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Recrudescence des Violences basées sur le genre au Gorgol sous Covid-19

Les Mutilations génitales féminines (MGF), forme extrême de violences basées sur le genre (VBG), reviennent en force sous la pandémie Covid-19, notamment dans la Wilaya du Gorgol. Le constat a été fait auprès de quelques acteurs rencontrés à Kaédi et à Mbout. C’était lors d’une mission de distribution de supports de communication anti-covid menée par le Ministère de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) du 6 au 8 novembre 2021.

Les adolescentes, les plus exposées aux VBG – Crédit Aidara (photo archives)

« Les VBG ont repris de l’ampleur depuis 2020 et vont crescendo depuis le déclenchement de la pandémie Covid-19 » déclare Roghaya Cheikh Abdel Kader, responsable de « Femmes Volontaires pour le Développement au Gorgol », une ONG des droits de l’homme, qui abrite aussi une « Maison Familiale » spécialisée dans la formation aux métiers de l’agriculture et de l’élevage.

Des MGF en croissance

Ce sont surtout les MGF qui semblent avoir pris du poil de la bête, notamment en milieu rural et dans certains villages du Gorgol, où la pratique de l’excision a repris de plus belle, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation sur les dangers de ce phénomène. C’est ce que Roghaya Abdel Kader, point focal de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) au Gorgol, a précisé.

Roghaya Cheikh Abdel Kader – Crédit Aidara

Elle a évoqué le mécanisme de prise en charge des cas de survivance aux MGF mis en place par la Délégation régionale du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Familiale (MASEF). Plusieurs cas de VBG notamment de MGF, de viols et de violences conjugales ont été portés selon elle devant la justice. « Notre ONG a recensé pour l’année 2021, quatre cas de VBG, mais je ne sais pas ce que les autres organisations comme l’Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) et l’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME), ont reçu de leur côté » a-t-elle ajouté. Elle a souligné que son ONG prend en charge les survivantes sur le plan psychosocial et qu’elle dispose de l’assistance d’un avocat. Elle travaille en étroite collaboration sur les VBG avec le PASOC (programme financé par l’Union européenne), avec l’AMSME, World Vision et une prévision de partenariat avec le GFF.

Les VBG les plus récurrentes au Gorgol sont, selon Roghaya, les MGF, le mariage des enfants, les violences conjugales et les viols, en grande partie dans les écoles, les lycées et dans les ménages.

Quelques cas de VBG et une absence de centre d’accueil pour enfants abandonnés

Roghaya Abdel Kader a cité quelques cas de VBG que son ONG a traités, comme celui intervenu il y a deux ans dans le quartier Wandama à Kaédi. C’est une collégienne de 15 ans que sa maman a pratiquement livré à un homme qui venait prendre le thé chaque soirée chez elle. La maman s’arrangeait pour que la fille reste seule avec l’homme, jusqu’à ce qu’elle s’est retrouvée avec une grossesse.

Marche en faveur de la loi sur les VBG

L’autre cas est celui d’un tailleur quadragénaire qui a abusé puis enceinté une fille de 13 ans à Mbout. L’affaire a été traitée à Kaédi, lieu de travail de l’auteur principal. Après trois jours de garde-à-vue, un arrangement à l’amiable a interrompu le processus judiciaire déjà engagé, regrette en substance Roghaya. La victime était la fille adoptive de l’épouse du coupable.

Elle a cité également un cas de mariage de mineur, une lycéenne qui devait passer son baccalauréat et que sa famille a marié durant les grandes vacances.

Roghaya indique que les cas de viol sont nombreux à Kaédi, dans de nombreux quartiers comme Touldé. Elle a remarqué que les VBG avaient baissé quand les campagnes de sensibilisation se succédaient, mais depuis que ces campagnes ont cessé, les cas de violence se sont accrus. Elle a regretté surtout l’absence de centre d’accueil pour enfants abandonnés dans toute la région du Gorgol. « Une copine a adopté une fille qui a été abandonnée, mais combien d’enfants ne trouvent pas une famille d’accueil ? » s’est-elle interrogée.

