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Affaire Garde Nationale-FC Nouadhibou : une succession d’actes délictuels

La Saga Garde Nationale-FC Nouadhibou continue d’occuper le milieu sportif mauritanien ainsi que l’opinion publique, chaque jour apportant ses surprises. Après les pièces d’identité supposées des parents de Cheikh El Weli Yacine, le joueur de FC Nouadhibou contre lequel l’équipe de la Garde a porté réserve pour falsification d’état-civil, d’autres pièces plus controversées tendant à prouver sa Mauritanité ont été publiées par voie de presse, apportant d’autres pièces à conviction aux délits que la Fédération Mauritanienne de Football (FFRIM) et ses instances continuent d’accumuler contre vents et marées.

Historique des faits

Le 16 mai 2017, avant l’entame de la demi-finale comptant pour la Coupe Nationale de football édition 2016-2017, le capitaine de l’équipe de la Garde Nationale porte réserve contre Cheikh El Weli Yacine, joueur de FC Nouadhibou, conformément à l’article 30 des textes réglementaires de la Fédération mauritanienne de football qui stipule : «une réclamation sous forme de réserves est permise pour contester la participation d’un joueur dans les deux seuls cas suivants : fraude sur l’état-civil et inscription d’un joueur sous le coup d’une suspension.  Pour poursuivre leurs cours et être soumises à la Commission de Discipline, les réserves doivent être précédées de réserves nominales et motivées avec l’énoncé succinct du motif. Elles sont formulées par écrit sur la feuille de match par le capitaine d’équipe ou le secrétaire du club plaignant avant le début de la rencontre. Ces réserves sont communiquées au capitaine de l’équipe adverse par l’arbitre qui les contresignera avec lui sur la feuille de match. Pour être recevable, les réserves doivent être transformées en réclamation écrite et déposées au secrétariat de la Ligue contre accusé de réception ou transmises par fax dans les deux (2) jours ouvrables qui suivent la date de la rencontre »

Le 17 mai 2017, le président de l’équipe de la Garde Nationale, le capitaine Ould Eleya dépose en bonne et due forme une demande d’évocation contre Cheikh El Weli Yacine auprès de la Commission Qualification, Pénalités et Discipline de la FFRIM. Son président demande le fonds du dossier à la Ligue Nationale de Football. Surprise ! Le joueur ne dispose d’aucun fonds de dossier à son niveau. Comment a-t-il alors pu obtenir une licence de football, alors que l’obtention de cette dernière requiert, selon les dispositions de l’article 30 de la Section 2 : Formalités administratives, une copie légalisée de la carte nationale d’identité, un passeport en cours de validité ou une attestation d’identité délivrée par l’autorité compétente accompagnée d’un extrait de naissance. Aucune des trois pièces n’est disponible.

En fait, la licence a été établie par le Secrétariat général de la fédération à l’insu de la Ligue Nationale de Football et avec un numéro d’identité nationale inexistant sur le fichier de l’état-civil. Le CIN N°0000000003682016 serait ainsi purement imaginaire. (voir en image la licence du joueur Cheikh El Weli Yacine et une licence normale).

Licence de Cheikh El Weli Yacine (crédit Aidara)
licence normale avec le numéro d’identité du joueur (Crédit Aidara)

Alors que la Commission de Discipline s’apprêtait à trancher le litige conformément à ses prérogatives, le dossier lui fut retiré indûment par le Secrétaire général de la FFRIM par lettre n°269 en date 24 mai 2017, soit huit jours après la réserve portée par l’équipe de la Garde Nationale au niveau des instances juridictionnelles. Ces dernières sont pourtant les seules habilités à trancher dans les litiges entre clubs, conformément à l’article 87 des textes règlementaires de la Fédération (Partie 2 : Code disciplinaire) qui stipule : «les autorités juridictionnelles de la FFRIM rendent leurs décisions en toute indépendance ; elles n’ont en particulier d’instructions à recevoir d’aucun organe».

