire sent un règlement de compte et soupçonne l’appui d’un puissant gradé de l’armée dans ce bras de fer où ce dernier pèse de tout son poids en faveur d’un allié politique, le président du Conseil Régional d’Aïoun.

« Ils avancent comme prétexte qu’il existe une station météo à l’aéroport d’Aïoun, ignorant qu’il s’agit d’une station automatique destiné uniquement à l’aéronautique, ce qui est totalement différent d’une station météorologique. C’est ce que le Directeur général de l’Office National de la Météorologie n’a cessé de leur expliquer » soutient-on au sein du personnel. L’exemple du déménagement de l’ancien aéroport de Nouakchott, sans que la station Météo, l’ASECNA et l’Office National de la Météorologie n’aient bougé de leur emplacement initial, est significatif selon les agents.

Aujourd’hui, le sort de la Station Météo d’Aïoun est entre les mains des décideurs. Après le retour du Directeur Général de l’Office National de la Météorologie de la Cop qui vient de s’achever, une rencontre devrait se ternir, entre les départements de l’Intérieur, de l’Equipement et de l’Habitat.

Cheikh Aïdara


Aire de Repos de Robine, des infrastructures en phase de finition

Située dans la commune d’Aghchorguitt, à 237 Km de Nouakchott, l’Aire de Repos de Robine est une halte providentielle entre les deux Hodhs et l’Assaba, réservoirs de bétail du pays, et les marchés de Nouakchott. Le temps d’une halte de quelques heures, les éleveurs disposent désormais d’une infrastructure presque complète construite par le Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS).

Aire de Repos de Robine – Crédit Aidara

L’Aire de Repos d’Aghchorguitt est fonctionnelle depuis 2019. Ses infrastructures sont presqu’achevées. C’est ce que le gestionnaire des lieux, désigné par le conseil municipal, en accord avec la Délégation régionale du Ministère de l’Elevage, M. Moustapha Ould Babe, a affirmé lors d’une interview, jeudi 28 octobre 2021. « Depuis votre dernier passage en 2020, beaucoup de choses ont été réalisées, telles les abreuvoirs qui permettent aujourd’hui d’abreuver tout un troupeau à la fois, alors que les réservoirs en bassine utilisés à l’époque ne permettaient de recevoir que dix moutons à la fois. » a-t-il commencé à énumérer.

Il a cité aussi le château d’eau, aujourd’hui fonctionnel, qui a permis une telle facilité dans l’abondance de l’eau, mais aussi la rampe construite en dur qui permet aisément de débarquer ou d’embarquer les animaux à partir des camions. Auparavant, les animaux sautaient et cela causait parfois des fractures chez certains d’entre eux, a-t-il ajouté en substance. Aujourd’hui, deux rampes de débarquement et d’embarquement sont en état de finalisation. « Il ne reste que la clôture des lieux. Le grillage est là dans le magasin, et dans dix jours, si vous repassez, vous trouverez que la clôture est entièrement placée » a-t-il souligné.

Moustapha Ould Babe – Gérant de l’Aire de Repos de Robinet – Crédit Aidara

« Il y avait quelques éleveurs de passage, en provenance des Hodhs, mais ils sont repartis juste avant votre arrivée » regrette-t-il. Selon Moustapha Ould Babe, « c’est surtout pendant la période d’été que l’affluence est plus grande, lorsque les pâturages de l’Est commencent à se dessécher et qu’il faut convoyer le plus de bétail pour éviter la période de disette. Ou pendant les deux grandes fêtes religieuses, El Fitr et Ad Ha (korité et tabaski) ».

Le gestionnaire d’expliquer qu’une réunion est en préparation au niveau de la commune pour créer des rentrées, presque symboliques, histoire d’aider à la gestion des lieux. « Il s’agit de participations vraiment symbolique, comme 50 MRO pour prendre une douche, ou 100 MRO pour le prix d’un passage…Juste de quoi aider à la propreté et à l’entretien des lieux » justifie-t-il.

Rampe de débarquement/embarquement en finition – Crédit Aidara

Il faut rappeler que l’Aire de Repos de Robine est bâtie sur une surface de 400 mètres carrés. Elle comprend un hangar de 120 mètres carrés, une salle de conservation d’intrants, un forage et un château d’eau fonctionnant à l’énergie solaire et six abreuvoirs. Elle est le lieu de convergences de nombreux éleveurs et convoyeurs d’animaux venus de plusieurs localités de l’Est du pays.

Avant l’intervention du PRAPS-MR, c’était un espace désolant, sans abri, sans eau, sans locaux contre les ventes de sable et le soleil ardent. Rien que des arbustes pour se protéger de la furie des éléments. Un témoignage de Mohamed Abidine, 70 ans, commerçant de bétail venant de Tayef près de Guerrou dans la Wilaya de l’Assaba

Selon le Directeur Technique du PRAPS-Mauritanie, M. Mohamed Vadel Néma, l’utilité des infrastructures installées au niveau de l’Aire de Repos de Robine du Brakna, comme celle construite à Fam-Lekhreydhat en Assaba, est évidente.

« Elles répondent, selon lui, à un réel besoin ». De préciser plus loin que « l’emplacement des principales zones pastorales par rapport aux débouchés implique que les animaux sur pied sont convoyés sur des axes de commercialisation qui sont relativement longs ». Il explique en substance que l’absence d’aires ou de gîtes de repos aménagés le long de ces axes ne permet pas de maximiser le poids vif et l’embonpoint des animaux pour une meilleure valorisation dans les marchés terminaux.

Cheikh Aïdara