A Mbout, les cas de VBG explosent

Une maman et sa fille au Centre de Santé de MBout-Crédit Aidara

Selon le Représentant de l’ONG AMSME à Mbout, Sid’Ahmed Saleck, 38 cas de VBG ont été enregistrés au cours de l’année 2021 dans la Moughataa, dont 20 violences sexuelles, 18 violences conjugales, 3 cas de MGF et 20 cas de mariages précoces. En 2020, l’ONG avait enregistré 16 cas de VBG.

Mme Sy, Sage-femme au centre de santé de Mbout rapporte plusieurs cas qui ont été acheminés dans sa structure. Elle a évoqué le cas d’une fille, originaire d’un village, mariée à 10 ans et qui a accouché à l’âge de 11 ans. « L’accouchement s’est passé sans problème, l’embonpoint de la jeune maman et sa taille plus grande que son âge, l’ont beaucoup aidé » a-t-elle fait remarquer.

Elle a aussi cité le cas dramatique d’un bébé excisé 15 jours après sa naissance et qui a été acheminée au Centre de santé après une fièvre. « Elle est morte quelques instants après son admission. Ce n’est que plus tard que la nouvelle a circulé selon laquelle, la fillette a été excisée quelques jours plus tôt », rapporte-t-elle.

A noter que le gouvernement mauritanien a approuvé deux projets de loi sur les VBG, en 2016 et en 2018. Le dernier en date, la Loi cadre sur les violences faites aux femmes et aux filles, a été approuvé lors du conseil des ministres le 6 mai 2020, puis présenté au Parlement. Comme les précédents projets de loi, le gouvernement a été contraint pour la troisième fois de retirer le texte après de vives protestations au sein de la Chambre des députés.

Cheikh Aïdara


Elle exfiltre sa fille de 5 ans pour empêcher sa grand-mère de l’exciser

Mme B.S, une jeune femme de 33 ans originaire de la Vallée, est parvenue par une et mille acrobaties à faire fuir sa fille de 5 ans, D.H, pour empêcher sa grand-mère paternelle de l’exciser.

« Ma belle-mère fait tout pour exciser ma petite fille et mon mari s’est impliqué dans cette histoire. » C’est par ces mots que B.S entame son histoire, une épreuve qui l’a poussée à faire fuir sa fille, D.H 5 ans, de Nouakchott. « Je ne veux pas que ma fille connaisse le calvaire que moi-même je vis, car je suis passée par là » raconte-t-elle. Selon B.S, à cause de l’excision qu’elle a subie à bas âge, elle n’a jamais connu le bonheur dans son foyer. « Mes trois enfants, je les ai conçus presque dans une série de viol conjugal, car je n’éprouvais aucun désir à cause de ma frigidité. Mon mariage a été un échec sur ce plan, et je ne veux pas que ma fille vive le même sort » plaide-t-elle,

Mme B.S

B.S a toujours vécu à Nouakchott, avec sa fille, D.H née en 2016. Mais, la grand-mère paternelle de la petite tient coûte que coûte à l’exciser. La coutume doit être respectée, selon elle. Avec un niveau scolaire assez avancé, B.S a tout fait pour convaincre sa mère et sa famille des conséquences médico-sociales et psychologiques des mutilations génitales féminines (MGF). En vain. A Nouakchott, elle a dû déjouer à plusieurs reprises des tentatives d’enlèvement de la petite pour l’amener au village et la faire exciser.

Stressée par un drame qui risque de s’abattre à chaque instant sur sa fille, B.S a saisi dans un moment de désespoir une ONG spécialisée sur ces questions, l’Association des Femmes Educatrices pour la promotion des droits humains dirigée par Sonia Khayrallah. Celle-ci allait prendre le dossier en main. Mais les conséquences d’une poursuite judiciaire contre sa belle-mère, eu égard à la pénalisation par la Mauritanie des MGF, et la pression d’une partie de sa famille, finirent par lui faire renoncer à cette option.