Lette du SG de la FFRIM
texte régissant l’indépendance de la Commission de Discipline

L’illégale ingérence du Secrétaire général

En s’adressant au Président de la Commission de Discipline de la FFRIM par lettre n°269 en date du 24 mai 2017, le Secrétaire général stipule que l’évocation formulée par l’ASC Gade Nationale «étant du ressort de l’autorité ayant délivré la licence, en l’occurrence le Secrétaire général, je vous invite à nous transmettre ledit dossier pour trancher le litige ». Non seulement, le Secrétaire général reconnaît explicitement avoir délivré la licence à un joueur ne disposant d’aucun papier d’état-civil mauritanien et avec un numéro national falsifié, mais il s’arroge également les attributions d’un organe auquel les textes de la fédération confèrent l’exclusivité du jugement.

Pourtant, les Statuts de la FFRIM sont très clairs quant au rapport entre le Secrétaire général et la Commission de Discipline.

L’article 86 des Textes règlementaires de la FFRIM stipule que «le Secrétaire général de la FFRIM met à la disposition des autorités juridictionnelles un secrétariat avec le personnel nécessaire. Le Secrétaire général désigne le secrétaire. Le secrétaire assume la direction administrative, rédige les procès-verbaux des séances et des décisions. Le secrétaire se charge de l’archivage. Les décisions prises et les dossiers qui s’y rapportent doivent être conservées pendant au moins dix ans ».

texte régissant les rapports entre la FFRIM et la Commission de Discipline

Et l’article 87 précise : «les autorités juridictionnelles de la FFRIM rendent leurs décisions en toute indépendance ; elles n’ont en particulier d’instructions à recevoir d’aucun organe».

Y’a-t-il dans cette affaire une complicité de la part de la Ligue Nationale de Football, bien que le dossier du joueur n’ait pas passé par ses instances ? Certains pourront le penser sauf que la Ligue, quelles que soient les supputations, pourraient toujours se réfugier derrière les textes en invoquant l’article 30 du Règlement spécial du championnat national de 1ère division saison 2016-2017 qui stipule en son alinéa 4 : «le club est responsable de la véracité des renseignements qu’il porte sur sa demande de licence». Donc, dans le cas de Cheikh El Wely, la Ligue Nationale qui est tellement pointilleuse dans l’application de la règlementation, ne négligeant aucun petit détail, n’aurait jamais fait passer la licence du joueur en question. Elle ne serait ainsi nullement responsable de la fraude dans cette affaire qui relève de la seule initiative du FC Nouadhibou.

La fraude s’enrichit d’actes délictuels

Mis devant le fait accompli, les dirigeants du FC Nouadhibou multiplient alors les bourdes pour tenter de justifier la nationalité mauritanienne de Cheikh El Weli Yacine, quitte à tomber dans des actes délictuels. D’abord, ils font publier dans la presse les pièces d’identité de ses supposés parents, bien que les textes de la FFRIM ne mentionnent nullement ces documents, mais celui du joueur en question. Ils font passer par la presse que «la situation dans laquelle se trouve Cheikh ElWely est similaire à celle d’une vingtaine de joueurs, tous mauritaniens convoqués à différents stages des équipes nationales toutes catégories confondues mais ne pouvant effectuer les déplacements à l’étranger, en raison des blocages ou des lenteurs » au sein de l’état-civil. Donc, on reconnaît explicitement que le joueur n’a pas pu s’enrôler à cause de ces blocages, mais dispose tout de même d’un numéro d’identification nationale !!!

Vingt-quatre heures après cette publication, le FC Nouadhibou fait publier deux autres documents. Une demande d’enrôlement que n’importe qui peut formuler. A preuve, il ne comporte ni numéro ni signature d’aucune autorité. Et le club brandit la pièce comme un document d’enrôlement. Ce qui ne peut tromper personne. Ensuite, le FC Nouadhibou fait publier une attestation délivrée par le commissaire de la Délégation spéciale de la police judiciaire qui risque d’emporter le commissaire en personne, car il y affirme, sur la base du seul témoignage de deux jeunes, que Cheikh El Weli Yacine est Mauritanien, alors qu’aucun document officiel ne l’atteste. Il s’est avéré selon nos investigations, que ce document a été obtenu par le truchement d’une personne évoluant dans le milieu sportif  avec la complicité d’un adjudant de la police.

Ceci n’est qu’un formulaire de demande d’enrôlement
Cette attestation ne peut nullement tenir d’identité et n’est porteur d’aucune obligation

La Garde ira jusqu’au bout dans cette affaire

Selon les dirigeants de l’équipe de la Garde Nationale, ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la crédibilité du football mauritanien et ses instances dirigeantes. «La seule chose qui lie les acteurs sportifs, ce sont les textes de loi qu’ils ont eux-mêmes édictés. Ces textes doivent être respectés et appliqués à la lettre sans favoritisme et il est temps que les dirigeants de la FFRIM sachent que le temps de l’esclavage est révolu » ont-ils affirmé.

D’autre part, il est malhonnête dans un contexte marqué par un engagement sans précédent de l’Etat mauritanien, aussi bien sur le plan financier, matériel que moral (présence inédite du Président de la République Mohamed Abdel Aziz à un match de l’équipe nationale), qu’on laisse le football national patauger dans la malversation et la magouille.

La Garde Nationale se dit ainsi indignée de l’absence de toute réponse à sa demande d’évocation vingt-deux jours après sa plainte, alors que les textes fixent ce délai à 7 jours.

D’après le staff de l’ASC Garde Nationale «cette affaire n’aurait jamais pris cette ampleur si la FFRIM avait suivi le cours normal de la réserve et laissé à la Commission de Discipline trancher ce litige en toute transparence et équité».

Aujourd’hui, ce qui est en jeu, selon plusieurs présidents de clubs rencontrés, c’est la crédibilité du football mauritanien et de sa fédération. L’affaire de la Garde Nationale et du FC Nouadhibou doit servir, selon eux, de jurisprudence dans l’application stricte des textes régissant la FFRIM.

Ce que risque le FC Nouadhibou
Au cas où la réserve portée par l’ASC Garde Nationale aboutira, ce qui est fort probable selon certaines sources, FC Nouadhibou risquera de se retrouver en Division 2. Elle perdra par pénalité tous les matchs auxquels Cheikh El Weli Yacine a participé, sans compter une amende de 100.000 UM, selon l’article 54 des Textes règlementaires.

L’article 82 : infractions découvertes suites à des réserves stipule que la participation d’un joueur dans le cas qui nous concerne, fraude sur l’état-civil, entraînera pour le FC Nouadhibou «des matchs perdus pour pénalités, quatre matchs de suspension fermes en sus de la sanction initiale pour le joueur fautif, quatre matchs de suspension fermes de toute fonction officielle pour le responsable concerné du club, quatre matchs de suspension fermes de toute fonction officielle pour l’entraîneur du club, 300.000 UM d’amende pour le club ».

La réserve portée contre le FC Nouadhibou pourrait ainsi chambouler tout le championnat national de 1ère division. Aussi, cette affaire intéresse la quasi-totalité des clubs qui suivent avec attention l’évolution du dossier. Autant, le FC Tevragh-Zeina pourrait reprendre son titre de champion au détriment de l’ASAC Concorde sacré cette année comme champion de la Mauritanie pour cette saison. Des équipes comme Toujounie et l’Armée Nationale reléguées en seconde division pourraient reprendre leur place en D1. La coupe nationale pourrait également connaître un nouveau challenge entre le FC Tevragh-Zeina et la Garde Nationale.

Une finale à Trois

Ce qui risque de mettre le feu aux poudres et étaler devant le monde entier le scandale provoqué par le FC Nouadhibou et la FFRIM, c’est la finale que les instances du football comptent imposer, entre le FC Tevragh-Zeina et le FC Nouadhibou. Le public Nouakchottois et les autorités qui seront présentes au Stade Olympique pourraient assister plutôt à une finale à Trois.

Car, les dirigeants de l’ASC Garde Nationale estiment qu’ils sont finalistes de la Coupe nationale, en vertu de la réserve qu’ils viennent de porter sans aucune suite. Ils rappellent d’autre part que la demi-finale ayant opposé le FC Nouadhibou et la Garde Nationale n’est pas encore validée par la Ligue Nationale, telle que mentionnée dans la feuille de match. Pire, aucune décision relative au litige n’a encore été prise et la réserve portée par l’ASC Garde contre le FC Nouadhibou n’a pas jusqu’à présent été encore tranchée.