La petite D.H

Interrogée à ce propos, B.S affirme vivre un véritable cauchemar au point qu’elle ne dort plus. « A chaque instant, je me réveille en pleine nuit, en sueur, et je tâte la place où se couche ma fille pour me rassurer qu’elle est à côté de moi » soutient-elle. Même le jour, elle ne quitte pas sa fille d’un iota. « Je suis tout le temps obnubilée par l’idée qu’on peut me l’enlever à tout instant. Je vis dans un stress permanent » ajoute-t-elle.

Ultime solution trouvée par B.S, sur le conseil d’une partie de ses parents, exfiltrer sa fille et ses deux autres enfants hors du pays, à défaut d’avoir pu plier la grand-mère et une part non négligeable de la famille restée au village. C’est ce qu’elle a fini par faire, aidée par plusieurs cousins qui lui ont facilité l’obtention d’un visa et les moyens de transports par avion. La mère et ses enfants se sont envolés il y a quelques jours, direction l’Europe. Elle croit que cette fois le cauchemar est désormais derrière elle.

Il faut noter que la Mauritanie vient d’installer des plateformes multisectorielles de lutte contre les violences basées sur le genre dans les quinze régions du pays, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA). Les mutilations génitales féminines viennent en tête des violences contre lesquelles ces plateformes placées sous l’égide du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille (MASEF) et ses directions régionales vont lutter avec une batterie de mesures pénales très répressives.

De l’avis de plusieurs organisations de la société civile actives dans le domaine, il a été constaté une recrudescence des MGF ces derniers temps, avec le recul des campagnes de sensibilisation, surtout dans les régions de la Vallée du Fleuve Sénégal, notamment au Brakna, Gorgol et Guidimagha.

Les estimations officielles parlent d’un taux de plus de 60% de MGF en Mauritanie. Elles touchent en général les fillettes de 0 à 13 ans, et parfois plus.

Cheikh Aïdara


La section Mauritanie de l’Union de la Presse Francophone se choisit une nouvelle direction

Après une longue période de transition, la section Mauritanie de l’Union de la Presse Francophone (UPF Mauritanie) a élu vendredi 12 novembre 2021 un nouveau bureau exécutif composé de 8 membres.

Photo de famille à la fin de l’AG – Crédit Aidara

Sur les 32 membres de la section UPF Mauritanie, détenteurs de la carte professionnelle de l’UPF Internationale 2021, 24 ont répondu présent lors de l’ouverture, vendredi 12 novembre 2021 à Nouakchott, de l’Assemblée générale portant renouvellement du bureau exécutif et ses instances.

Un comité restreint composé de Raky Sy et de Chighali Mohamed a assuré la supervision des élections, en présence de la représentante de l’UPF Internationale, Meriem Oudghiri, vice-présidente de l’instance faitière de la presse francophone au niveau mondial et présidente de la section Maroc de l’UPF.

cérémonie de clôture : Bakary, Issa Yedaly, Ahmed Taleb, Meriem, Raky Sy – Crédit Aidara

Après approbation des textes constitutifs de l’association et ses modifications, en l’occurrence le Statut et le Règlement Intérieur, les congressistes ont plébiscité l’unique liste candidate, avec 23 voix pour et une seule abstention.

La cérémonie s’est terminée comme elle avait débuté, avec des échanges de discours, entre Bakary Guèye, président nouvellement élu de l’UPF Mauritanie, Meriem Oudghiri, vice-présidente de l’UPF Internationale, et Issa Ould Yedaly, Directeur des Accréditations et des Relations avec la Presse, représentant le Ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et des Relations avec le Parlement, Porte-parole du gouvernement, assurant la tutelle des institutions de presse.