Cheikh Aïdara


Mauritanie : sait-on ce que le président Aziz compte faire de son pouvoir ?

Les missions de l’Union Africaine tournent en rond depuis le déclenchement de la crise burundaise, il y a plus de 22 mois. Depuis le forcing de Pierre NKurunziza contre la Constitution de son pays (qui lui interdisait de se présenter pour un nouveau mandat), les missions de l’Union africaine au Burundi n’ont cessé de multiplier rapports et comptes-rendus alarmants sur la situation dans le pays. En vain… Gare au transfert du virus burundais en Mauritanie !

Jusque-là, la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union africaine est restée de marbre face à la situation au Burundi, dont la crise politique perdure depuis 22 mois. Qui oserait jeter la première pierre au président burundais Pierre NKurunziza, si l’on sait que la quasi-totalité des Chefs d’Etat africains ont brisé le sceau de la limitation constitutionnelle des mandats dans leur propre pays, et alors que d’autres s’apprêtent à leur emboîter le pas ?

Cette incurie des instances dirigeantes de l’Union Africaine a fini par jeter le dépit au sein de la communauté internationale, qui n’a plus assez d’espoir pour démocratiser le continent. Face à la démission des grandes puissances et au recul du fameux droit à l’ingérence qui avait fleuri il y a quelques années (qui constituait une véritable épée de Damoclès suspendue sur la tête des dictatures africaines), c’est le retour aux mandats à l’infini.

Alors que l’Amérique de Trump semble s’être engagée dans un long tunel, cultivant le repli sur soi, et que l’Europe se barricade face au terrorisme et à la vague d’immigrés clandestins, la bride est désormais lâchée aux dictateurs africains, dont l’ardeur pour les règnes interminables avait été stoppée pendant quelques années par le rôle de gendarme de la démocratie que certaines puissances  occidentales s’étaient arrogées.

C’est dans ce contexte que peut s’expliquer le revirement spectaculaire qui est en train de s’opérer en Mauritanie. Entre les déclarations intempestives de Mohamed Abdel Aziz il y a quelques mois, sur son engagement à respecter la Constitution et à quitter le pouvoir en 2019, et la campagne menée tambour battant ces jours-ci par ses lieutenants pour un 3ème mandat, quelque chose s’est passé.

Et ce quelque chose, c’est l’impunité dont jouissent les Chefs d’Etat africains, qui ont décidé de s’incruster en faisant sauter les verrous limitatifs des mandats contenus dans la Constitution de leur pays. Cela a réussi à Deniss Sassou NGuessou du Congo Brazzaville, à Joseph Kabila de la RD Congo, à Paul Kagamé du Rwanda, à Nkurunziza du Burundi, à Idriss Deby Itno du Tchad, à Paul Biya du Cameroun… Alors pourquoi pas à Mohamed Ould Abdel Aziz de la Mauritanie ?

Le Premier ministre l’a bien déclaré «ce pouvoir-là ne quittera pas en 2019 ».  Mohamed Ould Maham, le président du parti UPR (le parti présidentiel), l’a explicité, en lançant une vaste campagne pour demander aux «Mauritaniens de ne pas lâcher Mohamed Abdel Aziz» et en affirmant que ce dernier ne partira pas, concluant ses propos  avec ces mots : «les urnes seules trancheront». Plus récemment, le ministre porte-parole du gouvernement a enfoncé le clou en soutenant que le président Aziz n’a pas encore pris de décision définitive vis à vis du 3ème mandat.

« Autant de signaux qui mettent en lumière le caractère pernicieux d’un tel pouvoir, qui a habitué les Mauritaniens à l’irrespect des engagements, au mensonge, au dol, au revirement spectaculaire dans ses décisions et à la manip » s’est énervé un cadre de l’opposition radicale.

Partis pour faire campagne pour le référendum constitutionnel qui, dans ses articles amendés, n’a aucun rapport avec le mandat du président de la République, l’opinion publique se rend compte aujourd’hui que derrière ces bénignes réformes se cachent un dessein inavoué : celui de faire la promotion du 3ème mandat pour Aziz.

Nombreux sont les analystes politiques qui pensent qu’il « est encore temps pour l’opinion publique nationale et internationale, notamment la communauté internationale, de prendre les décisions qui s’imposent dès maintenant, avant que la Mauritanie ne se transforme en un autre Burundi« .

Ils estiment que « toute instabilité politique en Mauritanie, de l’ampleur de ce qui se prépare, compromettrait dangereusement la stabilité déjà fragile dans la région du Sahel, aux prises avec les groupes terroristes et les trafiquants illicites en tout genre« .

Ils pensent qu’une « Mauritanie en tourmente permettrait aux groupes djihadistes déjà implantés aux confins de ses frontières, mais aussi à d’autres mouvements radicaux, fortement implantés dans le pays, de s’engouffrer dans la brèche et d’entraîner le pays dans une spirale de violence sans fin« .

Il est utile de rappeler, soutiennent les observateurs, que « seule l’alternance pacifique au pouvoir par le jeu démocratique, le respect des dispositions de la Constitution et des institutions de la République, pourrait préserver la Mauritanie et lui garantir la stabilité, la paix et la concorde«.

 

Cheikh Aïdara


Yahya Oud Abd Dayem : un technocrate dans la fournaise politique

La nomination de Yahya Ould Abd Dayem (au milieu sur la photo) comme Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement est un gâchis pour la technocratie mauritanienne.

Considéré comme l’un des cadres les plus compétents du pays, cet administrateur des finances de l’ENA de Paris et de l’Institut National des Finances a toujours été aux avant-postes dans toutes les questions de développement durant ces dernières années.

Ancien Conseiller à la Présidence de la République sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, puis Directeur du Budget et ensuite Directeur des Politiques Economiques et des Stratégies de développement au sein du Ministère des Affaires Economiques et du Développement, puis après le changement de nom, au sein du Ministère de l’Economie et des Finances, Yahya Ould Hademine jouit d’un grand respect auprès des partenaires techniques et financiers ainsi que les bailleurs de fonds mais aussi auprès de la société civile mauritanienne.

Point Focal du Mouvement Scallng Up Nutrition (SUN), cet économiste doublé de magistrat issu de l’Assaba, serait plus utile dans les domaines techniques que dans des postes politiques, selon son entourage qui considère sa nomination dans un poste ministériel comme un gâchis pour le pays.

En effet, la gestion ministérielle en Mauritanie répondrait à des contingences politiques qui exposent plus ces acteurs aux aléas et aux humeurs de décisions souvent prises hors des sentiers battus, tout en mettant en berne leurs compétences technocratiques. Ils finissent en général dans la disgrâce des hostilités internes et des combines sustentatrices. En général, ils disparaissent dans les gouffres abyssales des départements en qualité de conseillers obscurs sans voix au chapitre des grandes décisions.
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Car, il est établi qu’un ministre en Mauritanie, dans la situation actuelle de forte concentration des décisions politiques, n’est qu’un exécutant politique au service d’ordre venu «d’en haut».

Cheikh Aïdara


Scandale du FC Nouadhibou : la fédération doit se mettre au-dessus de la mêlée

Le scandale dans lequel est plongé le FC Nouadhibou est en train de prendre des tournures encore plus scandaleuses. Retenez bien cette information : le Sahraoui Cheikh El Wely Yacine, objet d’un tel scandale, pourrait bien devenir Mauritanien par le truchement d’une mafia dans le foot mauritanien avec la bénédiction du Ministère chargé des Sports.

Le président de la FFRIM Ahmed Ould yahya entouré de ses collaborateurs

En effet, selon des informations de sources sûres, le Ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération mauritanienne de football seraient en train de confectionner des papiers d’état-civil mauritanien au joueur sahraoui de FC Nouadhibou contre lequel l’équipe de la Garde Nationale avait porté réserve.