Dans son discours, Issa Ould Yedaly s’est dit réjoui par la tenue de l’assemblée générale de la section locale de l’UPF, mettant en exergue le rôle pionnier que la presse francophone a joué dans l’histoire des médias en Mauritanie. Il a insisté sur l’intérêt que le Chef de l’Etat, Mohamed Cheikh Ghazouani accorde à l’émergence d’une presse professionnelle et de qualité. Il a évoqué dans ce cadre la révision en cours de l’arsenal juridique pour répondre aux exigences liées à la professionnalisation du secteur, tout en réitérant la volonté des pouvoirs publics à renforcer les capacités des médias, notamment à travers l’augmentation du fonds d’aide à la presse. Enfin, il a souligné la disponibilité de son département à apporter tout appui ou accompagnement dans la réussite des objectifs que s’est fixé la section UPF-Mauritanie.

Meriem Oudghiri lors de son allocution – Crédit Aidara

De son côté, Meriem Oudghiri s’est dite honorée de représenter l’UPF-Internationale à ces assises de la section Mauritanie. Elle a rappelé que la francophonie est fière de porter la diversité de ses membres, à travers leurs cultures et leurs langues. Elle a rappelé que l’UPF, c’est un réseau international qui compte 3.500 membres dans 150 pays à travers le monde. Elle s’est enfin félicité du déroulé de l’Assemblée générale de la section UPF-Mauritanie, notamment la transparence et l’esprit démocratique qui l’ont caractérisé. Elle a par la suite déclaré que l’instance faitière est prête à apporter toute aide ou appui pour la bonne réussite du mandat du nouveau bureau qui vient d’être élu.

Vue partielle des congressistes – Crédit Aidara
Bakary Gueye

Auparavant, Bakary Guèye, avait souhaité la bienvenue aux congressistes ainsi qu’aux invités. Il a remercié dans son discours le ministère de tutelle pour l’aide apportée à l’organisation de l’Assemblée générale de la section UPF-Mauritanie. Il a également remercié l’instance internationale pour l’intérêt accordé à ses assises, qui s’est traduit par l’envoi de sa vice-présidente à Nouakchott pour superviser et assister au déroulé de l’évènement.

Il faut noter que le Président du Syndicat des Journalistes de Mauritanie (SJM), Ahmed Taleb Maaloum, a assisté au déroulé de l’Assemblée générale. Il a exprimé à ce propos, tout le bien qu’il accorde à la presse francophone, soulignant la disponibilité du SJM à collaborer avec la section UPF-Mauritanie pour l’émergence d’une presse forte, professionnelle et unie.

Cheikh Aïdara

COMPOSITION DU BUREAU EXECUTIF UPF-MAURITANIE

  • Président :                     Bakary Guèye
  • Vice-Président :            Cheikh Aidara
  • Secrétaire Général :      Khalilou Diagana
  • Trésorier Général :        Sneiba Mohamed
  • Chargé du Genre :       Awa Seydou Traoré
  • Chargé des Langues Nationales : Diallo Saidou Mamadou
  • Chargé de la Formation et Communication : Fofana Issa
  • Chargée de l’Organisation : Alya Abass


Opération Covid-19, une équipe du Ministère de la Santé dans 5 régions du pays pour sensibiliser et distribuer des supports

Dans le cadre de la campagne nationale de sensibilisation contre la Covid-19, une mission du Service Education pour la Santé du Ministère de la Santé, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), a lancé dimanche 7 novembre 2021 une campagne de 15 jours dans les Wilayas du Hodh Echarghi, Hodh Gharbi, Assaba, Gorgol et Guidimagha. Objectif, rappeler aux populations les gestes barrières et renforcer les capacités des structures de santé de ces régions dans la prévention contre le coronavirus.

Jeunes éleveurs peulhs arborant les tee-shirts de sensibilisation contre Covid – Crédit Aidara

Dimanche 7 novembre 2021, à quelques pas de la porte d’entrée de l’hôpital de Kaédi, une foule dense se presse autour d’une Toyota blanche. Sur les flancs, se détachent en lettres Arabe et Français « Ensemble contre Covid-19 ».  Un slogan qui estampille un matériel divers distribué aux visiteurs de l’hôpital, turbans blancs, masques au tissu rouge, tee-shirts blancs.

L’hôpital de Kaédi et ses visiteurs

Au milieu de la foule enturbannée, masquée et de tout blanc vêtue qui envahissait par vagues compactes l’entrée de l’hôpital de Kaédi, Oumoul Hassen, l’agent dépêché par le Service Education pour la Santé (EDS) du Ministère de la Santé, flanquée d’un photographe-vidéaste entame sa séance de sensibilisation.

Oumoul Hassen, agent au Service Education pour la Santé (Ministère de la Santé) – Crédit Aidara

« Nous sommes venus avec une équipe de l’UNFPA pour vous distribuer ce matériel et vous rappeler en même temps que la pandémie Covid-19 est loin d’être terminée. Vous devez continuer à respecter les gestes barrières, à vous prémunir et prémunir vos familles, surtout que vous êtes dans un centre hospitalier ».  Reprenant son souffle, elle poursuit « vous devez en parler autour de vous. Certes la prévention est menée depuis près de deux ans par les services de santé, mais la prévention ne saurait donner les résultats escomptés et aboutir à la protection de l’ensemble des citoyens contre la Covid-19, sans votre participation à tous ».

Dans l’enceinte de l’hôpital de Kaédi – Crédit Aidara

Les personnes interrogées en marge de cette séance de sensibilisation ont déclaré être conscients de la présence morbide de la Covid-19, même si certaines ont avoué avoir baissé de vigilance ces derniers temps.

Aissata Hamady à l’hôpital de Kaédi – Crédit Aidara

Pour Aïssata Hamady, « cette séance tombe à pic, et nous rappelle que la Covid-19 rôde toujours à côté de nous ». Elle a couvert de remerciements le ministère de la Santé et l’UNFPA pour l’initiative et prier pour que les résultats attendus de cette activité aboutissent.

Ouvriers et mécaniciens de Mbout touchés

A l’entrée de la ville de Mbout, à 110 kilomètres à mi-chemin entre Kaédi et Sélibaby, des ouvriers sont entrain de creuser des tranchées. De l’autre côté, des mécaniciens s’affairent, tandis que plusieurs femmes, seaux en main, se rendent au marché. Plusieurs autres personnes vaquent à leurs occupations, au milieu d’une ribambelle d’enfants dépenaillés.

Un ouvrier arborant fièrement un tee-shirt de la campagne – Crédit Aidara

L’attention de tout ce monde est brusquement attirée par deux véhicules qui viennent de s’arrêter, une pick-up blanche et une voiture frappée de l’effigie de l’UNFPA. Quelques curieux se sont arrêtés. Les ouvriers ont suspendu leurs travaux et les mécaniciens, à demi penchés sur le capot ouvert d’une voiture, lèvent la tête.

« Venez ! Venez ! » lance Oumoul Hassen, le visage à demi-mangé par un masque au couleur rouge vif, entourée d’une mission de l’UNFPA conduite par M. Mamadou Bâ, le Chargé de communication de l’organisation. Deux ou trois personnes s’avancent, timides et perplexes. Ils reçurent turban, tee-shirt et masque. Et c’est la ruée. Les ouvriers abandonnèrent leur pioche, les mécaniciens laissèrent tomber le véhicule qu’ils réparaient et plusieurs hommes et femmes qui passaient au hasard se pressèrent autour de la pick-up blanche. Un instant d’après, une forêt de corps habillés de tee-shirts blancs, la tête ou le cou arborant un turban, le visage disparaissant derrière des masques rouges, peuplèrent les lieux, lui donnant une couleur enchanteresse.

Les gens se bousculent pour la distribution – Crédit Aidara

« Ça c’est ce qu’on appelle une aubaine ! » lance un quadragénaire. « On part chercher pitance et voilà que nous tombe du ciel tout ça, turban, masque et tee-shirt » clame-t-il.

A coups de rappels, Oumoul Hassen retint tout de même son monde, qui cherchait à repartir. Tous arborèrent les supports qui venaient de leur être distribué.