Ainsi, le scandale que l’on cherche aujourd’hui à étouffer risque de porter un coup fatal à la crédibilité de la Fédération mauritanienne de football et à toutes ces instances. Il s’agit de l’affaire de falsification dans lequel est impliqué le FC Nouadhibou. Le club est en effet accusé d’avoir utilisé un joueur Sahraoui, Cheikh El Weli Yacine, qu’il a fait passer pour un Mauritanien en lui dénichant un numéro d’identité nationale inexistant sur le fichier de l’état-civil. C’est la substance de la réserve portée contre le club par la Garde Nationale, qui a été éliminée en demi-finale de la Coupe du Président de la République justement par le FC Nouadhibou.

Aujourd’hui, le président de la fédération, M.Ahmed Ould Yahya, quel que soit sa position d’ancien président et fondateur du FC Nouadhibou, doit se situer au-dessus de la mêlée en laissant les responsables de ce club répondre devant les instances concernées des actes qu’ils ont posés. Jusqu’à preuve du contraire, le président Ahmed Ould Yahya n’est pas censé être au courant de la situation du joueur en question et ne peut en aucun cas endosser une quelconque responsabilité dans ce scandale dans lequel les dirigeants actuels du FC Nouadhibou ont plongé le club.
Il semblerait selon les informations que nous avons obtenu que le dossier a été d’abord réclamé par le Secrétaire Général de la FFRIM qui estime avoir le droit de connaître le fonds du dossier dans lequel son nom a été mêlé. En effet, il semble que le contrat d’engagement du joueur en question porte sa signature alors qu’il déclare n’être pas au courant.
Dans tous les cas, ni le Président de la Fédération, ni son Secrétaire général ne doivent se mêler de cette affaire qui est du ressort exclusif de la Commission Qualification, Règlements et Pénalités (CQRP) et que toute ingérence dans ses affaires viole les règlements de la Fédération qui reconnaissent à cette commission une indépendance totale.
Le président de la Fédération Ahmed Ould Yahya ne peut aucun cas, vu sa position, être juge et partie dans cette affaire. Sa position de président de la Fédération mauritanienne de football lui confère un devoir de neutralité et d’impartialité dans les conflits qui opposent les clubs mauritaniens. Il doit se tenir à égal distance entre les acteurs du football national et oublier dans ces cas précis, toutes ces anciennes fonctions de responsable de club.
Toute autre attitude pourrait porter atteinte à la cohésion des instances qu’il préside et compromettre ainsi la confiance que ses pairs ont placée en lui. Cela peut même entacher sa carrière au sein de la Confédération africaine de football (CAF) dont il vient d’intégrer les instances dirigeantes.

Il est ainsi étonnant dans la situation actuelle où le match de qualification du FC Nouadhibou sur la Garde n’est pas encore homologué par la Ligue Nationale de football, que la Fédération cherche malgré tout, à imposer une finale entre le FC Tevragh-Zeina et le FC Nouadhibou le 18 juin prochain, en présence des plus hautes autorités du pays, avec un tel scandale non encore tranché.
Selon les toutes dernières informations, la Fédération serait parvenue à convaincre le Ministère de la Jeunesse et des Sports à trouver à ce joueur Sahraoui des papiers mauritaniens. Même dans ce cadre, le litige reste entier car les faits remonteraient bien avant cette naturalisation. On met en garde dans ce cadre les autorités mauritaniennes contre toute tentative de blanchiment d’une affaire aussi grave de falsification portant sur l’état-civil national.
Cette affaire est certes grave, mais elle n’est pas unique dans les annales. Un fait similaire avait opposé l’US de Sebkha et Inter, lorsque le premier porta réserve contre ce dernier pour avoir fait jouer un joueur étranger. Il se trouve que l’Inter avait utilisé à son insu un joueur étranger que l’US  de Sebkha lui avait refilé, en toute connaissance de cause.
In fine, chacune des deux équipes s’est retrouvé avec dans ses rangs un joueur étranger. Le dossier a été tranché par la CQRP. Les sanctions ont ainsi touché les deux clubs qui ont perdu sur tapis verts tous les matchs auxquels les joueurs litigieux avaient pris part. Les responsables des deux clubs avaient été aussi suspendus pendant deux années.

Cheikh Aïdara