Après la séance de sensibilisation, photo de famille – Crédit Aidara

La séance de sensibilisation sur la Covid-19 prit plus de temps qu’à Kaédi. Se laver les mains, respecter la distanciation sociale, se rendre à l’hôpital dès les premiers signes de fébrilité, se prémunir et prémunir sa famille, mais surtout se faire vacciner contre la pandémie. Tout y passa et Oumoul Hassen ne lésina pas sur les termes appropriés pour rappeler à tout le monde que le coronavirus n’est pas encore fini et que tout le monde doit prendre ses précautions et prendre au sérieux les messages de sensibilisation.

La vieille Salka Mint Amar, au bras de l’agent de santé, tient à témoigner du bienfait de la sensibilisation, car pour elle « il faut surtout exhorter les gens à se faire vacciner, comme elle l’a déjà fait ».

Pour Youssouf Sylla, technicien de travaux routiers, « c’est vrai que Mbout compte peu de cas de corona, mais c’est vrai, la population doit redoubler de vigilance, car la maladie continue de faire des dégâts au niveau national »

Les éleveurs sensibilisés

Entre Kaédi et Mbout, ce n’est que procession de hameaux et de villages. Autour de quelques étendues d’eau, de jeunes éleveurs laissent boire leurs nombreux troupeaux de vaches et de petits ruminants, à l’ombre de quelques lavandières venues des villages, souvent perdus entre des densités verdoyantes.

Le temps d’une causerie, le décor est planté. « Nous avons entendu parler de cette maladie, le corona, mais nous ne sommes pas concernés, parce que nous sommes très souvent seuls, isolés dans la forêt en compagnie de nos animaux, donc nous ne sommes pas censés pouvoir contaminer quiconque ou nous faire contaminer » se hasarde un jeune peulh dont le sourire fait apparaître des gencives tatouées. Un autre, se déshabille lentement, pour enfiler le tee-shirt que l’équipe de sensibilisation venait de distribuer. « Si mon père me voit comme ça, il ne va même pas me reconnaître » lance-t-il au milieu de l’hilarité générale.

Eleveurs de Windou Doki – Crédit Aidara

Pour le vaccin, il n’est même pas envisagé. « Nous sommes encore jeunes, et cela ne nous concerne pas » soutiennent ces jeunes bergers dont l’âge ne dépasse guère 16 ans. Les efforts entrepris par l’équipe de sensibilisation ne furent pas cependant vains, car se grattant la tête, certains d’entre eux soutinrent qu’ils se feront vacciner, si toutefois leurs chemins croisent un jour les équipes de vaccination.

Ces éleveurs vivent dans les villages peulhs de Windou Doki et Windou Hayé, entre 52 et 69 Km de kaédi sur l’axe menant vers Mbout.

Quelques 5.000 lots à distribuer dans 5 régions

Pendant 15 jours, l’équipe de sensibilisation et de communication va sillonner le reste des Wilayas. Après le Gorgol, elle se rendra au Guidimagha, en Assaba et dans les deux Hodhs. Elle distribuera 500 tee-shirts, 1.800 masques en tissus, 1.800 affiches et 900 turbans.

Plusieurs de lots de supports à distribuer – Crédit Aidara

Ces lots qui vont être intégrés au plan national de distribution seront acheminés vers les Wilayas d’intervention par l’UNFPA qui prend en charge le transport des supports qu’elle a offert au Ministère de la Santé ainsi que les autres supports offerts par d’autres partenaires.

L’objectif de cette opération est de renforcer les capacités des structures de santé pour prévenir l’infection au Covid-19 et participer à la campagne nationale de sensibilisation contre la pandémie.

Il faut souligner que cette opération a été précédée par une réunion avec les autorités sanitaires et administratives départementales. La répartition du matériel et équipement de protection et de prévention a été validée avec le niveau régional en fonction des besoins prioritaires.

Sont ciblés par cette campagne, les hôpitaux, les centres de santé, les marchés, écoles, entre autres.

Cheikh Aïdara